On apprend aujourd'hui le décès de Jacques Heers, médiéviste et spécialiste du monde urbain et de l'Italie, disparu le 10 janvier à 88 ans. Originaire de la Sarthe, titulaire de ses concours après la Seconde Guerre mondiale (CAPES en 1948, agrégation l'année suivante), il avait enseigné dans plusieurs établissements militaires.
C'est la rencontre avec Fernand Braudel qui le lance dans l'histoire médiévale et dans la soutenance d'une thèse sur le monde urbain à Gênes, qui va dynamiser l'intérêt pour ces deux thématiques, les villes et l'Italie, parmi les historiens médiévistes de l'époque.
Jacques Heers a également signé, bien plus tard, nombre de biographies : Louis XI, Jacques Coeur, Gilles de Rais... ces dernières années, bien que beaucoup lu car ces ouvrages demeurent très accessibles pour le grand public, il a été très contesté par d'autres historiens qui remettaient en cause ses positions.
On ne peut nier que Jacques Heers avait des positions datées voire conservatrices, en particulier quand on lit ses ouvrages consacrés, par exemple, à la Première Croisade ou à la chute de l'empire byzantin (bibliographies anciennes, vision très approximative du monde musulman en particulier). Matei Cazacu, dans la biographie de Gilles de Raisque je commentais récemment, visait directement, mais sans le nommer (sic), Jacques Heers et son propre travail sur le personnage, qui n'était pour lui que de peu d'intérêt.
Saluons néanmoins la mémoire d'un historien du Moyen Age qui savait, cependant, faire oeuvre de vulgarisation, même s'il fallait compléter ces lectures avec d'autres travaux plus récents.