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Publications : 2ème Guerre Mondiale n°48

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Après la bataille d'Aix-la-Chapelle dans Batailles et Blindés n°54, je signe encore trois articles dans le numéro actuellement en kiosque/maison de la presse du magazine 2ème Guerre Mondiale de Nicolas Pontic.

1) Le premier est consacré au combat urbain pour la prise de Nuremberg, fin avril 1945. Une bataille de rues qui ne dure que quelques jours mais qui montre, comme celle d'Aschaffenbourg (cf Batailles et Blindés n°53), qu'en certains endroits à l'ouest, les Allemands ont résisté jusqu'au bout -et là encore, avec une participation avéré de la Volkssturm aux affrontements. Un peu déséquilibré en faveur du côté américain, mon texte, ceci dit.

2) Le deuxième, court, porte sur la bataille de Tali-Ihantala : c'est le prolongement de celui que j'avais rédigé à propos du film du même nom pour l'Alliance Géostratégique. Je m'interroge surtout sur la place de cette bataille dans le conflit et la mémoire finlandaise.

3) Le troisième et dernier article, là encore trop bref à mon goût (et encore, j'ai dépassé...) évoque la victoire soviétique de Khalkin-Gol contre les Japonais en 1939 et tire les leçons d'un succès qui montre le potentiel de l'Armée Rouge, éclipsé ensuite par les performances désastreuses en Pologne puis surtout en Finlande. Un sujet sur lequel je reviendrai à nouveau, probablement, et vu ici essentiellement côté soviétique.

Comme de coutume, une ou plusieurs vidéos de présentation et des suppléments gratuits en ligne suivront. Bonne lecture !

L'autre côté de la colline : les cuirassés Yamato et Musashi

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Pour le deuxième mois d'existence du blog collectif L'autre côté de la colline, Adrien Fontanellaz nous propose un article intéressant sur les cuirassés géants Yamato et Musashi, des mastodontes qui n'ont jamais été utilisés dans la doctrine pour laquelle ils avaient été conçus, et ont sombré sous les coups de l'aéronavale américaine. Le 20 avril, je terminerai la série avec un article sur Katoukov, le commandant de la 1ère armée de chars soviétique de la Grande Guerre Patriotique, choisi par le sondage. Je ferai une vidéo de présentation bientôt.

Yann COUDERC, Sun Tzu en France, Paris, Nuvis, 2012, 222 p.

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Merci à Yann Couderc de m'avoir envoyé son ouvrage dédicacé.

Cet ouvrage comble à mon avis un manque, et répond à une question qu'en tant qu'amateur d'histoire militaire, je me suis toujours posé : quelle version traduite de Sun Tzu doit-on lire ? Tant il est vrai, que depuis une dizaine d'années, abondent les traductions, comme le rappelle l'auteur.

Le livre, précédé d'une citation que je trouve très appropriée, est préfacé par Jean-Pierre Raffarin. Dans son introduction, Yann Couderc (officer de l'armée de Terre, Saint-Cyrien) explique combien la réception en France de Sun Tzu est récente, puisque la première traduction populaire ne survient qu'en 1972, dérivée d'un ouvrage anglophone. A partir des années 2000, un véritablement engouement naît pour Sun Tzu et les livres et autres supports fleurissent. Le livre se divise en deux parties. Dans la première, Yann Couderc se propose de revenir sur la réception de Sun Tzu en France ; dans la seconde, il revient sur les problèmes de version et de traduction, pour déterminer en fait le meilleur ouvrage à conseiller au lecteur français non sinologue qui voudrait aborder Sun Tzu.

La première traduction remonte en fait à 1772 : elle est l'oeuvre du père Amiot, un jésuite missionnaire en Chine. A noter d'ailleurs qu'on parle alors de Treize articles et non d'Art de la guerre, dénomination ultérieure. La traduction n'est pas remarquée en France, à une époque où la Chine intéresse un peu moins la monarchie absolutiste. Pour les militaires français, cette traduction survient en plus la même année que la parution de L'essai général de tactique de Guibert. Il faut attendre 1948 pour voir une nouvelle traduction largement diffusée, celle de Lucien Nachin, qui lui commence à appeler le texte L'art de la guerre. En 1971 paraît la version de l'Impensé Radical, puis, l'année suivante, la traduction de la version du général des Marines Griffith, publiée en Champs/Flammarion, qui va devenir un best-seller, y compris, d'ailleurs, dans les milieux radicaux (c'est alors que s'impose la dénomination de L'art de la guerre). Valérie Niquet est la première, en France, à traduire Sun Tzu à partir du chinois classique et non du mandchou, comme le père Amiot, en 1988. Plusieurs éditions sont renouvelées dans la décennie 1990. Puis, avec les années 2000, c'est l'explosion : traductions à partir du père Amiot, à partir du chinois classique, rééditions... On trouve aujourd'hui au minimum 18 versions différentes du texte. Comme le montre Yann Couderc, cette diffusion ne se limite pas qu'aux traductions du texte : bandes dessinées (il rappelleles atouts et défauts du support), versions numériques, commentaires de Sun Tzu, sites et blogs (dont le sien), ressources audiovisuelles... et même jeux de table ou vidéo (en tant que joueur régulier du jeu de plateau Sun Tzu, j'ai apprécié). Yann Couderc s'interroge aussi sur la désaffection des militaires français à l'égard de Sun Tzu, et ne voit pas de réponse à y apporter. Est-ce l'effet d'un regarde trop occidentalo-centré ? Je me pose également la question.

Dans la deuxième partie, l'auteur explique que le traité n'est pas l'oeuvre d'un seul auteur, mais la mise par écrit de réflexions visiblement longuement mûries. Sachant qu'il en manque des parties et qu'il n'a été vraiment codifié qu'au IIème siècle ap. J.-C. : c'est seulement sous les Song (960-1279) qu'il devient un classique à étudier pour les concours impériaux. Il y a de nombreuses versions du texte car on trouve des problèmes classiques liés à la traduction elle-même : question d'appréciation. Mais il y a également le souci de la traduction entre chinois classique et moderne (que s'était déjà posé le père Amiot) et le fait que le texte lui-même est parfois assez obscur. Certains traducteurs souhaitent absolument coller au sens littéral, d'autres essaient de rendre l'essence du propos pour le lecteur français. Au final, Yann Couderc tranche et conseille de se référer à la version de Jean Lévi parue dans la collection Pluriel chez Hachette, qui serait la meilleure sur le marché.

