La série Battle Orders d'Osprey étudie l'organisation, les actions et la force d'une unité donnée. Le n°19, consacré aux Marines pendant la guerre du Viêtnam, est signé Ed Gilbert, ancien artilleur et instructeur de l'USMC qui a écrit également plusieurs livres sur l'engagement des blindés des Marines au combat.
Comme le rappelle l'introduction, les Marines, qui sont les premiers à être engagés au sol au Sud-Viêtnam, vont à la fois affronter les troupes régulières nord-viêtnamiennes et l'insurrection au Sud, le Viêtcong. Les Marines ont une tradition de contre-insurrection qui débouche ici sur le programme CAP (Combined Action Program) dans les villages du Ier corps. Souvent, bien que l'unité de référence des Marines soit la division, ce sont des formations de la taille de la brigade, regroupant fréquemment des bataillons de régiments différents, qui opèrent sur le terrain. Les Marines contrôleront des unités d'autres branches de l'armée au sein d'un commandement indépendant, la IIIrd Marine Amphibious Force, créée surtout à des fins logistiques.
En 1965, le corps aligne trois divisions d'active et une de réserve. Force largement autosuffisante, les Marines sont là pour éventuellement mener des assauts amphibie afin de s'emparer des ports et aéroports et repousse une première contre-offensive soviétique. Mais les Marines protègent aussi les intérêts américains à travers le monde, comme le montre l'intervention à Saint-Domingue en 1965. Le corps est devenu indépendant en 1952, après avoir été menacé de disparition suite à la Seconde Guerre mondiale et après avoir joué un rôle conséquent en Corée. Les Marines y ont expérimenté les premiers concepts aéromobiles de l'armée américaine. Force de réaction rapide, les Marines disposent de différentes unités prêtes à un engagement immédiat (MEU-MEB-MEF).
Forts de l'expérience de la Seconde Guerre mondiale, ils restent des spécialistes de l'assaut amphibie, menés avec vitesse et agressivité. Pour ce faire, ils disposent d'un important appui-feu organique -artillerie, hélicoptères, avions. En revanche, l'emploi des chars n'a pas été formellement l'objet d'une véritable doctrine. Les Marines ont une longue tradition de contre-insurrection et n'ont pas développé une capacité "forces spéciales" à l'instar de ce qui apparaît dans l'armée américaine à partir des années 1950. L'entraînement est dur mais vise à former des guerriers d'élite, capables de prendre des initiatives.
Ed Gilbert présente ensuite la composition des unités engagées au Viêtnam, en détail, puis la logistique mise en place par la IIIrd Marine Amphibious Force. Il en vient ensuite à évoquer la stratégie du corps au Sud-Viêtnam. Le programme CAP bâti dès 1965 est abandonné en faveur de la stratégie d'attrition de Westmoreland dès 1966. Les Marines mène à la fois des missions search and destroy mais aussi une guerre plus conventionnelle près de la zone démilitarisée. L'appu-feu, massif, va des pièces d'artillerie terrestres jusqu'aux canons de la marine et aux missions Arc Light des B-52. Les tactiques d'infanterie restent classiques et les Marines affrontent à nouveau le combat urbain à Hué, en 1968.
Après avoir décrit les armements principaux des Marines, Gilbert souligne que le système de rotation d'un an en vigueur pendant la guerre du Viêtnam fragilise l'excellence du commandement, à tous les niveaux, qui est une des caractéristiques des Marines jusqu'ici. Les Marines mettent l'accent sur les communications et le renseignement. En revanche, comme les autres branches de l'armée, le volontariat est insuffisant et ils doivent recourir à la conscription. Les problèmes de consommation de drogue et de querelles raciales sont bien présents chez les Marines, qui par contre, auraient moins connu le "fragging" et les mutineries que dans l'armée.
Gilbert termine son livre par la présentation de trois opérations : Starlite en 1965, Pipestone Canyon en 1969 et Dewey Canion la même année (avec une petite action, aussi, liée au CAP à Binh Ngiah, en 1966).
Le Battle Orders d'Osprey est au final une bonne introduction au sujet pour le néophyte : la personne qui maîtrise un peu le thème sera par contre un peu déçue. La bibliographie ne comporte d'ailleurs que des titres Osprey, les publications officielles du corps et quelques ouvrages anciens.