Cet ouvrage, écrit par un chercheur tchadien, vise à faire mieux connaître l'histoire du Logone occidental, la plus petite région administrative du Tchad, au sud-ouest du pays, entre 1900 et 1960. Région agricole, le Logone est conquis par les Français qui y introduisent, en 1927, la culture du coton. Il est peuplé par les Ngambay, un sous-groupe des Sara. La population est inégalement répartie : Moundou, le chef-lieu, domine largement l'ensemble. En plus d'être agriculteurs, les habitants sont aussi forgerons et pêcheurs, essentiellement.
Occupée par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale, la région n'est complètement explorée et administrée par les Français que dans les années 1920 (Moundou devient chef-lieu en 1929). Les recensements donnent près de 93 000 habitants en 1939 et plus de 155 000 en 1947, aux trois quarts des Ngambay. Le colonisateur introduit les cantons à des fins de contrôle administratif. Le principal changement économique est l'introduction forcée du coton par les Français au milieu d'une agriculture de subsistance qui ne se suffit pas, souvent, à elle-même. En 1948, une ferme expérimentale est créée à Déli, qui participe au développement économique du pays. L'initiation des garçons et des filles selon la coutume traditionnelle est encore largement pratiqué malgré l'érosion des pratiques due à la présence d'écoles du colonisateur ou de missions chrétiennes.
Après 1945, le Logone connaît des troubles dus en particulier à la présence forte du PPT, parti politique créé en décembre 1946. Le drame le plus notable est la fusillade de Bébalem, le 26 avril 1952, où les tirailleurs ouvrent le feu sur la foule, causant une vingtaine de morts (et non 380 comme le prétend l'auteur). De manière étrange, le chercheur tchadien termine là son récit et ne poursuit pas jusqu'en 1960, ce qui est d'autant plus dommage que la période de transition vers l'indépendance est de plus intéressantes sur le plan de l'histoire politique du Tchad.