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L'Etat Islamique : Protecteurs de la religion (2)-Wilayat al-Furat

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Merci à Mathieu Morant et https://twitter.com/green_lemonnn

Le wilayat d'al-Furat (Euphrate) de l'Etat Islamique est à cheval sur la Syrie (province de Deir-es-Zor) et sur l'Irak (province d'al-Anbar). C'est l'illustration même du non respect des frontières de l'accord Sykes-Picot par l'organisation, même si en réalité, la division remonte à l'époque de l'empire ottoman. C'est néanmoins l'un des wilayats de l'EI à se situer sur les deux pays.

On voit sur cette carte que le wilayat al-Furat est à cheval sur la Syrie et l'Irak. Le wilayat al-Jazirah dont je parlais récemment, plus au nord, l'est aussi mais ses frontières sont plus floues. Il est difficile de cartographier les wilayats définis par l'EI qui ne correspondent pas toujours aux provinces administratives des deux pays concernés.  Source : http://talos-im.com/wp-content/uploads/2015/06/Wilayat-map.png



 

On peut déjà remarquer que contrairement à d'autres wilayats de l'EI, le logo d'al-Furat n'est pas sous-titré en anglais, comme c'est souvent le cas. L'introduction montre diverses images : un combattant lisant le Coran, son M-16 appuyée contre un mur ; un tireur à la mitrailleuse PK, un autre avec un FN FAL ; un Humvee détruit et un cadavre de combattant. On aperçoit enfin une colonne de véhicules, dont un technical avec KPV monotube de 14,5 mm et en queue de colonne ce qui semble être le véhicule-suicide utilisé plus tard.

La colonne de l'EI. Au fond, le véhicule kamikaze. Devant, un technical avc KPV.


L'objectif semble être un poste de l'armée irakienne (on est donc côté irakien du wilayat, dans la province d'al-Anbar). On aperçoit un Humvee et un camion léger ainsi que des hommes en position derrière des sacs de sable. Le tir de barrage de l'EI commence par deux obus de canon sans recul SPG-9 tirées à dos d'homme, ainsi que par l'utilisation d'un « canon de l'enfer ». S'ensuit de nombreuses salves de roquettes tirées depuis des affûts artisanaux simples : soit des roquettes type Grad, soit d'autres bricolées.


L'objectif : un poste de l'armée irakienne. On distingue un Humvee, un camion et plusieurs soldats.


Tir au SPG-9 porté à dos d'homme.


"Canon de l'enfer".




Salve de roquettes type Grad sur affût simple.









Roquette artisanale.



Les combattants de l'EI emploient un mortier léger de 60 mm. Ils ont mis en batterie une mitrailleuse lourde DSHK de 12,7 mm qui tire en intérieur à travers une meurtrière. Une autre tire depuis une position protégée par des sacs de sable à l'extérieur. Cette dernière vise des positions adverses elle aussi protégée par des sacs de sable. Un autre combattant tient une autre de ces mitrailleuses, posées sans affût sur une autre meurtrière dans un bâtiment. Une mitrailleuse PK est également utilisée à travers une meurtrière.

Tir au mortier de 60 mm.



DSHK tirant à travers une meurtrière.

Autre DSHK à l'extérieur.



DSHK sans affût.

Mitrailleuse PK.





Pour débuter l'attaque, l'EI envoie un véhicule-suicide, un pick-up surblindé de manière artisanale piloté par un très jeune kamikaze. Après les habituelles embrassades, le véhicule-suicide fonce vers son objectif et explose. L'EI a capturé un film des défenseurs montrant l'explosion qui est inséré dans la vidéo (bandeau de texte d'une autre couleur, jaune, pour le signaler). Entre alors en action une pièce d'artillerie lourde, un canon M46 de 130 mm, qui tire au moins 4 obus. Les combattants de l'EI tirent ensuite à l'AK-47, à la PK, au RPG-7, avec une mitrailleuse DSHK retranchée dans un bâtiment et un mortier de 82 mm sur un convoi de 5 véhicules (Humvees apparemment) à l'arrêt. Les véhicules se mettent en mouvement. Un des Humvees arrêté sur le sommet d'une colline est visé par un missile antichar 9M133 AT-14 Kornet et frappé de plein fouet. On voit ensuite deux carcasses de Humvees détruits. Dans la dernière partie de la vidéo, l'EI place des explosifs, notamment dans des jerrycans, pour détruire des bâtiments, probablement les positions de l'armée irakienne.

Abu Mahdi Al Dara'awi, un très jeune kamikaze syrien, sur son véhicule-suicide.





L'explosion filmée par les défenseurs (vidéo capturée par l'EI).

Une pièce lourde en action : sans doute un M46 de 130 mm ?





Tir sur un convoi de 5 véhicules à l'arrêt, des Humvees.


Tir de RPG-7.

Mortier de 82 mm.




Un lance-missile antichar Kornet va pulvériser un des Humvees stationné sur la colline d'en face.



Carcasse de Humvee.

L'EI fait sauter à l'explosif les positions prises à l'armée irakienne.









Patrick COTHIAS, Patrick ORDAS et Alain MOUNIER, L'ambulance 13, tome 2 : Au nom des hommes, Grand Angle, Bamboo Editions, 2012, 47 p.

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Toujours la même qualité au rendez-vous pour le deuxième tome de L'ambulance 13, bande dessinée inspirée d'un roman qui raconte le parcours de Louis-Charles Bouteloup, docteur sous-lieutenant de l'armée française pendant la Première Guerre mondiale qui arrive sur le front à l'hiver 1915-1916.

La BD commence par ce personnage, Emilie, une prostituée amatrice de dessins dont on comprend qu'elle a un lien avec Bouteloup. L'introduction de la question politique sauve ce dernier du conseil de guerre après la trêve négociée avec les Allemands dans le premier tome pour ramasser les blessés, mais dresse encore un peu plus son père contre lui. Le personnage d'Emilie quant à lui permet d'évoquer la question de l'attente des femmes à l'arrière. La scène où Bouteloup, toujours avec l'aide de soeur Isabelle, soigne les blessés sous le feu d'une attaque allemande, constitue le paroxysme de l'album. Si les effets des tirs d'artillerie et les combats de manière générale sont bien rendus par le dessin, on note une petite faiblesse sur les combats au corps-à-corps (p.36-37) qui paraissent un peu moins vivants. Les scénaristes insistent comme dans le premier tome sur la fraternisation avec l'ennemi allemand (renforcée ici par l'appartenance au corps médical). Bouteloup atterrit ensuite à Verdun, auprès des 56ème et 59ème BCP de Driant, et le tome se termine sur le pilonnage précédant l'attaque du 21 février 1916.

Sous prétexte d'évoquer ce qui deviendra le Service de Santé des Armées (qui participe d'ailleurs à la réalisation), les auteurs réalisent au final ce qui est probablement l'une des meilleures séries récentes de BD sur le conflit.


Jean-Yves LE NAOUR, Claude PLUMAIL et Albertine RALENTI, Charles De Gaulle, tome 1 : 1916-1921 Le Prisonnier, Grand Angle, Bamboo Editions, 2015 48 p.

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Les éditions Bamboo continuent sur leur lancée dans leur collection Grand Angle, qui a déjà sorti plusieurs volumes intéressants sur la Première Guerre mondiale, grâce à la collaboration de l'historien Jean-Yves Le Naour en particulier.

Ici, le travail porte sur Charles De Gaulle, avec un premier tome consacré à son parcours pendant la Première Guerre mondiale, sa captivité, moment souvent méconnu dans l'histoire du personnage d'ailleurs.

La BD fait commencer l'histoire à l'arrivée de De Gaulle à Verdun, le 1er mars 1916, où il rencontre Pétain, qui est encore son mentor. Puis c'est la capture -qui a donné lieu d'ailleurs à une virulente polémique initiée par les adversaires politiques du général, notamment à l'extrême-droite, après la Seconde Guerre mondiale et pendant la guerre d'Algérie. Le reste de l'album met en scène les tentatives d'évasion répétées de De Gaulle, qui ont toutes échoué, l'attente de sa famille, son retour à la fin de la guerre, sa participation à la guerre russo-polonaise contre son ancien codétenu Tchoukhatchevski, puis sa rencontre avec Yvonne Vendroux.

La contribution de l'historien à la bande dessinée se sent immédiatement dans la relation des événements, minutieuse : la captivité de De Gaulle est bien retracée, de même que son caractère bien trempé. Pourtant, la narration, qui se veut de manière évidente pédagogique, a quelque chose de lisse : le récit ne s'élève pas à la hauteur du sujet. Une impression renforcée par le dessin, très sobre, peut-être un peu trop : on aurait aimé quelque chose de parfois plus somptueux. Ici, l'ensemble est très académique, simple. De la même façon, le dossier de l'historien à la fin du volume balaie tous les événements vus dans l'album mais ne rajoute rien, ce qui est dommage, d'autant qu'il n'indique aucune piste bibliographique, ce qui aurait été un plus.

Il ne faut donc pas s'y tromper : c'est une BD documentaire, bien calibrée pour les néophytes voulant découvrir le personnage ou pour ceux qui veulent  en faire une utilisation pédagogique. Pour les autres, passez votre chemin.




L'Etat Islamique : Les snipers des monothéistes pour les Safavides qui les rejettent (2)-Wilayat Shamal Bagdad

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Merci à https://twitter.com/green_lemonnn

Le wilayat Shamal Badgad (Nord Bagdad) de l'Etat Islamique a mis en ligne le 12 décembre dernier une deuxième vidéo montrant ses snipers en action contre l'armée irakienne ou les milices chiites -considérés, comme le rappelle le titre, comme des polythéistes et les héritiers des Safavides, cette dynastie qui a dirigé l'Iran et une partie de l'Irak à partir du XVIème siècle.

La vidéo, après une courte introduction, montre les tirs de snipers probablement effectué pour la plupart avec des SVD Dragunov, le principal fusil de tireur d'élite utilisé par l'EI même si d'autres modèles sont visibles dans ses documents vidéos ou photos (comme ces canons de 23 mm ZU 23 bricolés).



On peut tenter une approche micro-statistique de ces séquences de tirs qui se ressemblent toutes : forcément les conclusions ne pas sont pas représentatives puisqu'il ne s'agit que d'un seul ensemble. Il y a au total 25 tirs visibles dans la vidéo. Au moins 12 de ces tirs sont effectués sur la tête de la cible, soldat ou milicien. Il y a au moins 3 tirs ratés visibles. Quand ils ne visent pas la tête, les snipers de l'EI ciblent la partie supérieure du corps (buste, 1), le flanc gauche (2), le coeur (1), le bras gauche (1), la main droite (1), la jambe droite (1), le dos (1). Au moins 5 séquences montrent à côté de la cible visée un drapeau chiite (un cas avec même deux drapeaux) contre une seule avec le drapeau irakien. Au moins 2 séquences montrent un véhicule à côté de la cible (un Humvee, peut-être un M113). 6 séquences concernent des tirs sur des groupes d'hommes (dont un est touché à chaque fois). 20 scènes sur 25 voient un tir sur un homme dans une position fortifiée aménagée sommairement (levée de terre, sacs de sable, barils, autres matériaux de fortune). Sur 3 des séquences, les visages des cibles sont très visibles (tir à plus courte portée que les autres manifestement ; le Dragunov a une portée de 800 m avec un tir efficace pour la plupart des tireurs entre 200 et 500 m). Dans l'une des séquences, on remarque que les adversaires de l'EI ont installé un mannequin avec uniforme pour leurrer les snipers (ce qui ne fonctionne pas vraiment). Parmi les tirs remarquables de la séquence, on note celui dans l'embrasure d'une position de sac de sable abritant une mitrailleuse DSHK de 12,7 mm ; celui visant un homme regardant à la jumelle au sommet d'une position de sacs de sable (tir en pleine tête) ; et ce tir à travers la bâche foncée. protégeant un abri de fortune à l'étage d'un bâtiment.

Tir sur une sentinelle. On remarque le drapeau chiite à gauche.


Une sentinelle sur une position sommairement aménagée.


Une sentinelle à côté de sacs de sable.


Unhomme se déplace le long d'un bâtiment. A droite flotte un drapeau chiite.


Tir à travers l'embrasure d'une position pour mitrailleuse DSHK visible à gauche.


Tir sur une sentinelle. Seule séquence où l'on voit le drapeau irakien.


2 hommes en faction. Le tir est raté sur l'homme de gauche.



Ajouter une légende

Tir en pleine tête sur un observateur aux jumelles. On note le drapeau chiite.


Une tente. Le tir est raté.


Une sentinelle qui fait sa ronde touchée en plein coeur.


Tir de nuit.


Tir sur une sentinelle. Deux drapeaux chiites visibles dont l'un rouge ici à gauche.


On voit très bien le visage de cet homme qui va être touché à la main droite.


Cet homme passe devant un mannequin destiné à tromper l'ennemi. Ce qui ne l'empêchera pas d'être touché à la jambe droite par le sniper.


3 hommes discutent. L'un d'entre eux est touché d'une balle en pleine tête.


Difficile de dire si cette sentinelle est abattue ou non ; on dirait bien que oui.


Le seul tir dans le dos de toute la vidéo sur l'homme de gauche. A gauche ce qui semble être un M113.



Tir raté.

On voit la balle ricocher.

Tir sur une sentinelle.


Un homme répare le toit de son abri.


Un des tirs les plus remarquables de la vidéo : le sniper vise une sentinelle dissimulée derrière la bâche de couleur. On la voit bouger que lorsqu'elle est touchée.


Une sentinelle touchée au flanc gauche.



Deux soldats discutent. Celui de droite est touché en pleine tête (la casquette vole).



Une autre sentinelle abattue.


L'Etat Islamique : Ainsi regardez (Oh Mahomet) ; en fait, ils regardent pour leur fin-Wilayat Homs

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Merci à Mathieu Morant et à https://twitter.com/green_lemonnn

Le 18 décembre, le wilayat Homs de l'Etat Islamique publie une longue vidéo (plus de 23 minutes) sur ses opérations dans la région. Il s'agit encore une fois d'un montage élaboré publié a posteriori des événements présentés.



La vidéo commence par une introduction d'environ 4 minutes où l'on peut voir des images des frappes aériennes de la coalition contre l'Etat Islamique : Rafales décollant du Charles de Gaulle, F-16 portant les marquages du 16th Weapons Squadron de Nellis. Un verset du Coran est ensuite lu avec l'image en surimpression surlignant le texte au fur et à mesure de sa lecture. Puis retour aux images de bombardement avec un B1-B Lancer du 28th Bomb Squadron lâchant ses projectiles, des images de Russia Today montrant un tir de missile de croisière à partir d'un navire de guerre russe, puis des images d'archives de l'Etat Islamique, dont une scène de décapitation, une scène d'exécution en masse à Palmyre. La vidéo montre ensuite des images des dirigeants syriens et russe, ainsi que des photos de la bénédiction par des popes des armes ou des matériels de guerre russes. On voit ensuite de nouveau des bombardements effectués par les russes, avec des Tu-160 Blackjack ou des missiles de croisière tirés par des navires. La caméra montre ensuite une ville sous les bombardements (sans doute Raqqa) et le résultat des frappes (destructions matérielles, victimes). La scène passe ensuite dans une zone désertique : 2 hélicoptères sont en vol, dont un largue des leurres thermiques. Des images d'archives sont ensuite réutilisées. Puis on voit 3 hommes sur une position de combat dans ce même paysage désertique ; un tireur d'élite derrière des sacs de sable ; puis d'autres images d'archives parmi lesquelles on reconnaît une scène d'attaque au véhicule-suicide vue dans une vidéo du wilayat de Kirkouk plusieurs mois avant cette vidéo. On voit ensuite d'autres scènes d'attaques-suicides ou de combat. La vidéo rend ensuite hommage à Ben Laden, à Zarqawi puis à Abou Hamza al-Muhajir, le prédécesseur de Bagdadi. Puis des effets spéciaux montre la destruction du pape François II, du drapeau israëlien, de celui de l'Iran, de celui du Hezbollah, de celui du Kurdistan, de l'emblème du Front Islamique puis d'un ensemble de drapeaux parmi lesquels les drapeaux américains, ce qui semble être celui du front al-Nosra, et ceux d'autres groupes rebelles syriens ou de milices chiites irakiennes.

