Cet
article a été rédigé en étroite collaboration avec Mathieu
Morant, spécialiste de l'armement et du matériel des insurgés
syriens, entre autres (il s'intéresse aussi au régime, au Liban et
aux guerres israëlo-arabes).
En septembre 2013, peu de temps après
les attaques chimiques du mois d'août, je publiais mon premier
article consacré au conflit syrien1.
Mon travail, dès le départ, a surtout été celui d'une compilation
et d'une traduction, en français, des nombreux articles étrangers
(en particulier en anglais) traitant des différents aspects
militaires du conflit. Au fil des mois, l'insuffisance de la démarche
m'est nettement apparue : la compilation et la traduction, quand
bien même ont-elles leur utilité, ne sont pas satisfaisantes pour
se prévaloir d'un authentique travail de fond sur le conflit syrien.
C'est pourquoi je me suis tourné progressivement vers les sources
directes (documents produits par les acteurs en présence, vidéos,
photos, textes, etc), sans passer, forcément et systématiquement,
par les intermédiaires que sont les spécialistes, même étrangers.
Mon article récent sur la milice pro-régime Liwa Assad Allah
al-Ghaleb2
est l'illustration de l'évolution de mon travail personnel sur le
conflit syrien. Aujourd'hui, avec l'aide de M. Morant, je continue
sur cette lancée en proposant une analyse inédite ou presque, en
français, sur la guerre en Syrie : un exemple choisi d'assauts
rebelles sur des objectifs limités, au niveau sub-tactique, donc,
présenté, expliqué, et remis dans le contexte plus large des
opérations dans la province concernée et de l'évolution de
l'insurrection depuis 2011. Un travail original à quatre mains qui,
je l'espère, convaincra certains que je ne me limite plus forcément
à de la compilation et de la traduction en français.
L'insurrection
progresse dans la province d'Idlib (avril-juin 2014)
Le
conflit syrien a pris un nouveau tour depuis le mois de juin dernier,
en raison de la percée spectaculaire de l'EIIL (Etat Islamique en
Irak et au Levant), devenu l'Etat Islamique (EI) le 28 juin, dans le
nord de l'Irak, avec la prise de Mossoul (10 juin). Le régime
syrien, quant à lui, avait lancé une contre-offensive limitée dans
le sud du pays, dans la province de Deraa, et maintenait également
la pression sur Alep, réalisant la jonction avec la garnison
assiégée de la prison centrale (22 mai), puis mettant la main sur
le district industriel de Sheikh Najjar, au nord-est de la ville (5
juillet). Cependant, la province d'Idlib, noyau historique de
l'insurrection armée3,
s'est retrouvée, de ce fait, assez dégarnie, et a été assez
logiquement ciblée par les rebelles depuis le début de l'année
2014, ceux-ci y étant présents en force et de longue date4.
L'objectif
des rebelles, en particulier, est de contrôler les deux autoroutes
clés qui permettraient au régime de mener plus efficacement, par
voie terrestre, la reconquête d'Alep. L'autoroute M5 suite un axe
nord-sud de Damas à Alep ; à Saraqib, une autre autoroute, la
M4, s'embranche vers l'ouest à travers la province d'Idlib pour
rejoindre la province de Lattaquié et la ville du même nom, sur la
côte. Sur l'autoroute M5 se trouve en particulier la ville de Maarat
al-Numan, près de laquelle se tiennent deux des bases militaires
encore tenues par le régime dans la province d'Idlib : Wadi
Deif à l'est de la localité et Hamadiyah au sud.
Source : Institute Study of War. |
La
première cible des rebelles syriens est Khan Sheykhoun, une cité
qui se trouve au sud de la province d'Idlib et près de la frontière
avec le nord de la province de Hama. Le régime les a chassés de la
place à l'été 2012. Prendre la ville permettrait en effet aux
rebelles de contrôler une plus importante portion de l'autoroute M5
et de préparer l'attaque éventuelle des deux bases militaires plus
au nord, autour de Maarat-al-Numan. L'attaque sur Khan Sheykhoun, qui
commence au printemps, implique notamment le groupe Suqour al-Sham5,
membre du Front Islamique, les légions al-Sham6,
liées aux Frères Musulmans syriens, le front al-Nosra7,
et d'autres formations affiliées au label « Armée Syrienne
Libre ». Le 15 avril, les rebelles annoncent avoir pris 3
checkpoints -sur les 21 checkpoints ou installations du
régime autour de Khan Sheykhoun- au sud-ouest de la ville.
