Les
Jordaniens sont parmi les plus gros contributeurs du djihad syrien :
avec probablement 1 500 à 2 000 combattants, ils suivent de près
les Tunisiens et les Saoudiens qui restent encore en tête. Pourtant,
en 2011, les salafistes jordaniens se concentraient encore sur leur
agenda local. Mais la naissance du front al-Nosra en Syrie, début
2012, change la donne. Les grands chefs du salafisme-djihadiste
jordanien appuient alors le djihad en Syrie, aux côtés d'al-Nosra.
Puis survient un autre tournant : la naissance de l'EIIL en
avril 2013 et le début de la guerre larvée, puis ouverte, avec le
front al-Nosra qui se place sous l'autorité d'al-Qaïda contre
Baghdadi. La plupart des salafistes-djihadistes jordaniens se placent
alors du côté du front al-Nosra contre l'héritier de Zarqawi, mais
dès la fin 2013, les volontaires sont de plus en plus nombreux à
rejoindre les rangs de ce qui devient, en juin 2014, l'Etat
Islamique. Si le front al-Nosra recrute encore en Jordanie, il semble
bien désormais que la tendance porte les volontaires vers l'EI,
malgré tous les efforts dépoyés par les vétérans du djihad
global d'al-Qaïda pour limiter l'influence du groupe en Jordanie.
Avant
les années 1970, le salafisme en Jordanie cherchait à calquer les
pratiques contemporaines sur un passé idéalisé. Avec le
financement wahabbite venu d'Arabie Saoudite, il a eu tendance à
prendre un tour militant et politique, tout en restant quiétiste. Le
royaume jordanien favorise ce courant pour contrer les Frères
Musulmans. Son véritable fondateur est Muhammad Nasr al-Din
al-Albani, un érudit albanais proche de l'aile de Damas des Frères
Musulmans syriens. Albani crée un salafisme basé sur le modèle
saoudien : conservateur, non violent et soumis au politique.
Dans les années 1990, Maqdisi crée la version djihadiste du
salafisme jordanien et devient également l'un des théoriciens du
djihad global, qui inspirera l'action d'al-Qaïda. Cependant, Maqdisi
est partisan de convaincre la société si un Etat ne peut être
emporté par la violence : d'où la rupture avec son élève,
Zarqawi, qui dirigera de manière sanglante Al-Qaïda en Irak.
Maqdisi critique ouvertement les attaques sur les autres musulmans, y
compris les chiites : il justifie uniquement le djihad contre
une force d'invasion étrangère. Après avoir été relâché de
prison en 2008, Maqdisi tente de reconstruire le mouvement
djihadiste, suite à la mort de Zarqawi deux ans plus tôt. Il n'a
cependant rien d'un modéré : en Afghanistan, il avait tenu une
position plus dure que Abdullah Azzam, le mentor de Ben Laden, sur la
façon de traiter les croyances polythéistes. Maqdisi est de nouveau
arrêté en décembre 2010, juste avant les révolutions des
printemps arabes, qui vont permettre à une génération plus jeune
d'occuper le devant de la scène : Abu Qatada al-Filistini, Abu Sayyaf, le chef des salafistes à Maan, qui comme Abu Qatada s'est
positionné en faveur d'al-Nosra, et Saad al-Hunayti, qui vient
d'Irbid, et qui est le membre le plus éminent du courant jordanien à
avoir rejoint ensuite l'Etat Islamique.
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Muhammad Nasr al-Din
al-Albani |
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Abu Qatada al-Filistini |
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Abu
Sayyaf |
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Saad al-Hunayti |
En
Jordanie, les salafistes ne cherchent pas tant à abattre le régime
que le réformer de l'intérieur : en mars 2011, dans les
manifestations, il demande l'application de la loi islamique et la
libération de leurs prisonniers. Ce n'est qu'en avril 2011 que les
salafistes djihadistes, par la voix de Saad al-Hunayti et Abu
Muhammad al-Tahawi critiquent les salafistes fidèles au
gouvernement. Le 15 avril, les premiers affrontements avec les forces
du gouvernement éclatent à Zarqa, et les deux voix des
salafistes-djihadistes sont arrêtés. Ayman al-Balawi, imam de la
mosquée Sanjaqiya d'Amman, a participé à ces événements :
c'est le frère de Humam al-Balawi, le kamikaze qui a mené à
l'attaque-suicide contre la base américaine de Khost en Afghanistan,
en 2009, tuant 7 officiers de la CIA et un membre de la famille
royale jordanienne. Arrêté, il est relâché en avril 2013. Fin
2011, les salafistes jordaniens font des concessions dans leurs
discours ; la Syrie par ailleurs n'a jamais été évoquée.
