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Sébastien Latour, GIN et Pierre SCHELLE, L'homme de l'année, tome 3 : 1815, Série B Paris, Delcourt, 56 p.

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Pont d'Arcole, novembre 1796. Le général Bonaparte, commandant de l'armée d'Italie, distingue le soldat Gaillard, qui s'est vaillamment comporté au feu. Celui-ci ne rêve que d'exploits guerriers pour obtenir en France la main de sa promise, Solange d'Arcy. Mais Bonaparte, via Lannes, remarque bientôt, aussi, le tambour-major Dominique Mariolle, lors de la bataille de Mantoue, un mois pus tard. Entre les deux hommes s'installe alors une compétition à qui se fera le mieux voir de Bonaparte, devenu ensuite empereur des Français...

Nouvelle série à thème de Delcourt, dans la collection série B, L'homme de l'année met en scène des anonymes, fictifs ou inspirés de personnages authentiques, qui ont participé aux grands événements de l'histoire. Le premier tome sur les tirailleurs sénégalais pendant la Grande Guerre était très réussi. Le deuxième sur la trahison de Jeanne d'Arc, un peu moins. Ce troisième tome n'arrive pas non plus à se hausser à la qualité du premier. 

Source : http://www.ligneclaire.info/wp-content/uploads/2013/09/BD-Planche-Homme-de-lann%C3%A9e-1815.jpg


Sur le fond, il faut noter que les ascensions fulgurantes de simple soldat, comme Gaillard ou Mariolle, ce dernier renvoyant à un soldat réel de la Grande Armée (peut-être à l'origine de l'expression "faire le mariole", et qui figure sur un tableau de David, La Distribution des aigles, et sur l'arc de Triomphe à Paris), ont bien existé, mais ont été plutôt l'exception que la règle. L'album préfère se concentrer sur les épisodes glorieux de la geste napoléonienne -la campagne d'Italie, Austerlitz, Wagram- mais expédie rapidement les moments plus fâcheux -la campagne d'Egypte, Eylau, où le parcours du champ de bataille par Napoléon est l'occasion d'une tirade qui sonne un peu comme une autojustification assez étonnante au milieu de la BD (qui souvent se moque de Napoléon), la campagne de Russie. La succession chronologique des batailles est d'ailleurs quelque peu lassante. Waterloo, en revanche, fait l'objet d'un traitement à part, mais cela ne surprend pas, étant donné que l'album veut justement montrer un anonyme qui aurait crié le mot de Cambronne pendant la bataille, rôle ici attribué à Gaillard. Plus convaincante est l'opposition classique entre le "fou de guerre" et le soldat qui ne fait pas la guerre par plaisir, mais plus par devoir -et l'on sent aussi en filigrane l'inspiration venue d'un film comme Les duellistes. De ce point de vue, la fin de l'album est très réussie.




Le scénario, signé Sébastien Latour, auteur de Lady Spitfire dont le premier tome m'avait aussi laissé sceptique, comprend malheureusement une grosse coquille : Waterloo se déroule en avril 1815 alors que c'est le 18 juin (!). En outre le si début laisse espérer des pages prometteuses, il faut bien reconnaître que le duel entre les deux soldats s'essouffle rapidement. Il est également dommage que le rappel historique se limite à ces quelques lignes à la fin de l'album : pour le coup, cette série mériterait de petits dossiers à la fin, en annexe. C'est souvent le problème des séries à thèmes, où les auteurs changent selon les tomes, ce qui entraîne des volumes inégaux. C'est bien le cas ici.




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