Eric Alary, professeur de classes préparatoires à Tours et à Sciences Po, est un spécialiste de l'Occupation, de la gendarmerie française et du thème des frontières. Pour décortiquer les "grandes affaires criminelles" apparues au XIXème siècle via la presse, il a réuni un panel d'auteurs (11), historiens et juristes essentiellement, afin de présenter les cas les plus emblématiques du genre, à grand renfort d'illustrations et en évoquant même deux affaires à la Réunion. Ces affaires continuent parfois d'alimenter les peurs collectives des Français et le sentiment d'insécurité, parfois de manière complètement irrationnelle.
Autant le dire tout de suite, le résultat est décevant. Si 38 affaires sont présentées dans l'ordre chronologique, elles le sont tout au plus chacune sur une dizaine de pages maximum, ce qui est parfois trop court pour présenter tous les tenants et aboutissants des cas avancés, malgré le renfort des illustrations (qui auraient pu d'ailleurs être davantage commentées). La formulation alambiquée, par moments, n'aide guère à la compréhension, et le rythme est coupé par des encadrés qu'il aurait peut-être mieux valu rajouter en annexes de l'ouvrage. Le livre se concentre d'ailleurs surtout sur les crimes les plus anciens dans la chronologie, de 1796 à 1949, les derniers étant expédiés en quelques pages (4 pour Carlos ou l'affaire Grégory). On en ressort quelque peu frustré, en dépit de la présence d'une bibliographie somme toute limitée (36 sources secondaires et 3 sources primaires, soit à peine une référence par affaire, et elles ne sont pas classées pour mieux s'y retrouver...).
Pour ma part, je trouve cela dommage, d'autant plus qu'il s'agit d'une réédition (le livre est initialement paru en 2007 en grand format), et que la version Nouveau Monde Poche n'apporte visiblement pas grand chose de plus hormis un prix moindre, ce qui est certes appréciable. Et pourtant, le sujet m'intéresse, sinon je ne l'aurais bien sûr pas acheté... l'ouvrage a cependant le mérite de traiter des cas volontairement choisis et quelque peu remis en contexte pour montrer, à l'aide des encadrés, comment la justice et les forces de l'ordre se sont adaptées pour contrer de nouvelles formes de criminalités, mais aussi que certaines peurs n'ont rien de neuf : à la Belle Epoque, on tremblait devant les "apaches" de Paris tout comme on tremble aujourd'hui devant une autre forme de délinquance juvénile...