Le verset 26 de la sourate al-Anfal est lu pendant l'introduction de la vidéo.

La vidéo rend hommage à Ben Laden...

... à Zarqawi, le fondateur d'al-Qaïda en Irak...

... et à l'un de ses successeurs, Abou Hamza al-Muhajir.


Il est difficile de localiser précisément les lieux de l'action dans cette vidéo. Les combats semblent se dérouler dans le secteur Mahin/al-Qaryatayn. La publication de photos correspondant à cette vidéo par l'Etat Islamique laisse penser qu'une partie de la vidéo se déroule début novembre, l'autre fin novembre 2015. Mahin avait été prise par l'Etat Islamique lors d'un raid le 31 octobre/1er novembre, puis reprise par le régime syrien le 23 novembre. Ce dernier avait tenté dans la foulée d'emporter al-Qaryatayn, sans succès, avant de reprendre Mahin dès le 10 décembre. La première partie de la vidéo se déroulerait donc plutôt dans les environs de Mahin, alors que la dernière partie montrerait la défense d'al-Qaryatayn, mais rien n'est sûr. Le passage sur les opérations à proprement parler commence par le discours d'un homme se tenant, AK-47 à la main, au milieu d'un groupe de 6 hommes eux aussi armés. Un mitrailleur PK est établi au sommet d'une hauteur, un autre homme observe l'horizon avec un téléscope. On distingue ensuite un tireur d'élite avec SVD Dragunov derrière une position de sacs de sable. Les positions de l'EI sur les hauteurs sont aménagées sommairement avec sacs de sable, caisses de munition et autres matériaux de fortune. On voit un RPG-7 au sol à côté des positions établies par l'EI. Une escouade de 9 à 10 hommes est retranchée derrière le sommet d'une crête.

Carte de situation au 10 décembre.

Carte de situation au 11 décembre. L'action de la vidéo se déroule probablement entre Mahin et al-Qaryatayn, avec peut-être plusieurs localisations différentes.

Le combattant qui parle est au centre.

Observation à la jumelle derrière un mitrailleur PK.



Sniper de l'EI avec son SVD Dragunov.


Au sol, au premier plan, un RPG-7.




L'EI se prépare à la bataille. Des munitions de 14,5 mm pour canon KPV sont sorties des boîtes pour les mettre sur une bande. Un réglage est effectué pour le tir des roquettes Grad (122 mm). Les hommes préparent en canon de l'enfer et le nettoient avec un écouvillon, puis installe un mortier. Les amorces sont placées sur les obus, puis un canon D-30 est également préparé.

Les munitions pour KPV sont sorties des boîtes...

... enfilées sur une bande...

... qui est mise en place.


Lance-roquettes Grad monotube.

Canon de l'enfer.


Mortier.



Canon D-30 de 122 mm.



Le groupe filme, à distance, l'adversaire : un char T-72M1 (probablement), 4 pick-ups et une quarantaine d'hommes autour de ces véhicules. On aperçoit aussi ce qui semble être un char T-62. On voit ensuite 4 pick-ups (dont 3 sont des technicals armés) progresser avec une quinzaine d'hommes en tout au sol ou sur les véhicules. Un T-62 et un BMP-1 sont chacun suivis de plusieurs dizaines d'hommes en colonnes qui s'abritent derrière eux. On voit enfin plusieurs dizaines d'hommes autour de camions et de véhicules légers. 2 hélicoptères de combat Mi-24 Hind (probablement russes) survolent le champ de bataille ; on en voit ensuite 4, par paire de 2, l'une des paires comprenant un appareil en train de tirer des roquettes couvert par l'autre qui lâche des leurres thermiques.

On aperçoit un char T-72 du régime syrien.


Plusieurs technicals sont visibles.

Un T-62 puis un BMP-1 offrent une protection aux fantassins.





2 Mi-24 (probablement russes) en vol.

Une paire de Mi-24 : l'un tire ses roquettes, l'autre lâche des leurres thermiques.


Le barrage d'artillerie est ouvert par le D-30 qui tire 2 obus. Puis l'EI engage un T-72M1 de prise avec blindage additionnel improvisé comme a pu le faire également le régime syrien. Il y a également un camion avec canon AA S-60 de 57 mm qui ouvre le feu, puis un char T-55. Le lanceur Grad entre en action, puis le mortier de 82 mm et le canon de l'enfer. Le barrage vise les véhicules et les fantassins du régime qui progressent relativement à découvert. Un technical avec KPV de 14,5 mm en défilement au sommet d'une crête vise le même objectif. Un autre véhicule équipé de la même arme se déplace pendant que le premier continue de tirer. Les fantassins sont également pris à parti par une mitrailleuse PK (on note le fusil d'assaut M-4 au sol à côté du tireur). Le tireur est approvisionné par un pourvoyeur avec une AK-47 dans le dos.

Pièces ou véhicules utilisés par l'EI pour pilonner les forces du régime syrien

1 canon D-30 (122 mm)
1 char T-72M1 avec blindage additionnel
1 camion portant 1 canon S-60 AA de 57 mm
1 char T-55
1 lanceur de roquettes monotube (Grad)
1 mortier de 82 mm
1 canon de l'enfer


Le D-30 ouvre le feu.


Un char T-72M1 capturé par l'EI et dont le blindage a été renforcé.

Un canon AA S-60 sur camion de 57 mm.

Char T-55 de l'EI.

Tir du lance-rouettes Grad.



Tir du mortier.

Tir du canon de l'enfer.












Un technical avec KPV de 14,5 mm ouvre le feu.





Tir à la mitrailleuse PK. On note le M-4 au sol.








Dans la séquence suivante, un tireur sur HJ-8 (lance-missile antichar chinois) vise et touche un BREM-1 du régime, sans le détruire toutefois. Ce véhicule évolue avec ce qui semble être un char à côté de lui et une dizaine de fantassins au sol (plus ceux portés par les véhicules). On voit les combattants du régime transporter leurs blessés. C'est ensuite une équipe sur lance-missiles antichar Kornet qui pulvérise un T-62. 2 membres d'équipage parviennent néanmoins à s'extraire du véhicule touché.

Tireur sur HJ-8.



Un BREM-1 est touché sans être détruit.




Tir de missile Kornet.



Un char T-62 du régime est touché de plein fouet.


2 membres d'équipage parviennent à sortir du char.



Un technical avec KPV tire sur des véhicules en contrebas, depuis le sommet d'une crête, derrière lequelle se trouve une escouade d'une dizaine d'hommes de l'EI. Plusieurs véhicules adverses, dont l'un dégage une abondante fumée (le BREM-1 touché?) se replient. Sur fond de discours audio de Bagdadi, les combattants de l'EI tirent à l'AK-47 et à la PK, depuis le sommet des hauteurs, sur d'autres hauteurs situées un peu plus loin. La caméra montre ensuite une dizaine de corps de combattants du régime. L'un d'entre eux est mis en scène avec un paquet de cigarettes à la main. Un bandeau chiite (« Je réponds à l'appel d'Hussein ») est montré au-dessus d'un des corps. L'EI dévoile ensuite le butin : armes légères, grenades, lance-roquettes RPG-7, un pistolet semi-automatique Makarov de 9 mm. Le régime abandonne également un BMP-1 qui n'a pas l'air très endommagé.

Technical avec KPV.







Tir à l'AK-47. En fond sonore, discours de Bagdadi.

Mitrailleuse PK.





L'un des corps visibles dans la vidéo.


Arme et munitions de prise.


RPG-7 avec ses munitions.

Pistolet Makarov.

Un BMP-1 quasiment intact abandonné par le régime.






Dans la séquence suivante, on voit un convoi de 4 pick-up en marche, dont 3 sont chargés de combattants à l'arrière, le dernier, depuis lequel est filmé la scène, étant armé d'un bitube AA ZU-23 de 23 mm. Un bombardement a lieu à l'aide d'un canon de l'enfer et d'un mortier. Puis un lance-missiles antichar HJ-8 (dont le tireur a le visage flouté) touche un char T-62 suivi d'une dizaine de fantassins montant un escarpement. Le char, frappé par le missile, finit par exploser.


Véhicules détruits ou capturés par l'EI

1 T-62 détruit par un tir de missile Kornet
1 BMP-1 capturé
1 T-62 détruit par un tir de missile HJ-8



Convoi de pick-up, dont l'un armé d'un ZU-23 bitube au premier plan.


Tir de canon de l'enfer.

Tir de mortier lourd.


Tireur sur HJ-8. Le visage du tireur est flouté.





Le T-62 a semble-t-il été touché et finit par prendre feu.



La scène nous transporte ensuite au sommet d'une crête. Un convoi de véhicules de l'EI s'est arrêté. Un obus ou autre projectile tombe non loin du cameraman. Un technical avec bitube KPV ouvre le feu à défilement, suivi d'un autre armé d'un bitube ZU-23. Une vingtaine d'hommes de l'EI se mettent en marche. Abrité au sommet d'une crête, un tireur RPG-7 expédie sa roquette. Les hommes de l'EII se sont visiblement emparés d'une petite position du régime avec des tentes et deux affûts pour mitrailleuse DSHK et en visent d'autres situées un peu plus loin. En contrebas, un pick-up et des fantassins s'enfuient. Le butin comprend une caisse avec une roquette de RPG-7 et une grenade, d'autres munitions, une autre caisse avec deux missiles antichars Metis-M.



Technical avec bitube KPV. A gauche, un autre avec bitubeZU-23.






Tir de RPG-7.


La position prise au régime. On remarque l'affût pour DSHK.



Un véhicule s'enfuit en contrebas.





Encore une roquette de RPG-7 de prise.

Ici ce sont deux missiles antichars Metis-M.



Dans la dernière séquence de la vidéo, 5 prisonniers en tenue orange sont sortis d'un pick-up par 5 combattants de l'EI revêtus de noir. Les prisonniers, agenouillés, sont exécutés de concert par un autre groupe de 5 hommes après un bref discours de l'un d'entre eux.

Le bandeau indique que le wilayat Homs a découvert des "espions" qui sont aussitôt exécutés.









Kid TOUSSAINT et José Maria BEROY, A l'ombre du convoi, tome 2 : L'Espoir d'un lendemain, Casterman, 2013, 48 p.

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Deuxième -et dernier, ce qui est un avantage : une série en deux volumes- tome de l'histoire A l'ombre d'un convoi, inspiré de faits réels : l'attaque d'un train de déportés par des résistants belges en 1943.

L'histoire se concentre ici sur les Belges qui vont réaliser cette attaque inédite. Théo, dont le père Adolphe s'est suicidé dix ans après la fin de la Première Guerre mondiale, n'ayant pas supporté ce qu'il a vécu dans les tranchées, mène une vie insouciante comme pour défier l'ombre de son père. Ses amis Jacques et Saul militent au Parti Ouvrier Belge. Même l'invasion allemande de la Belgique ne sort pas Théo de sa torpeur : il flirte avec Olya, la Juive allemande réfugiée chez son coiffeur. C'est pourtant la déportation des Juifs belges puis étrangers qui va forcer Théo à s'engager de plein pied dans la résistance...

La série a une évidente finalité pédagogique, ainsi que le montre les p.14-15 et 34-35 consacrées respectivement aux agressions nazies précédant la Seconde Guerre mondiale et à la Shoah. Le deuxième tome est plus psychologique que le premier : le père de Théo a basculé dans le point de non-retour après un événement tragique que l'on découvre au fur et à mesure des flash-back ; Théo cherchera à ne pas devenir comme son père en tentant de sauver Olya... finalement, l'attaque du train elle-même devient épisodique, emportée par le reste du scénario. Une très bonne série en deux tomes seulement pour se replonger dans la déportation.

L'Etat Islamique : la bataille de Ramadi.

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Merci à Arnaud Delalande et https://twitter.com/green_lemonnn

Les forces de sécurité irakiennes ont déclaré, il y a quelques jours, avoir enfin nettoyé l'intégralité de la ville de Ramadi, dans la province d'al-Anbar. La ville était tombée en mai 2015 après une attaque puissante de l'Etat Islamique entamée en avril. La chute de la cité était un coup sévère pour l'armée irakienne, d'autant plus que Ramadi, symboliquement, était l'un des épicentres du « Réveil » qui avait permis aux Américains de lutter efficacement contre Al-Qaïda en Irak en 2006-2007. C'était un coup porté à la collaboration entre le gouvernement irakien dominé par certains chiites et les tribus sunnites d'al-Anbar, province qui constitue par ailleurs un bastion revendiqué comme tel par l'EI. Le Premier Ministre irakien, Abadi, est contesté dans son propre camp deux mois seulement après la reprise de Tikrit par l'armée irakienne et les milices chiites. Les Américains s'engagent alors massivement pour tenir à l'écart le Hashd et les milices chiites de la reconquête de Ramadi et plus largement des opérations dans la province d'al-Anbar. Ils reconstruisent patiemment une force de combattants tribaux qui finit par être intégré dans le Hashd pour être soldée, et fournissent un appui-feu d'artillerie et d'aviation. Après des mois de manoeuvre pour positionner au mieux les forces irakiennes, l'assaut final contre Ramadi démarre le 22 décembre. Il est mené par la division des forces spéciales (la Golden Division), les unités de la police irakienne et les combattants tribaux. Le 27 décembre, les combattants de l'Etat Islamique se retirent dans l'est de la ville, et le lendemain, l'armée irakienne peut replanter son drapeau sur le centre gouvernemental, pris par l'EI en mai. La ville est déclarée sûre mais l'EI maintient en réalité une présence dans Ramadi et dans les faubourgs, ainsi qu'aux alentours immédiats de l'agglomération. La bataille est donc loin d'être terminée, d'autant plus qu'il faut aussi la tenir, et la reconstruire (80% de la ville seraient en ruines).



C'est après l'annonce de la libération de Ramadi que l'Etat Islamique publie une vidéo présentant les combats dans et autour de Ramadi. Cette vidéo, assez longue (près de 25 minutes) est comme toujours un montage de plusieurs séquences différentes. Aucune date n'est mentionnée mais l'on peut supposer que les opérations montrées ont eu lieu au moins une semaine avant la publication, voir plus comme dans le cas de la première séquence qui remonte aux premiers jours de décembre (1er-2). Il est probable que les opérations montrées datent en réalité de la première quinzaine de décembre, bien avant l'assaut « final » des forces de sécurité irakiennes.

Bataille de Ramadi-22 décembre.


Bataille de Ramadi-29 décembre.

Bataille de Ramadi-30 décembre.






La première séquence de la vidéo, qui date du 1er décembre, a lieu sur la colline Mushayhid, au sud-est de Ramadi (point noir).