Source : Institute Study of War. |
Dès
le 5 mai, la guerre des mines commence par l'explosion souterraine du
checkpoint de Al Sahaba, dans la périphérie est de la ville
de Maarat al-Numan, et qui considérée comme la porte d'entrée
ouest de la base de Wadi Deif, d'après M. Morant. L'opération est
conduite par le Front Islamique, les légions al-Sham et une brigade
locale de Maarat al-Numan8.
Selon Mathieu Morant, après l'explosion, et une fois la position
conquise, le travail de fourmis se poursuit, mais cette fois dans le
but de récupérer munitions et armements. L'opération se termine
par le retrait des rebelles des ruines du checkpoint d'Al
Sahaba le 23 juin. Un ZSU-23/4, un T-72AV, et un BMP-1 seront
extraits des ruines : hors d'usage, mais source non négligeable en
munitions et pièces détachées. Le 14 mai, dix jours avant l'assaut
final sur Khan Sheykhoun, Suqour al-Sham et les légions de Sham
conduisent une explosion souterraine contre la base militaire de Wadi
Deif, à l'est de Maarat-al-Numan, sur la « barrière »
Tel Sawwadi, au nord-est de la base. Cette tactique de creuser des
tunnels longue distance a été couramment employée à travers le
pays pour faire sauter des cibles du régime difficiles à atteindre
par ailleurs, comme à Alep, mais également à travers tout le pays.
Ici le tunnel, long de 850 mètres, se termine sous la barrière
visée. Les rebelles revendiquent d'avoir placé à son extrémité
pas moins de 60 tonnes d'explosifs artisanaux. L'explosion détruit
complètement l'objectif et les insurgés revendiquent la mort d'une
centaine d'hommes du régime. Une semaine plus tard, le 23 mai, les
légions de Sham annoncent un assaut sur Hesh, une localité entre
Khan Sheykhoun et Maarat-al-Numan tenue par le régime, bientôt
rejointes par le Front Islamique9,
le Front des Révolutionnaires Syriens et d'autres groupes rebelles.
Le
25 mai, une opération combinée entre le front al-Nosra et des
groupes liés à l'ASL, notamment Harakat Hazm10
(qui a reçu des missiles TOW américains11)
et le Front des Révolutionnaires Syriens12,
s'attaque à la base militaire de Kazhanat. Les rebelles approchent
par le nord et l'est et flanquent la position à l'ouest. Le front
al-Nosra lance, avant l'assaut principal, deux véhicules kamikazes
sur le périmètre. La place tombe dans la soirée et le lendemain,
le checkpoint de Salam, dernière position du régime autour
de Khan Sheykhoun, est pris. Le 26 mai 2014, Khan Sheykhoun est donc
totalement aux mains de l'opposition.
Source : Institute Study of War. |
Ce même 25 main, Suqour al-Sham et al-Nosra lancent une attaque conjointe contre les collines au sud de la ville d'Ariha, sur l'autoroute M4, contre deux installations militaires positionnées sur les hauteurs qui contrôlent l'accès au sud de la ville. Cet assaut exploite l'explosion de 4 véhicules kamikazes, dont celle d'un Américain originaire de Floride, auquel le front al-Nosra fait d'ailleurs une large publicité13. Il s'agit de l'attaque kamikaze simultanée parmi les plus coordonnées, jusqu'ici, de l'année 2014. L'infiltration d'Ariha, qui se situe sur l'autoroute M4, permet aux rebelles d'empêcher le régime d'approvisionner ou de renforcer ses forces dans les villes d'Idlib ou Alep. La présence du front al-Nosra dans les deux opérations, à Khan Sheykhoun et Ariha, suggère d'ailleurs une planification véritable côté rebelle, avec deux opérations simultanées. Parallèlement, le 3 juin 2014, al-Nosra, Suqour al-Sham et les légions de Sham créent une structure commune pour s'attaquer à Jisr al-Shughour, plus à l'ouest, une localité tenue par le régime sur l'autoroute M4, plus proche de la frontière avec la province de Lattaquié. Mais l'effort est cette fois mal coordonné, d'autant que les groupes affiliés ASL ne s'associent pas à l'entreprise et opèrent indépendamment, probablement pour ne pas collaborer avec al-Nosra. D'autant que la reprise de Kessab, tombée aux mains des rebelles en mars14, par le régime, met brutalement fin aux tentatives rebelles dans ce secteur.