Mais le gouvernement ne relâche pas la pression sur les
salafistes-djihadistes.
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Abu
Muhammad al-Tahawi |
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Ayman al-Balawi. |
L'émergence
du front al-Nosra début 2012 dans la guerre en Syrie constitue un
tournant. De nombreux Jordaniens partent se battre et meurent en
Syrie alors même qu'aucun appel au djihad n'a été lancé en
Jordanie. Abou Sayyaf décl are en avril 2012 que ce djihad ne
cessera pas. Le gouvernement jordanien tolère les excès de
rhétorique des djihadistes mais agit déjà pour les empêcher de
passer à l'acte. Ce n'est que fin 2012 que les djihadistes
jordaniens reconnaissent participer activement à la guerre en Syrie,
notamment au sein du front al-Nosra. En novembre, Imad al-Naturi
d'Irbid réalise une attaque-suicide à Deraa, au sud de la Syrie,
près de la frontière jordanienne. Abu Muhammad al-Tahawi, arrêté
en 2011, puis relâché, s'engage dès février 2012 en soutien du
djihad syrien. Il est de nouveau emprisonné le 17 janvier 2013.
Les djihadistes jordaniens pleurent de manière visible leurs morts
dans le conflit syrien dès le mois de septembre 2012.
Le 24 septembre, un des « martyrs » reçoit les
honneurs funèbre à Zarqa. 3 jours plus tôt, Baraka Abu Yassin
était pleuré après sa mort à Hama, en Syrie. Une autre cérémonie
a lieu le 22 septembre au camp palestinien de Baqaa, le plus grand
camp de réfugiés du pays au nord-est d'Amman. Montasser Beiruti,
alias « Ashek al-Hawr », est mort la semaine
précédente à Idlib. Dès cette époque, des douzaines de
Jordaniens franchissent les 35 km de frontière avec la Syrie pour
combattre le régime de Bachar el-Assad. Les combattants jordaniens
ont déjà une importance particulière : leur expérience en
Irak, en Tchétchénie et en Afghanistan les rend précieux. Ils
rejoignent plutôt le front al-Nosra, mais aussi les Brigades
Abdullah Azzam, Fatah al-Islam, Jund al-Sham et les Brigades
al-Farouq. Le 22 septembre, les autorités arrêtent un groupe de
djihadistes qui cherchaient à passer en Syrie ; l'un d'entre
eux est accompagné de son épouse, qui le suivait. Le neveu de
Zarqawi est également arrêté le même jour alors qu'il tente de
rejoindre la province syrienne de Deraa. Mohammad Shalabi, alias
« Abu Sayyaf », annonce le lendemain que 4
Jordaniens ont rejoint cette dernière province et que plus d'une
centaine de Jordaniens sont déjà partis se battre en Syrie. En
octobre 2012, une cellule est démantelée à Amman : elle
préparait un attentat contre l'ambassade américaine. Les
djihadistes honorent ce même mois Nasser Dalgamouni, père de 6
enfants, tombé en Syrie où il était parti avec son AK-47. Le même
jour, un soldat est tué lors d'affrontements à la frontière avec
des djihadistes tentant de gagner le pays voisin. Abou Walid,
instituteur de 38 ans venu d'un camp de réfugiés palestiniens,
n'avait pas pu combattre en Irak ou en Afghanistan. Mais en août
2012, avec 4 autres Jordaniens, il passe en Syrie et combat dans une
brigade d'al-Nosra avec des Libyens et des Yéménites, entre autres
combattants étrangers du monde arabe. Il revient en octobre 2012 en
Jordanie.
Le 18 octobre, deux cousins de Zarqawi, Zayed Sweiti et Firas
Khalailah, sont arrêtés à leur retour de Syrie, où ils ont passé
5 mois, avec un autre Jordanien.
