Quantcast
Channel: Historicoblog (3)
Viewing all articles
Browse latest Browse all 1172

Gilles BEGUIN et Dominique MOREL, La Cité interdite des Fils du Ciel, Histoire 303, Découvertes Gallimard, Paris, Gallimard, 1996, 144 p.

$
0
0
La Cité interdite de Chine a souvent exercé une fascination sur les témoins et observateurs étrangers. C'est son histoire que présente Gilles Béguin, conservateur général du patrimoine et directeur du musée Cernuschi, et Dominique Morel, conservateur en chef du patrimoine, dans ce volume de la collection Découvertes Gallimard.

Yongle, le troisième empereur des Ming, décide de transférer sa capitale de Nankin à Pékin. Il édifie au coeur de sa nouvelle capitale un immense palais, une cité pourpre, appelée ensuite Cité interdite, qui est réinvestie par les Qing en 1644 jusqu'en 1911. Un travail titanesque, au service d'une réaffirmation du pouvoir chinois après la dynastie mongole des Yuan.

Les deux grands empereurs mandchous, Kangxi et Yongzheng, vont adopter la vie ritualisée et le protocole des empereurs Ming. L'exercice du pouvoir et les cérémonies officielles et privées en hiver ont lieu, de manière systématique, dans cette Cité interdite.

Qianlong, autre empereur Qing, fait réaménager une partie de la Cité interdite au XVIIIème siècle, notamment la Cour intérieure, domaine privé des empereurs et de leurs femmes, où l'on trouve aussi de nombreux domestiques. C'est sous son règne que commence le long déclin de la dynastie mandchoue, après un brillant apogée. Le nombre de concubines de l'empereur varie mais elles sont parfois amenées à jouer un rôle certain dans les destinées politiques de la Chine. De la même façon, les eunuques, mis en avant par les Ming, sont récupérés par les Qing. Les "dames du palais", sévèrement sélectionnées, mènent une vie de dur labeur, avec finalement peu de contreparties. A la fin du XVIIIème siècle, plus de 9 000 personnes résident dans la Cité interdite.

Les Qing vont s'épuiser dans la crise économique et sociale, l'impossibilité des réformes et la confrontation grandissante avec l'Occident. Ci Xi, impératrice douairière qui exerce le pouvoir de fait pendant près d'un demi-siècle, soutient d'abord un développement à l'occidentale, avant d'appuyer à la fin du XIXème siècle les ultra-conservateurs, jusqu'à la révolte des Boxers. Morte en 1908, elle laisse la place à un empereur enfant, Xuantong, plus connu sous le nom de Pu Yi, balayé par la révolution de 1911. Pu Yi réside dans la Cité interdite jusqu'en 1924 : les derniers aménagements ont été apportés par Ci Xi. Dès 1925, le palais est transformé en musée.

Dans la section Témoignages et documents, assez vaste (un tiers du livre), Morel apporte les témoignages de voyageurs étrangers sur la Cité interdite, le récit de la mort des grands empereurs chinois, des précisions sur les eunuques et les concubines. Il montre aussi comment les Occidentaux construisent une image légendaire et parfois fantastique de la Cité interdite. D'autres témoignages reviennent sur le crépuscule des Qing et sur le tournage du film Le dernier empereur, autour de la figure de Pu Yi. Les dernières pages s'interrogent sur le rôle touristique aujourd'hui dévolu au palais.

Le tout est comme d'habitude abondamment illustré, mais la bibliographie, un peu limitée, est intégralement francophone. On aurait aussi aimé trouvé un peu plus de cartes historiques et surtout des plans de la Cité interdite, dont la présentation n'est faite qu'à travers le texte et quelques illustrations.

Viewing all articles
Browse latest Browse all 1172

Trending Articles