Le marquis de Villemaur (Pierre Blanchar) a réuni dans son château des nostalgiques du IIIème Reich pour leur faire rencontrer un dirigeant nazi rescapé de la défaite finale à Berlin, en 1945, afin de préparer une nouvelle Europe. Sont réunis Brozzi (Nico Pepe), chef des néofascistes italiens, le genre de Villemaur, Mathias (Lutz Gabor), Heinrich von March (Gérard Buhr), chef de la sécurité du dirigeant nazi venu en grand secret, et le commandant Dromard (Paul Meurisse), chef d'un réseau nationaliste français, un aveugle qui porte un étrange Monocle noir. Mais bientôt la réunion au sommet est vite perturbée, et la hantise du traître fait comprendre au marquis que tous ses invités ne sont pas forcément ceux qu'ils prétendent être...
Georges Lautner, décédé récemment, il y a quelques semaines, s'était inspiré pour ce film, assez librement, des mémoires du fameux colonel Rémy. Il en fera une série de films autour du personnage du Monocle qui tourne en dérision le genre du film d'espionnage. Le Monocle noir préfigure, en quelque sorte, Les Tontons Flingueurs. Meurisse y incarne avec brio un agent du Deuxième Bureau à la poursuite d'un ancien nazi disparu après la défaite de 1945. Toute l'action ou presque se déroule dans le château du marquis -le château de Josselin, dans le Morbihan, qui a servi de cadre au tournage. La trame est un peu lente à démarrer mais l'action se met finalement en place au bout de 30-45 mn, et suit avec beaucoup d'humour. Assez curieusement, le film n'a d'ailleurs été édité en DVD que récemment (2012) alors que ses deux suites l'avaient été beaucoup plus tôt. C'est pourtant l'un des premiers films de Lautner, qui commence d'ailleurs par un aparté de Bernard Blier qui demande au spectateur de ne pas prendre très au sérieux le propos (!). Dans ses mémoires, Lautner avait reconnu que le roman était inadaptable à l'écran : pour lui, il restait du livre le château et le Monocle... mais il a su trouver d'excellents seconds rôles, et le film, succès au moment de sa sortie en salles, a lancé sa carrière, comme il le reconnaît lui-même.