A
l'assaut de la base militaire d'Hamadiyah (30 juin-16 juillet 2014)
Fin
juin-début juillet, les rebelles finissent par se concentrer sur la
base militaire d'Hamadiyah, au sud-ouest de Maarat-al-Numan. La base
est située le long de l'autoroute M5, et interdit l'accès à la
ville depuis Khan Sheykhoun, plus au sud. Autour de la base, à
l'ouest, se trouvent 4 checkpoints : Hanajak, Tafar,
Dahman, and al-Midajin, qui forment un arc de cercle protégeant
Hamadiyah de l'ouest au nord.
Carte : Stéphane Mantoux. |
Liste
des groupes/coalitions rebelles impliqués lors des assauts contre
les 3 checkpointsà l'ouest-nord-ouest de la base militaire
de Hamadiyah (province d'Idlib), juillet 2014.
Nom du groupe/de
la coalition etc | Remarques |
Front des
Révolutionnaires Syriens | Fournit la brigade
al-Ansar. Présent dans l'attaque sur les 3 checkpoints,
avec un rôle majeur à Hanajak. |
Front de
Libération Syrien (créé en janvier 2014 par le regroupement de
70 groupes différents ; proche de l'ASL)15 | Fournit la brigade
Liwa Ahrar du 15 Mars de Kafrouma. Surtout présent dans les
assauts de Taraf et al-Dahman. |
Suqur-al-Jabal | Dispose
probablement de missiles TOW ; aurait touché avec un T-55M
capturé à al-Dahman. Présent à Taraf et al-Dahman. |
Brigade des deux
cheikhs Abou Bakr et d'Omar | Présente
seulement pour l'assaut sur Taraf. Groupe formé le 17 décembre
2013 à Maarat-al-Numan (province d'Idlib), plutôt proche de
l'ASL, combat dans la province de Lattaquié en avril 2014 mais
opère surtout dans celle d'Idlib16. |
13ème division de
l'ASL | Intervient à
Taraf avec ses missiles TOW ; détruit 2 chars du régime. |
Légions al-Sham
(Faylaq-al-Sham) | Fournit surtout un
appui-feu : char T-54 à al-Dahman, pick-ups armés de
canons ou de mitrailleuses lourdes... |
Front Islamique | Fournit au moins 2
chars, des T-72 dont 1 AV, pour les assauts. |
Front
al-Nosra | Intervient
à Taraf et al-Dahman mais surtout pour pilonner les deux
checkpointsà distance, pas pour les assauts visiblement. |
Le
14 mai 2014, c'est au tour de la "barrière" de Tel
Sawwadi, situé au nord-est de la base de Wadi Deif d'être soufflée
par une puissante explosion. (Source
photo : S.R.G.C Idlib)-Mathieu Morant. |
Vue
comparative de la position de Tel Sawwadi, en haut, avant
l'explosion, en bas, après l'attaque. (Source
photo : S.R.G.C Idlib)-Mathieu Morant. |
Une
vue de la position d'Al Sahaba, prise après l'explosion qui l'a
complètement détruite. (Source
photo : Lens Young Horany)-Mathieu Morant. |
- Le checkpoint d'Hanajak
Les
rebelles syriens attaquent manifestement, en premier, le checkpoint
d'Hanajak, le plus au sud de l'arc de cercle ouest/nord formé par
les 4 sites listés précédemment. Le choix est logique puisque
c'est celui qui est le plus exposé, ne pouvant bénéficier de
l'aide immédiate des autres. L'assaut contre Hanajak a lieu
probablement le 1er juillet, après une préparation remontant à la
veille. C'est la partie nord/nord-est du checkpoint qui semble
visée par l'attaque. Le checkpoint est pilonné par un canon
sans recul M60 yougoslave de 82 mm et mitraillé par plusieurs
pickups embarquant une pièce bitube ZPU de 14,5 mm à
l'arrière, ainsi que par une mitrailleuse DShK de 12,7 mm17.
Un LRM RAK-12, du bataillon d'artillerie 318 du Front des
Révolutionnaires Syriens, intervient également pour bombarder
Hanajak18.
