1597. Cinq ans après une première tentative du shogun Hideyoshi d'envahir la péninsule coréenne, les Japonais récidivent. L'amiral Yi Sun-Sin, maître des mers durant le premier conflit, a été arrêté et torturé par la dynastie coréenne Joseon sur fond d'intrigues de cour et rétrogradé au rang de simple soldat. En août, la flotte coréenne est détruite par les Japonais à la bataille de Chilchonryang. Les Japonais qui pensent contrôler les mers se préparent à remonter vers le nord à partir de leurs bases au sud de la Corée, le long de la côte ouest, pour s'emparer de la capitale de la dynastie Joseon. Après la mort de son successeur lors de la bataille de Chilchonryang, Yi Sun-Sin reprend la tête de la flotte coréenne. Il ne lui reste plus que 13 navires pour faire face à l'armada japonaise...
Enorme succès au box-office sud-coréen, The Admiral : Roaring Currents raconte le triomphe de l'amiral Yi Sun-Sin, qui par son triomphe inespéré lors de la bataille de Myeongryang contribue à l'échec de la deuxième invasion japonaise de la Corée en 1597. Yi Sun Sin rassemble les débris de la flotte coréenne après que celle-ci ait été pratiquement annihilée par les Japonais. Avec 12 navires et 1 500 hommes, en octobre, il repousse plusieurs escadres de reconnaissances japonaises et tient la mer, contrairement au roi de la dynastie Joseon qui souhaitait dissoudre la marine et incorporer les hommes dans l'armée de terre. Yi Sun Sin embusque ses navires au nord du détroit de Myeongryang : ce détroit connaît de forts courants qui changent toutes les 3 heures, ce qui est idéal pour empêcher les Japonais de concentrer leurs forces et de manoeuvrer à leur guise. En outre la marée en changeant pousse les navires dans la direction opposée ce qui favorise une contre-attaque. Au matin du 26 octobre, Yi Sun Sin fait face à 133 navires japonais de guerre qui protègent 200 transports de troupe. A la tête de son navire, il commence à bloquer la route aux Japonais ce qui encourage ses officiers à faire de même avec leurs vaisseaux. Au changement de marée, les navires japonais sont surpris et entrent en collision. Une contre-attaque fulgurante des Coréens disloque la flotte japonaise à coups de canons. Le commandant de l'avant-garde japonaise est tué et le vainqueur de la précédente bataille blessé. Les pertes sont difficiles à établir : Yi Sun-Sin parle d'une trentaine de vaisseaux japonais endommagés dans son journal sans plus de détails. Il est certain en tout cas que les Japonais sont privés de leur flotte ce qui empêche la coordination avec les troupes terrestres : face aux Joseon soutenus par les Chinois de la dynastie Ming, les Japonais doivent finalement renoncer et rembarquer chez eux.
Le réalisateur sud-coréen Kim Han-min, déjà auteur de plusieurs autres films notoires, joue ici très clairement sur la corde patriotique ce qui explique le succès du résultat final. Les deux heures se découpent entre une première partie d'une heure sur le contexte et la mise en place de la stratégie dans les deux camps (davantage évidemment le coréen) puis une heure de franche bataille navale avec des séquences spectaculaires. Si le ton patriote explique le manichéisme opposant le "bon" côté coréen aux "méchants" japonais, le réalisateur montre une dynastie Joseon et ses forces armées en pleine décomposition après les premières défaites. Dans le film, Yi Sun-Sin, véritable légende comparable en quelque sorte à notre Jeanne d'Arc, doit d'ailleurs maintenir la discipline au besoin par la plus grande brutalité. La première heure du film pose d'ailleurs le cadre de façon assez nette. Quant à la deuxième partie, pleine de l'action propre à la bataille navale, à grands renforts d'images de synthèse, de tirs canons ou d'arquebuses et de corps-à-corps sanglants comme sait le faire depuis longtemps le cinéma sud-coréen, elle est plutôt réussie même si on relève quelques limites. Bref, un film qui ne dépareille pas face à certaines productions occidentales, et qui permet aussi de découvrir un pan méconnu de l'histoire de la Corée.