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La bataille de la Neretva (Bitka na Neretvi) de Veljko Bulajic (1969)

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Janvier-mars 1943. L'Axe lance le plan Blanc (Fall Weiss) pour éradiquer la menace que fait peser Tito, et ses partisans, sur la présence allemande en Yougoslavie. Le film raconte la bataille à partir de multiples points de vue qui parfois s'entrecoupent : allemand, italien, partisan et tchetnik.

La bataille de la Neretva est le film le plus coûteux réalisé dans la Yougoslavie de l'ère communiste : personnellement approuvé par Tito, le financement d'Etat s'élève probablement à plusieurs millions de dollars, sans que l'on connaisse le chiffre exact. C'est ainsi que l'on peut s'expliquer la présence de nombreuses stars du film de guerre -ou autres- occidentales et même soviétiques : Sergei Bondarchouk, Yul Brynner, Franco Nero, Orson Welles notamment. Le réalisateur obtient même de Pablo Picasso qu'il réalise une affiche originale pour son film, ce que le peintre accepte, moyennant non pas un salaire en argent mais une caisse de bouteilles du meilleur vin de Yougoslavie !



Les moyens sont à la hauteur du budget avec la participation de 10 000 hommes de l'Armée populaire yougoslave et la reconstitution de pas moins de 4 villages et une forteresse pour les besoins de certaines séquences. Un pont de chemin de fer sur la rivière Neretva à Jablanica a été détruit pour la séquence correspondante : cependant, après l'avoir fait sauter deux fois, l'équipe de tournage revient bredouille car la fumée empêche de tourner correctement les prises. La destruction sera donc faite à partir d'une réplique en maquette. On note la présence de nombreux chars T-34/85, dont certains camouflés en Tigre I côté allemand (trois d'entre eux sont d'ailleurs réutilisés dans De l'or pour les braves, l'année suivante), ainsi que de chars Shermans livrés pendant la Seconde Guerre mondiale, dont certains ont été probablement sacrifiés durant le tournage. Il y a aussi des matériels plus rares comme les pièces de DCA soviétiques (85 mm M1939) ou allemandes (Flakvierling), des Pak 40 et même des CV-33 côté italien. Les partisans utilisent aussi de nombreuses Beretta M1938 retournées, tandis que les Italiens servent quelques mitrailleuses Breda Modello 1937.

Sur le fond, le film est plutôt long (2h40) et cela se ressent, par moment. Si le côté propagande est bien là, le réalisateur a le mérite de ne pas tomber dans le cliché. La retraite des partisans n'a ainsi rien d'une promenade de santé, sous les bombes de l'aviation allemande et avec son cortège de soldats décimés par le typhus, sans parler du personnage devenu fou et qui se met à tirer sur ses camarades. Avec le capitaine italien, on sort même carrément de l'affrontement tout blanc tout noir, qui est en revanche très marqué quand il s'agit de montrer les Tchetniks : il est vrai que la bataille de la Neretva marque sans doute le point où la collaborationentre les Tchetniks et l'Axe est la plus poussée. Certaines scènes sont impressionnantes de par le nombre de figurants et de véhicules déployés, bien que le réalisme ne soit pas toujours forcément en rendez-vous.La bataille de la Neretva reste donc une grande fresque nationale yougoslave, d'ailleurs toujours plébiscitée dans l'ex-Yougoslavie actuelle, preuve d'une certaine qualité. 



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