En conclusion, il souligne l'importance de la traduction de Griffith pour le monde militaire, puis de celle de Valérie Niquet qui a probablement contribuéà diffuser le texte et a indirectement contribué à l'exposion des années 2000, où l'on sert maintenant Sun Tzu à toutes les sauces, pour ainsi dire. Pour le meilleur et pour le pire. Bizarrement, il n'y a pas d'autre traduction dans les pays francophones. S'il a infuencé l'art de la guerre asiatique, et chinois au premier chef, il n'est en fait pas très étudié en Occident, ni sur les autres continents. Sauf en Amérique latine, en raison des soulèvements révolutionnaires de la guerre froide et de l'influence des textes communistes. A tel point, par exemple, que l'armée colombienne opérant contre les FARC a dû se mettre à lire Sun Tzu pour lutter contre la guérilla ! 

On trouvera en fin d'ouvrage une bibliographie commentée qui complète utilement le propos. Le texte est agrémenté de nombreuses illustrations, ce qui est assurément un plus. Un travail indispensable pour tous ceux qui, comme moi, se demandait quelle version française de Sun Tzu il fallait lire. On a désormais la réponse !

 

Vidéo : 2ème Guerre Mondiale n°48 (1) La bataille de Nuremberg (17-20 avril 1945)

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Finalement, pour introduire les trois articles tout juste parus dans le n°48 de 2ème Guerre Mondiale, j'ai choisi de découper en trois vidéos. La première ci-dessous est consacré au combat de rues de Nuremberg (17-20 avril), encore un autre exemple (moindre) de la résistance nazie à l'ouest dans les dernières semaines de a Seconde Guerre mondiale. Bon visionnage !


Supplément : 2ème Guerre Mondiale n°48 (1) : La bataille de Nuremberg (17-20 avril 1945)

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Comme promis, voici un premier supplément pour l'un des trois articles parus dans 2ème Guerre Mondialen°48, sur la bataille de Nuremberg. Bonne lecture !


En juillet 1945, le lieutenant Walter Horn, historien de l'art et officier de renseignements de la 3rd US Army de Patton, est chargé par Mason Hammond, responsable de la MFAA (division monuments, beaux-arts et archives) de l'USFET (United States Forces European Theater) d'une mission très spéciale. Il s'agit, en effet, de retrouver 5 objets ayant disparu d'une collection d'oeuvre d'art et autres reliques réunie par les Allemands dans un bunker secret sous le château de Nuremberg, et découverte par les soldats américains le 20 avril 1945, pendant les combats de rues dans la ville. Ces 5 objets sont la couronne impériale, l'orbe, le sceptre et deux glaives utilisés pour la cérémonie de couronnement des empereurs du Saint Empire Romain Germanique. La mission de Horn est à la fois de retrouver les objets volés mais aussi de déterminer qui les a dérobés, des soldats américains, des Allemands ou bien des dignitaires ou fonctionnaires du IIIème Reich souhaitant les utiliser pour la renaissance du parti nazi sous l'occupation américaine. Les généraux Patton et Eisenhower sont particulièrement soucieux de faire toute la lumière sur cette affaire.




Pour commencer son enquête, Horn avale quantité de rapports et notamment ceux établis par le capitaine Peterson, commandant la compagnie E, 2nd Battalion du 180th Infantry Regiment de la 45th Infantry Division, l'unité qui a découvert le bunker et dont le travail a servi entre autres de sources à mon article dans 2ème Guerre Mondiale sur la bataille de Nuremberg. D'après Peterson, le moral de sa compagnie est alors au plus haut, alors que d'autres sources font état d'une certaine angoisse à la perspective du combat de rues dans Nuremberg, qui s'ouvre vraiment le 17 avril 1945. En face des Américains se trouvent probablement 7 000 soldats allemands, 10 000 travailleurs du IIIème Reich recrutés de force et parfois mobilisés de force, ainsi que des membres de la Volkssturm et des Jeunesses Hitériennes.

La compagnie E libère d'abord le Stalag XIII : son attaque est précédée, à 7h00, par le straffing de 2 P-51 Mustang. En approchant du stade et des champs de manoeuvre de Nuremberg, la compagnie doit affronter la résistance désespérer de quelques Allemands, en particulier dans le hall d'honneur d'Hitler, mais beaucoup d'autres se rendent sans combattre. Les combats sont beaucoup plus durs au palais des congrès nazi, un bâtiment de quatre étages défendu par de l'infanterie et une artillerie antichar que les GI's doivent investir pied à pied. Les Américains forment des groupes de 5 hommes pour nettoyer les pièces, du haut vers le bas, mais n'effectuent pas forcément la sommation réglementaire avant de tirer, ce que Peterson ne peut empêcher.

Le lendemain, la compagnie E est véritablement engagée en combats de rues. Les Allemands tirent sur les infirmiers et se servent de civils pour effectuer l'observation pour l'artillerie : après avoir subi plusieurs pertes, Peterson ordonne d'ouvrir le feu sur les civils suspects. La progression se fait de bâtiment en bâtiment en perçant des trous dans les cloisons avec des grenades. La compagnie E finit par franchir sur un pont la Pegnitz, la rivière qui coupe Nuremberg en deux parties. Une section est isolée par les tirs allemands et il faut engager les chars pour tirer sur les bâtiments afin de la dégager : elle a subi cependant plusieurs pertes.

Après une journée de repos le 19 avril, la compagnie, renforcée du lieutenant James Low, un Sud-Africain prisonnier du Stalag XIII récemment libére et qui peut guider facilement l'unité dans la ville, continue son avance. Elle doit faire face à des tirs sporadiques mais toujours présents. Le même jour, une femme armée d'un Panzerfaust détruit un char de la 14th Armored Division, qui participe à l'encerclement et à l'investissement de Nuremberg. Dans la vieille ville et près du château, la compagnie E va buter sur la défense organisée par le 22ème régiment allemand. Les GI's sont cloués au sol en approchant d'une porte de la ville médiévale. Un char avance mais se retrouve bloqué devant le château. Pour dégager la voie, il passe son canon par une meurtrière gothique de l'un des bâtiments anciens et expédie 15 obus ! L'intervention du char fait cesser les tirs. La compagnie E finit par trouver le complexe souterrain secret vers 16h40. Elle a perdu, dans les trois jours de combats, plus de 20 hommes.


