Chine, dynastie des Ming, dans la citadelle semi-abandonnée de Ching Lu, à la frontière mongole. Ku Shen-chai (Chun Shih), un érudit et un peintre qui rechigne à passer les concours impériaux, vit avec sa mère, qui se lamente sans cesse de sa situation, en face d'une demeure d'un général en ruines, dans la citadelle. Un jour, un étranger arrive en ville et sous prétexte de se faire tirer le portrait par Ku, cherche à obtenir des renseignements sur les personnes nouvellement arrivées dans la région. Intrigué, Ku remarque bientôt des bruits étranges et une activité suspecte dans l'ancienne demeure du général abandonnée, que l'on dit hantée. En réalité, la demeure est occupée par Yang Hui-Chen (Hsu Feng), une exilée politique dont le père a été exécuté par l'eunuque de la cour Weï. Accompagnée de deux généraux rebelles, elle s'est réfugiée à Ching Lu, mais la police politique, par l'intermédiaire de l'étranger qui n'est autre qu'un espion, retrouve bientôt sa trace...
Voici un fleuron méconnu du film d'art martiaux chinois (taïwanais pour être plus précis). Emblématique du wu xia pian (film de sabre), A touch of zen a beaucoup fait en son temps pour la reconnaissance internationale du genre. King Hu, ancien membre de l'opéra de Pékin, féru d'art, de littérature et d'opéra chinois, insuffle une dimension esthétique et poétique aux scènes de combat. Il met également les héroïnes féminines avec ici l'actrice Hsu Feng dans le rôle principal. Le film inspire fortement des réalisations plus récentes comme Tigre et Dragon et Le secret des poignards volants, dont la parenté avec certaines scènes de A touch of zen est flagrante.
Ci-dessous, la fameuse scène des bambous à la fin de la première partie, qui inspire des moments de productions ultérieures, Tigre et Dragon ou Le secret des poignards volants.
Ci-dessous, la fameuse scène des bambous à la fin de la première partie, qui inspire des moments de productions ultérieures, Tigre et Dragon ou Le secret des poignards volants.
Au départ, le film se découpe en deux parties car le tournage prend deux années, entre 1969 et 1971 ; c'est à cette dernière date seulement que l'ensemble est regroupé en un total de plus de 3 heures, ce qui est assez inhabituel pour un film de wu xia pan. A touch of zen fait largement appel à la symbolique bouddhiste, par l'emploi de la lumière, des plans de nature et d'un motif en toile d'araignée qui représente souvent le mal ou les mauvaises pensées. Le combat final a d'ailleurs été interprété comme étant la parabole de l'affrontement entre le bien et le mal dans le bouddhisme. Si la première partie prend le temps d'installer l'histoire et ne démarre vraiment qu'après la révélation du coeur de l'intrigue, la deuxième partie est beaucoup plus rythmée et enchaîne les séquences de combat autour de la figure récurrente du moine bouddhiste. Les affrontements se succèdent comme des ballets jusqu'à culminer dans le piège conçu par Ku dans la demeure du général contre les sbires de la police politique et leur chef. Le personnage de Ku, d'ailleurs, évolue et la fin du film perd un peu en intensité en raison de la mise à l'écart de ce dernier.
Un classique du genre à voir, donc, et qui fut même reconnu en son temps -une première pour un film chinois- par le festival de Cannes.