Didier Lodieuécrit beaucoup pour la presse spécialisée en histoire militaire : je l'ai lu souvent quand j'écrivais encore pour les éditions Caraktère. D'après le quatrième de couverture, il est né sur les berges de la Seine et a été marqué par les récits de civils fuyant les combats de 1944. Cela l'a conduit à interroger plus de 500 vétérans, à consulter près de 2 000 (!) livres et à amasser les documents et les rapports.
Le titre sur la couverture est trompeur car il laisse penser que le livre traite de l'opération Goodwood dans son intégralité (cf couverture ci-contre) : or, dès que l'on ouvre la première page, on voit qu'il s'agit en fait de la 11th Armoured Division -et plus précisément de sa 29th Armoured Brigade- et de son action pendant Goodwood. Ou bien il faut lire le texte du quatrième de couverture pour le deviner. Petite déception, donc.
Le texte prend la forme d'un récit factuel de l'engagement de cette unité, du début à la fin de l'opération. Il ne faut donc pas s'attendre à trouver une remise en contexte de Goodwood, de sa genèse, de sa planification, et de ses conséquences, alors que pourtant cette offensive de Montgomery reste très controversée. C'est dommage, mais on est dans la lignée des choix effectués par Histoire et Collections.
Le point fort de ce court volume (un peu plus de 80 pages), ce sont assurément ses illustrations, souvent en grand format (bien que de qualité inégale) et très bien légendées. L'auteur est visiblement un spécialiste du matériel et des unités de la campagne (il a d'ailleurs écrit un ouvrage sur les Tigres en Normandie) et cela se ressent. Le recours à de nombreux témoignages donne un caractère très vivant au récit -même si la bataille est surtout vue du côté britannique, l'on ne peut pas dire que le point de vue allemand soit négligé. En revanche, on peut regretter qu'il n'y ait que deux cartes, car le récit abonde en mouvements et l'on est bien en peine de tout suivre correctement, à moins d'être un connaisseur.
Didier Lodieu insiste dans sa courte conclusion sur l'absence de renseignement sur les défenses allemandes, le manque de soutien de l'artillerie, un front trop étroit, la contre-attaque des Panzer et des StuG qui n'ont pas été détruits dans le bombardement initial, le manque de soutien de la division blindée des Gardes et des "Rats du Désert", et la présence de champs de mines britanniques non nettoyés, comme les causes principales de l'échec de la 29th Armoured Brigade durant Goodwood. Là encore, ce constat reste au niveau tactique et ne balaye pas des considérations un peu plus larges (Didier Lodieu s'étonne de l'absence de renseignements venant d'Ultra mais ne creuse pas plus loin). La bibliographie mentionnée p.82 repose surtout sur des rapports d'unités et sur des sources secondaires assez anciennes (la plus récente date qui apparaît est 1992), même si l'auteur a contacté Simon Trew, historien britannique de Sandhurst, dans le cadre de son travail.
Il faut donc bien être conscient du contenu en fonction de ce que l'on recherche car un autre handicap du livre, c'est son prix : 16,50 euros pour 82 pages, c'est tout de même un peu cher payé, même avec beaucoup d'illustrations...