Les éditions Pelican Publishing proposent de nombreux volumes de vulgarisation sur des théâtres d'opérations souvent méconnus de la guerre de Sécession. Ce volume-ci est signé de la main de Steve Cottrell, membre d'un groupe de reconstitution américain sur le conflit. Comme d'ordinaire, le livre comprend des illustrationsinsérées au milieu du récit réalisées ici par Andy Thomas.
Le sujet traité est la guerre dans les Etats du Texas et le territoire du Nouveau-Mexique, au sud-ouest de la Confédération et de l'Union. Dès avant l'attaque de Fort Sumter, des officiers confédérés s'arrogent le droit de traquer les bandits mexicains et les Indiens menaçants dans des expéditions marquées par l'idée de la "suprématie blanche" fort répandue à l'époque -comme John Baylor. Ironiquement, le gouverneur du Texas, Sam Houston, figure légendaire vite remplacée, n'était pas favorable à la Sécession. Encore plus ironiquement, les confédérés texans faillirent bien jeter en prison au début du conflit un officier qui se rendait à Washington pour rencontrer le chef d'état-major de l'armée américaine... Robert E. Lee.
Dès le mois de juillet 1861, les Texans ont chassé ou capturé les soldats nordistes présents sur leur territoire et se sont emparés de plusieurs forts. Le président confédéré, Jefferson Davis, voit alors une occasion inespérée d'étendre le Sud en direction du Nouveau-Mexique, pourquoi pas ensuite du Colorado et de la Californie et de leurs mines. En octobre 1861, le général Sibley, bien connu dans l'armée américaine pour avoir conçu la tente de campagne standard et le réchaud qui va avec, prend la tête de 3500 hommes pour marcher sur le Nouveau-Mexique. En février 1862, Sibley, devancé par sa "compagnie de brigands", bute cependant sur l'obstacle de Fort Craig, défendu par le commandant nordiste qui lui fait face, Canby. Celui-ci dispose aussi d'une compagnie d'éclaireurs remplie d'aventuriers de toute sorte, dirigée par Paddy Graydon : pour disperser les bêtes de somme confédérées, ils ont une nuit l'idée d'attacher de la dynamite sur des vieilles mules avant de les lancer vers le camp adverse... sauf que les mules reviennent en fin de compte vers eux !
Le 21 février a lieu la première grande bataille de la campagne, Valverde, du nom du gué que les confédérés tentent d'emprunter pour contourner Fort Craig et poursuivre leur route. Les Sudistes l'emportent de justesse et l'affrontement voit la seule charge de lanciers (confédérés) de tout le conflit, brisée par les baïonnettes des volontaires du Colorado venus épauler les unités régulières et les miliciens hispaniques nordistes. Les Sudistes s'emparent ensuite d'Albuquerque puis de Santa Fe. Cependant, Canby tient toujours Fort Craig et 900 hommes du 1st Colorado Volunteer Infantry Regiment ont rejoint à marche forcéedepuis leur Etat, à travers des montagnes enneigées,Fort Union, qui barre la route aux Confédérés. Ce sont ces troupes qui permettent à l'Union de remporter un succès relatif lors de bataille de Glorieta Pass, entre les 26 et 28 mars 1862 : un premier engagement voit une victoire des Nordistes, puis les Confédérés reprennent l'ascendant mais leur train de véhicules est détruit par un raid audacieux monté sur leurs arrières par un officier entreprenant, le major Chivington. Sibley, pressé par les Nordistes de Fort Union qui font leur jonction avec ceux de Fort Craig, doit se replier vers le Texas dès le mois d'avril. Parallèlement, le capitaine Sherod Hunter, envoyé à la tête d'un détachement de 54 hommes pour contrôler le nouvel Etat confédéré de l'Arizona détaché du Nouveau-Mexique, combat tout à la fois les Apaches et des renforts nordistes venus de Californie, dans des escarmouches qui ont l'insigne privilège d'être les combats les plus à l'ouest de la guerre de Sécession. La retraite de Sibley s'est transformée en véritable anabase.