Dans la première séquence, les combattants de l'Etat Islamique attaquent un poste retranché de l'armée irakienne, au crépuscule semble-t-il. Nous sommes au sud-est de Ramadi, dans le secteur de la colline Tal Mushayhid ; le combat date du 1er décembre 2015. Ce sont les Inghamasiyoun, les troupes d'élité de l'EI, qui sont engagés. Un canon SPG-9 porté à dos d'homme tire sur les positions adverses. Un des hommes de l'EI porte une caméra GoPro sur le front et ouvre le feu en continu avec son AK-47. C'est véritablement pour les besoins de la propagande car en général, y compris dans cette séquence, les combattants de l'EI tirent avec leurs armes individuelles (AK-47 ou M-16 par exemple) au coup par coup, non en rafale automatique ou semi-automatique, ce qui montre une certaine discipline de feu. Il y a également 2 mitrailleurs PK et un tireur RPG-7 qui expédie une munition antipersonnelle OG-7V. Sur une des premières positions ennemies atteintes flotte un drapeau chiite. L'un des combattants de l'EI dispose d'un M-16 avec lunette de visée. On voit un véhicule (M113 sans doute) manoeuvrer au milieu des levées de terre érigées par l'armée irakienne. Deux appareils  (un EC-130H américain probablement et un bombardier B1-B Lancer américain) survolent les positions de l'Etat Islamique, qui est en train d'investir les tranchées adverses. Celles-ci semblent d'ailleurs installées dans une sorte de cimetière (on distingue des pierres tombales). 3 M-113 se déplacent derrière les levées de terre ; un autre véhicule, plus loin, prend la fuite. Le combattant à la GoPro saute dans les positions capturées : à côté d'un RPG-7 et d'une PK, au milieu des tentes et autres matériels abandonnés, un corps baignant dans son sang. Le combattant prend des chargeurs de M-16 dans un sac abandonné puis récupère un M-16 au sol, dont il se sert à la place de son AK-47. Progressant vers un poste d'observation protégé par des sacs de sable, il crible de balles un corps de soldat irakien qui se trouve au fond du poste – comme toujours l'EI joue sur la surenchère de violence pour sa propagande. Même traitement pour un corps de soldat aux pieds d'un M113 abandonné, à côté d'un RPG-7 (et toujours cette mise en scène des corps ennemis avec des cigarettes dans la main ou dans la bouche, ou comme ici derrière les oreilles). Le M113 est équipé en tourelle d'une mitrailleuse M2HB de 12,7 mm. Un peu plus loin, 2 autres M113 à tourelle identique ont également été abandonnés, intacts semble-t-il. Entre ces 3 véhicules, un Humvee sans arme de tourelle gît sur le bas-côté de la route. Les combattants de l'EI mettent le feu à ce Humvee de couleur sombre (donc forces spéciales/police). On voit encore deux corps de soldats irakiens dont l'un à côté d'une mitrailleuse PK. La séquence se termine par une vue aérienne de la position conquise filmée par un drone : les 3 M-113 sont en feu. L'EI a volontairement incendié ces véhicules de prise, là encore, plutôt que de les récupérer, pour les besoins de sa propagande.

SPG-9 porté à dos d'homme.


Tir à l'AK-47 vu en GoPro.



Mitrailleuse PK.



Un drapeau chiite flotte sur les positions prises.

Tir de roquette OG-7V antipersonelle par un RPG-7.


M-16 avec lunette de visée.

Un M113 manoeuvre.


Un EC-130H probablement américain.

Un B1-B américain.

3 M113 se déplacent...



Le combattant GoPro récupère un M-16 au sol...

...et s'en sert à la place de son AK-47.

Un corps irakien au fond d'un poste d'observation est criblé de balles.

Autre combattant en train de filmer. A gauche, le corps irakien et le RPG-7 aux pieds d'un M113.


Le M113.

2 autres M113 abandonnés.

Entre les M113, un Humvee dans le bas-côté...

... que les hommes de l'EI incendient.


De même que les M113.



Vue par drone des positions prises, avec les 3 M113 en flammes.


La séquence suivante a cette fois lieu dans un cadre urbain. Ce sont encore une fois les Inghamasiyoun qui sont engagés à l'ouest de l'université d'Anbar, au sud-ouest de Ramadi. Une petite escouade de combattants progresse dans un quartier industriel, dont un pourvoyeur RPG-7 avec roquettes dans le dos. Au moins deux hommes sont équipés de caméras GoPro sur le front, l'un avec une AK-47, l'autre avec une M-16. Le tireur RPG-7 (avec AK-47 dans le dos) que l'on voit alors expédie une munition antipersonnelle OG-7V. Les deux tireurs à la GoPro avancent alors vers un bâtiment sur lequel ils tirent, en mouvement.

La deuxième séquence se situe à l'ouest de l'université d'Anbar, au sud-ouest de Ramadi, probablement dans le dép$ot de carburant indiqué par le point noir.


Pourvoyeur au tireur RPG-7.


Progression en zone industrielle.

Les deux combattants, à gauche avec un M-16 et à droite avec une AK-47, ont des GoPro sur le front.

Voici celui au M-16.

Le tireur RPG-7 expédie une munition antipersonnelle OG-7V.


Tir en mouvement sur un bâtiment.



Dans la troisième séquence, un groupe de combat de l'EI avec un tireur SVD Dragunov, une mitrailleuse PK et un RPG-7 se déplacent en rase campagne. Nous sommes dans le secteur Kilo 35, à l'ouest de Ramadi, au-delà du pont Palestine, probablement sur la grande autoroute qui va vers l'ouest. L'EI engage deux véhicules suicides, un camion militaire au blindage renforcé (le kamikaze est Abu Asmat Al Shami, un Syrien donc) suivi par un pick-up équipé du même blindage artisanal (le deuxième kamikaze est Abu harirat al Shami, lui aussi un Syrien), sur une route, l'un derrière l'autre. Couverts par une mitrailleuse PK, les deux véhicules s'approchent de deux engins roulant devant eux sur la route : ce sont peut-être des M1117, des véhicules blindés de la police irakienne donc. Le premier kamikaze à bord du camion explose en rattrapant le véhicule de queue (le second véhicule kamikaze est toujours intact sur la route après l'explosion ; on ne voit pas son sort final). Un troisième véhicule kamikaze (le nom du kamikaze est Abu Rasul Al Mahlawa, un autre Syrien venant d'une ville près de Hama), un camion benne au blindage renforcé, est engagé sur une route. Il se dirige vers l'entrée d'une petite base de l'armée ou de la police, à côté d'un pont routier. Sur ce pont on voit un Humvee et des soldats ou policiers tirer sur le véhicule. Celui-ci est couvert par le tir d'une mitrailleuse DSHK de 12,7 mm et plusieurs tireurs individuels à l'AK-47. Juste avant l'explosion, on peut voir les soldats ou policiers irakiens abandonner levées de terre autour du poste pour échapper à la mort.


Groupe de combat de l'EI avec tireur SVD Dragunov à droite et mitrailleuse PK au centre.

Tireur RPG-7 (au centre, 3ème en partant de la droite) et son pourvoyeur (1er à droite).

Un premier véhicule-suicide : un camion bardé de blindage additionnel  artisanal.


Abu Asmat Al Shami.

2ème véhicule-suicide : un pick-up bourré d'explosifs  (Abu harirat al Shami)

Tir de couverture à la PK.

Le premier véhicule-suicide, au centre, se rapproche de 2 véhicules irakiens à droite (des M1117 de la police ?). A gauche on voit le deuxième véhicule-suicide.

Il se rapproche...

... et explose.



Un camion-benne sert de 3ème véhicule-suicide (Abu Rasul Al Mahlawa).

Tir de couverture à la DSHK.





Le véhicule-suicide approche d'un petit poste.

On distingue un Humvee sur le pont. Le véhicule approche de l'entrée...

Les combattants irakiens se replient pour éviter l'explosion...

... qui survient quelques secondes plus tard.


Entre les troisième et quatrième séquences du montage vidéo, l'EI insère un discours d'un combattant encadré par deux autres armés d'AK-47. Ces 3 hommes semblent se tenir devant la mosquée al-Dawla de Ramadi, la grande mosquée au centre-ville de l'agglomération.

Discours devant ce qui semble être la grande mosquée de Ramadi (ci-dessous), située au coeur de la ville.



Dans la quatrième et dernière séquence, un drone filme l'objectif d'un assaut préparé par l'EI : un bâtiment dans une enceinte triangulaire, à 1,9 km environ à l'est du pont Palestine, au nord de l'autoroute Badgad-Amman, dans la partie nord de Ramadi, au-delà de l'Euphrate. Le vol du drone permet de voir au moins un soldat irakien sur un toit d'un des bâtiments juste à l'est de la cible. Dans un PC, des commandants de l'EI observent la vidéo du drone pour préparer leur attaque. Une colonne mécanisée sort alors d'un bâtiment, quelque part dans Ramadi, pour se mettre en position pour l'assaut. L'EI a déjà employé des pelotons mécanisés mais ici c'est une véritable colonne qui se met en route : un M113 de prise avec M2HB en tourelle protégée par un bouclier, avec grillages métalliques de protection contre les charges antichars, transportant son groupe de fantassins ; un MRAP ; 3 Humvees dont un avec une DSHK en tourelle. Le point de départ des véhicules et une partie du trajet sont inconnus : en revanche, une vue aérienne par drone de la colonne permet de repérer que les véhicules approchent par la route au sud de l'autoroute Amman-Bagdad, celle qui vient du barrage Warrar sur l'Euphrate. L'attaque commence par l'explosion d'un kamikaze (Albu Masna Al Tunisi, un Tunisien donc) à l'ouest de la position triangulaire, sur le côté le moins long : on voit le kamikaze s'exprimer brièvement en insert dans la vidéo, sur fond de son explosion filmée par drone, sans que son nom soit donné malheureusement (chose rare, le kamikaze semble assez troublé en parlant). 3 Humvees de l'EI débouchent alors en traversant l'autoroute, après s'être dissimulés visiblement au sud de celle-ci le long d'une route parallèle. 2 d'entre eux pénètrent dans l'enceinte du bâtiment. Les chefs dirigent l'opération depuis le PC grâce à la vue aérienne fournie par le drone. Alors que les hommes de l'EI rentrent dans le bâtiment, une vingtaine de défenseurs prennent la fuite au nord-est. Appuyés par un Humvee avec DSHK en tourelle, les combattants de l'EI engagent la poursuite. Un tireur RPG-7 expédie une roquette tandem, puis 3 autres roquettes antichars. Un mitrailleur PK fournit également un tir nourri. L'EI engage un char T-72 qui, placé sur l'autoroute, tire un obus sur un des bâtiments occupés par les défenseurs en fuite à l'est du bâtiment triangulaire. Avancé dans les jardins entourant les habitations du secteur, il tire un autre obus. A l'intérieur d'un bâtiment, deux hommes font feu avec une PK et un fusil de sniper SVD Dragunov. Sur une terrasse, un autre tire avec une mitrailleuse de prise M249. Un autre homme fait feu avec un canon sans recul SPG-9 porté à dos d'hommes. Un tireur PK et plusieurs hommes armés d'AK-47 ouvrent le feu également depuis les terrasses. Au sol, l'EI met aussi en oeuvre un technical avec canon monotube ZU-23 AA de 23 mm. Une bombe ou un missile tiré depuis les airs tombe alors sur une position manifestement occupée par les défenseurs irakiens. L'EI filme le résultat de l'explosion depuis les airs avec un drone : on voit plusieurs corps et des survivants qui s'enfuient. Quand les combattants de l'EI approchent du bâtiment touché, on voit 4 ou 5 corps au sol. Le bâtiment frappé par ce tir fratricide est à un peu moins de 600 mètres à l'est du bâtiment triangulaire, zone où se sont repliés les défenseurs de ce dernier. La poursuite continue. Un combattant de l'EI avec GoPro passe devant 2 Humvees (l'un avec M2HB, l'autre avec DSHK) puis arrive à l'arrière d'un bâtiment où se tient un de ses camarades armé d'un RPG-7. Au sol, deux tombes fraîchement creusées mais non encore recouvertes dont l'une contient un corps. Le tireur RPG-7 tire sa munition antichar. La progression reprend. Le drone de l'EI filme la récupération des défenseurs survivants, derrière un bâtiment à un peu moins d'un kilomètre à l'est du bâtiment triangulaire (et à 400 m à l'est du bâtiment visé par le tir fratricide), sur fond de discours sonore d'al-Baghdadi : un M113 et un Humvee embarquent une vingtaine d'hommes couverts par un char M1 Abrams. Les fuyards sont pris à parti par le tireur M249 et un autre sur PK. A l'intérieur du bâtiment, les hommes de l'EI récupèrent du matériel dont un RPG-7. 3 corps au moins gisent au sol. A la fin de la vidéo, la caméra s'attarde sur un mort de l'EI, qui semble être un des cameramen avec GoPro aperçus au début du montage (Abu Hafez Al Muhajer).


Le drone de l'EI filme l'objectif avant l'attaque...
On voit un soldat irakien courir sur un toit (au bout de la flèche).

Carte de la localisation de l'action. Le bâtiment attaqué (point noir) est dans la partie nord de Ramadi, à l'est du pont Palestine, au nord de l'autoroute Amman-Bagdad.

Les commandants de l'EI étudient la vidéo du drone.


La colonne mécanisée se met en marche. Un M113 avec blindage additionnel ouvre la voie.

Depuis le MRAP, un Humvee avec DSHK.


Le MRAP suivi des 3 Humvees.

La colonne mécanisée remonte par le sud vers l'objectif.

On reconnaît la route empruntée au sud de l'autoroute.


Un kamikaze explose à l'ouest du bâtiment.
Le kamikaze est Albu Masna Al Tunisi, un Tunisien. Il est très ému en parlant dans le petit insert de la vidéo, à la limite des larmes semble-t-il...

Les véhicules de l'EI se précipitent à l'intérieur.

Les phases de l'assaut sur le bâtiment triangulaire.

Un Humvee avec DSHK appuie les fantassins débarqués.

Les commandants de l'EI dirigent l'opération à distance grâce au drone.



On voit les défenseurs s'enfuir vers l'est.


Le tireur RPG-7 tire une roquette tandem.



Mitrailleur PK.

Phases de la poursuite.


Char T-72 de l'EI.


Installé sur l'autoroute, il tire vers le secteur à l'est où se sont réfugiés les défenseurs du bâtiment.


Tireur SVD et derrière, tireur PK.


Canon SPG-9 porté à dos d'homme.




Un technical avec canon monotube ZU-23 de 23 mm.





Tireur M249.

Une frappe aérienne vise un bâtiment occupé par les défenseurs irakiens (tir fratricide manifestement).


Le drone de l'EI filme le résultat du tir fratricide depuis les airs.


Le point noir représente le bâtiment touché par le tir fratricide, à 600 m à l'est du bâtiment triangulaire.


L'EI arrive au bâtiment, plusieurs corps sont visibles.

2 Humvees.

Tombes fraîchement creusées. Un corps dans l'une d'elles.

Tir au RPG-7 (munition antichar).

Evacuation des défenseurs par Humvee et M113. Un char M1 Abrams les couvre, le tout filmé par le drone de l'EI.

Le point noir représente le bâtiment où s'effectue le repli, à 400 m à l'est du tir fratricide et un peu mons d'1 km du bâtiment triangulaire.

Tir à la PK.

Tir à la M249.


A l'intérieur du bâtiment, plusieurs cadavres.

 
Un des combattants de l'EI a été tué. Il se nomme Abu Hafez Al Muhajer.

RODOLPHE et Michel FAURE, Le baron fou, Glénat, 2015, 48 p.