Sous la protection de ce tir de couverture, deux chars T-6219
du Front des Révolutionnaires Syriens (qui envoient au moins un obus
sur les défenses extérieures20)
approchent des levées de terre qui entourent le checkpoint,
ce qui permet à une vingtaine/trentaine de combattants21
(en gros l'équivalent d'une section) d'y parvenir. Un des T-62
avance ensuite pour prendre de flanc les défenseurs, suivis d'une
dizaine d'hommes, tandis que d'autres fantassins pénètrent dans les
premiers bâtiments. Les vidéos montrent ensuite les insurgés tirer
avec leurs armes de poing (AK-47, PK, RPG-7, dont au moins 2 hommes
sont équipés22)
depuis les levées de terre et abords du checkpoint. Embossés
derrière les levées de terre, les chars T-62 fournissent ensuite un
appui-feu longue distance23.
Mais les rebelles ne restent pas dans le checkpoint d'Hanajak,
manifestement abandonné, peut-être en raison d'une trop grande
proximité avec la base d'Hamidiyah. C'est pourquoi des vidéos
montrent un second assaut, le 16 juillet. L'attaque est conduite à
l'aide du T-55M n°39709824
capturé à al-Dahman et remis en service pour l'occasion, malgré
les dommages subis par l'impact possible d'un missile TOW. Les
fantassins qui montent à l'assaut sont accompagnés d'au moins un
homme qui porte un brancard, pour secourir les blessés25.
Pour l'appui, la brigade al-Ansar du Front des Révolutionnaires
Syriens utilise un mortier pour pilonner le checkpoint26.
Carte : Stéphane Mantoux. |
Un
lance-roquettes multiple RAK-12 de 128 mm du Front des
Révolutionnaires Syriens (FRS) s'apprête à ouvrir le feu sur la
position d'Hanajak. (Source
photo : capture d'écran, Youtube)-Mathieu Morant. |
Deux
combattants syriens du FRS observent les résultats des bombardements
rebelles sur le Hanajak : à leurs côtés, un canon sans recul M60
de 82 mm. (Source
photo : Lens Abu Dbak, Idlib)-Mathieu Morant. |
Ici
photographiés sommairement abrités par des levées de terre sur la
ligne de front d'Hamadiyah, ces deux T-62 du FRS ont appuyé le
premier assaut sur Hanajak. (Source
photo : Lens Abu Dbak, Idlib)-Mathieu Morant. |
Les 2 T-62 du Front des Révolutionnaires Syriens arrivent sur les levées de terre du checkpoint.-Capture d'écran. |
Une mitrailleuse de 12,7 mm ouvre le feu sur Hanajak.-Capture d'écran. |
Les premiers rebelles entrent dans les bâtiments.-Capture d'écran. |
Un technical armé de mitrailleuses lourdes KPV ouvre le feu sur Hanajak.-Capture d'écran. |
Un canon sans recul M60 yougoslave de 82 mm tire sur Hanajak.-Capture d'écran. |
Le RAK-12 du bataillon d'artillerie 318 du FRS ouvre le feu sur le checkpoint.-Capture d'écran. |
Un des 2 T-62 manoeuvre sur le flanc du checkpoint après que les fantassins aient rejoint les levées de terre.-Capture d'écran. |
Les rebelles tirent à la PK à l'intérieur du checkpoint depuis les levées de terre.-Capture d'écran. |
Le T-55M capturé à Al-Dahman devant Hanajak le 16 juillet. -Capture d'écran. |
Fantassins rebelles à l'assaut d'Hanajak le 16 juillet ; l'homme le plus à droite transporte un brancard.-Capture d'écran. |
Derrière le T-55M, les rebelles sont à couvert. Un des tireurs au RPG-7 transporte une roquette tandem Cobra égyptienne. -Capture d'écran. |
Même vue quelques secondes plus tard.-Capture d'écran. |
Montage du Front des Révolutionnaires Syriens montrant l'assaut sur Hanajak, le 1er juillet.
Vidéo du Front des Révolutionnaires Syriens montrant le deuxième assaut sur Hanajak, le 16 juillet.
- Le checkpoint de Taraf
La
deuxième cible des rebelles syriens est le checkpoint de
Taraf, situé à environ 600 m au nord-ouest de celui d'Hanajak, et
qui est le plus à l'ouest dans l'arc de cercle protégeant la base
d'Hamadiyah. L'attaque (qui a lieu à partir du 7 juillet) est menée
par un groupe nommé Liwa Suqur Jabal (et qui dispose à l'évidence
de missiles TOW) et par la brigade des cheikhs Abou Bakr et Omar.