Le légendaire western de Sergio Leone, Le bon, la brute et le truand (1966) se déroule pendant la guerre de Sécession et plus particulièrement pendant la campagne de Sibley (que l'on aperçoit aussi dans le film) au Nouveau-Mexique (1862). Dans la scène ci-dessous, l'arrivée de la carriole confédérée sans conducteur (tout à la fin, vers 6:13) est probablement une référence au raid nordiste sur le train de bagage sudiste pendant la phase finale de la bataille de Glorieta Pass (28 mars).
Le légendaire western de Sergio Leone, Le bon, la brute et le truand (1966) se déroule pendant la guerre de Sécession et plus particulièrement pendant la campagne de Sibley (que l'on aperçoit aussi dans le film) au Nouveau-Mexique (1862). Dans la scène ci-dessous, l'arrivée de la carriole confédérée sans conducteur (tout à la fin, vers 6:13) est probablement une référence au raid nordiste sur le train de bagage sudiste pendant la phase finale de la bataille de Glorieta Pass (28 mars).
Dès le mois d'août 1862, les navires de l'Union qui font le blocus des côtés confédérées attaquent la ville texane de Corpus Christi, sans succès. Les Nordistes comptent sur les partisans pro-Union qui existent bien dans l'Etat et sont parfois sévèrement réprimés par les Confédérés. En septembre, la marine nordiste réussit un coup de main sur Sabine, avant d'échouer devant Galveston en octobre, notamment par l'action de vétérans de la campagne de Sibley. C'est durant cette bataille qu'un officier confédéré, Alfred Lea, découvre sur le navire qui son équipage aborde son fils Edward Lea, officier de la marine nordiste, mortellement blessé... épisode souvent cité depuis. En septembre 1863, une flotte d'invasion est défaite dans la Sabine Pass par un détachement de 54 hommes (les Jeff Davis Guards) maniant 6 pièces d'artillerie. En novembre, cependant, une armée nordiste débarque près de la frontière mexicaine et occupe Brownsville.
La guerre de Sécession ne met pas entre parenthèses, comme on l'a déjà vu plus haut, les combats contre les Indiens. Le 1st New Mexico Cavalry de l'Union dirigé par le fameux Kit Carson brise ainsi un soulèvement des Navajos en janvier 1864 et la répression est féroce. Au Texas, où la nourriture commence à manquer, la cohabitation est difficile entre locaux et guérilleros du Missouri -Quantrill, Anderson- repliés dans leur Etat à l'hiver. Le colonel confédéré Rip Ford et sa troupe de cavalerie n'hésitent pas à mener des incursions au Mexique pour trouver leur subsistance et de quoi financer leur guerre. Il chasse les Nordistes de Brownsville en juillet 1864. En novembre 1864, Kit Carson et ses hommes manquent d'être anéantis lorsqu'ils poursuivent des Indiens Kiowa et Apaches turbulents réfugiés au Texas. En janvier 1865, des Indiens Kickapoo venant du Mexique en direction du Kansas sont attaqués par des miliciens et cavaliers confédérés : les Indiens repoussent les Sudistes, paradoxalement moins bien armés qu'eux, puis que les Kickapoo ont servi dans le Missouri pour l'Union et ont reçu des fusils plus performants !
Le Texas est l'un des Etats qui a le plus contribué aux armées confédérées. C'est sur son sol que se déroule la dernière bataille de la guerre, après la reddition de Lee, les 12-13 mai 1865 : à Palmito Ranch, Rip Ford met en déroute les Nordistes, appuyés peut-être par des Français venus du Mexique (qui auraient servi des canons et envoyés des lanciers). Certains confédérés refusent cependant la défaite et se dirigent vers le Mexique. Le général Shelby, qui mène le gros de ce détachement, profite de son passage à Austin pour mettre en déroute un pillage nocturne de la banque orchestré par des malfrats. Le 4 juillet 1865, Shelby fait immerger le drapeau de combat de la Confédération dans le Rio Grande... si le Texas n'a pas été complètement ravagé par la guerre, il a payé son tribut en vies humaines et en misère.
Un bon livre d'introduction à ce théâtre méconnu de la guerre de Sécession, desservi cependant par un manque de cartes (une seule en début d'ouvrage) et par l'absence d'analyse, bien que ce ne soit pas vraiment le but. Une bibliographie comprend cependant les ouvrages nécessaires pour aller plus loin.