Mahmoud Abdelal, père de 5 enfants, s'est fait sauter en octobre
2012 en Syrie. Agé de 33 ans, mécanicien, plusieurs fois condamné
pour avoir voulu combattre en Cisjordanie ou en Irak, il mène une
attaque-suicide à Deraa avec une ceinture explosive. Mahmoud était
le gendre de Abu Mohammad Tahawi, un des chefs salafistes
jordaniens.
Ce dernier a dès 2012 appelé à combattre en Syrie dans les rangs
d'al-Nosra.
En
avril 2013, avec la naissance de l'EIIL et la rupture avec al-Nosra,
les salafistes-djihadistes jordaniens sont davantage pris pour cible
par le gouvernement puisqu'ils ne peuvent désormais plus cacher le
lien avec al-Qaïda, qui appuie al-Nosra. Les icônes jordaniennes du
salafisme-djihadiste comme Abu Qatada critiquent alors l'EIIL et sa
stratégie, comme l'exécution d'Abou Khalid al-Suri du groupe Ahrar
al-Sham. Mais depuis novembre 2013, les salafistes-djihadistes
rattachés à al-Qaïda contrôlent de moins en moins les candidats
au djihad qui rejoignent plutôt l'Etat Islamique né en juin 2014.
Omar Mahdi Al Zaydan, un salafiste d'Irbid, a pris fait et cause pour
cette organisation. Les salafistes-djihadistes proches d'al-Qaïda se
rangent officiellement du côté du front al-Nosra à partir du 4
février 2014. Abou Sayaff déclare alors que 2 000 Jordaniens sont
déjà partis en Syrie, dont 10% sont morts. Pourtant l'aile
zarqawiste, favorable à l'EI, gagne en puissance en raison des
succès de l'EI né en juin, qui attirent des volontaires ; en
outre la frontière jordanienne est mieux surveillée, et les
candidats passent par la Turquie ou d'autres zones frontalières
contrôlées par l'EI et non plus par al-Nosra. En octobre, Hunayti,
qui s'était rendu en Syrie pour dialoguer avec l'EI, et Jaafar
al-Shami, font défection à Alep avec 40 hommes pour rejoindre l'EI.
Zaydan gagne Raqqa et Tahawi, depuis sa prison, soutient également
l'EI. En juillet 2014, Golani, le chef d'al-Nosra, remplace son chef
juriste par un Jordanien, , ce qui montre la
consolidation des liens entre le groupe et les salafistes-djihadistes
jordaniens fidèles à al-Qaïda. Le 24 décembre 2014, alors que la
Jordanie a rejoint la coalition frappant l'Etat Islamique en Irak,
puis en Syrie, le pilote jordanien Moaz al-Kassasbeh est abattu à
bord de son F-16 et capturé par l'EI, puis brûlé vif en janvier
2015. Cette mise à mort soulève les Jordaniens contre l'EI, mais
les salafistes-djihadistes proches d'al-Qaïda reconnaissaient déjà
avant qu'ils avaient perdu la jeunesse attirée par l'EI.
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Omar Mahdi Al Zaydan |
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Sami al-Aridi |
Les
djihadistes jordaniens passent les 350 km de la frontière syrienne
grâce à des contrebandiers qui leur font traverser les champs de
mines. Le voyage coûte de 600 à 900 dollars par personne avec une
taxe de 400 dollars par arme transportée. Abu Qudamah, un homme de
30 ans, a été grièvement blessé par un lance-roquettes en
combattant avec le front al-Nosra à Deraa. Les salafistes jordaniens
acheminent aussi des armes depuis le sud d'Amman. Le prix de l'AK-47
monte de 800 dollars à 1 830 dollars en raison de la demande. Les
balles s'achètent à 3,5 dollars au lieu d'1,5. En avril 2013, Munif
Samara, du camp de Zarqa, indique que 500 Jordaniens sont au combat
en Syrie, que 40 y ont trouvé la mort dont 7 dans des
attaques-suicides.
Les djihadistes jordaniens ne sont pas seulement issus des prisons ou
des camps palestiniens : certaines membres de l'élite sociale
rejoignent aussi les salafistes, comme cet officier de l'armée de
l'air qui fait défection pour rallier al-Nosra en juillet 2013.