Pour en savoir plus :


Sidney KIRKPATRICK, Les reliques sacrées d'Hitler, Paris, Pocket, 2013, 415 p.

Vidéo : 2ème Guerre Mondiale n°48 (2)-La victoire soviétique oubliée de Khalkhin-Gol (1939)

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Deuxième vidéo de la série de trois présentant les articles parus dans le magazine 2ème Guerre Mondiale n°48. Ici, retour sur le bref écrit consacré à la bataille de Khalkhin-Gol, la victoire de l'Armée Rouge contre le Japon juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, où s'illustre déjà un certain Joukov... et où l'on voit tout le potentiel qui reste à exploiter dans les forces armées soviétiques.

2ème Guerre Mondiale hors-série n°32 : Aux portes du Reich. Batailles pour la Hongrie

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Je signale pour ceux qui l'attendaient ici ou là, la parution le 24 avril prochain du hors-série n°32 du magazine 2ème Guerre Mondiale, dédié aux combats en Hongrie, signé Jean-Philippe Liardet. Ci-dessous, le sommaire :

Introduction : P. 04
D’une guerre à l’autre
La Hongrie dans l’entre-deux guerres

Chapitre I : P. 08
De Barbarossa à Stalingrad
Allié du III. Reich

Chapitre II : P. 16
Menace sur les frontières hongroises
Réorganisation et retour au combat

Chapitre III : P. 24
La Hongrie envahie
Les Soviétiques franchissent les Carpates

Chapitre IV : P. 38
Le martyre de Budapest
Les combats pour la capitale hongroise

Chapitre V : P. 58
Frühlingserwachen
L’offensive de printemps allemande

Chapitre VI : P. 72
De Budapest à Vienne
Les Soviétiques en Autriche

Annexe : P. 78

2ème Guerre Mondiale n°48 (avril-juin 2013)

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Outre les trois articles que j'ai écrits pour ce numéro, revenons sur le reste du contenu.

- un édito signé Nicolas Pontic en forme d'hommage, notamment, à Stéphane Hessel. Bienvenu.

- je signale aussi que vous pouvez retrouver trois fiches de lecture que j'ai faites pour le magazine p.6-7 : Dans la Grèce d'Hitlerde Mark Mazower, Marcel et la Main Noire de Claude-Henry du Bord, et Maquis noirs et faux maquisde Fabrice Grenard.

- dans une première rubrique Ecrire l'histoire, Benoît Rondeau, qui vient de sortir un livre sur l'Afrika Korps, présente l'historiographie de la guerre en Afrique du Nord. Intéressant mais trop court !

- le même auteur signe le dossier sur les Panzergrenadiere. L'infanterie portée est intégrée dans le schéma de la combinaison des armes pensé par Guderian. Mais l'application restera tributaire des carences de l'industrie allemande, incapable de mécaniser et même de motoriser complètement l'infanterie : ainsi, près de la moitié des Sdkfz 251 construits le sont en 1944, soit bien trop tard... à noter que Benoît Rondeau envisage beaucoup le front de l'ouest. Un autre article revient sur le développement progressif des véhicules de combat blindés type SPW. On trouve deux fiches techniques avec les magnifiques profils couleurs de Thierry Vallet sur les Sdkfz 250/1 et 251 Ausf. D. La partie bataille sur la 13. Panzerdivision à Grozny est; encore une fois, trop courte : elle n'est pas assez contextualisée non plus, je trouve, il faut connaître la campagne pour s'y retrouver. Pour le coup elle aurait peut-être gagnée à mordre sur la section Témoigagnes/récits qui suit. Une bibliographie indicative est fournie.

- Jean-François Muracciole poursuit la réflexion sur le bombardement stratégique entamée dans le numéro précédent. Je suis un peu surpris de la vision assez classique sur le bombardement de Dresde et sur le nombre de victimes avancées (70 000, alors que le canonique 135 000 de David Irving, négationniste patenté, a été bien revu à la baisse depuis, y compris par les autorités allemandes -autour de 30 à 40 000 morts, ce qui n'est pas rien malgré tout). Quelques références n'auraient pas été superflues.

- p.62-63, encore une excellente fiche personnage de Nicolas Pontic sur Tchouïkov, le héros de Stalingrad. Une petite inversion d'encadrés p.63 (Héros de l'Union Soviétique et Comité central du Parti communiste).

- la fiche Uniforme de Jean-Patrick André porte sur un SS-Oberscharführer du SS-Panzerjäger-Abteilung 17. 

1 000... (2)

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... après le nombre de billets, atteint en février dernier, c'est le nombre de commentaires postés sur ce blog depuis sa création, voici plus de trois ans.

J'ajoute qu'environ 75% de ces commentaires ont été postés depuis environ un an, soit le tournant pour Historicoblog (3). C'est en effet à peu près à cette date que j'ai commencé à m'investir dans l'écriture pour la presse spécialisée, après avoir entamé de nombreuses publications sur Internet, notamment pour l'Alliance Géostratégique.

En outre, la fréquentation se maintient à un rythme très régulier de plus de 1 000 visites par jour, parfois en dessous, parfois au-dessus (jusqu'au 1 500), ce qui est d'abord fonction du jour mais aussi de la fréquence de publication. Je note aussi que les commentaires et les échanges que je peux avoir avec les personnes qui interviennent sont globalement très instructifs et souvent enrichissants. Merci donc à tous ceux qui y contribuent ou qui ont témoigné de l'intérêt pour mon travail : comme peuvent le constater les lecteurs des magazines pour lesquels j'écris, j'essaie de proposer un contenu en ligne qui complète le produit  sur papier. N'hésitez pas à venir sur ma page Facebook, créée depuis peu (il faut m'ajouter comme ami, de fait, mais j'envisage de créer une page spécifique pour le blog).

Richard CONNAUGHTON, John PIMLOTT et Duncan ANDERSON, The Battle for Manila, Bloomsburry, 1995, 224 p.

