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Pierrefonds pendant la Grande Guerre. Le quotidien du soldat en 1914-1918, Editions du Patrimoine, 2008, 64 p.

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Lieu de villégiature depuis les romantiques, le petit village de Pierrefonds, dominé par son imposant château reconstruit par Viollet-le-Duc, voit son calme rompu en 1914, quand les Allemands occupent la localité, du 31 août au 12 septembre. Le château est désormais soumis à l'impératif militaire. Le témoignage le plus original réside sans doute dans les quelques 450 graffitis et dessins laissés par les soldats sur les murs de la place.

A l'arrivée des Allemands (deux régiments d'infanterie), les habitants les confondent avec des Britanniques, qui viennent juste de faire retraite. L'occupation, qui dure à peine deux semaines, est moins brutale qu'escomptée, ce dont témoigne le maire. Et ce en dépit d'exactions, ailleurs, tout à fait réelles. Le "Boche" est souvent représenté par les Français sous les traits d'un cochon avec le casque à pointe.

Au moment du repli après la bataille de la Marne, un combat imprévu a lieu à Pierrefonds entre un convoi de ravitaillement égaré du 115ème régiment d'infanterie et les Allemands en retraite. Un escadron de cavalerie commandé par le lieutenant de Gironde charge, non loin de Pierrefonds, un parc d'aviation allemand : il est quasiment anéanti.

Intégré dans la zone des armées, car proche du front, Pierrefonds, en raison de ses installations thermales, dispose de nombreux hôtels. Le lieu devient un centre de repos, de soins pour les blessés, et de transit pour les soldats montant en ligne. Après un court retour à la normale en 1917, les offensives allemandes du début 1918 entraînent des bombardements aériens et la fuite d'une grande partie de la population. Dès le mois de juin 1915, un terrain d'aviation s'installe à proximité du village, où une quarantaine d'escadrilles se succèdent jusqu'à la fin de la guerre. Le terrain est bombardé par les Gotha le 1er août 1918. Le prieuré et les thermes sont convertis en hôpitaux : 4 400 blessés arrivent rien qu'entre les 16 et 21 septembre 1914. Il y a parfois jusqu'à 3 500 militaires cantonnés dans le village, soit le double de la population. La cohabitation n'est pas toujours simple, mais s'effectue malgré tout.

Le maire, Gustave-Adolphe Clément-Bayard, transforme ses locaux de Levallois-Perret en usine d'armement et ne revient qu'en juin 1916. Rien de très important dans les délibérations municipales, jusqu'à l'évacuation officielle du 11 juin 1918. Les bombardements sur la localité s'étalent d'août à octobre 1918 et entraînent les destructions les plus importantes.

L'armée française avait songé à installer des troupes dans le château dès 1913. Les Allemands, en 1914, ne touchent quasiment pas l'édifice (deux portes extérieures défoncées). 50 régiments français vont y passer de 1914 à 1917. La troupe loge dans des tentes au milieu du parc du château, les officiers se réservant les maisons bourgeoises en ville. Le château est touché en août 1918, recevant notamment un obus de 220 mm. Les réparations sont évaluées, en 1920-21, à 300 000 francs, ce qui est important mais relativement modeste par rapport à d'autres châteaux quasiment détruits durant la guerre, comme celui de Coucy.

La bataille de Quennevières, du 6 au 16 juin 1915, se déroule non loin de Pierrefonds. Nivelle s'y distingue. Pierrefonds voit passer les soldats américains, accueille aussi des services administratifs d'une armée en guerre. Ceux-ci réquisitionnent les meilleurs logements, ce qui n'est pas sans conséquence pour les convalescents, permissionnaires et soldats en transit qui arrivent à Pierrefonds, relativement mal logés.

La vie ne reprend dans le village qu'en décembre 1918. Le ministre de l'Agriculture met à la disposition du village des batteries de tracteurs pour relancer l'activité. Si les visites continuent au château, l'activité thermale, elle, est abandonnée. Les travaux de reconstruction dans le village ne commencent vraiment qu'en 1927. Le monument aux morts est l'un des premiers à être inauguré dans l'Oise, le 23 mai 1920 (l'idée était présente depuis 1917). Comme beaucoup, il valorise à la fois l'ardeur patriotique et le traumatisme de la souffrance et de la mort dues à la guerre. Un deuxième monument est dédié à une infirmière militaire tué en août 1918.

Un petit fascicule qui résume ce qu'a pu être la vie dans un village français pendant la guerre, dans l'Oise, surtout connu pour son château, qui participe malgré lui au quotidien de la Grande Guerre. Le tout se complète d'extraits de journaux des habitants, d'un relevé des régiments qui ont laissé des graffitis et d'une bibliographie indicative.

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