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Alex J. KAY, Jeff RUTHERFORD et David STAHEL (dir.), Nazi Policy on the Eastern Front, 1941. Total War, Genocide and Radicalization, University of Rochester Press, 2012, 359 p.

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Comme le rappelle Christian Streit dans l'avant-propos de cet ouvrage collectif, la guerre germano-soviétique, avant même son déclenchement, a été pensée, dans le premier semestre 1941, comme une guerre différente par les nazis, soutenus par l'armée, la police et l'administration. Les articles réunis dans ce volume aident à comprendre le processus de radicalisation allemand, qui a été appliqué parfois au-delà de ce qui avait été prévu dans les mesures initiales, par les exécutants eux-mêmes.

L'année 1941 marque assurément un tournant pour le IIIème Reich, ainsi que le soulignent les trois directeurs de l'ouvrage dans leur introduction. Le processus de radicalisation est déjà à l'oeuvre avec la conquête de la Grèce et de la Yougoslavie, mais il est appliqué à une échelle sans précédent contre l'URSS. L'extermination des Juifs soviétiques et la décimation de la population de l'URSS conduisent in fineà la Solution Finale. L'ampleur de la campagne à l'est met sous pression l'économie allemande. L'entrée en guerre du Japon conduit Hitler à déclarer la guerre aux Etats-Unis. Si les Allemands ont fait preuve de brutalité lors des campagnes de Pologne et de France, celles-ci sont restées limitées. Rien à voir avec l'opération Barbarossa, qui cible les Juifs, les communistes, plus largement une bonne partie de la population soviétique. Les ordres draconiens sont appliqués parfois avec zèle par les exécutants. Les prisonniers de guerre et la population urbaine de l'URSS souffriront particulièrement de la guerre idéologique et du pillage généralisé entrepris par les Allemands. Paradoxalement, le front de l'est, qui devient le front principal de la Seconde Guerre mondiale au moins à lui seul jusqu'en 1943, n'a pas été bien couvert par l'historiographie anglo-saxonne, détournée par les récits allemands des mémorialistes. Contrairement aux historiens allemands, qui commencent à réviser leurs postulats dès les années 1960-1970, les travaux anglo-saxons restent peu nombreux jusqu'aux années 1990 (Dalling ; Reitlinger ; puis Bartov, Mulligan, Schulte). Les historiens allemands sont donc en avance, mais négligent néanmoins la dimension proprement militaire du conflit ; ce sont les Anglo-Saxons, cette fois-ci, qui la font progresser en révisant le côté soviétique, et non allemand, sur lequel il reste manifestement beaucoup à faire. Les Allemands, en revanche, ont méthodiquement travaillé la guerre totale, reprise de l'idée de Lüdendorff, qu'a été l'opération Barbarossa, dans ses aspects idéologiques, économiques, politiques (Gerlach, Hartmann, Hürter, Pohl...). Malheureusement leurs travaux sont souvent uniquement accessibles dans la langue de Goethe. Le présent volume se veut donc une passerelle en anglais sur ces travaux récents. A travers 11 articles, cet ouvrage collectif cherche à faire le point sur la recherche internationale sur l'occupation violente et idéologique de l'URSS pendant l'opération Barbarossa.