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Plus de 1 000 Américains, 16 000 Japonais et 100 000 civils philippins et alliés ont péri lors des combats de rues de la libération de Manille, du 3 février au 3 mars 1945. La capitale des Philippines partage ainsi le triste privilège, avec Varsovie, d'être une des villes les plus dévastées de la Seconde Guerre mondiale. Mais cette bataille demeure méconnue à l'image de la campagne pour la reconquête des Philippines ; en outre les combats urbains ont été relativement rares dans la guerre du Pacifique.

Les trois auteurs adoptent un plan chronologique et commencent, dans un premier temps, par présenter la ville elle-même, mélange d'influences indigènes, espagnoles et américaines. La "perle de l'Orient" est cependant déclarée ville ouverte par MacArthur dès le 26 décembre 1941, l'assaut japonais fulgurant ayant complètement pris au dépourvu les Américains qui comptent alors se retrancher dans la péninsule de Bataan et dans l'île de Corregidor, à l'intérieur de la baie de Manille.



Les Japonais occupent Manille dès le 2 janvier 1942 : commence alors une période de trois années d'occupation. Les civils alliés sont internés dans des camps. Les Philippines occupent une place stratégique pour Tokyo et en outre, il s'agit de mettre en oeuvre la politique "Asiatiques d'abord" voulue par le Japon et de débarrasser les Philippins du vernis occidental laissé par les Américains. En décembre 1942, les Japonais amorcent la formation d'un gouvernement de collaboration à Manille qui dispose de sa propre milice, le Kalibapi. Les Philippines sont déclarées indépendantes en octobre 1943 sous la coupe d'un gouvernement fantoche. La pénurie alimentaire, la désorganisation économique et le comportement brutal des Japonais entraînent l'hostilité de la population et la formation de réseaux de résistance. Les Américains soutiennent la guérilla et maintiennent le contact notamment par des missions avec sous-marins. Début 1944, MacArthur achève la reconquête de la côte de Nouvelle-Guinée ; Nimitz avance dans le Pacifique central. En mai, le maréchal Terauchi prend le commandement des forces japonaises aux Philippines. Mais le commandant sur le terrain sera Yamashita, rappelé sur place en octobre 1944, alors que le premier raid aérien sur Manille a eu lieu le 21 septembre et que les attaques de la guérilla se multiplient. Le 20 octobre, les Américains débarquent à Leyte. La flotte japonaise, qui comptait détruire l'US Navy au large des Philippines, est mise hors d'état de nuire jusqu'à la fin de la guerre dans le plus grand combat aéronaval de l'histoire. A Manille, une milice formée par les Japonais, le Makipili, sème la terreur au mois de novembre. Yamashita, qui dispose de 270 000 hommes sur Luçon, l'île principale des Philippines où se trouve Manille, a arrêté une stratégie. Il divise ses forces en trois groupes : 80 000 (groupe Shimbu) prennent place dans les montagnes à l'est de Manille ; 30 000 (groupe Kembu) doivent barrer la route des Américains au nord de la ville ; 152 000 (groupe Shobu) se replient dans les montagnes du nord-ouest de Luçon pour mener une guerre d'attrition. Yamashita ne souhaite pas défendre Manille et veut épuiser la logistique américaine en abandonnant les civils philippins. Mais l'aviation et la marine japonaises sont d'un avis contraire, en raison des installations indispensables qui se trouvent dans la capitale. De fait, Yamashita, qui est avec le groupe Shobu, laisse Manille à la charge du contre-amiral Iwabuchi, qui dispose de quelques unités solides et d'un ramassis de personnels hétéroclites de l'armée de terre et de la marine. Iwabuchi croit à une attaque par le sud de Manille et dispose là l'essentiel de son artillerie : or, le 9 janvier 1945, les Américains débarquent dans le golfe de Lingayen, au nord.

MacArthur veut absolument reprendre Manille pour des raisons de prestige. Il va mettre en compétition ses deux commandants d'armée : Krueger, qui commande la 6th US Army débarquée à Lingayen, et Eichelberger, à la tête de a 8th US Army qui avance au sud de Manille à partir du 31 janvier. La 11th Airborne Division d'Eichelberger s'épuise en de vaines attaques, avant d'être relevée et d'avoir perdu près de 1 000 hommes, faute de moyens lourds. Pendant ce temps, la 1st Cavalry Divisionarrive à Cabanatuan le 1er février -où un raid de Rangers les jours précédents a permis de libérer plusieurs centaines de prisonniers américains- avant de percer dans Manille deux jours plus tard, libérant le camp de Santo Tomas sur le campus de l'université. Avec la 37th Infantry Division, la cavalerie pousse ensuite jusqu'à la Pasig, la rivière qui coupe Manille en deux. En se retirant du nord du cours d'eau,les Japonais incendient les habitations, provoquant de nombreuses victimes civiles.

De l'autre côté de la Pasig se tient en particulier l'Intramuros, la vieille citadelle espagnole fortifiée. Les Américains de la 37th Infantry Division, qui au départ n'utilisent que parcimonieusement l'artillerie, finissent par nettoyer les poches de résistance sous un déluge d'obus. Le 9 février, Manille est encerclée : les Japonais, privés de porte de sortie, n'ont d'autre choix que de combattre jusqu'au dernier. A partir de ce moment-là, ils commettent de nombreuses exactions contre les civils : pillage, exécutions sommaires et collectives, viols répétés sur les femmes, y compris les membres de la communauté allemande, pourtant alliés du Japon ! Même les hôpitaux ne sont pas à l'abri des fusiliers marins japonais, qui se signalent par leur férocité. Les Américains finissent par s'emparer de Provisor Island, sur la Pasig, après avoir subi de lourdes pertes. Il semble bien que les Japonais aient appliqué à Manille la règle des "3 tout", comme ils l'ont fait en Chine.

