1503. 50 ans après la prise de Constantinople par les Ottomans, la citadelle de Smyrne est assaillie par une flotte mamelouke venue d'Egypte et qui utilise de mystérieuses machines de guerre. Les assaillants laissent partir les commerçants génois et vénitiens qui colportent la nouvelle en Occident. A Alexandrie, sur l'emplacement de l'ancien phare, dans le fort Qaitbay, l'ingénieur al Asad, alias Léonard de Vinci, réclame son dû : son jeune ami Salaï, resté en Occident. Pendant ce temps, le pape Alexandre VI Borgia, qui se doute de l'origine de ces machines, fait emprisonner Salaï dans les geôles de Venise pour attirer le maître d'oeuvre des armes extraordinaires des mamelouks...
Dans la série des Jour J, chez Delcourt, je m'étais arrêté dernièrement au tome 9 ; je saute donc deux épisodes, ce qui n'a pas grande importance car chaque épisode étant le plus souvent indépendant, nul besoin d'avoir les autres pour suivre l'histoire. Avantage et défaut aussi de la série, car il est difficile de mener en profondeur un scénario sur un seul tome...
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Ici le problème ne se pose pas : l'intrigue tient tout à fait dans ce seul volume. L'idée de départ est originale, avec un Léonard de Vinci en quête de financement pour mener à bien ses projets, et qui déserte l'Europe pour aller chercher fortune chez les Mamelouks (après avoir échoué chez les Ottomans). Cependant, les auteurs prennent bien soin de montrer la face plus sombre du personnage, à la fois ambitieux et terriblement cynique (la fameuse scène où un esclave noir s'écrase sur les rochers en testant une de ses machines volantes, ce qui ne lui arrache pas une larme mais des récriminations contre le "maladroit"...). L'intérêt du volume est aussi de ne pas trop accabler le lecteur sous les références historiques, puisqu'un minimum de connaissances est nécessaire pour comprendre l'uchronie (avec comme d'habitude un utile rappel en début de volume). Autre avantage : la série sort enfin des XIXème-XXème siècles qui avaient focalisé l'attention des scénaristes jusqu'ici. C'est donc une très bonne chose et les tomes suivants confirment d'ailleurs la tendance. Pour ce qu'il est, un "one shot" d'une série basée sur ce principe, ce volume n'est pas loin d'être un des meilleurs de la série. Peut-être en tout un de ceux qui l'incarne le mieux.
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Quelques défauts pourtant : d'abord le dessin, inégal, avec de bonnes planches, d'autres qui plaisent moins, notamment sur les personnages (Kordey a notamment à son actif L'Histoire Secrète, que je n'ai pas encore lue, et Keltos, dont j'ai lu le premier tome, mais ça date). Une ou deux petites erreurs aussi : Vinci ne travaille pas à Rome en 1498 avec les Borgia, mais à Milan, pour les Sforza. Et puis on sent des choses, faute de place, qui restent inexploitées, comme l'histoire de la Joconde ou le personnage de Machiavel. Un peu dommage, mais ça n'enlève pas trop aux qualités du volume. Pour autant, on peut comprendre que seuls les fans et amateurs d'histoire puissent être intéressés par ce tome-là, un peu plus exotique que les précédents, notamment de par l'époque traitée, qui sera moins connue que certains grands événements du XIXème ou XXème siècle abordés précédemment.
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