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1954. A Humbley, dans le Kent, une vieille femme tire une carte de l'as de pique à une diseuse de bonne aventure, sur la foire locale... et se souvient. Elle raconte à sa fille sa rencontre avec le baron Ungern-Sternberg, aux confins orientaux de la Russie, en pleine guerre civile russe...

Intéressant scénario que celui de cette bande dessinée évoquant le baron Ungern-Sternberg, le "baron fou" de la guerre civile russe, qui a déjà inspiré bien des cases. L'idée consistant à confronter ce personnage avec une femme britannique recherchant son mari allemand disparu donne un résultat épatant. Bien documenté, le scénario montre à la fois la cruauté du baron mais n'en fait pas un monstre inexplicable, puisqu'il est approché comme un homme, parfois capable de sentiments. Elisabeth von Ruppert incarne en définitive la constance face aux hommes, comme le hâbleur Ossendowski. Malgré le caractère impitoyable de cette guerre civile russe sans pitié, sans prisonniers, elle finit par suivre le baron dans sa quête folle de la reconstitution de l'empire mongol. Elle rencontre dans son périple des personnages authentiques. Une BD très documentaire, servie par un beau dessin, dont on attend avec impatience le second et dernier tome.




Mourir pour Assad 1/Harakat Hezbollah al-Nujaba

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Harakat Hezbollah al-Nujaba (HHN), né en 2013, est l'un de ces groupes « paravents » mis en place par les « groupes spéciaux » iraniens en Irak (Asaib Ahl al-Haq surtout), pour fournir au régime syrien une infanterie en nombre suffisant. En effet, l'Iran estime, dans le cadre d'un conflit où le régime ne peut engager qu'une partie limitée de l'armée régulière (le reste étant peu sûr politiquement) et n'a qu'une base de recrutement limité, et face à un adversaire qui n'a rien d'une armée régulière, qu'un nombre de combattants suffisants et correctement encadrés peut faire pencher la balance. Les miliciens irakiens aident effectivement le régime à survivre en 2013-2014. Groupe essentiellement militaire, HHN se redéploie en Irak à partir de juin 2014 avec la mobilisation populaire lancée par les autorités religieuses chiites et le Premier Ministre irakien Nouri al-Maliki, pour combattre ce qui devient alors l'Etat Islamique. Dirigé par le sheikh al-Kabi, issu du mouvement sadriste mais rallié au groupe spécial pro-iranien Asaib Ahl al-Haq, HHN utilise une rhétorique très violente contre ses adversaires, l'EI bien sûr, mais aussi les sunnites de manière plus générale. Au printemps 2015, profitant de la stabilisation en Irak, HHN retourne en Syrie. A l'été, il accélère sa campagne de recrutement pour ce théâtre d'opérations afin de sauver le régime syrien qui bénéficie en septembre de l'intervention russe. Depuis, HHN reste très présent en Syrie (notamment à Alep) mais combat également l'EI en Irak. Ce qui n'était qu'un groupe « paravent » d'Asaib Ahl al-Haq devient une milice puissante qui n'hésite pas à menacer l'Arabie Saoudite de représailles après l'exécution du sheikh chiite Nimr en janvier 2016 (et a peut-être mis ses menaces à exécution). HHN est un bon exemple à observer pour suivre la politique de l'Iran sur le théâtre irakien.




Historique


Harakat Hezbollah al-Nujaba fait partie de ces groupes paravents créés par des organisations irakiennes pro-iraniennes (les fameux groupes spéciaux, dont Asaib Ahl al-Haq et Kataib Hezbollah) pour fournir au régime syrien en difficulté, à partir du printemps 2013, des combattants professionnels encadrant des volontaires chiites irakiens1. L'accent est mis par ces groupes sur le volontariat de leurs membres, pour rassembler une communauté chiite irakienne désordonnée : les grands leaders religieux n'ont pas soutenu l'envoi de combattants en Syrie, qui est alors plutôt le fait de groupes parrainés ou très proches de l'Iran. Ce sont ces groupes comme Asaib Ahl al-Haq ou Kataib Hezbollah qui organisent le transfert de combattants de l'Irak à la Syrie. C'est seulement à partir de mars 2013 que ces groupes font la publicité de combattants tués en Syrie, notamment au moment des funérailles au retour des corps en Irak.

Logo d'Asaib Ahl al-Haq.


Harakat Hezbollah al-Nujaba (HHN) apparaît en juin 2013. Le mouvement naît avec les funérailles de 7 de ses combattants tombés en Syrie et enterrés dans la province irakienne de Maysan. Rapidement, HHN alimente d'autres milices paravents combattant également en Syrie2, comme Liwa Ammar ibn Yasir (LAY). Ce groupe crée sa première page Facebook le 27 mai 2013 et c'est l'une des premières milices chiites nées en Syrie qui combat en dehors de Damas, aux côtés du régime, à Alep. Cette milice a des liens étroits avec Asaib Ahl al-Haq et l'Iran. Bien que combattant à Alep, elle utilise l'argumentaire classique de défense du tombeau de Sayyida Zaynab à Damas. LAY se présente comme une composante d'HHN. LAY, comme HHN, semblent dès 2013 des paravents pour les groupes spéciaux iraniens Asaib Ahl al-Haq (AAH) et Kataib Hezbollah3. LAY est d'ailleurs dirigée par un des fondateurs d'AAH, le Sheikh Akram al-Ka’bi. HHN comprendrait également des hommes des Brigades du Jour Promis, le nouveau nom de l'Armée du Mahdi de Muqtda al-Sadr4. Même situation pour Liwa’a al-Imam al-Hasan al-Mujtaba, une autre milice née en septembre 2013 qui opère dans la banlieue de Damas et qui se rattache à HHN5. Cette milice chiite stationnée l'automne 2013 dans la Ghouta orientale et sur la route menant à l'aéroport de Damas, aurait également été créée par HHN6. A l'inverse, Liwa al-Hamad, une autre milice créée par HHN, reste relativement peu connue en 2013. Cette milice est née semble-t-il en juillet. Le peu de documents mis en ligne à son sujet montre des liens étroits avec AAH7.


Ronds rouges : présence d'HHN en 2013 ; ronds jaunes : en 2015.



En 2014, HHN se redéploie en Irak après la chute de Mossoul prise par l'EIIL au début du mois de juin. Le groupe se déplace ce mois-là à Samarra. Avec ce redéploiement, on constate d'ailleurs que les groupes spéciaux iraniens et leurs organisations « paravents » pour leur participation au conflit syrien du côté du régime sont de plus en plus imbriqués avec l'armée et les forces de sécurité irakiennes8. Akram al-Ka’bi, un ancien de l'Armée du Mahdi de Moqtada al-Sadr qu'il a quitté en 2004 pour rejoindre AAH quelques années plus tard, bâtit sa réputation en tant que commandant militaire, même si l'on peut se demander si la milice HHN lui permettrait de jouer un rôle au sein de la politique de la communauté chiite irakienne9. De fait, AAH a lancé sa branche militaire contre l'EIIL en Irak dès la seconde moitié de 2013 ; après la chute de la province d'Anbar en janvier 2014, le Premier Ministre Nouri al-Maliki se repose sur les milices chiites au lieu des forces armées en déshérence. Celles-ci reçoivent armes et équipement de l'armée irakienne ; celles qui sont en plus proches de l'Iran comme AAH obtiennent des acquistions supplémentaires de Téhéran10. HHN a déployé en Irak des drones Yasir fournis par les Iraniens11. Le mouvement a un discours très belliqueux en Irak et pas seulement contre l'Etat Islamique : son porte-parole menace le président du Kurdistan irakien, Barzani, accusé de collaborer avec l'EI et les baassistes12.

Al-Kabi à gauche, avec Qassem Soleimani à droite.
 
Rond rouge : présence d'HHN en 2014, ronds jaunes en 2015.

Début 2015, HHN s'impose comme une des milices chiites les plus puissantes en Irak. Ses combattants sont aussi bien payés que les hommes de l'armée irakienne et parfois mieux équipés, en raison des dons faits par l'armée et les forces de sécurité et de ce qui est fourni par l'Iran13. Avec la stabilisation de la situation en Irak, et alors que l'armée et les forces de sécurité partent à la reconquête de certaines positions au début de l'année 2015, les milices chiites se redéploient de nouveau en Syrie pour soutenir le régime. HHN est de retour dans le secteur d'Alep dès le mois de mars 201514. Dans une interview accordée à Al-Monitor ce même mois, le sheikh al-Kabi reconnaît que ses hommes sont encadrés par des conseillers iraniens et du Hezbollah et que des armes sont fournies par l'Iran. Il reconnaît aussi l'autorité du wyliat al-faqih et se réclame des enseignements de l'Ayatollah Mohammed Sadiq al-Sadr et de l'Ayatollah Ali Khamenei. Comme d'autres groupes pro-iraniens, al-Kabi loue le rôle de l'Iran dans la lutte contre l'EI mais critique violemment l'intervention américaine. La contradiction, difficile à surmonter pour al-Kabi, est que le mouvement sadriste veut placer Nadjaf comme centre chiite, alors que les Iraniens attribuent ce rôle à Qom. Kabi représente bien l'influence à laquelle l'Iran est parvenue en Irak : il combat aujourd'hui en Syrie non pas pour des motifs religieux ou nationalistes, mais comme tremplin de l'Iran. Ce dernier cherche à parrainer des groupes armés plus capables que les forces régulières de défendre le gouvernement et le pays contre les menaces comme l'EI. L'Iran espère évidemment ensuite récolter les bénéfices politiques de cette opération et se placer en position dominante en Irak15. HHN est essentiellement composé de militants irakiens mais la milice a ouvert ses rangs à des citoyens du Bahreïn ou du Koweït. Comme le fait remarquer un analyste, cette milice est plus spécialement dédiée à l'action militaire que d'autres, en raison de son caractère de paravent pour AAH depuis le départ. Elle est ainsi présente sur de nombreux fronts : elle participe à la reprise de Tikrit en attaquant au nord de la ville en mars 2015, elle est également installée devant Samarra en Irak et donc, aussi, en Syrie, aux côtés du régime16. En février 2015, HHN annonce ainsi la mort de 14 combattants lors d'une tentative pour dégager les enclaves chiites de Nubl et Zahra, dans la région d'Alep, assiégées par les rebelles syriens. En avril, al-Kabi reconnaît la mort de 126 hommes en Irak et en Syrie (38)17. A partir de juillet, HHN, de concert avec une autre milice chiite née en juin 2014, Kataib al-Imam Ali, accélère sa campagne de recrutement sur les réseaux sociaux pour la guerre en Syrie. HHN a été déployé pour tenter de reprendre la ville de Jisr al-Shughour, une localité de la province d'Idlib tombée entre les mains des rebelles en avril. HHN semble porter moins d'attention à ses 3 subdivisions de 2013 et opère davantage sous son propre étendard en soutien du régime syrien. Son commandant à Alep, Alaa al-Musawi, est tué à Alep le 19 septembre18. Le 26 août, la chaîne de télévision d'HHN annonce que ses hommes combattent dans les provinces de Hama, Alep, et Lattaquié ; le lendemain est également annoncée la mort de 5 combattants. L'engagement de cette milice chiite irakienne jusque dans la province de Lattaquié, bastion du régime, montre l'érosion des forces loyales à Bachar el-Assad. Ce renouveau de l'engagement des milices parrainées par l'Iran a pu se faire en concertation avec la Russie, qui intervient en septembre plus directement pour soutenir un régime à bout de souffle. Les combattants recrutés en juillet et en août ont subi un entraînement d'un mois en Iran ou au Liban. Il semblerait par ailleurs que les groupes spéciaux iraniens, les plus anciens historiquement, se réservent désormais davantage pour l'Irak (même si Kataib Hezbollah a fait la publicité d'un déploiement en Syrie en septembre-octobre) alors que les organisations « paravents » créées à cet effet dès 2013 s'impliquent davantage dans la mobilisation pour la Syrie, comme HHN19. En septembre 2015, HHN développe une campagne de recrutement pour la Syrie qui cible les chiites du Pakistan20. En octobre 2015, sur le front d'Alep, les combattants d'HHN reçoivent la visite de Qasseim Soleimani, le chef de la force al-Qods des Gardiens de la Révolution iraniens, en pointe pour organiser et entraîner des milices chiites en Irak comme en Syrie21. Cette visite fait suite à un redéploiement des combattants d'HHN de la province de Lattaquié vers le sud-est d'Alep, en même temps que l'arrivée dans le même secteur d'un fort contingent du groupe spécial Kataib Hezbollah22. En novembre, al-Kabi en personne vient superviser l'opération visant à dégager les enclaves chiites de Fuaa et Kafriyah dans la province d'Idlib23.

Tir de missile antichar Metis, Syrie, sud d'Alep, image d'HHN, décembre 2015.


En janvier 2016, HNN menace l'Arabie Saoudite de représailles sur son sol après l'exécution du sheikh chiite Nimr. L'attaque à la roquette contre l'ambassade saoudienne en Irak est attribuée par certains à HNN. Le 7 janvier, HHN organise une manifestation en l'honneur du sheikh Nimr.


Propagande


HHN dispose d'un site Internet24, d'une page Facebook25 où sont publiés de nombreux documents (communiqués, photos, vidéos...), d'un compte Twitter26 et d'une chaîne Youtube27. Cette dernière n'est plus alimentée depuis 7 mois environ : à la place, c'est la chaîne Youtube de la chaîne satellite d'HHN qui a pris le relais28. D'autres chaînes Youtube associées relie aussi des vidéos sur HHN.

Un tour d'horizons des documents les plus récents (décembre 2015-janvier 2016) confirment les attendus par rapport à HHN que l'on a pu voir dans l'historique de la formation.

Le 7 janvier 2016, un chant interprété par deux membres de HHN, Mustafa Kanani et Mushtaq Zebra, permet de voir plusieurs véhicules de la police aux mains de la milice dont l'un modifié pour embarquer une mitrailleuse DSHK et une mitrailleuse PK simultanément. Le 6 janvier 2016, une vidéo montre le sheikh al-Kabi se rendant en pèlerinage à Nadjaf, lieu saint pour les chiites. La vidéo du 26 décembre 2015 montre al-Kabi au front parmi ses hommes et met aussi en avant les lieux saints du chiisme, dont Nadjaf. Le 24 décembre 2015, une vidéo montre al-Kabi en visite au QG de l'armée irakienne à Samarra, front sur lequel sa milice est présente. Le 5 décembre, un montage met en scène un chanteur de HHN, Ali Zohr, sur fond d'images rappelant la bataille de Kerbala, la mort d'Hussein et d'Abbas. Cette même exaltation se retrouve sur une autre vidéo du 28 novembre. Dans une autre vidéo postée le 1er décembre, al-Kabi prononce le sermon de la prière du vendredi devant ses hommes, quelque part en Syrie. Sermon très violent où il s'en prend en particulier aux sunnites.

Sur la page Facebook, HHN met parfois en ligne des cartes de ses opérations, comme celle du 4 janvier 2016 montrant le front près de Samarra, en Irak.