Iwabuchi refuse de percer à travers l'encerclement américain en direction de l'est, ignorant les ordres de Yamashita, et mène une lutteà mort. Les Américains reprennent l'hôpital après y avoir déversé nombre d'obus d'artillerie. L'Intramuros est abordé le 21 février. Les Japonais se battent jusqu'àla dernière cartouche. Faute de pouvoir envoyer massivement l'aviation, restreinte à intervenir en périphérie ou sur des objectifs précis, les GI's font appel à une énorme concentration d'artillerie -plus de 140 pièces rien que pour pilonner l'Intramuros. Les Japonais continuent leurs exécutions et tuent en particulier des ecclésiastiques. Le 26 février, la citadelle est nettoyée : 25 prisonniers originaires de Formose sont pris par les Américains sur 2 000 défenseurs. Iwabuchi et ses officiers se sont suicidés. Les derniers bâtiments tenus par les Japonais sont défendus avec le même acharnement jusqu'au 3 mars. Les pertes civiles sont très élevées, en raison des atrocités commis par les Japonais mais aussi du feu de l'artillerie américaine, qui a tiré plus de 40 000 obus sur la ville.

La bataille de Manille n'était pas indispensable : le centre de gravité ennemi était bien plutôt le groupe Shobu. Mais l'ego de MacArthur a joué, ainsi que celui de Krueger, commandant la 6th US Army. En outre, les Américains ont craint -sans doute à juste titre- des massacres encore plus importants par les Japonais sur les civils dans le cas où Manille serait contournée. Côté japonais, Yamashita a laissé faire la marine qui a pris en charge la défense de Manille, reflétant les tiraillements et rivalités au sein des forces armées japonaises. Les fusiliers marins n'étaient pas les seuls défenseurs, qui manquaient de cohésion. En outre ils s'attendaient plutôt à une attaque venue du sud et/ou de la mer. Cela ne les a pas empêchés d'improviser pendant la bataille. Ils ont employé des armes et canons montés sur les navires et débarqués à terre, ont construit des bunkers et des tunnels, ont utilisé les bâtiments contre l'Intramuros. Côté américain, les unités engagées n'ont pas l'expérience du combat urbain mais se reposent sur la combinaison des armes, sans l'aviation cependant. Le combat reste une affaire de fantassins. L'intervention des chars ou des sapeurs n'empêchent cependant pas les pertes d'être assez lourdes. La bataille de Manille montre avant tout la difficulté du combat urbain. Les Américains d'ailleurs, ne la mentionnent pas sur le monument érigé sur l'île de Corregidor. D'autant que la campagne des Philippines est loin d'être terminée. Le groupe Shobu ne se rend qu'à la capitulation japonaise en août 1945. 

Il est regrettable que les quelques cartes, assez précises mais regroupées au début, n'aient pas été disposées au fil du texte, car cela aurait facilité la lecture. La bibiliographie fournie permet de creuser le sujet si besoin.

 

Quelques ajouts aux blogolistes...

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Il y a longtemps que je n'ai pas ajouté de liens aux blogolistes. Quelques nouvelles entrées :

- Histoire pour tous, un site qui couvre un spectre assez large avec des articles plutôt bien faits. Et en plus, j'ai un ancien camarade d'université qui y contribue (lol).

-Devenir historien-ne, un carnet de réflexion sur la méthodologie de la recherche en histoire. Intéressant, avec un billet récemment sur l'histoire militaire, d'ailleurs.

- 7 septembre, le site qui commémore la destruction d'un Tu-22 libyen le 7 septembre 1987 à la fin de la guerre au Tchad.

- Blog-notes. Une opinion parmi d'autres, un blog avec des billets intéressants, sur des sujets variés, et notamment sur la guerre d'Algérie. Des recensions critiques de magazines, ça aussi, c'est bien.

Publication : La bataille de Moscou (1941)-Les dossiers de la 2ème Guerre Mondiale n°2

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Beaucoup d'écriture et donc de publications ce mois-ci. Après l'article dans Batailles et Blindés n°54 et les articles dans 2ème Guerre Mondiale n°48, je suis également l'auteur du dossier du n°2 du magazine Les dossiers de la 2ème Guerre Mondiale, consacré à la bataille de Moscou (cf la couverture). Merci à Jean-Pascal Soudagne de m'avoir offert l'opportunité d'écrire cet article.

Les dossiers de la 2ème Guerre Mondiale, qui renouvelle un magazine disparu précédemment, et dont j'avais commenté ici le premier numéro, est clairement destiné au grand public dans une démarche de vulgarisation.

Pour ce dossier, j'ai tenu avant tout à proposer une synthèse de l'affrontement appuyée sur l'historiographie récente, sans trop chercher l'érudition ni m'attaquer à des analyses originales qui auraient déséquilibré le propos : ce n'était pas le but. Il s'agit d'une synthèse qui présente à la fois la vision allemande et soviétique, et qui remet la bataille de Moscou en perspective par rapport à l'ensemble de la guerre à l'est. C'est encore une fois un travail à partir de sources secondaires, anglo-saxonnes essentiellement.

Comme d'habitude, je tâcherai de proposer un supplément gratuit et une petite vidéo de présentation dès que possible.

Fred DUVAL, Jean-Pierre PECAU, Philippe BUCHET et WALTER, Jour J, tome 1 : Les Russes sur la Lune !, Paris, Delcourt, 2010, 57 p.

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21 juillet 1969. La mission Apollo 11, sur le point d'atterrir sur la Lune, est détruite par une micro-météorite. Quelques mois plus tard, les Soviétiques sont finalement les premiers sur la Lune. En rage, le président américain Nixon donne carte blanche à la NASA pour rattraper le retard pris sur Moscou. Dix ans plus tard, deux stations lunaires, américaine et soviétique, se font face sur le satellite de la Terre. Bientôt, deux nouvelles missions s'envolent pour la Lune, chacune avec des objectifs bien différents, sans se douter de la cascade d'événements qui va en découler...

Jour J, la série uchronique lancée par Delcourt en 2010, dans la collection Série B, compte désormais 12 tomes, le dernier étant sorti en mars. Elle a parfois été inégale, mais l'on trouve aussi des volumes de trèsbonne facture : j'ai commenté ceux que j'ai lus, c'est à dire, jusqu'à présent, les tomes 2 à 8 -il me manque encore les 4 derniers. Curieusement, j'avais omis le premier tome, qui a lancé la série. Essayons de réparer l'oubli.

