Pierre Briant, historien français, est le spécialiste incontournable de l'empire perse achéménide, mis à genoux par Alexandre le Grand, qu'il a remis à l'honneur, notamment par une Histoire de l'empire perse et par une biographie du dernier empereur, Darius III. Ce petit volume de la collection Découvertes Gallimard s'attache quant à lui à présenter l'adversaire, Alexandre le Grand. Il s'agit d'une réédition d'un ouvrage initialement paru en 1987.
La démarche est clairement celle de la vulgarisation, ainsi que le veut la collection. Le premier chapitre rappelle ainsi les jalons de l'affrontement entre la Grèce et la Perse jusqu'à l'expédition du conquérant macédonien. On peut toutefois regretter que les hypothèses sur l'assassinat de Philippe II de Macédoine ne soient pas évoquées. En outre, dans la présentation de l'empire perse, l'une des cartes (p.29) comprend encore la mention de l'URSS (sic)...
Dans le deuxième chapitre, Pierre Briant évoque les débuts de la conquête jusqu'à l'entrée en Egypte. Le troisième chapitre revient quant à lui sur la conquête des grandes capitales de l'empire perse. Bizarrement, l'incendie de Persépolis est passé à la trappe. Dans le quatrième chapitre, l'historien passe en revue la mort de Darius, formidable aubaine politique pour Alexandre, puis l'entrée en Bactriane et en Sogdiane à la poursuite des meurtriers du Grand Roi, ainsi que la mort de Kleitos des mains mêmes du conquérant macédonien.
Le cinquième chapitre s'intéresse à la poussée jusqu'en Inde et au golfe Persique, de la bataille contre le Poros jusqu'au refus des soldats d'Alexandre de continuer plus loin. Pierre Briant insiste en particulier sur les difficultés du retour, la résistance des Malliens (Alexandre étant gravement blessé) et les problèmes logistiques qui aboutissent au désastre du désert de Gédrosie, tandis que Néarque mène sa mission d'exploration, non sans mal d'ailleurs. Le sixième et dernier chapitre traite des dernières années d'Alexandre, qui reprend en main les conquêtes et renforce la politique de collaboration avec les élites perses, ce qui ne présuppose pas une volonté de fusion ou de mise sur un pied d'égalité pour Pierre Briant. Avant sa mort, Alexandre semble préparer une expédition contre l'Arabie. Il meurt de la malaria en juin 323 sans avoir eu le temps de mener ce projet à bien. Dernier des Achéménides, selon l'historien, Alexandre a bâti un empire fragile. Ses successeurs se déchirent et restent essentiellement des souverains grecs, tandis qu'en Iran et au-delà, le vernis héllène se fracture rapidement.
Dans la section Témoignages et Documents, on lira en particulier ceux consacrés à Alexandre au moment de l'époque coloniale, ainsi que ceux dédiés aux débats provoqués par les questions politiques (autour du film d'Oliver Stone, par exemple). Au final, on a là une introduction sur le conquérant macédonien qui souffre visiblement de n'avoir pas été suffisamment mise à jour pour le corps de texte (ce qui n'est pas vrai dans la section Témoignages et Documents) et dont la bibliographie indicative, déjà courte, comprend surtout des ouvrages de... Pierre Briant. Certes, l'historien est spécialiste de l'empire perse, mais l'on aurait souhaité plus de de références sur la Macédoine, sur Alexandre et la conquête. A compléter par de savantes lectures, donc.