Les photos à thème militaire sont également nombreuses au vu de l'importante activité du groupe en Syrie comme en Irak. Le 5 janvier, une photo montre ainsi un groupe d'une dizaine d'hommes, dont deux ont un drapeau de la milice sur le dos, armés d'AK-47 et de RPG-7. Sur une autre photo postée le même jour, on voit un combattant sans visage tenir un M-16 à la main devant une mitrailleuse lourde M2HB de 12,7 mm. Les symboles chiites sont également très présents comme sur cette autre photo du 5 janvier où l'on aperçoit un drapeau avec la figure d'Abbas. Sur une autre photo on voit un milicien armé d'un fusil de sniper SVD Dragunov, portant sur la manche droite l'emblème de la milice. Le 18 décembre 2015, une photo montre le canon bitube de 23 mm monté sur M1117 que l'on voit régulièrement dans les vidéos du groupe (voir ci-dessous). Le 21 décembre, on peut voir le technical armé du même canon déjà observé en Syrie. Le 22 décembre, un cliché montre un lance-roquettes artisanal en train d'être approvisionné par un milicien. Le 23 décembre, une photo montre un combattant servant un lance-missiles antichar Metis. Un autre combattant pose à côté d'un cadavre de rebelle syrien. Sur une photo du 24 décembre, on voit un véhicule léger Safir armé d'un canon sans recul, probablement un B10 de 82 mm ou un M40 de 106 mm. Le même jour, des miliciens sont pris en photo en train de tendre un drapeau de la milice sur un char T-55 probablement fourni par le régime syrien. Un autre char T-55 du régime syrien est également visible sur une photo du 28 décembre. Dans une photo du 29 décembre, probablement prise en Irak, les combattants de HHN opèrent avec des Humvees de couleur sombre (police/forces spéciales irakiennes). Sur un cliché du 3 janvier, 15 hommes sont devant un char du régime syrien. Le même jour, un homme est pris en photo derrière un T-72, tenant une affiche où sont représentés de grands dignitaires chiites.

Devant un char du régime syrien : une quinzaine de miliciens.

Au fond, un T-72 fourni par le régime syrien.


M-16 à la main devant une M2HB.


Tireur SVD Dragunov.



Lance-roquettes artisanal.



Devant un char T-55 du régime syrien.





HHN met aussi en valeur ses morts avec ces images de funérailles régulièrement reprises, commele 5 janvier. Un des « martyrs » de la milice, Khaldoun Heydar Ahmed, est honoré par un poster mis en ligne le 26 décembre. Le 30 décembre, un défilé dans la rue, probablement en Irak, met en avant 5 « martyrs » dont les panneaux sont portés par des miliciens.



Khaldoun Heydar Ahmed, "martyr" de la milice.


Des panneaux pour les morts au combat.

La symbolique est également très importante : le drapeau du groupe est omniprésent, comme sur cette photo postée le 24 décembre. Le message de bonne année 2016 du groupe montre un combattant sans visage armé à la fois d'une AK-47 et d'un M-16. Le drapeau apparaît encore seul sur une photo du 2 janvier 2016 ou sur une autre du 3 janvier.






"Nous sommes l'armée d'Abbas". Poster d'HHN, décembre 2015.





L'image de bonne année d'HNN.



Les photos mettent également l'accent sur al-Kabi, le chef de HHN, comme le 6 janvier lorsqu'il est en visite à Nadjaf. Le 2 janvier 2016, une photo le présente avc l'emblème du groupe et une autre seul. Le 22 décembre, un montage l'associe à Mohammad Sadeq al-Sadr, le père de Moqtada al-Sadr, assassiné par Saddam Hussein en 1999 et figure du mouvement sadriste chiite. Le 24 décembre, on voit al-Kabi aux côtés notamment d'Abou Mahdi al-Muhandis, figure historique des groupes spéciaux iraniens en Irak, qui a dirigé Kataib Hezbollah et se trouve maintenant à la tête des fameux Comités de Mobilisation Populaire. Un autre poster du 25 décembre montre al-Kabi les mains jointes en prière et derrière lui, Qasseim Soleimani, le chef de la force al-Qods, dans la même posture. Soleimani apparaît d'ailleurs en photo, seul, le même jour.

Le sheikh al-Kabi, le chef de HHN.



Al-Kabi avec à droite le père de Moqtada al-Sadr.


Al-Kabi avec Qassem Soleimani.



Qassem Soleimani.


Ces derniers jours, HHN s'est beaucoup servi de la figure du sheikh Nimr, exécuté par l'Arabie Saoudite, exécution pour laquelle le groupe a appelé à des représailles contre l'Arabie Saoudite. Le sheikh apparaît sur un poster du 3 janvier.

Portrait du sheikh Nimr.





Manifestation en l'honneur du sheikh Nimr.






Opérations militaires, tactiques et équipement


HHN a une stratégie de communication sur ses opérations militaires. La propagande via la chaîne satellite s'est améliorée dans sa réalisation. On retrouve les caractéristiques traditionnelles des milices chiites : chants de guerre avec combattants et véhicules, exaltation des grandes figures comme Abbas et des grandes batailles comme Kerbala... HHN fait régulièrement du remploi d'images dans ces vidéos mais n'hésite pas, il faut le souligner, à montrer que ses combattants interviennent en dehors de Damas en Syrie pour la défense du sanctuaire de Zaynab. On peut également remarquer que les effectifs,à chaque fois, sont nombreux : plusieurs dizaines d'hommes au moins, parfois plus de 50. Cela s'explique facilement si l'on songe qu'HHN est issu d'AAH, groupe spécial iranien probablement le plus important avec l'organisation Badr ; le vivier de recrutement est donc consistant en Irak. Le groupe possède ses propres véhicules, parfois des technicals bricolés par lui, parfois récupérés sur les forces de sécurité irakienne, parfois prêtés par le régime syrien.

Un montage vidéo mis en ligne le 26 décembre 2015 par la chaîne TV de HHN montre la milice en opérations en Irak et en Syrie (les images souvent souvent mélangées). Des escouades opèrent avec l'armement individuel et collectif classique sur le théâtre : AK-47, mitrailleuses PK, lance-roquettes RPG-7. Les combattants de cette milice opèrent en formation plus nombreuses que d'autres : les images montrent souvent plusieurs dizaines d'hommes simultanément, soit au moins l'effectif d'une section. Comme souvent chez les miliciens chiites, de nombreux combattants arborent le fanion du groupe dans le dos. HHN dispose dans cette vidéo d'un véhicule blindé M1117 de la police fédérale armé d'un canon bitube ZU-23 de 23 mm protégé par un bouclier. On voit également un lance-roquettes IRAM monté sur pick-up à deux tubes faire feu. HHN utilise aussi un mortier de 82 mm et un autre de 120 mm. Un canon ZU-23 bitube est aussi monté à l'arrière d'un pick-up. Un autre de ces montages apparaît aussi avec un pick-up blindé de manière artisanale, comme a pu le faire la milice chiite Kataib Imam al-Ali (véhicule de couleur sombre). Un véhicule léger iranien Safir avec canon sans recul de 106 mm apparaît également dans la vidéo, ainsi qu'un autre équipé d'un canon sans recul B-10 de 82 mm. Les combattants utilisent aussi une DSHK de 12,7 mm sur affût au sol et une autre montée sur véhicule blindé Reva qui équipe la police fédérale irakienne (acheté à l'Irak auprès de l'Afrique du Sud). HHN a aussi un véhicule léger Safir armé d'un LRM Type 63 de 107 mm.



Tir au RPG-7

M1117 de la police irakienne repris par HNN, avec bitube ZU-23.




IRAM biube sur pick-up.


Mortiers.

Le sheikh al-Kabi sur le front, en Syrie.

Technical avec bitube ZU-23.

Images tournées en Syrie près d'Alep. On reconnaît l'IRAM.

Véhicule improvisé avec tourelle pour bitube ZU-23.


Véhicule iranien Safir avec canon sans recul de 106 mm.

Mitrailleuse DSHK sur affût.




Véhicule blindé Reva récupéré sur la police irakienne, armé d'une DSHK.

Safir avec LRM Type 63 de 107 mm.




Une autre vidéo publiée le même jour (26 décembre) mixe des images de combat tournées en Irak et en Syrie. On y aperçoit notamment un T-72 du régime syrien avec protection de grillage artisanal qui opère avec la milice. Al-Kabi fait embrasser par les miliciens le Coran et le porte à leur front, dans la tradition chiite. On voit aussi un véhicule blindé BMP-1 du régime opérant avec la milice. Un des hommes est équipé d'un Sayyad-2, copie iranienne d'un fusil de sniping lourd autrichien de 12,7 mm, le Hs. 50. HHN aligne aussi un technical avec un bitube AA KPV de 14,5 mm. On aperçoit également un char T-62 peut-être manoeuvré par les miliciens d'HHN. Il y a aussi un technical avec mitrailleuse DSHK et un autre char T-72 qui cette fois semble piloté par des hommes du régime syrien. A la fin de la vidéo, on retrouve les images irakiennes avec bitube ZU-23 sur technical ou M1117 et tir d'IRAM.

Char T-72 du régime syrien appuyant les miliciens d'HHN.


Les miliciens embrassent le Coran que tient al-Kabi.

BMP-1 du régime syrien.



Fusil de sniping lourd Sayyad-2 iranien, copie du Hs. 50 (12,7 mm).

Bitube KPV sur technical.



DSHK sur technical.



Le 22 décembre, un reportage avec correspondant de guerre conduit le spectateur dans les monts Makhoul, au nord-est de Baiji, en Irak, où HNN combat l'Etat Islamique. On retrouve le M1117 avec bitube ZU-23 affublé de symboles chiites dont un portrait d'Ali ou Abbas. Le 19 décembre, un autre reportage du même genre -essentiellement des interviews de combattants ou de commandants- a lieu dans la province d'Anbar. Le 13 décembre, un reporter nous emmène dans Baiji libérée par les milices chiites et l'armée irakienne.

Le 7 décembre, une vidéo présente les opérations d'HNN aux côtés du régime syrien dans la région d'Alep. Plusieurs dizaines d'hommes au moins sont transportés de nuit par camions et pick-up. Les miliciens sont appuyés par une colonne blindée du régime syrien : 3 chars T-72 et 3 BMP-1. Ils disposent quant à eux d'un technical avec DSHK, d'un autre avec canon bitube ZU-23, d'une batterie de mortiers et d'un pick-up montant un LRM Type 63 de 107 mm. Les miliciens précèdent les véhicules dans un village, avec leurs technicals. Il est clair qu'ils servent d'infanterie pour accompagner les chars et les véhicules blindés, le régime n'ayant visiblement pas d'autres hommes disponibles. Une fois le village nettoyé (on ne voit pas les combats ; un corps est visible seulement), les chars y entrent et ouvrent le feu sur l'objectif suivant. Quand une poche de résistance est rencontrée, les miliciens font venir leurs technicals. Ils ont également un mortier léger de 50 mm.



















Mortier léger.

Le 5 décembre, une vidéo montre les hommes de HHN en action dans le district industriel de Sheikh Najjar, au nord-est d'Alep. Les miliciens sont nombreux : au moins une cinquantaine. Ils ont avec eux le pick-up équipé d'une IRAM bitube. Là encore, ils servent d'infanterie pour les véhicules blindés syriens : 2 BMP-1, 2 chars T-72 (dont un avec protection de grillage artisanale) et un bulldozer blindé. Ils ont avec eux leur technicalà ZU-23 bitube. Les miliciens gagnent leurs positions : ils doivent creuser un trou au marteau dans un mur clôturant une propriété agricole. Puis ils s'installent dans un bâtiment en passant par un trou dans le mur. La caméra s'attarde sur certains qui font leurs prières. Les miliciens ont avec eux en appui un char T-62 avec grillages de protection.

Les combattants d'HHN sont toujours très nombreux : plusieurs dizaines, parfois plus de 50.






Pour se frayer un chemin, les miliciens abattent un mur.


Et rentrent dans un bâtiment via un trou déjà fait.

La prière.



Le 2 décembre, une vidéo montre les miliciens après la libération d'Al-Hadher, une localité située à 35 km au sud-est d'Alep. On aperçoit dans la vidéo Qasseim Soleimani, le chef de la force al-Qods. Al-Hadher est tombée entre les mains du régime le 12 novembre, ce qui montre qu'il y a un délai de 15 jours avant la publication de la vidéo environ. Quant à la visite de Soleimani, elle remonte au mois d'octobre : il s'agit donc d'images anciennes. Dans cette vidéo les miliciens sont appuyés par un char T-72 et un char T-62 du régime semble-t-il. Un reportage du 21 novembre montre HHN au combat dans les monts Makhoul. Les miliciens sont transportés par pick-up dont 2 sont des véhicules de la police irakienne (l'un embarque un canon KPV de 14,5 mm). On voit un tireur PK et un autre au SVD Dragunov. Le 19 novembre, une vidéo montre un violent combat urbain dans la région d'Alep. Les miliciens sont appuyés par un char T-72. L'un d'entre eux porte l'écusson de l'armée irakienne sur la manche gauche.




Qasseim Soleimani par les miliciens d'HHNN (images d'archives).


















Emblème de l'armée irakienne sur la manche de ce milicien.




Bruno FALBA, Christophe REGNAULT et Maurizio GEMINIANI, Waterloo, le chant du départ, Glénat, 2015, 82 p.

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2015 oblige, les bandes dessinées se sont multipliées sur Waterloo, avec le bicentenaire de la bataille. En ouvrant celle-ci, on s'attend à trouver quelque chose de solide: Bruno Falba au scénario (que j'avais apprécié sur L'espion de l'empereur) et la contribution de Jean Tulard, "pape" des études napoléoniennes françaises bien que d'autres chercheurs plus jeunes se soient désormais largement imposés.

L'histoire de la rencontre entre le baron Larrey, chirurgien de la Grande Armée, miraculeusement sauvé de la mort, et le maréchal Blücher, le vainqueur prussien, aurait pu fonctionner. Ca ne prend pas, pourtant. On peine à croire que Larrey se souvienne d'absolument tous les détails des Cent Jours, tout comme Blücher d'ailleurs, et ce même si on est juste après la bataille de Waterloo. Certaines bulles de Napoléon laissent également pantois quant aux détails qu'il serait capable de discerner sur le champ de bataille...En outre, si le propos est globalement à jour historiographiquement, on note une certaine tendance à écarter la responsabilité de l'empereur dans la défaite. Ainsi, à Ligny, c'est Soult, qui remplace Berthier comme chef d'état-major, et Ney qui sont les principaux responsables de la victoire manquée dans la bande dessinée, alors que Napoléon y a probablement sa part également. De la même façon, la découverte "surprise" d'Hougoumont est attribuée au manque de clairvoyance de Soult qui n'aurait pas reconnnu le terrain. La BD charge aussi beaucoup Grouchy, dans la lignée du Mémorial, même si Larrey précise qu'il s'en tenait aux ordres de l'empereur. Quant à la charge de Ney, difficile de croire aussi que Napoléon ne l'aurait pas tacitement soutenu dès le départ, et pas seulement après la charge initiale. Autre problème : c'est une vision "par le haut", évidemment utile quand on s'adresse au grand public. Mais tout de même, l'histoire des chefs aurait pu se combiner avec une vision un peu plus près des combattants... singulièrement absents ici, du moins dans leur vécu de l'événement, car ils remplissent, en anonymes, les planches des batailles.




Le dossier d'une dizaine de pages de Jean Tulard remplit son office mais n'apporte aucune plus-value supplémentaire : c'est un historique de la bataille de Waterloo avec ses illustrations, même s'il évoque la mémoire de l'événement, sa mise en images (mais pas son histoire, curieusement ou non). La quinzaine de titres cités fait très grand public -bande dessinée oblige- mais peut décevoir.

La bande dessinée est malheureusement ternie par un nombre important de fautes de français. C'est assez rare dans celles que je lis et fiche d'ordinaire pour être souligné. Et je ne parle pas de coquilles ou de fautes de frappe mais de fautes d'accord ou autres qui concernent véritablement l'écrit. Il y a un heureusement un beau dessin notamment dans les grandes scènes de bataille.