Dans le premier article, David Stahel résume le travail de sa thèse, publiée en ouvrage en 2009, que je reprenais il y a peu sur le blog. La pierre d'angle du plan allemand, consistant à éliminer le gros des armées soviétiques par de gigantesques encerclements près de la frontière, se révèle très optimiste et la campagne se prolonge. En outre, par le bas, l'usure de la Wehrmacht s'accélère dès le début de Barbarossa. Les planificateurs de la Wehrmacht ou de l'OKH n'avaient jamais douté du succès allemand, à tel point que Halder n'osa pas affronter Hitler quand celui-ci évoqua la possibiité de rediriger le groupe d'armées Centre vers Léningrad après les encerclements initiaux. En réalité, les encerclements ne sont pas aussi hermétiques qu'escomptés et les Panzergruppe, sur qui repose l'ensemble du plan allemand, s'usent très rapidement et ont énormément de mal à être ravitaillés correctement. Face aux premières remontées d'une difficulté plus grande que prévue, Hitler décide le 19 juillet de pousser les deux Panzergruppe du groupe d'armées Centre vers le nord et le sud. Mais les armées d'infanterie ne peuvent suffirer à éliminer les Soviétiques au centre. Hitler fonctionne par opportunité : fin juillet, il veut laisser les Panzergruppe du centre se recompléter pendant dix jours et profiter des occasions qui se présentent notamment en Ukraine. La directive 34a étend le front du groupe d'armées vers le nord et le sud. Puis, fin août 1941, après la charte de l'Atlantique, Hitler pense désormais que la guerre va impliquer les Etats-Unis et devenir mondiale, et réoriente l'effort vers les ressources de l'Ukraine notamment. Pour la planification de l'opération Typhon, les Allemands restent convaincus qu'une poussée leur apportera la victoire. En réalité, ni l'Armée Rouge ni l'Etat soviétique ne sont au bord de l'effondrement. Hitler se retrouve avec une guerre qui va durer : Barbarossa a échoué.

Comme le rappelle Adrian Wettstein, la 4. Panzerdivision, dès la campagne de Pologne, s'était retrouvée mal en point en combat urbain lors de la première incursion dans Varsovie. Il faut dire que la doctrine allemande en matière de combats de rues néglige les grandes villes, comme à peu près toutes les armées de l'époque. Durant les premières campagnes, à part Rotterdam, il y a eu peu de combats de rues soutenus dans les grandes agglomérations. La donne change avec Barbarossa. La planification allemande a fixé des villes comme objectifs géographiques, mais non opérationnels. Pourtant, les Allemands doivent batailler dur dans certaines grandes villes au moment où ils rencontrent le deuxième échelon stratégique soviétique, après la bataille des frontières. Il faut de sanglants combats pour prendre Smolensk, en juillet 1941. La prise de Moghilev coûte également cher à l'infanterie allemande. Les Soviétiques cherchent à tenir les villes, qui sont des carrefours de communication ; en outre Staline veut bloquer les Allemands par tous les moyens ; enfin, les unités blindées et motorisées allemandes de tête sont moins taillées pour le combat urbain que d'autres formations, ce qui explique aussi l'âpreté des combats. Le Panzergruppe 1, au sud, se heurte à forte partie à Dniepropetrovsk. Le nombre de blessés submerge les hôpitaux de campagne, insuffisamment pourvus en raison des carences de la logistique. On comprend dans ces conditions qu'Hitler et certains généraux aient poussé pour un siège de Léningrad, et non l'investissement direct de la ville. La résistance soviétique, parfois au mépris de la population civile (mines et autres pièges laissés dans Kiev, par exemple), radicalise le traitement par les Allemands de la population soviétique, à exterminer par la faim. On songe même à l'emploi de gaz de combat contre Léningrad...

Félix Römer montre que la planification idéologique de Barbarossa remonte à mars 1941. Les généraux de la Wehrmacht ne bronchent pas. Toute une batterie de mesures sont édictées, dont on a surtout retenu deux : l'ordre des commissaires, et le décret sur la loi martiale. Ce dernier donne aux troupes le pouvoir de prendre elles-mêmes les mesures de rétorsion qu'elles jugent nécessaires contre la population en cas d'attaque. L'ordre des commissaires encourage le meurtre des prisonniers de guerre en uniforme. Plus tard, les vétérans allemands prétendront avoir orchestré une résistance passive, voire active à ces ordres. En réalité, les archives montrent qu'au moins 60% (pour celles disponibles) des formations ont bien reçu les ordres édictés. Certains officiers vont même plus loin. Quand résistance il y a, elle se fait plus sur des critères d'ordre militaire que moral. En conséquence, dès le 22 juin 1941, l'armée allemande exécute un grand nombre de civils, sous l'accusation d'actes relevant des francs-tireurs ou partisans. L'ordre des commissaires est rigoureusement appliqué, par 90% des divisions allemandes selon les dernières recherches : au moins 4 000 sont abattus. Hitler n'annulera l'ordre qu'en juin 1942, bien après l'échec de Barbarossa. L'application de ces ordres criminels montre néanmoins combien la Wehrmacht a intégré le mode de fonctionnement nazi.

