1759. Deux colons américains prisonniers des Français, James Smith (John Wayne) et "le professeur" (John F. Hamilton), qui ont vécu en captivité parmi les Indiens, sont échangés contre des prisonniers français. Ils retrouvent leur ami MacDougall (Wilfrid Lawson). Libérés par la fin de la guerre contre la France, ils rentrent chez eux, dans une vallée du sud-ouest de la Pennsylvanie. Mais ils vont y retrouver une autre guerre. En effet, les Indiens attaquent les colons grâce à des armes vendues par des marchands blancs, avec l'accord tacite de l'Angleterre. Se sentant méprisés par la Couronne, les colons, réunis autour de Jim Smith, vont tenter de faire pression sur les Anglais pour interdire la vente d'armes aux Indiens...
Le Premier Rebelle, réalisé par la RKO, s'inspire du personnage de James Smith et de la révolte dite des "Black Boys". Smith est un colon de Pennsylvanie qui participe à l'expédition malheureuse de Braddock contre les Français, en 1755, au cours de laquelle il est capturé par les Indiens Delaware. Livré à Fort Duquesne, il est finalement adopté par une tribu Mohawk et apprend à apprécier les coutumes indiennes. Il s'évade pourtant près de Montréal en 1759, regagne la vallée de Conococheague en Pennsylvanie et s'y marie en 1763. Il continue ponctuellement à se battre aux côtés des Anglais, mais conduit aussi parallèlement le mouvement des "Black Boys" (baptisés ainsi parce qu'ils ne noircissaient le visage pendant les attaques) pour empêcher les marchands blancs de vendre des armes aux Indiens, qui sont ensuite utilisées contre les colons. En 1765, Smith capture et fait brûler un convoi de marchandises illégales (rhum et poudre), puis assiège Fort Loudoun, capturant assez de soldats britanniques pour les échanger contre les colons arrêtés pour avoir pris part à ces raids (ou pas). Les colons parviennent même à s'emparer de Fort Bedford. La révolte se termine alors et Smith part explorer le Kentucky en 1766. En 1776, il rejoint la milice de Pennsylvanie où il est nommé colonel. Il publie en 1799 un livre sur les usages guerriers des Indiens et meurt entre 1812 et 1814.
Le film n'a pas connu un grand succès à sa sortie, car il est contemporain du grand film de John Ford, Sur la piste des Mohawks, sur un thème similaire. Il est censuré par le ministère de l'Information britannique en raison de la mauvaise image qu'il donne des Britanniques, engagés depuis peu dans la Seconde Guerre mondiale contre l'Allemagne nazie. Claire Trevor est mise en haut de l'affiche car plus connue, à l'époque, que John Wayne (!), malgré le succès récent de La chevauchée fantastique. En France, il n'est disponible qu'à partir de la décennie 1980. Il faut dire que le sujet avait de quoi promettre, mais le scénario est quelque peu bâclé, d'autant que, époque oblige, "tout bon Indien est un Indien mort"... le jeu des acteurs est relativement poussif, Wayne ne semble pas très impliqué et Claire Trevor est obligée d'en rajouter beaucoup. Le thème sera heureusement repris plus tard dans d'autres productions, jusqu'au Dernier des Mohicans de Michael Mann.