En résumé, une bande dessinée qui vaut essentiellement pour ses qualités documentaires. Sur un one shot, les personnages sont trop fades pour que le scénario, écrasé par l'histoire, soit convaincant. On a l'impression de retrouver la situation du film Le Souper, adaptation d'une pièce de théâtre où se rencontrent Fouché et Talleyrand, juste après la défaite de Napoléon. Sauf qu'ici on n'a pas le jeu formidable d'acteurs du film.

France RICHEMOND, THEO et Lorenzo PIERI, Le Trône d'Argile tome 6 La geste d'Orléans, Paris, Delcourt, 2015, 64 p.

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Je poursuis la lecture de la série Le Trône d'Argile, avec la lecture du sixième tome paru l'an passé. Evocation puissante du règne de Charles VII et de la guerre de Cent Ans, cette bande dessinée m'avait un peu déçu dans le cinquième tome avec l'apparition de la théorie d'une Jeanne d'Arc "manipulée", qui contrastait avec le souci d'authenticité de la série jusqu'ici.

Ce sixième tome me paraît meilleur, notamment parce que la "manipulation" saute d'elle-même ou presque, preuve peut-être que certaines critiques ont été entendues. Le tome, concentré sur le siège d'Orléans et son dénouement, témoigne d'une documentation impressionnante, puisée aux sources comme le montre la reconstitution de certaines scènes comme la fameuse rencontre de Chinon. Même des planches plus anodines comme la confection de l'étendard de Jeanne d'Arc prennent ici un relief particulier. Les auteurs ont eu la très bonne idée d'insérer p.34 une carte du siège, ce qui est indispensable pour repérer les différentes attaques françaises. Les dialogues utilisent parfois le vieux français mais des notes expliquent termes, ce qui n'enlève rien, donc, à l'intérêt du volume. On sent parfois épisodiquement jusqu'à l'influence du film Jeanne d'Arc de Besson, notamment dans la scène où Jeanne se réveille en sursaut, ayant vu en rêve que les défenseurs d'Orléans étaient partis à l'attaque sans elle, et où un de ses proches lui donne son étendard resté dans son logement par la fenêtre. Pour le reste, dessins et couleurs sont toujours aussi beaux, notamment sur les planches larges comme celles des p.48-49. L'album se termine sur la bataille de Patay, vue comme la revanche d'Azincourt.

La mise en scène des premières batailles de Jeanne d'Arc donne ainsi l'un des meilleurs volumes -voir le meilleur volume- de la série jusqu'ici.



L'espionne des Ardennes (Armored Command) de Byronn Haskin (1961)

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Décembre 1944. Une espionne allemande (Tina Louise) est blessée intentionnellement et laissée pour morte dans le no-man's land pour être mieux récupérée et soignée par les Américains. Son rôle : renseigner les Allemands qui préparent une contre-attaque sur le dispositif américain du secteur. L'espionne est secourue par l'escouade d'un sergent (Earl Holliman) qu'elle va tenter de séduire. Mais un des soldats de l'escouade, sans foi ni loi (Burt Reynolds), convoite aussi la jeune femme...

Film sans grande envergure, L'espionne des Ardennes -drôle de traduction- souligne d'emblée une contradiction : en effet, la contre-offensive allemande qui s'enclenche à la fin du film est l'opération Nordwind, du 1er janvier 1945, qui a lieu en Alsace et non dans les Ardennes (!).

Tournée en Bavière, le film a reçu un soutien important de l'armée américaine stationnée en Allemagne. Outre le half-track M2 de l'escouade de GI's, le film met en oeuvre une floppée de chars M48 Patton aussi bien du côté allemand qu'américain d'ailleurs, ce qui est souvent le cas dans les films de guerre de l'époque.

L'histoire d'espionnage n'est malheureusement pas exploitée à fond ce qui détruit quasiment tout le scénario. Le double jeu de l'espionne laisse la place à l'histoire de séduction avec le sergent et la contre-attaque brutale du soldat crapule incarné par Burt Reynolds, dont c'est le premier rôle. Earl Holliman se retrouve ainsi complètement éclipsé par la performance de Reynolds et par celle de Howard Keel (le colonel Devlin), acteur et chanteur américain surtout connu pour sa participation ultérieure à la série Dallas. Les scènes de combat sont tout sauf réalistes malgré la débauche de matériel américain. Un film aussi vite oublié que regardé...



Mathieu GABELLA, Etienne ANHEIM, Valérie THEIS et Christophe REGNAULT, Philippe le Bel, Ils ont fait l'histoire, Paris, Glénat/Fayard, 2014, 48 p.

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Riche idée des éditions Glénat et Fayard d'avoir lancé cette collection Ils ont fait l'histoire, où des auteurs de bandes dessinées collaborent avec des historiens pour aborder de grands personnages historiques. Jusqu'à présent (d'autres fiches à venir), tous ceux que j'ai lus m'ont plu.

Sur le roi de France Philippe le Bel, on trouve à la manoeuvre, côté historiens, Valérie Theis, maître de conférences en histoire médiévale à l'université Paris-Est, et Etienne Anheim, maître de conférences à l'université de Versaille/Saint-Quentin-en-Yvelines.

Le choix narratif est de commencer et finir l'album par l'exécution, après la mort du roi, de son conseiller Enguerrand de Marigny. Histoire de sortir du lieu commun du persécuteur des Templiers et pour souligner l'importance de la question financière. De la même façon, l'épisode de "l'attentat d'Agnani" n'est pas dramatisé et l'album minore volontairement la dernière décennie du règne. L'influence des historiens se voit jusque dans le dessin : le moment du sacre à Reims montre une cathédrale encore inachevée, alors que l'assemblée de 1302 à Notre-Dame met en scène l'usage social du bâtiment, tandis que les basiliques et édifices religieux de Rome ne suivent pas le plan gothique. Autant d'informations précisées dans le dossier habituel qui accompagne la BD en fin de volume. Les historiens rappellent que les sources écrites, archéologiques ou archivistiques sur la période abonde, ce qui fait de Philippe le Bel un sujet de choix. Ils évoquent aussi les problèmes et les compromis dus au scénario d'une BD. Le tout complété par une chronologie indicative et une orientation bibliographique.

La BD souligne combien Philippe le Bel a été préparé à régner par son père, Philippe III, avec l'instruction fournie par des théologiens comme Gilles de Rome. Monté sur le trône en 1285, le roi sait s'entourer de conseillers spécialistes du droit ou des finances issus de la petite noblesse, tout en utilisant aussi les princes issus de sa famille pour d'autres tâches. Philippe le Bel privilégie la diplomatie et l'action indirecte mais n'hésite pas à se battre quand il le faut : contre le roi d'Angleterre Edouard Ier en 1296-1297, contre les Flamands surtout, jusqu'à la victoire de Mons-en-Pévèle (1304). C'est Philippe le Bel qui remporte son conflit contre le pape Boniface VIII, non sans mal. Ce faisant, son grand-père Saint Louis a été reconnu comme saint et le roi a amorcé ce qui préfigure les Etats Généraux du royaume (1302). La force de Philippe le Bel est d'avoir utilisé le droit, et parfois le droit extraordinaire comme la procédure inquisitoriale développé par l'Eglise lors de procès politiques, qui visent parfois l'Eglise, ou comme contre les Templiers. Pourtant Philippe le Bel reste un monarque féodal : et le roi n'a plus sous son règne les moyens de ses ambitions. Les revenus féodaux ne peuvent financer ce qui devient un Etat moderne, qui nécessite une fiscalité permanente qui n'est pas encore là. Philippe le Bel n'a pas créé l'Etat moderne en France mais son règne, à la charnière entre une période de prospérité et une période de crise, a poussé dans cette direction.

A lire sans modération, avec une finalité pédagogique évidente.



L'Etat Islamique : vidéo du wilayat al-Furat

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Cette vidéo publiée par le wilayat al-Furat (que j'ai déjà présentédans un commentaire de vidéo précédent, je n'y reviens pas) en décembre 2015 montrerait des opérations à l'est de la ville de Haditha. Une autre partie de la vidéo se situerait à Albu Hayat. On est en tout cas dans la province irakienne d'Anbar, dans sa partie ouest, du côté de la frontière avec la Syrie. Des combats assez violents ont eu lieu à Albu Hayat fin novembre-début décembre 2015 ; la vidéo ayant été postée fin décembre, il est probable, vu le délai fréquent entre les opérations montrées et la mise en ligne des vidéos, que ce document de l'EI reflète ces opérations.



Contrairement à la première vidéo que j'avais commentée, le logo du wilayat al-Furat est cette fois sous-titré en anglais. La traditionelle introduction a vec des images résumant ce qui va suivre dure à peu près une minute.

Comme souvent, la vidéo débute par le pilonnage de positions de l'armée irakienne à distance. L'EI utilise des lance-roquettes artisanaux, avec des obus de récupération modifiés et des roquettes type Grad de 122 mm. Un mortier léger de 60 mm est également utilisé : l'arme peut porter jusqu'à plusieurs kilomètres. Un technical avec canon monotube ZU-23 antiaérien de 23 mm est aussi employé en tir tendu. (portée : jusqu'à 2,5 km).


Lance-roquettes artisanal pour roquettes Grad de 122 mm.



Mortier léger.



Technical avec ZU-23.



Alors que plusieurs combattants ouvrent le feu à l'AK-47, on peut voir une mitrailleuse lourde DSHK de 12,7 mm tirer à travers une meurtrière creusée dans un mur, et une caméra GoPro montée sur un tireur à la mitrailleuse PK. Ces hommes prennent pour cible 2 véhicules irakiens qui s'enfuient : un ILAV et un Humvee. Un lance-missile antcichar Metis tire ensuite sur un véhicule dans une position de l'armée irakienne, le touchant manifestement, sans que l'on puisse être plus précis.

Mitrailleuse DSHK.


Mitrailleuse PK.

Un ILAV de l'armée irakienne...

... suivi d'un Humvee.

Le tireur au Metis ajuste sa cible...




Un tireur SPG-9, portant le canon sans recul sur l'épaule, ouvre ensuite le feu à plusieurs reprises. Puis c'est le retour de la caméra GoPro sur tireur PK. On voit une autre de ces mitrailleuses faire feu à travers une meurtrière pratiquée dans un mur. Les hommes de l'EI prennent en embuscade un convoi de deux camions dont l'un tracte un Humvee en panne. Le mortier léger vise de nouveau deux positions où flotte le drapeau irakien. Un drone Predator qui survole leurs positions est ensuite pris pour cible par une mitrailleuse DSHK montée sur véhicule. Un canon SPG-9 sur affût vise une autre position de l'armée irakienne.

Tir au SPG-9.


GoPro sur mitrailleuse PK.




Un des deux camions pris en embuscade tracte un Humvee.



Un drone Predator survole les positions de l'EI.


Réglage du SPG-9 sur affût.




La vidéo se termine sur l'intervention de Abu Hashem Al Sabrati, un kamikaze (sans doute libyen, de Sabratha) qui tient le discours habituel avant son opération suicide, ici en tenant un drapeau de l'EI. Il semble qu'il ait mené son attaque, d'après les bandeaux, à l'ouest d'Albu Hayat. On voit seulement la fumée après l'explosion. Le butin est relativement faible : une carcasse de Humvees, 3 autres peut-être en meilleur état dont un armé d'une DSHK et quelques armes légères.


Abu Hashem Al Sabrati, peut-être un Libyen de Sabratha ?




Une carcasse de Humvee.

2 autres en meilleur état.

L'un des Humvees porte une DSHK en tourelle.


Les lieux de l'action et l'armement employé ressemblent d'ailleurs assez à ceux de la vidéo précédente du wilayat al-Furat, ce qui laisse penser à un lien possible.

L'Etat Islamique : wilayat Salahuddine

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Merci à https://twitter.com/green_lemonnn?lang=fr et https://twitter.com/MathieuMorant?lang=fr

Cette vidéo de la province de Salahuddine de l'Etat Islamique (Irak) a été mise en ligne en décembre 2015. Comme la précédente de la même province, elle montre des opérations à l'ouest de la ville de Samarra.

Le début de la vidéo, sur fond de nasheed (poèmes de guerre chantés), met en scène le discours d'un cadre devant une dizaine de combattants, avec des technicals au fond (dont un équipé d'un lance-roquettes artisanal bitube semble-t-il), le tout étant filmé par un deuxième cameraman que l'on voit à l'écran. Les technicals se mettent en branle et les hommes gagnent leurs positions, dans le brouillard. On voit le cadre qui parlait frappé à mort, son corps à côté des autres combattants. Un autre blessé agonise à quelque distance des positions de l'EI. Encore une fois, il est rare que l'EI montre la mort de ses combattants, sauf dans le cadre de la valorisation des "martyrs".



Technical avec lance-roquettes bitube.


Un combattant blessé de l'EI en train d'agoniser.


Les combattants (au moins deux escouades) se préparent sur fond de discours de Bagdadi. Les munitions sont placées sur les bandes de mitrailleuses. L'EI fait tirer une batterie de 7 lance-roquettes artisanaux expédiant des roquettes Grad (122 mm ?). Puis un mortier de 82 mm entre en scène. Une escouade avec tireur et pourvoyeur RPG-7 progresse en avant. Elle en rejoint une autre installée derrière une levée de terre, équipée d'une mitrailleuse PK et d'un tireur SVD Dragunov. Un technical noir typique des milices chiites est visé alors qu'il est en mouvement : un logo est visible sur la portière avant droite mais pas identifiable malheureusement. Le tireur RPG-7 expédie des roquettes antichars sur une position où flotte un drapeau chiite, les autres combattants tirant au M-16 ou à l'AK-47. L'EI envoie alors un kamikaze, Abu Muhamad Al Tajiki (un Tadjik), qui pilote justement l'un de ces véhicules noirs typiques des milices chiites retourné, visiblement. Un deuxième kamikaze se fait également sauter, manifestement, mais on n'en voit pas plus.



Batterie de lance-roquettes artisanaux Grad.


Mortier de 82 mm.


Escouade en progression.

Une autre déjà en place derrière une levée de terre.


Sniper avec SVD Dragunov.


Véhicule typique des milices chiites. Le logo n'est pas plus visible...

Tir de RPG-7.




Abu Muhamad Al Tajiki.



Les hommes de l'EI font ensuite mouvement vers une petite localité. Un Humvee de couleur sombre récupéré sur la police ou les forces spéciales, avec mitrailleuse DSHK en tourelle, est en soutien. Retranchée derrière une levée de terre, une escouade de l'EI envoie des grenades sur des miliciens dont on voit plusieurs véhicules avec tourelle passer devant leurs positions. Un des combattants utilise un lance-grenades anti-émeute PW Mk 2 de 40 mm, une arme assez ancienne puisqu'elle remonte à 1980 et qu'elle équipe les forces britanniques. Une ambulance des miliciens tente de récupérer des blessés. Un des véhicules adverses finit par être incendié. L'EI s'empare d'une position où flotte le drapeau irakien, un bâtiment avec une mitrailleuse DSHK sur le toit. A l'intérieur, des uniformes de la police fédérale irakienne, des roquettes de RPG-7.





Humvee avec DSHK.





Les hommes de l'EI au contact avec les véhicules des miliciens qui défilent juste devant eux.


Tir au lance-grenades PW Mk2 de 40 mm.

Une ambulance tente de secourir les blessés.

Un véhicule en flammes.

Drapeau chiite et mitrailleuse sur le bâtiment pris.

Uniforme de la police fédérale.


