1942, Norvège. Les Allemands font augmenter la production d'eau lourde et en modifient la formule à l'usine Vemork Norsk Hydro, qu'ils ont sous la main depuis la conquête du pays. L'ingénieur en chef Nilssen (Ralph Michael) parvient à faire passer à un groupe de la résistance dirigé par Knut Straud (Richard Harris) les données concernant ces modifications. Straud apporte le microfilm au docteur de physique Rolf Petersen (Kirk Douglas) de l'université d'Oslo. Petersen se dispute avec Straud mais finit quand même par regarder le microfilm. Ce qu'il y voit le pousse à demander à Straud de passer en Angleterre pour prévenir les Alliés d'une nouvelle menace...
Les Héros de Télémark, réalisé par Anthony Mann, se base sur les mêmes événements historiques déjà traités dans un film antérieur, franco-norvégien : La bataille de l'eau lourde (1948) de Jean Dréville. Il s'agit du sabotage de la seule usine d'Europe occupée productrice d'eau lourde, près de la ville de Rjukan, dans le comté de Télémark, en Norvège : l'eau lourde est en effet utilisée par les Allemands dans leurs vaines tentatives de concevoir une bombe atomique.
Anthony Mann livre un film très hollywoodien, très romancé (trop ?), qui séduit quand on est plus jeune mais qui vieillit mal quand on le revoit un peu plus tard... Les Héros de Télémark a été filmé en Norvège pour les extérieurs (quais d'Oslo, université, Rjukan, Vemork, etc) et dans les studios Pinewood pour les intérieurs. Les paysages enneigés, les sauts en parachute et l'utilisation de cabanes isolées pour le transmissions radio préfigurent, en quelque sorte, Quand les aigles attaquent, qui le suit de quelques années mais qui laisse un souvenir autrement plus marquant (et qui vieillit mieux, je trouve). Les séquences à skis ont fait appel à d'anciens résistants norvégiens et même à l'entraîneur de l'équipe norvégienne des Jeux Olympiques !
Le film s'inspire des événements réels mais comme souvent, compresse le temps et simplifie de nombreux détails. La première destruction de l'eau lourde dans l'usine est ainsi beaucoup plus dangereuse et constitue un exploit par rapport à ce qui est montré dans la scène correspondante, où Harris et Douglas, avec leur groupe, pénètrent quand même très facilement dans ce site sensible... de la même façon, la traque menée par les Allemands force certains saboteurs à se réfugier en Suède, ce qui n'est pas évoqué. On regrette aussi que le bombardement aérien de l'usine (le 16 novembre 1943) ne montre aucun appareil à l'exception de quelques pauvres images d'archives -les canons de DCA allemands tirent sur le vide... La scène de la destruction du ferry convoyant l'eau lourde (20 février 1944) est bien reconstituée, même si, là encore, les deux héros pénètrent un peu trop facilement sur les lieux pour déposer leur engin à retardement...
Un film de guerre qui reste donc sympathique, mais pas inoubliable.