Alex Kay reprend son travail sur la politique de privation de nourriture voulue par les nazis pour l'URSS, orchestrée par le n°2 du ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture, le secrétaire d'Etat Herbert Backe. Prévenu en novembre 1940 de la future invasion de l'URSS, Backe enchaîne les rapports et conférences devant les officiels et les généraux. En mars 1941, Backe prévoit déjà de prélever plus de 8 millions de tonnes de grain. Dès le mois de mai, Backe et ses soutiens savent pertinemment, comme ils le reconnaissent eux-mêmes, qu'ils condamnent à la mort des dizaines de millions de Soviétiques. La planification nazie prévoit de raser les grandes villes et d'affamer leur population. Himmler lui-même parle de 30 millions de Soviétiques à exterminer par la famine en juin, juste avant l'attaque. En réalité, le plan ne pourra être exécuté complètement en raison de l'évolution de la situation militaire. Ce sont les prisonniers soviétiques qui en souffriront le plus : 3,3 millions sur 5,7 millions sont morts en captivité, dont 2 millions dès le début de 1942.

Jeff Rutherford montre comment l'état-major économique est et l'armée allemande ont radicalisé la politique d'exploitation économique dès 1941. L'état-major économique est créé dès février 1941 mais finalisé seulement le 9 juin. Composé de civils, il a en charge la guerre économique et la mise en coupe réglée de l'URSS. La 121. I.D. du groupe d'armées Nord, que Rutherford prend comme exemple, punit les soldats qui vivent sur le pays au début de Barbarossa. Mais dès juillet, vu les difficultés de ravitaillement, les restrictions sont levées. L'arrivée des soldats allemands fragilise le tissu économique et agricole du nord-ouest soviétique. Bientôt la Wehrmacht prélève sans sourciller. L'état-major économique ne peut s'occuper des civils soviétiques au vu des ponctions réalisées par l'armée. La 121. I.D. stationne à Pavlovsk, petite localité près de Léningrad. Les réquisitions condamnent à la mort des milliers de Soviétiques ; les survivants en viennent au cannibalisme pour ne pas mourir de faim. En février 1942, la Wehrmacht reçoit pour ordre de ne plus rien fournir aux civils ; en plus de la nourriture, elle prend même les vêtements d'hiver. La 121. I.D. est en réalité, comme beaucoup d'autres formations, prête à sacrifier la population civile pour assurer sa subsistance.

Paolo Fonzi explique que l'Allemagne est très dépendante de ses importations, et l'exploitation des pays occupés profite à la population allemande. Dès l'été 1940, les ressources étrangères servent à l'économie de guerre allemande. L'exploitation, en 1941, ne suffit cependant pas en raison d'une administration tentaculaire et des besoins de l'économie de guerre. Dès décembre 1940, les Allemands envisagent de créer une nouvelle monnaie dans les territoires conquis. Mais l'application ne suit pas. Les questions économiques ont pourtant pris le pas sur les questions politiques. La Banque Centrale prévue ne voit le jour qu'en avril 1943.