Dans la séquence suivante, un objectif est bombardé à distance avec des roquettes artisanales et un mortier de 82 mm, puis par des technicals en tir tendu (l'un avec un ZU-23 de 23 mm, l'autre avec un KPV de 14,5 mm bitube). Un autre technical avec monotube KPV protégé par un bouclier se déplace pour appuyer les fantassins de l'EI, avec un RPG-7, des mitrailleuses PK et un M-16 équipée d'une lunette de visée. Les combattants ont également placé sur affût au sol une mitrailleuse DSHK. Une position est prise. Le butin est relativement faible, quelques armes légères, des munitions, une DSHK. Un drapeau chiite est brûlé. La fin de la vidéo se fait sur fond de discours d'al-Adnani, le porte-parole de l'EI (on entend beaucoup Bagdadi aussi dans cette vidéo).






Technical avec ZU-23 de 23 mm.

KPV bitube de 14.5 mm sur technical.





M-16 avec lunette de visée.


DSHK au sol.





Un drapeau chiite incendié.





Mathieu MARIOLLE, Julien LOISEAU et Roberto "Dakar" MELI, Saladin, Ils ont fait l'histoire, Glénat/Fayard, 2015, 48 p.

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Excellent choix de sujet que Saladin de la part de la collection Ils ont fait l'histoire de Glénat/Fayard. Le personnage, objet de nombre de récupérations contemporaines, reste finalement assez peu connu en langue française, et mérite probablement cet éclairage de vulgarisation.

On trouve à la manoeuvre, côté historien, Julien Loiseau, agrégé d'histoire, ancien membre de l'Ifao, maître de conférences en histoire de l'islam à l'université Montpellier-3.

La bande dessinée se présente au fond comme une "histoire-bataille" retravaillée, ainsi que l'indique le making of à la fin du dossier en fin de volume. La guerre est devenue un métier et charpente l'économie et la société. La difficulté d'un portrait historique de Saladin tient à ce que ses biographes l'ont présenté comme le souverain musulman idéal. C'est cette image que les historiens s'efforcent depuis de décortiquer.

La BD prend le parti de brosser l'ensemble de la vie de Saladin, ce qui est probablement la meilleure solution. Né à Tikrit, aujourd'hui en Irak, en 1137 ou 1138, Saladin vient au monde dans un monde musulman divisé. Le père et l'oncle sont au service de l'émir de Mossoul, Zengi, qui reprend en 1144 le comté d'Edesse aux croisés et dont le fils Nur-ad-Din poursuit son oeuvre. Saladin est un Kurde, à une époque où ce sont surtout les Turcs qui tiennent le haut du pavé dans le monde militaire musulman. La chance de Saladin, c'est l'affaiblissement du califat chiite du Caire. Envoyé avec son oncle, qui meurt prématurément, Saladin devient vizir puis élimine le dernier des califes fatimides. Il prend en main l'Egypte et continue de défendre l'orthodoxie sunnite, par exemple contre la secte des Assassins. Les chrétiens ne sont donc qu'un adversaire parmi d'autres. Nur ad-Din meurt en 1174 après avoir quasiment réunifié la Syrie, mais son héritage est dispersé. Saladin prend la suite du sultan en jouant sur le djihad pour fédérer les musulmans. Néanmoins, il lui faut dix années, jusqu'en 1185, pour s'emparer de l'ancienne capitale du sultan et de Mossoul, subissant entretemps plusieurs échecs contre les croisés (comme Montgisard en 1177). La campagne de 1187, la victoire de Hattin et la reconquête de Jérusalem font entrer Saladin dans la légende. Même les échecs ultérieurs ne l'estompent pas. Mort en 1193, l'héritage de Saladin est lui aussi fragmenté mais si les Ayyoubides règnent jusqu'en 1260. Saladin a néanmoins fait de l'Egypte la clé de la victoire en Syrie-Palestine.

Excellent volume qu'on ne se lasse pas de relire.



L'Etat Islamique : Wilayat Ninive

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Merci à https://twitter.com/green_lemonnn

Cette vidéo du wilayat de Ninive de l'Etat Islamique a été publiée en décembre 2015. Elle montre des opérations contre les peshmergas kurdes.





 

Après la traditionnelle introduction (une minute d'images condensées avec effets vidéos le plus souvent), la vidéo débute par l'observation des positions ennemies. On voit plusieurs peshmergas derrière des positions de sacs de sable. Les commandants de l'EI préparent ensuite l'assaut avec reproduction du terrain sur bac à sable, avec détails des positions amies et ennemies (on note l'utilisation de petites voitures sur le bac à sable). Une tablette et des écrans sont utilisés pour géolocaliser les opérations. Sur un des écrans, le nom de Bazkertan (Baz Kartan) apparaît : ce village se trouve à moins de 30 km à l'est de Mossoul. C'est actuellement un peu plus à l'est que se situe la ligne de front entre l'EI et les Kurdes.



Les peshmergas kurdes observés par l'EI avant l'attaque.


Sur l'écran au fond apparaît le nom de Baz Kartan.
Le rond noir représente Baz Kartan, à environ 30 km à l'est de Mossoul.


Bac à sable avec petites voitures pour préparer l'assaut.





Les hommes se préparent ensuite à l'action. Les munitions sont placées dans les chargeurs. Comme souvent, la caméra insiste sur la prière. On note qu'au moins 5 des combattants portent des casques. Les hommes montent au front, en colonne. Outre les AK-47 et M-16, on note un canon sans recul SPG-9 porté à dos d'homme. Les caisses de munitions sont également portées à dos d'homme sur un terrain rocailleux et accidenté. L'EI met en ligne un char, un vieux T-54/55. Il y a également des technicals : l'un avec monotube ZU-23 de 23 mm, un autre avec KPV de 14,5 mm monotube et un dernier avec mitrailleuse DSHK de 12,7 mm. On aperçoit aussi un véhicule kamikaze (pick-up blindé de manière artisanale) qui semble conduit à distance par un homme placé sur la plate-forme arrière. Une colonne de technicals montre qu'il y a en réalité 2 véhicules au moins armés de ZU-23 monotubes. Il y a également un Humvee.



Encore un SPG-9 porté à dos d'homme.

Un T-54/55.



KPV protégé par un bouclier.

Sans doute un véhicule kamikaze.

2 technicals avec ZU-23 monotube.


Un Humvee dans la colonne.


Le pilonnage commence avec le tir d'un canon D-30 de 122 mm monté sur camion : peut-être le même que celui vu ces derniers temps dans le wilayat Dijlah. Un autre char T-55 que celui vu précédemment est également utilisé pour le barrage en tir en cloche. Ces images semblent renvoyer à un reportage photo montrant ces mêmes armes (le D-30 sur camion notamment) en décembre 2015 tirant sur des positions de l'armée irakienne au nord de Baiji, au sud du wilayat Ninive donc. Il s'agit d'un montage. Le barrage engage aussi des roquettes artisanales, un mortier de 82 mm, un canon D-30 de 122 mm sur affût au sol et un canon de l'enfer.

D-30 sur camion. Cette scène semble avoir été filmée au nord de Baiji et non à l'est de Mossoul.

Même chose ici.


Salve de roquettes artisanales.

Mortier.


D-30 sur affût.

Canon de l'enfer.







La progression commence. 5 fantassins avancent derrière un technical avec KPV. Les hommes de l'EI sont pris sous le feu de l'artillerie adverse. En fond sonore, on a cette fois les discours de Zarqawi. Les hommes de l'EI tirent avec une mitrailleuse allemande MG 3 qui a probablement été prise aux Kurdes qui en ont reçu de l'Allemagne. Ils ont aussi une mitrailleuse PK, un RPG-7 et un fusil de précision SVD Dragunov. Le tireur RPG-7 expédie des roquettes antipersonnel OG-7V. L'objectif semble être un petit poste protégé par des levées de terre. Un autre combattant dispose d'un M-16 avec lunette de visée. Le tireur RPG-7 envoie ensuite une roquette antichar. Le combat se déplace dans une petite localité. On aperçoit une colonne de pick-up des pershmergas. Durant le combat urbain, on aperçoit un pourvoyeur RPG-7 et un tireur avec fusil de sniping lourd (23 mm ?). Les Kurdes semblent quant à eux avoir au moins un Humvee. L'EI engage dans le combat de rues un technical avec KPV ; une autre de ses pièces est installée en position fixe dans un bâtiment.


Zarqawi en fond sonore.



Tir de RPG-7.


Tireur SVD.


MG-3 prise aux peshmergas.


Mitrailleuse PK.

M-16 avec lunette de visée.






Pourvoyeur RPG-7.

En bas, le canon d'un fusil de sniping lourd.

Technical en combat de rues.

KPV dans un bâtiment.


La bataille continue au crépuscule. L'EI jette trois véhicules kamikazes sur les positions kurdes ; on n'a pas les noms des kamikazes mais l'un d'entre eux pilote un MT-LB. L'EI avance dans un village, avec au moins un véhicule blindé, alors que la caméra passe en vision nocturne. Un corps de peshmerga est visible au sol. Dans le village pris, les homme de l'EI trouvent des roquettes de RPG-7, un emblème du Kurdistan, un fusil de sniping lourd et un technical au camouflage original avec un KPV protégé par un bouclier.

Un des kamikazes est sur MT-LB.








Un peshmerga tué.

Roquettes de RPG-7.






Le butin reste faible au vu des moyens engagés ; de même, un seul corps ennemi visible.

Djihad au pays de Cham 4/Les Libyens

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Les Libyens sont, en 2011, alors que l'insurrection syrienne se militarise, encore occupés par leur propre guerre contre Kadhafi. Ce n'est qu'à la fin de l'année que les premières connexions entre la Libye et la Syrie se font jour. En novembre, après la chute de Kadhafi, le gouvernement provisoire libyen reconnaît en premier l'opposition politique syrienne comme seule interlocutrice et propose des armes, et même des combattants, au Conseil National Syrien. De nombreux Libyens souhaitent déjà à ce moment-là se battre contre le régime syrien, qui a soutenu Kadhafi1. Ce même mois, Abdulhakim Belhadj, ancien membre du Groupe Islamique Combattant en Libye, rencontre des représentants de l'Armée Syrienne Libre en Turquie. Il propose d'envoyer des combattants pour former les rebelles libyens2.

 

Dès le mois de février 2012, le gouvernement libyen reconnaît ne pas pouvoir endiguer le départ de volontaires libyens vers la Syrie. 3 jeunes hommes de Misurata sont ainsi tués au combat en Syrie ce mois-là3. Al-Mahdi al-Harati, l'ancien chef de la brigade révolutionnaire de Tripoli, est parti avec 30 Libyens. Il dirige Liwaa al-Umma, une brigade comprenant des Libyens, d'autres volontaires du monde arabe et des défecteurs de l'armée du régime syrien4. Les Libyens viennent fournir un encadrement aux rebelles syriens, qu'ils voient mal armés, désorganisés et désunis5. Dès le mois d'août, il est probable que plusieurs centaines de Libyens combattent en Syrie. Dans l'autre sens, Khaldun, un lieutenant déserteur du régime syrien, est envoyé en Libye pour acheter des munitions (Liwaa al-Umma est probablement financée par le Qatar)6. De nombreux volontaires libyens viennent de Gharyan, à 80 km au sud de Tripoli7.

A droite, Al-Mahdi al-Harati.
 
Logo de Liwaa al-Umma.




En 2013, l'attention se focalise d'abord sur Houssam al-Najjar, un binational libyen/irlandais, sniper auteur d'un livre sur son combat en Libye, et qui est parti rejoindre la brigade d'Harati8. D'anciens commandants rebelles libyens organisent des expéditions d'armes vers la Syrie, notamment de missiles sol-air SA-7 pour contrer l'action de l'aviation du régime9. En décembre, selon une étude d'Aaron Zelin, les Libyens figurent en 2ème place pour le nombre de tués parmi les combattants étrangers aux côtés de l'insurrection syrienne (201 morts au moins). La plupart viennent de Derna, Tripoli et Benghazi10. Ce même mois, une étude l'ICSR place la fourchette haute des départs de Libyens vers la Syrie à 556, en 5ème place au total derrière la Jordanie, l'Arabie Saoudite, la Tunisie et le Liban11.

Houssam al-Najjar, alias "Irish Sam", en position sur un toit à Alep, août 2012.



En mai 2014, avant même la naissance de l'Etat Islamique, le centre Meir Amit évoque le chiffre d'un millier de Libyens partis pour la Syrie. Certains Libyens ont formé en décembre 2012 une nouvelle brigade, Katibat al-Battar, qui s'aligne avec l'EIIL apparu en avril 2013 (ancêtre de l'EI). Cette brigade combat dans les provinces de Lattaquié, Idlib et même Deir-es-Zor12. Elle13 a des liens avec Ansar al-Sharia en Libye14. Un autre groupe composé de combattants libyens, Kataib al-Muhajireen, a été créé à l'été 2012 et combat dans la province de Lattaquié. Les fondateurs viennent d'Ansar al-Sharia, et participent à la grande offensive de Lattaquié à l'été 2013, avant de rallier le front al-Nosra en décembre de la même année15. Même au moment où l'EIIL doit faire face à l'offensive de groupes rebelles syriens puis au conflit ouvert avec le front al-Nosra, des Libyens continuent de partir pour rejoindre ses rangs, alors que d'autres sont déjà revenus en Libye16. Ce sont probablement des combattants de Katibat al-Battar, envoyés par l'EI, qui ont permis d'instaurer la loi de l'organisation à Derna et de rallier cette ville libyenne à l'EI en novembre 201417. En août, Harati, revenu quant à lui en Libye, est élu maire de Tripoli18.

Emblème de Katibat al-Battar al-Libi, la brigade libyenne de l'EI.


L'étude de l'ICSR parue en janvier 2015 montre cependant une stagnation du contingent libyen puisqu'elle estime à seulement 600 le nombre de Libyens partis se battre en Syrie et en Irak19. Mais comme le rappelle The Soufan Group, les provinces orientales de la Libye ont une longue tradition du djihad : al-Qaïda en Irak y avait recruté de nombreux kamikazes (les Libyens formaient manifestement le deuxième contingent étranger de l'organisation derrière les Saoudiens). L'islamisme radical y est présent depuis l'arrivée des Frères Musulmans chassés d'Egypte par Nassar, puis suite à la persécution orchestrée par Kadhafi. Le Groupe Islamique Combattant en Libye s'était nourri de cette persécution et du retour de vétérans libyens du djihad afghan pour entamer une véritable guérilla contre le dictateur en 1995-199820. 2015 voit aussi le déclin d'Ansar al-Sharia en Libye, le groupe islamiste qui avait attaqué le consulat américain à Benghazi le 11 septembre 2012. Le groupe avait lancé un processus élaboré de dawa mais a dû privilégier l'action militaire après l'offensive du général Haftar contre les groupes islamistes de l'est libyen en mai 2014. Il a été affaibli par la mort de son chef, Muhammad al-Zahawi, confirmée en janvier 2015, et par l'implantation de l'EI en Libye à partir de novembre 201421. Pour Small Arms Survey, il y a eu de fait trois vagues de combattants libyens en Syrie : les premiers derrière Harati, partis pour aider la révolution syrienne mais qui sont revenus après avoir constaté les difficultés au sein de l'insurrection ; une première vague de combattants inspirés par des motifs religieux, parmi lesquels Abu Abdallah al-Libi ; et une dernière vague constituée des recrues d'Ansar al-Sharia, entraînées dans des camps à Derna ou Benghazi. Le flot se serait relativement selon l'étude après le mois de mai 201422.




