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La Jeune Fille et la Mort (Death and the Maiden) de Roman Polanski (1994)

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Amérique du Sud, dans les années 1980. Dans un pays où la dictature vient juste d'être renversée et la démocratie instaurée, le nouveau président a décidé de mettre en place une commission d'enquête pour faire la lumière sur les crimes perpétrés par l'ancien régime. Cette commission doit être dirigée par l'avocat Gerardo Escobar (Stuart Wilson), ancien opposant à la dictature et mariée à Paulina (Sigourney Weaver), une ancienne estafette tombée entre les mains de la police secrète du régime et qui a subi les pires torturespour avoir refusé de donner des informations à ses tortionnaires. Le soir de sa nomination à la tête de la commission, sous un temps épouvantable, Escobar crève un pneu en rentrant chez lui en voiture. Un homme qui habite non loin de là, le docteur Roberto Miranda (Ben Kingsley), le récupère et le ramène chez lui. Paulina, qui entend la voix du docteur depuis la chambre à coucher, croit alors reconnaître dans le docteur Miranda le tortionnaire qui l'a violée à de nombreuses reprises pendant sa détention...

Le film est une allusion à peine déguisée aux événements dramatiques ayant pris place au Chili, pendant et après la dictature de Pinochet. Il est d'ailleurs adapté d'une pièce d'Ariel Dorfman, un rescapé du régime. Polanski joue habilement sur le choix des acteurs : Kingsley, plutôt sympathique d'ordinaire, campe le tortionnaire alors que Stuart Wilson, plus connu pour ses rôles discrets de méchant (L'Arme Fatale 3 face à Mel Gibson, par exemple), incarne l'avocat des droits de l'homme. Le huis-clos autour des 3 personnages souligne ainsi l'ambigüité entre le bien et le mal. D'ailleurs si Polanski ouvre la porte à de nombreuses questions autour du sujet évoqué, il n'apporte que peu de réponses et le dénouement, assez terrifiant, sonne pourtant assez juste.

Considéré comme un film plutôt mineur dans la carrière de Polanski, La Jeune Fille et la Mort (du nom d'une pièce de Schubert) est pourtant une réalisation efficace qui mérite d'être vue. Polanski interroge le statut de victime tout en posant la question phare, comment construire une vraie démocratie tout en intégrant les bourreaux d'une dictature disparue. Il met en place une ambiance malsaine dès le départ puis pilote le propos vers les explications qui arrivent au fil des minutes. Décapant.






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