 


On ne peut nier que la couverture est réussie : indéniablement, elle attire l'oeil et excite la curiosité, avec sa reproduction d'une photographie. Le dessin n'est peut-être pas le meilleur de la série mais reste correct. En revanche, l'hypothèse de départ de l'uchronie, à savoir l'avance surprise des Soviétiques en termes de conquête spatiale et d'arrivée sur la Lune, n'est pas au service d'un scénario tonitruant. L'histoire n'est finalement qu'assez anecdotique et l'URSS de l'uchronie, par exemple, n'est pas radicalement transformée par l'avantage gagné sur les Américains. L'album écorche au passageVladimir Poutine, en insistant sur ses liens avec la mafia. Bref, on a l'impression que l'idée n'est pas exploitée. Comme si les auteurs avaient voulu dérouler leur histoire dans un monde relativement connu du lecteur, faisant appel à des personnalités russes, en particulier. Certains passages ne semblent pas apporter grand chose à l'histoire ou à la compréhension du scénario, comme l'interlude pakistanais. En outre, au niveau technique, on a un peu de mal à croire à de telles avancées en l'espace de dix ans (deux bases complètes installées sur la Lune, ça laisse un peu sceptique).



Le tout n'est pas déplaisant mais l'uchronie laisse quelque peu sur sa faim. Le premier tome n'est donc pas, à mon avis, le meilleur de la série, et peut décevoir ceux qui attaqueront logiquement par celui-là pour découvrir Jour J. En revanche, le deuxième tome, quoiqu'imparfait, est, je trouve, nettement meilleur, l'aspect uchronique en particulier étant plus travaillé. Il ne faut donc pas se décourager en sortant de la lecture du tome Les Russes sur la Lune ! et enchaîner sur Paris, secteur soviétique, qui laissera sans doute une meilleure impression !

 

La chatte sort ses griffes (1960) de Henri Decoin

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Avril 1944.Cora (Françoise Arnoul), une résistante, surnommée "La Chatte", est laissée pour morte par ses camarades après avoir été abattue pour trahison. Elle est récupérée par les Allemands : le major et docteur von Hollwitz (Horst Frank) pratique sur elle une torture psychologique, un véritable lavage de cerveau afin de la retourner contre ses anciens collègues. Les supérieurs de von Hollwitz, séduits par la méthode, décident, contre l'avis de ce dernier, d'envoyer la Chatte en mission le plus rapidement possible. Son évasion est simulée et bientôt, Cora retrouve la Résistance...

Ce film est en fait la suite de La chatte (1958), réalisé par le même Henri Decoin, avec entre autres Bernard Blier. Difficile d'avoir une vue d'ensemble quand on n'a pas encore vu le premier volet, qui lui s'inspire assez précocement, par rapport aux événements traités, d'une histoire vraie, celle de la résistante Mathilde Carré qui, par amour pour son amant allemand, trahit effectivement les siens.




En revanche, dans La chatte sort ses griffes, la trahison est pour ainsi dire inconsciente, puisqu'elle se fait suite à un lavage de cerveau : on rejoint là le point de vue d'une Résistance sans tâches, mythifiée, qui a perduré jusqu'aux années 1970 au moins, tout comme d'autres mythes sur l'Occupation ou la collaboration, pour aller vite. Mais le film souffre de longueurs, et même l'intervention de Horst Frank (le célèbre mafieux allemand des Tontons Flingueurs) ne suffit pas à rattraper l'ensemble. Une suite dont probablement on aurait pu se passer, même si le film n'est pas désagréable.

 

Vidéo : 2ème Guerre Mondiale n°48 (3)-Tali-Ihantala, l'indépendance sauvegardée de la Finlande

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Troisième et dernière vidéo présentant la série d'articles publiée dans 2ème Guerre Mondiale n°48, le magazine des éditions Astrolabe dirigé par Nicolas Pontic. Je présente ici mon court écrit sur la bataille de Tali-Ihantala, succès défensif érigé en mythe national par les Finlandais, au prix de quelques omissions. Les images d'archives sont tirées d'un document de propagande soviétique évoquant l'offensive de juin 1944 dans l'isthme de Carélie. Bon visionnage !



Historicoblog (3) sur Amazon : merci aux personnes qui laissent des commentaires !

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Déjà 500 votes positifs sur les nombreuses fiches de lecture (essentiellement) que j'ai mises en ligne sur Amazon, avec là encore une accélération, en gros, à partir de l'automne 2011, il y a un an et demi. L'occasion de remercier tous ceux qui ont laissé un commentaire et qui parfois, même, ont pris la peine de discuter sur l'ouvrage en question. Cela a également été l'occasion de prendre contact avec des auteurs, des historiens, et d'échanger, souvent, de manière intéressante (malheureusement pas avec tous, mais cela fait partie du jeu). Je continuerai de poster des fiches reprises à l'avenir.

Daniel E. KELLY, U.S. Navy Seawolves. The Elite HAL-3 Helicopter Squadron in Vietnam, Presidio Press, 2002, 269 p.

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Daniel E. Kelly, mort en 2009, était un vétéran de l'escadrille HAL-3 (Helicopter attack Squadron Light), surnommée les Seawolves. Blessé dans le crash de son hélicoptère UH-1, il y avait laissé une partie de sa jambe. Il a relaté son expérience dans deux ouvrages parus chez Presidio, Seawolves. First Choice et celui-ci.

Le HAL-3 est sans doute la première véritable escadrille d'hélicoptères de combat de l'US Navy. Formé en 1967, il est équipé d'UH-1B Hueys armés de roquettes de 2,75 pouces et de mitrailleuses M-60 sur pods et pour mitrailleurs de sabord. Ces appareils renforcent ceux déjà mis à disposition de la Mobile Riverine Force et des SEALs, les commandos marine américains, qui opèrent alors dans le delta du Mékong. L'unité est composée de volontaires.

Le récit de Daniel Kelly se rattache à toute cette littérature de souvenirs écrits a posteriori, parfois bien après les faits, par les anciens combattants américains du Viêtnam. Il fait appel à la mémoire de l'auteur et non à des souvenirs mêlés à un travail de recherche même a minima. En l'occurrence, on a affaire à une collection d'anecdotes sur la formation de l'unité, et ses personnalités truculentes, sur les opérations de combat menées en soutien des SEALs dans le delta, et sur la vie quotidienne des équipages une fois revenus à terre. Sur ce dernier point, Kelly raconte plusieurs épisodes hauts en couleur où les équipages d'hélicoptères, parfois mêlés aux SEALs, montent de véritables opérations commandos pour voler ce dont ils ont besoin ou qu'ils veulent à tout prix (y compris sur d'autres branches de l'armée américaine...).