Wendy Lower insiste sur le basculement d'une recherche orientée sur l'histoire militaire pure à des travaux reliant le génocide des Juifs soviétiques à la planification militaire et à des problématiques de sécurité. Dans son article, elle évoque la participation des alliés de l'Allemagne à l'occupation et à l'extermination des Juifs en Ukraine. Parmi les alliés, le plus réceptif à la question juive a été sans conteste la Roumanie. Dès les débuts de Barbarossa, Antonescu expulse des Juifs dans les territoires allemands et hongrois, puis finit par créer la Transnistrie pour les parquer dans le cadre d'une mort lente. Les Hongrois, pourtant moins réceptifs, emploient 40 000 Juifs dans des bataillons de construction : beaucoup périssent en URSS. Des milliers de civils soviétiques, souvent non-juifs, sont également massacrés, ce qui provoque d'ailleurs le dégoût des Allemands (!). Les Hongrois participent aussi, par exemple, à la liquidation du ghetto de Haisyn en mai 1942. De la même façon, dès le mois d'août 1941, ils ont joué un rôle important dans le massacre de Juifs à Kamenets-Podolsk, un des plus importants avant Babi Yar. Même le petit contingent slovaque a participé à des massacres de civils sous couvert de lutte antipartisans et à des exécutions de Juifs. En Ukraine, les Allemands laissent souvent faire les nationalistes ukrainiens de l'OUN qui se chargent d'exciter la foule pour conduire de sanglants pogroms, à Lvov par exemple. En octobre, les Roumains organisent le massacre de 35 à 40 000 Juifs dans la ville d'Odessa. Les Allemands comme les Roumains ont en réalité besoin d'auxiliaires locaux, faute de bras.

Leonid Rein examine le processus d'extermination des Juifs en Biélorussie, territoire rapidement occupé par les Allemands après le déclenchement de Barbarossa. En plus des Einsatzgruppen, de nombreux bataillons de l'Ordnungspolizei vont également opérer en Biélorussie. Les préjugés racistes remontant à la Grande Guerre se combinent avec ceux installés par les nazis à l'encontre des "Juifs de l'est". En un mois et demi, la Biélorussie est conquise par les Allemands. Le 28 juin, jour de la chute de Minsk, le 309ème bataillon de police commet un premier massacre important à Bialystok, tuant plus d'un millier de Juifs. Les Allemands imposent le port de l'étoile, la création de Judenräte, et constituent des ghettos, à la durée de vie relativement brève. L'extermination systématique commence dès le mois d'août avec l'action de la brigade de cavalerie SS, qui tue plus de 25 000 Juifs en moins deux semaines. Les fusillades des Einsaztgruppen et bataillons de police s'enchaînent à l'automne, en particulier dans les villes : Moghilev, Vitebsk, Borisov, Gomel. Mais de nombreux Juifs parviennent à échapper aux massacres. Les SS cherchent ensuite d'autres méthodes pour atténuer les effets psychologiques chez les hommes impliqués : d'où l'emploi de camions à gaz, au printemps 1942 en Biélorussie, ou peut-être avant. La collaboration des différentes instances, de la SS à l'armée en passant par l'administration, est avérée.

Stephen Lehnstaedt décrit l'occupation de Minsk, capitale de la république de Biélorussie dont 1,6 millions d'habitants sur 9 millions périssent durant la guerre. Les historiens, en particulier allemands, ont largement défriché le terrain depuis les années 1990, en particulier Christian Gerlach. Paradoxalement, si l'occupation allemande est bien connue, la recherche a négligé pour le moment le sort de ceux ayant subi l'occupation en Biélorussie. Dès juillet 1941, les Allemands créent un ghetto dans Minsk, où sont entassés plus de 100 000 Juifs. En novembre arrivent plus 16 000 Juifs allemands. Le Stalag 352, à côté de la ville, recèle 100 000 prisonniers et 30 000 hommes de 18 à 45 ans arrêtés préventivement. Les détenus sont laissés littéralement sans nourriture et meurent de faim. C'est au Stalag que les SS et soldats allemands exécutent aussi des Juifs ou des civils. Les Allemands, victimes de leurs préjugés racistes, vivent entre eux, souvent dans des baraquements. Ils s'ennuient et ont peu d'activités dans leur temps de libre. D'où la vague de violence qui submerge la ville. L'occupant pille les biens juifs à son profit. L'alcool coule à flot et les nuits d'ivresse deviennent une sorte de rite de passage pour les nouveaux arrivants, en particulier dans la police. Le tout favorise les meurtres contre les locaux.

