Ce volume de la collection Warrior traite des Irish Volunteers, autrement dit les combattants réguliers qui ont servi contre les Anglais pendant la guerre d'indépendance irlandaise puis durant la guerre civile contre les anti-traités en 1922-1923. Il est écrit par deux Irlandais qui ont eux mêmes servi dans l'armée nationale, dans des missions de maintien de la paix de l'ONU notamment.
La naissance des Irish Volunteers est simultanée à l'adoption, en 1912, du troisième Home Rule Bill par le Parlement anglais, qui laisse espérer aux catholiques irlandais un statut d'autonomie. Mais les protestants de l'Ulster ne veulent pas en entendre parler et créent l'Ulster Volunteer Force pour défendre, par la force des armes si nécessaires, l'union avec l'Angleterre. C'est pourquoi les Irish Volunteers sont créés le 25 novembre 1913. En 1914, le roi George V signe enfin le Home Rule mais reporte son application après la fin de la guerre. Les catholiques irlandais s'engagent pourtant massivement dans l'armée britannique qui combat lors de la Première Guerre mondiale ; seule une petite minorité, dominée par l'Irish Republican Brotherhood, fait bande à part. Cette fraction a plus de mal à recruter jusqu'après l'écrasement du soulèvement de Pâques en 1916, puis à la menace de la conscription en Irlande en 1918. Au moment du déclenchement de la guerre civile contre les anti-traités, l'armée irlandaise, héritière des Volunteers, compte déjà 60 000 hommes.
Les Irish Volunteers s'organisent progressivement en bataillons et en compagnies, à recrutement local. Les meilleurs combattants, permanents et qui sont les mieux armés, sont regroupés dans des "colonnes volantes" qui forment l'élite des Volunteers. De son côté, dans la guérilla urbaine à Dublin, Michael Collins crée une section spéciale chargée du contre-espionnage, baptisée "The Squad" ou "Les 12 apôtres". Les bataillons sont regroupés en brigades, puis en divisions à partir d'avril 1921, moment où les Volunteers comptent 100 000 hommes. En janvier 1922, les Volunteers deviennent l'armée régulière irlandaise, adoptent l'uniforme et gagnent les casernes abandonnées par les Britanniques.
Au départ, les Volunteers tentent de généraliser le port de l'uniforme, en tant que combattants réguliers, mais après les Pâques sanglantes de 1916, le passage à la guérilla conduit à la disparition progressive de l'uniforme. Ce n'est qu'en 1922 qu'un uniforme réapparaît pour l'armée régulière. L'entraînement est handicapé par le manque d'armes, de munitions et de cadres expérimentés. D'où la formation des colonnes volantes qui concentrent les meilleurs éléments bien équipés et entraînés, comme la 3rd West Cork Brigade dirigée par Tom Barry, avec une "Flying Column" particulièrement redoutée des Britanniques.
L'embuscade de Kilmichael menée par Tom Barry inspire une des scènes du Vent se lève (2006).
L'embuscade de Kilmichael menée par Tom Barry inspire une des scènes du Vent se lève (2006).
Après l'échec du soulèvement de 1916, les indépendantistes irlandais changent de tactiques, ce qui se voit pendant la guerre civile. En 1919, au moment de la déclaration d'indépendance, la guérilla s'attaque d'abord à la Royal Irish Constabulary, une force de supplétifs irlandais au service des Britanniques, notamment en incendiant ses baraquements. Parallèlement la guérilla bâtit une administration parallèle qui fonctionne à la place du gouvernement aux ordres des Britanniques. La guerre prend un tour de plus en plus violent que Londres choisit d'envoyer d'anciens soldats démobilisés recrutés pour des opérations de maintien de l'ordre, les Blacks and Tans, ainsi que des officiers, les Auxiliaries, qui se signalent par nombre d'exactions contre les civils. Les colonnes volantes irlandaises restent cependant un adversaire de taille pour ces vétérans : le 28 novembre 1920, par exemple, celle de Tom Barry anéantit un détachement d'Auxiliaries lors d'une embuscade à Kilmichael, dans le West Cork. Les Anglais déploient, au maximum, 60 000 soldats réguliers et pas moins de 15 000 supplétifs paramilitaires, face à peut-être 3 000 combattants irlandais réguliers en armes. La guérilla est aussi urbaine, comme à Dublin, où le Squad de Michael Collins anéantit les capacités du renseignement britannique. Le 12 novembre 1920, ses hommes abattent 12 agents anglais particulièrement craints pour leurs capacités. En représailles, les Britanniques exécutent deux de ses hommes abattus la veille et les Auxiliaries déboulent sur le terrain de Croke Park où une nombreuse foule regarde un match de football, ouvrant le feu à la mitrailleuse. 12 personnes sont tuées et 65 blessées. Néanmoins, l'Angleterre cède et le traité du 11 juillet 1921 met fin aux hostilités en accordant l'indépendance au sud de l'Irlande. Une partie des combattants irlandais rejette cependant le traité et de violents combats éclatent entre anciens camarades à partir d'août 1922 à Dublin puis bientôt dans le reste de l'Irlande. La guerre civile s'achève seulement en mai 1923 et voit la défaite des anti-traités devant l'armée irlandaise approvisionnée par les Britanniques -Michael Collins est tombé dans une embuscade.
Le film Michael Collins (1996) met en scène le Bloody Sunday : les Auxiliaries envahissent le terrain de Croke Park après l'exécution de 12 agents anglais à Dublin par Michael Collins, et ouvrent le feu à la mitrailleuse sur les spectateurs.
Le film Michael Collins (1996) met en scène le Bloody Sunday : les Auxiliaries envahissent le terrain de Croke Park après l'exécution de 12 agents anglais à Dublin par Michael Collins, et ouvrent le feu à la mitrailleuse sur les spectateurs.
Un Osprey sans prétention et qui permet d'aborder le thème des combattants indépendantistes irlandais, sous l'angle politique et militaire.