Edward G. Longacre est l'auteur de plus d'une vingtaine d'ouvrages et d'une centaine d'articles sur la guerre de Sécession. Il est devenu l'un des spécialistes du rôle de la cavalerie et en particulier de celle de l'Union pendant le conflit. Il a notamment conseillé l'acteur Sam Elliott qui interprète le rôle du général Buford -dont il a écrit une biographie- dans le film Gettysburg (1993).
Ce livre-ci évoque la brigade de cavalerie du Michigan, une composante de l'armée nordiste formée à l'été 1863 par regroupement des 1st, 5th, 6th et 7th Michigan Volunteer Cavalry Regiments. La brigade se couvre de gloire pendant les deux dernières années de la guerre de Sécession mais cette gloire a un prix : avec 425 tués au combat, l'unité a l'insigne privilège d'être la formation de cavalerie ayant le plus souffert des deux camps durant le conflit. Cette brigade utilise des fusils ou carabines à répétition, notamment les Spencer; toujours en pointe des combats sur le théâtre des opérations de l'est, elle est commandée la plupart du temps par Custer, le cavalier le plus flamboyant du conflit après JEB Stuart. Le 1st Michigan a déjà fait ses preuves avant la formation de la brigade, dès les débuts de la guerre, et il est renommé en particulier pour ses charges sabre au clair. Les 5th et 6th Michigan, créés à l'automne 1862 et équipés d'armes à répétition, complètent le 1st en combattant à pied. Le 7th Michigan, l'élément le plus jeune, formé pendant l'hiver 1862-1863 et en sous-effectifs jusqu'à Gettysburg, est employé quant à lui dans les charges montées mais peut aussi combattre à pied. Prenant part à toutes les batailles de la guerre de 1863 à 1865 à l'est, la brigade du Michigan n'est pas démobilisée à la fin de la guerre de Sécession : elle est envoyée jusqu'en mars 1866 combattre les Indiens dans les territoires du Nebraska, du Colorado, du Dakota et de l'Utah.
Le récit de Longacre se concentre véritablement sur le parcours des différents régiments de la brigade du Michigan et ne fait pas la part trop belle à Custer. L'historien montre ainsi comment le 1st Michigan tient la dragée haute àStonewall Jackson dans la vallée de la Shenandoah dès l'été 1862, subissant aussi des revers. L'unité manque même, à une reprise, de capturer JEB Stuart ! Avec ses quatre régiments, la brigade doit aussi affronter un jeu de cache-cache mortel imposé par les partisans Rangers de Mosby. Pendant la campagne de Gettysburg, Custer et sa brigade se distinguent en se montrant aussi efficaces que la cavalerie confédérée, qui jusque là bénéficiait d'une réputation de supériorité contre son homologue nordiste. On le voit déjà lors de l'engagement d'Hanover du 30 juin 1863. Le 3 juillet, pendant la charge de Pickett, Custer bloque la progression de Stuart en parallèle du combat d'infanterie. Avec Grant à la tête de l'armée du Potomac et Sheridan menant la cavalerie, la brigade du Michigan devient le fer de lance de l'offensive nordiste de 1864-1865 à l'est. C'est un cavalier du Michigan qui abat JEB Stuart lors d'un engagement de grande envergure avec la cavalerie confédérée à Yellow Tavern, le 11 mai 1864. Progressivement surclassée, la cavalerie confédérée n'en reste pas moins mordante et parvient même à encercle -déjà- la brigade de Custer à Trevilian Station, le 11 juin 1864, bien que la situation se rétablisse vite pour les Nordistes. La brigade revient aussi dans la vallée de la Shenandoah pour affronter l'armée confédérée du général Jubal Early. Elle mène une politique de terreur et de terre brûlée pour briser la base des Sudistes dans cette vallée ce qui entraîne par contrecoup une guerre inexpiable avec les partisans de Mosby, vieil adversaire des tuniques bleues. La brigade participe aussi aux dernières manoeuvres de la guerre et contribue à acculer Lee à la reddition à Appomatox, recevant d'ailleurs le plénipotentiaire sudiste porteur de la demande. Enfin, elle est envoyée combattre les Indiens dans les Grandes Plaines jusqu'à sa dissolution.
Le livre est intéressant pour quelqu'un comme moi qui découvre le sujet, mais l'on peut souligner que le propos est très descriptif et manque peut-être un peu d'analyse (pourquoi et comment la cavalerie nordiste prend-elle l'ascendant sur son adversaire confédérée). Le discours est aussi desservi par l'absence de cartes utiles : il y en a, mais soit ce sont des cartes générales sur une région particulière (Shenandoah), soit elles ne montrent pas réellement les mouvements de troupes, les manoeuvres et leurs résultats lors des principaux engagement (carte de la bataille d'Hanover, par exemple, p.136 : les forces en présence au début de la bataille et c'est tout).
A noter, parallèlement, l'interview de David Cornut, auteur du livre français de référence sur Little Big Horn et Custer, par Rémy Porte, ce même jour, sur Guerres et conflits : coïncidence bienvenue !