Martin Holler rappelle que le cas du massacre des Tziganes a souvent été négligé, en particulier dans le camp soviétique. Il y a bien pourtant radicalisation, en particulier après l'invasion de la Yougoslavie, où les Allemands mettent sur le même pied Juifs et Tziganes, et les Oustachas commencent à massacrer les Juifs en Croatie. La thèse classique veut que les Einsatzgruppen aient eu du mal à identifier les Tziganes, en particulier nomades, cibles privilégiées de l'extermination. En réalité, l'Einsatzgruppe D d'Ohlendorf commet un premier massacre à Nikolaïev en octobre 1941 puis, après l'entrée en Crimée, massacre systématiquement les Tziganes. 30% pourtant ont survécu, protégés par les Tatars qui les ont fait passer pour leurs, tout en participant parfois aux massacres. Ohlendorf invoque à Nuremberg des raisons de sécurité, relayant tous les stéréotypes nazis sur cette population. En réalité, Ohlendorf a pris sur lui de mener une politique d'extermination totale des Tziganes, qui fera des émules dans les autres Einsatzgruppen, particulièrement en Biélorussie au printemps 1942.

L'invasion de l'URSS a aussi des conséquences sur les autres territoires occupés. Thomas Laub montre que le début des actes de résistance à partir d'août 1941 durcit la répression allemande, qui exerce des représailles collectives. Le commandement militaire en France occupée tente de s'y opposer : Hitler l'écarte et nomme au printemps 1942 un responsable SS qui contrebalance l'influence de l'armée. Streccius et von Stülpnagel, les premiers commandants militaires, avaient développé la politique des otages, supervisé le régime de Vichy, cherchant à maintenir l'ordre, protéger les soldats allemands tout en exploitant le pays. L'invasion de l'URSS change le rapport de forces. Les communistes rejoignent la résistance et favorisent les actions d'éclat. Après l'arrestation et l'exécution de deux communistes lors d'une manifestation à Saint-Denis, les communistes abattent deux Allemands dans le métro parisien le 21 août 1941. Malgré les mesures prises par le commandement militaire, les attaques continuent en septembre et en octobre. Hitler exige des représailles collectives, ce qui conduit à des exécutions massives d'otages choisis en priorité parmi les communistes. Stülpnagel démissionne de lui-même début 1942 ; Hitler le remplace par son cousin, qui a servi à l'est, et nomme Oberg comme gradé SS. Ce dernier accélère la déportation des Juifs, que les autorités françaises avaient prises en charge d'elles-mêmes auparavant, sans demande particulière des Allemands. Hitler accroît également le recrutement pour le travail forcé en Allemagne. Mais l'action discrédite le gouvernement de Vichy et renforce la résistance naissante. Hitler n'a pas réussi à instiller sa radicalisation en France, que les Allemands ne peuvent considérer comme l'URSS.

En conclusion, les directeurs de l'ouvrage insistent sur le retournement de la guerre contre l'Allemagne avec l'invasion de l'URSS en 1941. Le principe de guerre totale prend une nouvelle ampleur avec la guerre à l'est : Hitler cible les adversaires politiques et raciaux, y compris non-combattants, alors même que pour lui la victoire ne fait pas de doute, avant le début de la campagne. La guerre se mène donc sur deux fronts, à l'avant et à l'arrière, encore que la séparation entre les deux soit parfois ténue. Jamais la séparation entre occupants et occupés n'aura été aussi forte qu'en URSS. C'est à la fois le succès des premières semaines de Barbarossa et la résistance soviétique, inattendue, qui précipitent la radicalisation et l'extermination, où collaborent étroitement SS, Wehrmacht et autres entités (bataillons de police, alliés de l'Axe, etc). Pour les Allemands, éviter la répétition de la défaite de 1918 passe par la destruction de l'arrière adverse. A tel point que le lexique employé semble désigner la guerre à l'est comme une guerre raciale et non étatique.

Cette compilation d'articles par des chercheurs internationaux ne remplace pas la lecture de tous les ouvrages récents sur le sujet (que l'on trouvera cité dans les nombreuses notes du volume), mais elle permet de se tenir à jour, le plus rapidement possible, des acquis récents de la recherche par le biais de l'anglais. Incontournable, même si les contributions sont inégales.



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