Fin octobre 2013, les djihadistes jordaniens, par la voix de Mohammed
al-Shalabi, revendiquent un millier de combattants en Syrie répartis
entre le front al-Nosra, l'EIIL et Ahrar al-Sham essentiellement.
Joas Wagemakers, spécialiste du sujet, explique que les Jordaniens
partent se battre en Syrie car les djihadistes y voient la
possibilité de conquérir un Etat musulman ; en outre le
gouvernement jordanien ne souhaite pas le maintien du régime
syrien ; enfin, existe alors la possibilité de conquérir un
territoire pour en faire un Etat Islamique, selon les voeux de
Maqdisi. Ce dernier reste la figure la plus importante en Jordanie :
aucun des autres salafistes n'a son envergure internationale, alors
même que le mouvement salafiste-djihadiste jordanien n'a pas de
véritable cohérence, pour diverses raisons.
En novembre 2013, des estimations portent à 128 le nombre de
Jordaniens tués en Syrie. Les djihadistes jordaniens affirment que
60 sont morts aux côtés du front al-Nosra ou de l'EIIL.
Le mouvement djihadiste jordanien s'est déchiré après la
naissance de l'EIIL en avril 2013 et l'échec de la récupération
par ce dernier du front al-Nosra : si Maqdisi et Abu Qatada,
extradé de Grande-Bretagne vers les prisons jordaniennes, restent
fidèles à ce dernier et à la ligne d'al-Qaïda, d'autres prêcheurs
salafistes comme Mahdi Zeydan penchent pour l'EIIL et Baghdadi.
En
mars 2014, un jeune homme de 24 ans enterré à Maan est le 17ème
homme de la ville à périr au combat en Syrie. Au début de l'année
2014, les candidats au djihad proviendraient plutôt du camp d'Irbid.
Les salafistes-djihadistes jordaniens seraient 5 000 :
l'engagement en Syrie donne naissance à une nouvelle génération de
combattants davantage préoccupés par les enjeux locaux et régionaux
qu'internationaux. Ces derniers veulent créer une « forteresse »
(Diyar al-Tamkeen) en Syrie, d'où ils pourraient ensuite
rayonner. Le groupe est relativement lâche, avec des chefs comme
al-Tahawi qui dans une fatwa a appelé au djihad en Syrie dès
février 2012. Les djihadistes jordaniens ciblent « l'ennemi
proche » ; la Jordanie, pour parer à toute
éventualité, a procédé à de nombreuses arrestations, dont celle,
en décembre 2013, de Raed Hijazi, connu sous le nom de guerre de
Abou Ahmed al-Amriki. Par ailleurs, la dimension confessionnelle du
conflit, entre sunnites et chiites surtout, s'impose de plus en
plus : Abou Qatada a justifié les attentats terroristes au
Liban contre le Hezbollah qui soutient le régime syrien. Enfin, le
conflit syrien offre la possibilité de créer un Etat islamique
transnational, à partir de la « forteresse »
initiale.
En juin 2014, avec la percée de l'EIIL en Irak et la naissance
consécutive de l'Etat Islamique, des partisans de l'EI à Maan
manifestent en Jordanie, baptisant leur cité la « Falloujah »
locale.
A Maan, le drapeau de l'EI flotte au-dessus de la ville, et ses
slogans tapissent les murs. Les jeunes sont attirés par le groupe
alors que la « vieille garde », elle, reste proche
d'al-Qaïda. Mais les activistes de l'EI sont assez peu nombreux et
la scène djihadiste reste divisée.
Certains Jordaniens qui cherchent à rejoindre l'Etat Islamique sont
finalement embrigadés par le front al-Nosra, qui est présent en
force sur la frontière avec la Syrie.
The
Atlantic raconte l'histoire de Jihad Ghaban, jeune Jordanien de
20 ans qui rejoint la Syrie en juin 2013 et passe une année au
service de la branche médiatique du front al-Nosra, avant de prendre
les armes et d'être tué en octobre 2014.
Pour Al-Akhbar, journal libanais proche du Hezbollah, les
Jordaniens forment l'ossature du front al-Nosra et sont
particulièrement bien représentés dans la province de Deraa et
dans la Ghouta, autour de Damas.
