Merci à nouveau à Yann pour cet envoi.
Comme l'annonce l'éditorial, la rédaction a choisi la qualité : auteurs reconnus, iconographie, annexes et ordres de bataille. Ainsi que cela est annoncé également, le sommaire est des plus variés. Mais tous les articles sont loin d'être "sourcés" malheureusement : j'insiste souvent et lourdement sur ce point, mais les éditions Caraktère produisent des magazines de bonne facture et cette dimension, systématiquement, serait un plus, d'autant que la concurrence est rude dans le secteur... le magazine hésite aussi fréquemment entre description factuelle, bien évidemment nécessaire, et analyse un peu plus poussée. Difficile de trouver l'équilibre et de satisfaire tout le monde...
- Kevin Delaître entame le numéro par un bref article relatant le "vrai" parcours d'Albert Blithe, un des membres de la Easy Company, 2nd Battalion, 506th PIR de la 101st Airborne, et dont le personnage avait été quelque peu malmené par la série Band of Brothers. Ainsi Blithe n'est pas mort en 1948 mais...en 1967. A noter que comme je l'avais signalé dans ma recension de l'ouvrage d'Ambrose, la mise à jour n'a pas été faite depuis...
Ci-dessous, extrait de l'épisode 3 de la mini-série Band of Brothers,centré autour du personnage d'Albert Blithe, au moment du combat de rues dans Carentan et des combats aux alentours de la ville. L'épisode de la "cécité nerveuse" n'est pas avéré.
Ci-dessous, extrait de l'épisode 3 de la mini-série Band of Brothers,centré autour du personnage d'Albert Blithe, au moment du combat de rues dans Carentan et des combats aux alentours de la ville. L'épisode de la "cécité nerveuse" n'est pas avéré.
- Philippe Richardot, bien connu pour ses nombreux ouvrages et articles sur l'histoire militaire, dresse les portraits respectifs d'Hitler et de Staline : lequel était le meilleur chef de guerre ? Un comparatif d'ailleurs bien à la mode ces temps-ci. En fait, il s'agit plus d'ailleurs d'une étude des relations des dictateurs avec leur entourage, chefs militaires et autres figures importantes durant le conflit. La partie sur Hitler est plus conséquente. L'essentiel est dit : contrairement à Hitler, Staline ne se croit pas grand chef militaire -du moins au début...-ce qui peut expliquer qu'il ait appris -après beaucoup d'erreurs- à faire davantage confiance aux généraux et maréchaux soviétiques plus à même de conduire les opérations.
- le gros dossier du numéro, c'est le projet allemand d'armée coloniale en Afrique subsaharienne, envisagé dès l'été 1940 après la victoire contre la France. Yann Mahé sort de l'ombre ce pan oublié de la machine de guerre nazie à partir des archives américaines. Le lobby africain n'est jamais véritablement mort depuis la Première Guerre mondiale et conserve des tremplins sous le IIIème Reich. La planification est d'ailleurs allée assez loin avant d'être jeté aux orties, faute du succès de la Wehrmacht... à noter la dizaine de pages d'organigrammes des unités prévues, c'est beaucoup !
- Guy François, général et spécialiste de l'artillerie française sur voie ferrée, relate l'engagement de ces monstrueuses pièces dans la campagne de 1940, après être brièvement revenu sur la doctrine d'emploi de ces mastodontes pendant l'entre-deux-guerres. L'article vaut surtout pour ses magnifiques photos.
- Didier Laugier décrit la percée fulgurante de la division SS Das Reich en direction de Belgrade, prise au final par un coup de bluff d'une dizaine d'hommes, pendant l'opération Marita, en mai 1941. Sujet classique, traité de manière factuelle : on regrette qu'il n'y ait pas de développements un peu plus analytiques, car le cas présente, par exemple, une bonne illustration des forces et faiblesses de l'Auftragstaktik.
- Alexandre Thers présente en quelques pages les tactiques du Werwolf, ce mouvement de guérilla allemand voulu par la SS en même temps que la Volkssturm, à l'automne 1944, et composé d'adolescents de la Hitlerjugend... mais qui ne donna pratiquement rien. Quelques actes isolés seulement, y compris après la fin de la guerre cependant. J'ai été étonné par contre de l'absence de mention d'un des actes les plus connus, l'assassinat du nouveau maire d'Aix-la-Chapelle, en mars 1945.
- enfin, Gautier Lamy revient sur les perspectives de délitement de l'armée afghane dans le cadre du retrait des forces occidentales. Le problème tient à la formation des forces militaires et de sécurité afghanes, à l'échec de la stratégie américaine et occidentale depuis 2001 et à la question régionale, avec de nombreux acteurs qui ont un rôle important en Afghanistan. Les perspectives ne sont tout de même pas très bonnes...
- à noter aussi une rubrique Recensions plutôt développée, avec livres et bandes dessinées.