Berlin, Checkpoint Charlie, pendant la guerre froide. Alec Leamas (Richard Burton), qui dirige la section Berlin-ouest du MI6, attend un de ses agents qui doit franchir le mur. Celui-ci est abattu peu après avoir passé les contrôles de sécurité. Rappelé à Londres, Leamas est affecté à la section bancaire, sous couverture d'emploi dans une bibliothèque. C'est en fait une diversion organisée par Control (Cyril Cusack), le chef de Leamas. Considéré comme dépressif, mécontent, alcoolique, Leamas est bientôt contacté par les services est-allemands qui voient en lui une recrue potentielle...
L'espion qui venait du froid est inspiré du roman du même nom écrit par John Le Carré, paru en 1963. Il a été tourné essentiellement en Irlande (reconstitution du checkpoint Charlie, etc).
Le film est particulièrement bien construit et très original dans le genre espionnage, surtout quand on le compare à certaines séries grand public de l'époque qui naissent au même moment, comme James Bond. Le héros, britannique, certes anticommuniste, n'est pas motivé par le sens du devoir patrotique poussé jusqu'à la caricature. Bien au contraire, on distingue davantage de points communs avec les agents du bloc de l'est, qui eux non plus ne sont pas dépeints sous des traits horrifiques. Le personnage de Claire Bloom, sympathisante anglaise communiste dont Leamas tombe amoureux, fait d'ailleurs un contraste total avec le milieu des services secrets. L'espion qui venait du froid, tourné en noir et blanc, à la musique sobre, a un ton froid, amer, désabusé même, qui reflète probablement mieux que beaucoup d'autres le monde de l'espionnage, où les héros n'en sont pas vraiment, comme Leamas dans le film, dépassé par les machinations orchestrées par ses supérieurs. La scène finale démonte complètement les films d'espionnage outranciers et la figure de l'agent secret. Le roman de John Le Carré, qui à sa sortie avait révolutionné le genre, a trouvé un film à sa mesure ; il n'est pas ironique de noter que l'on trouve dans le casting certains acteurs de la série James Bond, comme Bernard Lee (!). Le film tend davantage au réalisme et veut montrer les actions parfois sordides des services secrets, sans prendre parti ni pour l'ouest, ni pour l'est.
Source : http://www.cinemotions.com/data/films/0038/76/2/photo-L-Espion-qui-venait-du-froid-The-Spy-Who-Came-In-from-the-Cold-1965-1.jpg |