Elle emploie au moins un char T-62 et un BMP-127.
Le checkpoint est bombardé (notamment par des « canons
de l'enfer » artisanaux) depuis l'ouest/sud-ouest, le
bombardement précédant l'assaut au sol conduit par nombre de
véhicules blindés (2 BMP-1, 2 T-72AV, 1 autre T-72) qui permettent,
comme à Hanajak, d'ouvrir la voie aux fantassins (qui portent
d'ailleurs tous ou presque un bandana orange pour éviter les tirs
fratricides) jusqu'aux levées de terre entourant le checkpoint,
lesquels pénètrent ensuite à l'intérieur. Lors de l'attaque, au
moins un fantassin fait usage d'un RPG-22 contre le checkpoint.
L'assaut se fait visiblement par l'ouest28.
Durant la progression sur le checkpoint, l'un des T-72 qui
précède l'infanterie expédie au moins 4 obus sur le bâtiment. La
13ème division de l'ASL, un des groupes équipés de missiles TOW
américains, frappe un char T-72situé
au nord de la base d'Hamadiya, sur la route menant à Taraf, à
une distance d'environ 600 m, puis un T-55M29
qui lui est près du mur est du checkpoint et qui est touché
à 1,5 km de distance. Comme a pu le découvrir M. Morant en
examinant les cartes du terrain, le lance-missiles TOW est forcément
situé au nord-est de la base militaire d'Hamadiyah, à proximité de
l'autoroute M5, au sud de Maarat al-Numan. A propos de cette
intervention d'un groupe armé de misiles TOW, on peut déduire que
celui-ci est plus particulièrement chargé de cibler les blindés
acheminés en renfort vers le checkpoint
pour d'éventuelles contre-attaques ou ceux en position fixe qui
peuvent gêner l'assaut. On note aussi que les rebelles évoluent
assez aisément autour de la base, en dépit de la présence de
checkpoints. Le
Front des Révolutionnaires Syriens, qui participe également à
l'assaut (avec les Brigades Ansar), fait un grand usage de RPG-7 une
fois que l'infanterie a pénétré dans les levées de terre30.
Une vidéo montre d'ailleurs un char du régime (T-62 probablement)
qui manoeuvre autour du checkpoint
lors d'une contre-attaque alors que les rebelles ont déjà
pénétré à l'intérieur31.
Un autre groupe rebelle, le Front de Libération Syrien, intervient
aussi dans le combat. Une vidéo de ce groupe montre la concentration
des blindés avant l'attaque protégée par un déploiement d'armes
antiaériennes, mitrailleuse DShK de 12,7 mm montée au sol et canons
antiaériens sur pickups32.
Les bâtiments sont ensuite manifestement arasés pour ne pas que le
régime puisse s'en resservir en cas de reprise. Un seul char T-55
semble avoir été capturé lors de la prise de la position par les
insurgés (numéro 397165). La brigade Fatiheen des légions al-Sham
est également présente lors de l'opération. Au total les rebelles
ont engagé dans l'assaut 2 BMP-1 et au moins 5 chars33
(2 T-62, 2 T-72AV et 1 autre T-72), soit un nombre de blindés plus
important que de coutume pour des opérations de cette ampleur. 2 des
T-72 appartiennent au Front Islamique (on voit l'emblème de la
coalition peint sur un des tubes) ce qui laisse à penser que les
blindés de prise, côté rebelle, peuvent circuler de manière assez
fluide localement entre les groupes travaillent parfois de concert.
M. Morant confirme d'ailleurs que les chars sont souvent déplacés
entre les différents secteurs par les rebelles, à l'aide de
porte-chars. Après la prise du checkpoint, les insurgés
enterrent au moins un de leurs morts, 2 autres sont visibles ainsi
qu'au moins un blessé34.
Le front al-Nosra, qui ne met en
ligne une vidéo sur cette opération que le 11 août, semble
également avoir été impliqué dans l'assaut sur Taraf. Cependant
il ne participe pas, visiblement, directement à l'assaut mais aux
tirs de harcèlement du checkpoint
avec un T-55, un T-72 et un « canon
de l'enfer »
placés à 1 km environ au nord de Taraf35.
