Je poursuis la lecture de la série Le Trône d'Argile, avec la lecture du sixième tome paru l'an passé. Evocation puissante du règne de Charles VII et de la guerre de Cent Ans, cette bande dessinée m'avait un peu déçu dans le cinquième tome avec l'apparition de la théorie d'une Jeanne d'Arc "manipulée", qui contrastait avec le souci d'authenticité de la série jusqu'ici.
Ce sixième tome me paraît meilleur, notamment parce que la "manipulation" saute d'elle-même ou presque, preuve peut-être que certaines critiques ont été entendues. Le tome, concentré sur le siège d'Orléans et son dénouement, témoigne d'une documentation impressionnante, puisée aux sources comme le montre la reconstitution de certaines scènes comme la fameuse rencontre de Chinon. Même des planches plus anodines comme la confection de l'étendard de Jeanne d'Arc prennent ici un relief particulier. Les auteurs ont eu la très bonne idée d'insérer p.34 une carte du siège, ce qui est indispensable pour repérer les différentes attaques françaises. Les dialogues utilisent parfois le vieux français mais des notes expliquent termes, ce qui n'enlève rien, donc, à l'intérêt du volume. On sent parfois épisodiquement jusqu'à l'influence du film Jeanne d'Arc de Besson, notamment dans la scène où Jeanne se réveille en sursaut, ayant vu en rêve que les défenseurs d'Orléans étaient partis à l'attaque sans elle, et où un de ses proches lui donne son étendard resté dans son logement par la fenêtre. Pour le reste, dessins et couleurs sont toujours aussi beaux, notamment sur les planches larges comme celles des p.48-49. L'album se termine sur la bataille de Patay, vue comme la revanche d'Azincourt.
La mise en scène des premières batailles de Jeanne d'Arc donne ainsi l'un des meilleurs volumes -voir le meilleur volume- de la série jusqu'ici.