1http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/syria/8917265/Libyas-new-rulers-offer-weapons-to-Syrian-rebels.html
2http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/africaandindianocean/libya/8919057/Leading-Libyan-Islamist-met-Free-Syrian-Army-opposition-group.html
3http://www.ft.com/cms/s/0/0976ef5e-5248-11e1-a155-00144feabdc0.html#axzz3y62VAaMa
4http://edition.cnn.com/2012/07/28/world/meast/syria-libya-fighters
5http://uk.reuters.com/article/uk-syria-crisis-rebels-idUKBRE87D06M20120814
6http://world.time.com/2012/08/27/libyas-fighters-export-their-revolution-to-syria/
7http://www.ipsnews.net/2012/09/libyan-weapons-arming-regional-conflicts/
8http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2013/03/irish-sam-hossam-al-najjar-soldier-libya-syria-book.html#
9http://foreignpolicy.com/2013/07/10/comrades-in-arms/
10http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/foreign-jihadists-in-syria-tracking-recruitment-networks
11http://icsr.info/2013/12/icsr-insight-11000-foreign-fighters-syria-steep-rise-among-western-europeans/
12http://www.terrorism-info.org.il/Data/articles/Art_20646/E_013_14_873825825_830074808.pdf
13http://www.aymennjawad.org/14708/muhajireen-battalions-in-syria-part-two
14http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/syria-the-epicenter-of-future-jihad
15http://www.aymennjawad.org/14708/muhajireen-battalions-in-syria-part-two
16http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/libyans-war-without-end-battle-hardened-soldiers-who-ousted-gaddafi-recruited-to-help-jihadis-in-9580080.html
17http://www.haaretz.com/middle-east-news/1.625652
18http://www.independent.ie/irish-news/news/dublin-dad-elected-as-mayor-of-tripoli-in-libya-30492455.html
19http://icsr.info/2015/01/foreign-fighter-total-syriairaq-now-exceeds-20000-surpasses-afghanistan-conflict-1980s/
20http://soufangroup.com/tsg-intelbrief-the-international-hotbeds-of-the-islamic-state/
21http://www.hudson.org/research/11197-the-rise-and-decline-of-ansar-al-sharia-in-libya
22http://www.smallarmssurvey.org/fileadmin/docs/G-Issue-briefs/SAS-SANA-IB3-Foreign-Fighters.pdf

L'Etat Islamique : La victoire et la conquête imminente viennent de Dieu (3)-Wilayat al-Khayr

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Merci à Mathieu Morant, Arnaud Delalande et https://twitter.com/green_lemonnn


Le 13 janvier, l'Etat Islamique a publié le troisième volet de sa série consacrée aux grandes opérations dans le wilayat d'al-Khayr (Deir es-Zor). J'avais commenté le deuxième volet dédié à l'attaque de positions au sud de l'aéroport en septembre 2015.

Dès le début de la vidéo, une carte satellite plongeante depuis l'espace nous montre que l'objectif de l'EI est l'aéroport de Deir-es-Zor, toujours tenu par le régime. Suit un défilé d'armes lourdes : ZSU 23/4 de prise, un camion portant un canon AA S-60 de 57 mm (qui est lui aussi une arme du régime retournée...), des bitubes AA de 23 mm ZU-23 ou de 14,5 mm KPV... une autre carte se focalise ensuite sur un quartier au nord-ouest de l'aéroport, à l'est du stade de foot, al-Sinaa. Un premier chef de groupe tient à discours pour motiver ses troupes : une vingtaine d'hommes, majoritairement armés d'AK-47 et d'au moins une mitrailleuse PK. Un autre chef de groupe s'adresse également à ses hommes. On peut voir ensuite une trentaine de combattants faire leur prière. L'EI filme ensuite des positions du régime, probablement près de l'aéroport. Un canon de l'enfer, le S-60 sur camion et au moins un canon sans recul SPG-9 entrent alors en action contre les positions du régime. On distingue un abri pour avion de l'aéroport sur les images : il est situé à l'angle est de l'aéroport, quasiment à l'extrémité des pistes. L'EI bombarde le secteur depuis, à une distance d'au moins 300 m. Les images semblent identiques à d'autres prises début novembre 2015.

Carte de Deir es-Zor. En bas, l'aéroport tenu par le régime. Le point noir représente le quartier d'al-Sinaa près du quartier industriel, où a lieu l'action finale de la vidéo.




L'aéroport montré sur la carte de l'EI.

ZSU 23/4 Shilka pris au régime par l'EI.

Un camion avec S-60 capturé sur le régime.


Bitube KPV sur technical.

Bitube ZU-23 sur technical.



Le quartier d'al-Sinaa et le quartier industriel sur une carte de la vidéo.

Discours aux troupes.



La prière.

L'EI observe les positions du régime.


Canon de l'enfer.


Le S-60 en action.



Ce char embossé qui tire semble être une image ancienne : on voit la même ou quasiment dans la vidéo de septembre...


SPG-9 en action.

Les hangars de l'aéroport de Deir es Zor.

Le hangar visé est à l'extrémité est de l'aéroport. L'EI tire depuis au moins 300 m de distance.



Véhicule de l'Etat Islamique visibles dans la vidéo

1 x ZSU 23/4
1 x camion embarquant un canon AA S-60 de 57 mm (récupéré sur le régime)
2 x technicals avec bitube KPV de 14,5 mm
1 x technical avec bitube ZU-23 de 23 mm
1 x char T-55
1 x char T-72
1 x BMP-1


La séquence suivante montre des véhicules kamikazes lancés contre les positions du régime près de l'aéroport. Le premier monte un T-55 détourellé. Il explose au loin. Le deuxième est embarqué sur un pick-up blindé de manière artisanale : il s'agit de Hafez Al Jazrawi (un Saoudien). Un troisième kamikaze manipule un camion-benne avec blindage additionnel : il s'agit de Abu Dajanat al Saheli, un Syrien venant de la zone entre la plaine d'al-Ghab et la côte, d'où son nom de guerre. Ces images datent également de début novembre 2015 (autour du 10-11).

VBIED 1 : T-55 sans tourelle.


Explosion.

VBIED 2 : Hafez Al Jazrawi (Saoudien).

Explosion.

VBIED 3 : Abu Dajanat al Saheli (un Syrien du Sahel, la région entre la plaine d'al-Ghab et la côte peut-être) : les images datent du 11 novembre 2015.

Explosion.



Véhicules kamikazes utilisés par l'EI dans la vidéo

1 x T-55 sans tourelle
1 x pick-up blindé
1 x camion-benne blindé

2 x bulldozers blindés
1 x camion-benne blindé

Les images suivantes montrent le pilonnage de positions du régime par des technicals, un équipé d'un bitube AA ZU-23 de 23 mm, au moins deux équipés de bitubes KPV en 14,5 mm, par des mitrailleuses PK et DSHK. Le ZSU 23/4 retourné est également de la partie, de même que le canon SPG-9 qui tirait sur les hangars à l'est de l'aéroport, ce qui laisse supposer qu'on est dans le même secteur et à la même période. Un RPG-7 et un fusil de sniping lourd en 12,7 mm sont également de la partie. Un hélicoptère Mi-8/17 est filmé à distance, de même qu'un ou plusieurs MiG-21 du régime syrien qui sont pris à partie par les technicals.

PK.

Technical avec ZU-23 bitube.

Bitube KPV sur technical.



DSHK sur affût.


Le ZSU 23/4 en action.


Fusil de sniping lourd.

RPG-7.



Mi-8 filmé à distance.

MiG-21...

Et tir des technicals contre ce dernier.




La scène qui vient ensuite montre l'assaut sur le quartier d'al-Sinaa, à l'est de la ville de Deir-es-Zor, au nord-ouest de l'aéroport, autour de la veille de Noël, le 24 décembre 2015. L'assaut est précédé par l'explosion de plusieurs véhicules kamikazes. Le premier, un bulldozer blindé artisanalement, est piloté par un Syrien, Abu Jahad Al Darawi. Un autre Syrien, Abu A'abadat al Shami, conduit un deuxième véhicule kamikaze, un autre bulldozer blindé. Un troisième Syrien, Syaf Al Banyassi, pilote un autre camion kamikaze au blindage renforcé. Les trois kamikazes se sont exploser successivement. Une mosquée est visible sur la séquence : si l'on s'en refère au secteur pris par l'EI lors de l'attaque du 23-24 décembre, il s'agit probablement de la mosquée al-Ghazali. Les 3 kamikazes s'engagent dans des rues parallèles, au-delà de la mosquée, vers les positions du quartier industriel tenu par le régime. Syaf Al Banyassi, sur le camion, qui est au milieu, se fait sauter en premier ; puis c'est Abu A'abadat al Shami sur le deuxième bulldozer blindé, sur la gauche ; enfin vient le tour de Abu Jahad Al Darawi sur l'autre bulldozer blindé. Une caméra GoPro montée sur un des combattants filme l'assaut au sol. Les hommes de l'EI contournent la mosquée et entrent dans le quartier industriel où ont explosé les kamikazes, au nord du quartier, sous les tirs ennemis (on voit les impacts au sol). La progression dans les rues est couverte par des jets de grenades et un tir de mitrailleuse PK. On remarque un brancadier qui vient récupérer un blessé ainsi que plusieurs combattants qui apportent le ravitaillement en eau. Un Su-24 du régime (ou russe) survole les hommes de l'EI. Ceux-ci pénètrent dans le quartier industriel précédé par un char T-55. Un canon de l'enfer appuie l'assaut à distance, de même qu'un tireur RPG-7 qui effectue un tir "en cloche". L'EI engage deux chars en combat urbain : un T-72 et le T-55 sans doute vu précédemment. Tourelle tournée vers la gauche, les deux chars expédient plusieurs obus chacun. Les fantassins de l'EI sont ensuite engagés dans le combat de rues. Deux mitrailleuses PK retranchées derrière une barricade ouvrent le feu. Des combattants couvrent la traversée d'une rue par leurs camarades en tirant à l'AK-47. L'un des hommes montre à la caméra un emblème d'épaule du Hezbollah libanais. Utilisant une technique éprouvée en combats de rues, les hommes de l'EI pratiquent des trous dans les cloisons à l'intérieur des bâtiments pour éviter de passer par les rues. Ils utilisent des explosifs amenés par quelques hommes pour faire sauter certains passages. On peut voir ensuite une quinzaine de corps de combattants du régime. Il y a une épave de char dont on voit la tourelle éjectée qui a l'air ancienne (T-72), en revanche on voit ensuite l'épave encore fumante d'un autre T-72. L'EI montre ensuite un passeport ou un document d'identité du régime qui est, chose surprenante, écrit en français. Le butin est montré à la fin de la vidéo, sur fond de discours sonore du calife al-Baghdadi : un canon KPV sur affût fixe, des munitions dont des roquettes pour RPG-7, des armes légères... l'EI capture aussi des munitions estampillées "2 charges de poudre M57 pour la mine à charge creuse" (en français), sans doute des munitions à charge creuse pour le lance-roquettes yougoslave M57 (copie du Panzerfaust allemand). La vidéo se termine sur un portrait de Bachar el-Assad lacéré et sur l'arrivée d'un BMP-1 de l'EI dont l'un des membres d'équipage agite son couteau vers le ciel.

En bleu, le quartier pris par l'EI lors de l'assaut du 23 décembre (rouge : le régime ; noir, l'EI).


VBIED 1, bulldozer blindé : Abu Jahad Al Darawi.

Abu Jahad Al Darawi.

Abu A'abadat al Shami


Abu Jahad Al Darawi

Abu Jahad Al Darawi monte dans son VBIED.

VBIED 3 : Syaf Al Banyassi.


Syaf Al Banyassi.


VBIED 2 : Abu A'abadat al Shami.

VBIED 3.


Les lieux de l'action.


Trajet approximatif des 3 VBIED (flèches). Les numéros indiquent l'ordre des explosions En rouge la mosquée al-Ghazali (autre mosquée en rouge au nord).

VBIED 2 à gauche, 3 à droite.

Le VBIED 3 explose en premier.

Le VBIED 2 explose ensuite.



Puis le VBIED 1 (à droite sur l'image).
Les flèches indiquent le début de l'attaque vu en GoPro.


Devant la mosquée...

Puis juste au nord du quartier industriel.






Un brancardier vient récupérer un blessé.

Derrière le tireur PK, on voit les brancardier s'affairer pour secourir le blessé.

Approvisionnement en eau.


Su-24 du régime ou russe ?

Un T-55 précède les fantassins.

Des trous dans les cloisons pour progresser.

Canon de l'enfer.

Tir en cloche de RPG-7.

T-55.




T-72.





Barricade en combats de rues.


Emblème du Hezbollah.

Explosifs pour dégager les obstacles.




Epave ancienne.

Un des corps de soldats du régime visibles.



Epave de T-72 encore fumante.

Passeport en plusieurs langues, dont le français.



Canon KPV sur affût.

Roquettes de RPG-7 et munitions.



Des munitions à charge creuse KV6801-1 pour lance-roquettes M57 yougoslave.




BMP-1.

Clotilde BRUNEAU, Estéban MATHIEU, Julien LOISEAU et Cristi PACURIARU, Soliman, Ils ont fait l'histoire, Glénat/Fayard, 2015, 48 p.

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Un des derniers volumes de l'excellente collection Ils ont fait l'histoire aborde le personnage de Soliman le Magnifique, sultan ottoman de renom.

On retrouve comme historien Julien Loiseau, qui avait déjà officié sur le Saladin de la même collection que je commentais récemment.

L'angle d'attaque choisi a consisté à ne pas évoquer le début du règne, les grands succès de légende, nimbés d'aura par ses historiographes, mais au contraire la fin du règne, qui selon l'historien offre une image plus contrastée et peut-être plus exacte de l'empire ottoman sous Soliman. Le choix est étayé et pourtant, il laisse un goût d'inachevé pour le lecteur : on aurait aimé un portrait d'ensemble comme pour Saladin, figure qui présentait pourtant le même problème comme l'expliquait Julien Loiseau dans le dossier de ce volume.

Soliman monte sur le trône en 1520 : son père Sélim Ier le Cruel a déblayé la voie devant lui en éliminant les autres prétendants au trône. Soliman s'en souviendra et n'hésitera pas sur le tard à faire tuer deux de ses fils rebelles pour n'en conserver qu'un seul pour la succession. L'empire ottoman s'est enraciné à l'ouest, dans les Balkans, d'où il tire sa troupe d'élite des janissaires et sa redoutable artillerie. Mais la légitimité des Ottomans est en Orient : Soliman incarne désormais le sunnisme officiel contre l'empire perse chiite des Safavides. Il prétend par ailleurs à lui seul au titre impérial. Le sultan passe sa vie sur les champs de bataille : 10 campagnes en Europe, 3 en Asie, et il meurt pendant la dernière en 1566. Les armées ottomanes trouvent leurs limites en raison des distances, trop considérables à supporter même pour un si formidable outil militaire. Bien renseigné, maître en communication politique, Soliman profite de la crise protestante dans l'Empire et noue des liens avec le royaume de France qui débouchent après sa mort sur les premières capitulations, privilèges octroyés aux Français dans l'Empire. Le sultan est aussi un grand bâtisseur, notamment à Istanbul : l'architecte Sinan bâtit le complexe de la Suleymaniye, alors même que le palais (Topkapi) n'est pas trop retouché. Soliman fait déplacer le sérail et son harem dans le palais ; il éprouve un amour profond pour la première de ses épouses, Hurrem Sultane. La fin du règne est assombrie par la mort de cette  dernière et de ses deux fils, par la défaite à Malte : un règne trop long qui se conclut sous la tente.

Le dessin est toujours aussi agréable : on trouve en fin de volume une chronologie et une bibliographie indicative au bout du dossier.



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