L'abbé François Fabre, né en 1854, est l'un des premiers à avoir écrit sur la Bête du Gévaudan, après l'abbé Pourcher en 1889. En 1901, il publie La Bête du Gévaudan en Auvergneà partir de documents inédits. Plus tard, en 1930, l'édition étant épuisée, il la republie avec des compléments, notamment une réfutation de la théorie du docteur Puech selon laquelle les meurtres seraient l'oeuvre d'un fou sadique. Cette édition est devenue un classique sur la Bête du Gévaudan. C'est celle-ci que reprend cet ouvrage, augmenté d'un addendum actualisé par Jean Richard, passionné par l'histoire de la Bête et "historien local".
Le travail de François Fabre est donc une des bases par lesquelles commencer lorsqu'on veut découvrir l'histoire de la Bête du Gévaudan. Illustré par de nombreuses gravures d'époque, c'est un récit factuel retraçant l'histoire, de l'apparition de la Bête jusqu'à sa disparition, en citant de nombreux documents d'archives. L'abbé reste convaincu de la culpabilité d'un ou plusieurs loups particulièrement féroces et devenus amateurs de chair humaine. A plusieurs reprises, d'ailleurs, les sources évoquent des cas antérieurs d'attaques de loups répétés contre l'homme, qui ont précédé celle de la Bête. Cela ne l'empêche pas d'évoquer les autres hypothèses, même si c'est pour les réfuter.
Dans le complément, Jean Richard a rajouté quelques gravures manquantes. Avec un traitement par ordinateur, il a établi que 81 personnes ont été tuées, plus 15-20 autres sans doute oubliées dans les archives. 27 autres ont été blessées et 49 autres attaquées, soit un peu plus de 150 victimes en tout. Ces statistiques montrent aussi des attaques sur la tête ou le col, la Bête cherchant à emporter une part de ses victimes pour aller la dévorer ailleurs. Jean Richard passe ensuite en revue toutes les hypothèses émises jusqu'ici : loup(s), loups venus d'ailleurs, animal exotique, culpabilité des Chastel, animal hybride, fou sadique, fléau de Dieu, bête extraterrestre...
Plutôt que d'essayer de déterminer ce qu'était la Bête du Gévaudan, la prudence impose de convenir qu'on ne saura sans doute jamais de quoi il retourne. En revanche, comme dans le cas de Jack L'Eventreur, l'histoire constitue un formidable tremplin d'analyse pour l'histoire des mentalités du temps.