Eté 664. Soeur Fidelma, après avoir résolu une enquête difficile à Rome au service du pape, s'est embarquée pour Marseille en laissant frère Eadulf dans la cité des papes, afin de rejoindre la route des pèlerins. Son navire est cependant bloqué par la tempête à Gênes. Venant au secours d'un moine agressé par deux mystérieux spadassins, elle décide de gagner l'abbaye de Bobbio, maison-mère de ce dernier, et qui abrite aussi l'un de ses anciens maîtres, frère Ruadan. Mais le chemin jusqu'à Bobbio va se révéler semé d'embûches...
On ne présente plus Peter Tremayne, pseudonyme de Peter Berresford Ellis, auteur prolifique des enquêtes de la religieuse irlandaise dans les îles britanniques et l'Europe du VIIème siècle de notre ère. Ce 22ème volume (moins deux si l'on compte les deux recueils de nouvelles intercalés) a la particularité de proposer un retour en arrière. Comme l'auteur l'explique lui-même, l'idée lui en est venu à un colloque à propos de son oeuvre qui s'est tenu en 2008 dans l'abbaye de Bobbio, fondée par un moine irlandais des plus célèbres, Colomban, qui apparaît fréquemment (en citation) dans les aventures de Fidelma. D'où une histoire intercalée entre le deuxième volume, Le suaire de l'archevêque, où l'Irlandaise s'occupe d'un meurtre important à Rome, et Les Cinq Royaumes, dont l'intrigue se passe à nouveau en Irlande. Nous sommes donc à l'été 664, entre ces deux épisodes.
Comme toujours, l'intrigue fonctionne plutôt bien, même si on remarque une certaine continuité dans le schéma, à force... et il manque toujours autant de plans pour pouvoir se situer (abbaye de Bobbio, château de Vars, etc) malgré la présence d'une carte générale du Val Trebbia. Simplement, le contexte italien remplace le contexte irlandais avec l'affrontement entre ariens et nicéens, et entre Lombards. Ici Tremayne arrive à combiner, encore une fois, un arrière-plan historique original (le nord de l'Italie sous la domination lombarde), et une intrigue efficace et relativement complexe, dont il est difficile de démêler l'écheveau jusqu'au bout. Malgré le retour en arrière, qui pouvait laisser sceptique, Le cavalier blanc se révèle finalement meilleur que son prédécesseur, Un calice de sang.