Selon une étude récente de l'ONG Mercy Corps, la pauvreté
n'est pas à l'origine du départ des candidats au djihad jordaniens,
qui viennent de milieux très variés. Il n'y a pas non plus de
compensation financière de la part des groupes armés syriens vers
les familles des tués au combat. Le plus souvent, les candidats
invoquent le désir de protéger les femmes et les enfants sunnites
comme motif de leur engagement au djihad ; les réseaux sociaux
permettent de comprendre qui part, et quels groupes les volontaires
rejoignent. Une fois sur place, les combats fratricides entre groupes
armés sunnites sont la principale source de désillusion des
volontaires jordaniens. L'étude a été menée à Maan, Salt et
Zarqa, principaux foyers de candidats au djihad, et a permis
d'approcher le parcours de 23 combattants jordaniens. La plupart (19
sur 23) avaient un emploi avant leur départ, et plutôt qualifié
(on trouve des docteurs ou des ingénieurs). Les recruteurs, en
revanche, sont souvent payés, en fonction de la qualité des
recrues. Les candidats se décident souvent par leur réseau familial
ou d'amis, qui comprend souvent un membre ayant fait le djihad en
Syrie. Internet et les réseaux sociaux dramatisent le djihad et
donnent une dimension différente des crimes attribués au régime
syrien, à l'Iran ou ou Hezbollah. La religion, au départ,
n'intervient pas forcément : la réaction renvoie plus à
l'émotion. En revanche les combattants justifient leur entreprise
par une légitimation religieuse. Le lieu commun des femmes sunnites
violées par les soldats du régime syrien semble agir comme un
catalyseur du recrutement. Le djihad est vu par certains comme une
forme de réhabilitation sociale, aussi. Si ils reviennent en
Jordanie, c'est parce que la réalité du djihad les a déçus, ou
qu'ils ont seulement combattu des sunnites et non des chiites ou des
alaouite ; enfin, des mères ont parfois réussi à faire venir
leurs fils.
En avril 2015, un responsable salafiste de Maan, Musa Abdullat,
évoque 2 000 Jordaniens partis faire le djihad en Syrie dont 1 300
avec l'Etat Islamique ; 250 auraient péri.
En janvier 2015, l'ICSR revoyait à 1 500 le nombre de Jordaniens
partis en Syrie, ce qui place la Jordanie juste derrière l'Arabie
Saoudite et la Tunisie en chiffres bruts ; en revanche, au
prorata de la population, la Jordanie arrive en tête.
Le
9 novembre 2015, un capitaine de police jordanien ouvre le feu dans
un centre d'entraînement de la police près d'Amman et tue 2
contractors américains, un instructeur sud-africain et 2
Jordaniens, avant d'être abattu. L'attaque survient le jour
anniversaire des attentats d'Amman en 2005, le plus meurtrier sur le
sol jordanien.
En décembre 2015, la province d'al-Anbar de l'Etat Islamique publie
une vidéo montrant l'attaque kamikaze effectuée à bord d'un
véhicule suicide par Mohammed al-Dhalaein, 23 ans le fils d'un
député jordanien indépendant, Mazen al-Dhalaein. Mohammed étudie
la médecine en Ukraine puis l'été dernier rejoint l'EI en passant
par la Turquie. Il mène son attaque suicide au début du mois
d'octobre au nord de Ramadi, en Irak.
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La province d'al-Anbar de l'EI a diffusé la vidéo de l'attaque-suicide de Mohammed al-Dhalaein en décembre 2015. |
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Dans le prologue, l'EI utilise des extraits du film de Ridley Scott Kingdom of Heaven (2005)-la scène du siège de Jérusalem par Saladin en 1187. |
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Mohammed al-Dhalaein devant son véhicule suicide, un M113 capturé sur l'armée irakienne et affublé du drapeau de l'EI pour les besoins de la vidéo. |
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A gauche, Mohammed al-Dhalaein en Ukraine, avant son départ pour rejoindre l'EI. |
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Son père Mazen. |
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L'EI lance plusieurs véhicules suicides début octobre 2015 au nord de Ramadi, en Irak. |
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Tirs de soutien par une mitrailleuse PK... |
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... un canon sans recul... |
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... une M2HB de 12,7 mm sur affût original... |
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... une autre pièce lourde... |
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... et l'explosion. |