Si certains récits d'engagements sont intéressants -en particulier les missions menées pour soutenir les SEALs et l'intervention des Hueys au-dessus de Saïgon lors de l'offensive du Têt-, il n'en demeure pas moins que la vision du vétéran à l'égard de l'adversaire reste fondamentalement méprisante et ne se départit pas de grands a priori. Le Viêtcong ou le Nord-Viêtnamien reste "Charlie", et Kelly prend un malin plaisir à décrire une séance d'interrogatoire d'un prisonnier emmené par les SEALs à bord d'un Huey du HAL-3 et jeté par-dessus bord, dans le delta, pour n'avoir pas voulu répondre aux questions des Américains (il est repêché et, d'après Kelly, se montre ensuite beaucoup plus coopératif). On peut noter également que l'histoire s'arrêteà l'offensive du Têt, en 1968, comme si la fin de la guerre n'existait pas (sic), un défaut que l'on retrouve souvent dans ce genre d'ouvrages. Enfin, Kelly semble persuadé que les hélicoptères, les patrouilleurs et les SEALs ont réussi à obtenir le contrôle du delta du Mékong, ce qu'il affirme dans le court épilogue : or la chose est loin d'être avérée.

En résumé, des souvenirs de guerre partiaux, où il faut chercher ce qui est vraiment intéressant. 

 

Vidéo : "Général Malin". Un portrait de Mikhaïl Katoukov (L'autre côté de la colline)

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Demain, je publie sur L'autre côté de la colline l'article du mois d'avril consacré à Mikhaïl Katoukov, le commandant soviétique de la 1ère armée de chars de la Garde pendant la Grande Guerre Patriotique.

Comme de coutume, ci-dessous, une petite vidéo d'introduction. A noter deux petites erreurs : l'article est bien celui du mois d'avril et non du mois de mai (comme je le dis au début), et lors de l'offensive contre le saillant de Rjev, Katoukov commande non pas un corps blindé mais le 3ème corps mécanisé.

Les images d'archives sont tirées du film de propagande soviétique Victoire en Ukraine (1945) ; on aperçoit, dans un cours passage que j'ai inséré, Katoukov. Bon visionnage !

Angus KONSTAM et Tony BRYAN, Lepanto 1571. The greatest naval battle of the Renaissance, Campaign 114, Osprey, 2003, 96 p.

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La collection Campaign des éditions Osprey revient sur les grandes batailles de l'histoire militaire, selon un plan classique (qui mériterait d'ailleurs, peut-être, d'être revu ou étoffé) : introduction, présentation des forces en présence, des chefs, des plans, puis description de la bataille et de ses conséquences, le tout assorti d'une bibliographie, de nombreuses illustrations, dont des dessins en pleine page et des vues 3D des opérations.

Angus Konstam, qui a travaillé dans plusieurs musées, notamment celui de la Tour de Londres et un autre en Floride, signe ce volume de la collection sur la bataille de Lépante (les illustrations sont de Tony Bryan).

Dans l'introduction, il rappelle que Lépante est en quelque sorte le paroxysme de l'affrontement entre la chrétienté occidentale et l'islam en Méditerranée. Paradoxalement, c'est aussi la fin d'une époque puisque Lépante est le dernier affrontement majeur entre galères, remplacées par les navires à coque ronde qui sillonnent déjà l'Atlantique. L'Empire ottoman a profité de la division de l'Europe occidentale et d'une Espagne tournée d'abord vers l'Atlantique pour continuer son expansion vers l'ouest. Cependant, le siège de Malte (1565) marque un premier coup d'arrêt à cette expansion.

La présentation des commandants respectifs est classique mais a l'avantage d'être équilibrée entre chrétiens et musulmans. Konstam, dont c'est la spécialité, s'intéresse avant tout aux types de navires en présence à Lépante. Chaque camp dispose en quelque sorte d'un modèle de galère "standard". Mais les Vénitiens ont mis au point, pour la bataille, la galéasse, l'adaptation d'un navire de commerce en plate-forme d'artillerie flottante, lente, mais bardée de canons sur l'avant. Ces galéasses seront une très mauvaise surprise pour les Turcs. La coalition chrétienne, qui dispose d'un peu plus de 200 galères et de 6 galéasses, comprend près de 30 000 soldats embarqués et 40 000 marins. En face, les Ottomans comptent eux aussi un peu plus de 200 galères mais aussi un grand nombre de navires plus légers, galiotes et fustas : au total, 50 000 marins et 30 000 combattants. Les chrétiens alignent plus d'artillerie sur leurs navires ; en outre, les soldats embarqués sont principalement armés d'armes à feu. Les Turcs, eux, se reposent davantage sur l'arc, mais ils bénéficient d'une réputation d'invincibilité et leurs nombreux navires plus petits leur permettent une certaine souplesse. Angus Konstam fournit l'ordre de bataille détaillé des deux flottes, avec la liste quasi complète de toutes les galères et autres navires engagés de part et d'autre.

Les flottes se déploient selon un schéma qui reproduit  quelque peu les affrontements à terre : un centre, deux ailes, et une réserve. Don Juan d'Autriche, qui commande la flotte de la Sainte Ligue, compte disposer une paire de galéasses devant chaque contingent, et aligner ainsi près de 200 pièces d'artillerie de front devant les Turcs. Les éclaireurs d'Ali Pacha, de leur côté, n'ont pas repéré l'ensemble de la flotte chrétienne : les commandants turcs ne sont pas d'accord sur l'opportunité de l'engagement mais Ali Pacha tranche en faveur de la rencontre.

La mort deSoliman Ier le Magnifique, en 1566, conduit à un moment de flottement au sein de l'Empire ottoman. Sélim II ne reprend les hostilités qu'en 1570 en attaquant l'île vénitienne de Chypre. Venise a besoin de l'aide de l'Espagne pour sauver sa possession, d'autant que Nicosie tombe rapidement : seule la ville fortifiée de Famagouste résiste sous l'impulsion du gouverneur vénitien, Bragadino. La Sainte Ligue n'est cependant formée qu'en mai 1571 par l'entremise du pape Pie V et la flotte coalisée arrive trop tard pour sauver Famagouste, qui tombe le 4 août : la garnison est massacrée et Bragadino écorché vif par les Turcs, ce qui va raidir les comportements vénitiens.

