Cet ouvrage est la traduction en français, par R. Jouan, du livre Sunk ! de Mochitsura Hashimoto, commandant de sous-marin japonais pendant la guerre du Pacifique, qui a notamment torpillé, le 30 juillet 1945, le croiseur lourd USS Indianapolis, qui revenait d'un voyage vers l'île de Tinian où il avait déposé des éléments de la bombe atomique larguée sur Hiroshima le 6 août suivant. Hashimoto est appelé à témoigner, en décembre 1945, au procès du commandant de l'USS Indianapolis, qui est jugé pour négligence après avoir survécu au naufrage : une première dans les annales de l'US Navy. A la fin de sa vie, Hashimoto devient prêtre shintoïste.
Le livre, préfacé par l'amira Toyoda, ancien commandant en chef de la Flotte Combinée, est un aperçu du sort des sous-marins japonais pendant la guerre du Pacifique, à travers la carrière de Hashimoto. En novembre 1941, ce dernier est officier-torpilleur sur le I-24, un des sous-marins équipés de sous-marins nains pour l'attaque sur Pearl Harbor. Hashimoto n'est pas convaincu par les engins mais assistent pourtant à leur départ, avant le raid aérien sur la base américaine.
L'I-24 repart en patrouille devant les îles Hawaï en janvier 1942. Après avoir canonné Midway, le commandant est blessé quand les vitres de la "baignoire" du sous-marin sont brisées par une mer particulièrement agitée. Hashimoto raconte comment les sous-marins ont joué un rôle important dans le repérage du Prince of Wales et du Repulse, coulés ensuite par l'aviation japonaise. Il décrit aussi l'équipement des sous-marins avec des hydravions embarqués, qui sont utilisés pour attaquer très ponctuellement le territoire américain avec des bombes incendiaires en 1942.
Pour les sous-marins japonais, en raison des caractéristiques de leurs pièces, les bombardements au canon sont assez risqués et s'effectuent souvent de nuit. Les sous-mariniers ont d'ailleurs énormément de mal à couler avec leurs pièces les bâtiments endommagés, notamment les pétroliers. C'est que les sous-marins japonais sont destinés avant tout à la lutte contre la flotte de guerre ennemie, non ses bâtiments de commerce. Quelques sous-marins japonais seulement opèrent donc contre la flotte commerciale au large des Etats-Unis ou dans l'océan Indien. A partir de 1942, quelques sous-marins japonais, dont l'I-8, réussissent aussi à gagner l'Europe et à revenir en Asie pour réaliser un lien symbolique avec l'allié allemand.
A Midway, l'I-168 parvient à achever le porte-avions américain Yorktown, endommagé. A Guadalcanal, les sous-marins parviennent à couler quelques bâtiments de guerre (dont le porte-avions Wasp) mais les pertes sont très lourdes : 25 navires perdus. En juillet 1942, Hashimoto prend la commandement du RO-31 et participe ensuite à la mission désormais dévolue aux sous-marins japonais : le ravitaillement des troupes à Guadalcanal. Il continue ensuite la même mission, notamment pour la garnison de Rabaul, encerclée, jusqu'en janvier 1944, sous les raids aériens et à travers la domination maritime de plus en plus forte des Américains. Hashimoto prend le commandement du RO-44 et assiste également aux raids aériens sur Truk en février 1944 ; il n'attaque pas un destroyer lors d'un voyage, pour respecter les ordres, ce qu'il regrette amèrement.
Hashimoto a également eu l'occasion précédemment d'opérer dans le Grand Nord : il y a commandé l'I-158, un des premiers sous-marins japonais équipés de radar. Les pertes sont également lourdes, malgré le succès de l'évacuation de Kiska en juin 1943. Hashimoto souligne combien les installations et bases de sous-marins étaient précaire, négligées et mal protégées. Les pertes sont encore lourdes aux Gilbert, au Marshall et aux Mariannes, mais les sous-marins équipés de radars s'en sortent mieux que les autres, notamment face aux coups de l'aviation. Hashimoto raconte comment il doit se battre contre la hiérarchie pour installer un radar sur le RO-44, en novembre-décembre 1943. Le récepteur a d'ailleurs été fourni...par les Allemands. En mai 1944, Hashimoto reçoit le commandement du I-58 : il forme l'équipage à l'utilisation du radar et essaie d'obtenir du personnel qualifié.
En novembre 1944, les Japonais commencent à équiper des sous-marins pour embarquer les Kaitens, les torpilles humaines. Le I-58 est du nombre. Il mène une première mission avec ses Kaitens contre Guam, en janvier 1945. Les résultats sont peu concluants. En revanche, la mission souligne les défaillances du radar et l'I-58 en reçoit un plus performant. En mars 1945, le I-58 fait partie d'une autre vagues de porte-Kaitens lancée contre la flotte américaine stationnant devant Iwo Jima. Puis le I-58 gagne les parages d'Okinawa, cible du prochain débarquement. Mais dès le 14 avril, il reçoit l'ordre de rentrer au Japon. Les sous-marins nippons sont victimes d'une véritable hécatombe.
Hashimoto évoque également les sous-marins de la classe I-400, conçus dès 1942 pour embarquer 3 bombarders-torpilleurs, et qui ne seront au final d'aucune utilité au Japon. Le 16 juillet 1945, l'I-58 repart en chasse ; sur la route Leyte-Guam, il lance des Kaitens sur un pétrolier. Le sous-marin repère, dans la nuit du 29 au 30 juillet, l'Indianapolis, qu'Hashimoto prend pour un cuirassé de la classe Idaho. Après le torpillage, le commandant apprend les destructions infligées à Hiroshima par une seule bombe. Le 10 et le 12 août, l'I-58 lance encore des Kaitens. Le 15 août, Hashimoto reste incrédule devant le message radio annonçant la capitulation. C'est au retour à Kuré qu'il se décide à accepter la réalité.
Fukutome, ancien chef d'état-major de la Flotte Combinée, signe la conclusion. Il rappelle que l'échec des sous-marins nains à Pearl Harbor ébranle la confiance du haut-commandement dans les sous-marins. L'amira Suetsugu avait conçu dans l'entre-deux-guerres la "guerre d'usure" pour les sous-marins japonais : afin de compenser l'infériorité en tonnage de la flotte de guerre nipponne, les submersibles devaient attaquer et couler les bâtiments de guerre américains dans le Pacifique. Mais les Japonais ont gravement sous-estimé aussi les sous-marins américains, qui ont ruiné sa flotte de commerce et également sa marine de guerre, en coulant de nombreux bâtiments. Les sous-marins japonais étaient inférieurs sur le plan de la construction et de l'armement.