Le camp chrétien joue son va-tout dans les mois suivants. La flotte se rassemble dans l'Adriatique. Les Vénitiens manquent de faire éclater la coalition en exécutant un officier espagnol venu installer des soldats supplémentaires sur leurs navires en sous-effectifs. Finalement, le commandant vénitien est remplacé et Don Juan mène la flotte à l'entrée du golfe de Patras, le 7 octobre 1571. A 7h30, les deux flottes sont en vue. Si la gauche et le centre des chrétiens se mettent en ligne correctement, avec les deux galéasses en avant, la droite chrétienne, commandée par le Génois Andrea Doria, se retrouve mal alignée et privée de ses galéasses. En outre, elle a en face d'elle Uluch Ali, pirate barbaresque allié des Ottomans. Doria et Uluch Ali, sans doute les meilleurs manoeuvriers de leurs camps respectifs, vont chercher à s'envelopper mutuellement et les deux ailes vont progressivement se séparer du reste de la bataille.

Celle-ci commence à 10h20 au nord, entre l'aile gauche chrétienne commandée par le Vénitien Barbarigo et l'aile droite des Ottomans sous les ordres du Turc Sirocco. Les galéasses rompent la formation ottomane et provoque des dommages importantes aux galères turques. Sirocco cherche à envelopper le flanc gauche de Barbarigo, mais Marco Quirini, le commandant du flanc droit, réussit lui-même à drosser les galères turques vers la côte. Barbarigo est tué dans le corps-à-corps mais l'aile droite ottomane est détruite. Au centre, Don Juan et Ali Pacha ont chacun tiré un coup de canon au début de la bataille pour signaler leur position : rare geste chevaleresque d'une bataille sans merci et qui est surtout un corps-à-corps extrêmement violent au milieu des décharges d'artillerie, d'armes à feu et des jets de projectiles incendiaires ou de flèches. Les galéasses, là encore, jettent la confusion dans les premiers rangs turcs. A 11h40, juste avant le contact, les galères chrétiennes tirent à bout portant sur leurs homologues ottomanes. La bataille au centre se développe autour des deux navires amiraux qui ont foncé l'un sur l'autre. La galère de Don Juan est abordée, puis la situation se renverse et les chrétiens lancent plusieurs assauts sur le navire d'Ali Pacha, qui combat un arc à la main aux côtés des soldats embarqués. La galère de Pertau Pacha, qui commande l'infanterie turque de marine, est prise, puis celle d'Ali Pacha, vers 13h00, après plusieurs assauts infructueux. L'amiral ottoman est tué dans l'assaut final et le centre turc est submergé vingt minutes plus tard. Au sud,Doria et Uluch Pali tentent de manoeuvrer pour déborder sur le flanc. Vers midi, Uluch Ali comprend qu'il ne réussira pas sa manoeuvre et réoriente ses galères vers le trou qui s'est formé entre le centre et l'aile droite chrétienne. Doria tarde à réagir et 16 galères, de leur propre chef, remontent pour poursuivre Uluch Ali. Celui-ci comprend la situation et retourne ses 75 bâtiments contre le groupe chrétien lancé à sa poursuite. Uluch Ali s'empare notamment de la Capitana des chevaliers de Malte, dont il massacre presque tout l'équipage. Comprenant que la bataille est perdue, il s'enfuit vers l'ouest en emmenant 30 à 35 galères de son aile, hissant le drapeau des chevaliers de Malte pris sur la Capitana en signe de défi.

Don Juan veut poursuivre Uluch Ali mais en raison du pillage et de l'état de la flotte, ses subordonnées le persuadent de ne rien en faire. La flotte chrétienne gagne un mouillage à l'abri en traînant les 170 galères turques de prise. 30 000 Turcs ont été tués et 3 000 capturés. 15 000 esclaves chrétiens ramant sur les galères ont été libérés -certains se sont d'ailleurs soulevés contre leurs gardiens pendant la bataille, notamment au nord. Si la Sainte Ligue n'a perdu que 8 galères, les pertes humaines sont lourdes : 8 000 tués et 21 000 blessés, soit un tiers des effectifs. La flotte n'aurait pu manoeuvrer après son succès sans l'appoint des chrétiens libérés ! La plupart des prisonniers turcs, dont Sirocco, agonisant, est exécutée après interrogatoire sans autre forme de procès. La victoire de Lépante n'est pas exploitée par la Sainte Ligue. Uluch Ali, devenu commandant de la flotte turque, fait rapidement reconstruire des galères. Le pape Pie V, architecte de la croisade, meurt en 1573. Don Juan s'empare du port barbaresque de Tunis la même année, mais Uluch Ali le reprend dès 1574. Et Chypre reste entre les mains des Turcs. Mais Lépante a privé la flotte ottomane de ses meilleurs éléments, marins, soldats embarqués, artilleurs, tout en fracassant sa réputation d'invincibilité. Après 1574, celle-ci est condamnée à la défensive stratégique et perd l'initiative. L'Empire ottoman commence bientôt son long déclin. 

Un bon ouvrage d'introduction, donc, à la bataille de Lépante. Deux petits reproches toutefois. D'abord, Konstam ne s'attarde pas beaucoup sur l'histoire socio-économique des deux flottes en présence. D'où viennent les marins, les soldats ? Comment et pourquoi sont construits les bâtiments ? Quel effort cela suppose-t-il pour les puissances concernées ? Etc. Ces aspects sont à peine effleurés. Ensuite, et cela est commun aux autres volumes Ospreyde la collection, rien n'est dit de la postérité de la bataille et de l'historiographie du sujet, ce qui est bien dommage -Lépante ayant été souvent interprété comme un "choc de civilisations" ou comme micro-événement du temps court -on pense au travail de Fernand Braudel, que cite d'ailleurs Konstam. Cela aurait mérité queques pages. Ces réserves mises à part, le travail reste solide, avec une petite erreur de date p.8 (Rome n'est pas mise à sac en 1529 mais en 1527).


L'autre côté de la colline : "Général Malin". Un portait de Mikhaïl Katoukov

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