Carte : Stéphane Mantoux. |
Carte : Stéphane Mantoux. |
Carte : Stéphane Mantoux. |
Le
7 juillet 2014, la position de Taraf, ici vue durant les
bombardements préliminaires, est à son tour prise d'assaut. (Source
photo : Jabal Alzaweya Today)-Mathieu Morant. |
Le
T-55M n°397465, saisi intact à l'intérieur de la position de
Taraf, est ici filmé peu de temps après sa capture. (Source
photo : capture d'écran, Youtube)--Mathieu Morant. |
Couvert
par l'un des T-72AV déployés durant l'assaut, un groupe de
combattants syriens progresse en direction du checkpoint de Taraf. (Source
photo : Lens Abu Dbak, Idlib)-Mathieu Morant. |
Taraf
vient de tomber aux mains des rebelles : visible sur cette
photographie, le T-72 du Front Islamique qui à appuyer l'assaut. A
l'arrière plan, un BMP-1 des légions al-Sham, sur lequel des
briques de blindage réactif ont été ajouté. L'engin sera détruit
dans la journée. (Source
photo : Lens Abu Dbak, Idlib)-Mathieu Morant. |
Vue
d'une fortification de campagne aménégée par les soldats du Régime
à Taraf : les longues caisses de munitions contiennent à l'origine
des roquettes de 122 mm Grad. (Source
photo : S.R.G.C Idlib)-Mathieu Morant. |
Une
fois Taraf contrôlée par les rebelles et les armes et munitions
récupérées, la position sera rasée. (Source
photo : Jabal Alzaweya Today)--Mathieu Morant. |
Soldat du régime tué à Taraf.-Capture d'écran. |
Les rebelles entrent dans les bâtiments.-Capture d'écran. |
Après la prise du checkpoint, les rebelles font sauter les bâtiments à l'explosif.-Capture d'écran. |
Un obus, probablement de char, frappe le checkpoint, sous la caméra de la brigade des cheikhs Abou Bakr et Omar.-Capture d'écran. |
Le T-55M capturé à Taraf.-Capture d'écran. |
Un des T-62 du FRS sous la caméra du Front de Libération de la Syrie (emblème en haut à gauche).-Capture d'écran. |
2 des T-72 stationnent devant les levées de terre du checkpoint. Le plus proche porte l'emblème du Front Islamique sur le tube ; celui du fond est un exemplaire à briquettes de blindage réactif en mauvais état.-Capture d'écran. |
La charge. Un T-72 avance suivi par l'infanterie, non loin suit un BMP-1.-Capture d'écran. |
La brigade Abou Bakr et Omar filme, à courte distance, un T-62 du régime qui manoeuvre pendant une contre-attaque sur le checkpoint.-Capture d'écran. |
2 BMP-1 utilisés par les rebelles pendant l'assaut, devant les levées de terre. A gauche un modèle classique, à droite l'exemplaire avec briquettes de blindage réactif de T-72 ajoutées, il sera détruit le 8 juillet devant al-Dahman.-Capture d'écran. |
Un blessé rebelle. Les groupes impliqués sont attentifs au soin des blessés, avec brancardiers suivant les combattants notamment. Ce blessé est ensuite évacué par véhicule.-Capture d'écran. |
Ci-dessous, montage réalisé après l'assaut et montrant celui-ci au ras du sol, au niveau des combattants rebelles.
Vidéo de la brigade des cheikhs Abou Bakr et Omar montrant l'assaut sur Taraf à distance.
Vidéo
de la 13ème division de l'ASL montrant le tir de missile TOW sur le
T-55M du régime situé près du rempart est de Taraf (1,5 km de distance).
- Le checkpoint de Dahman
Les
insurgés s'attaquent enfin à un troisième checkpoint,
al-Dahman, situé à 600 m environ au nord-est de celui de Taraf.
C'est à nouveau l'un des groupes ayant pris part à la conquête du
checkpoint de Taraf, le Front de Libération Syrien, qui
conduit l'assaut, avec plusieurs blindés en tête. L'attaque démarre
le 9 juillet. Un coup de sonde préalable entraîne, le 8 juillet, la
destruction d'un BMP-1 bricolé avec des briquettes de T-72 en
blindage supplémentaire. Utilisé précédemment durant l'assaut
contre Taraf, l'engin est visiblement détruit au sud-ouest du
checkpoint, juste à côté de la route qui passe à l'ouest,
peut-être par l'aviation du régime36.
Dès le 30 juin, un T-54 des légions al-Sham, probablement placé
un peu à l'ouest du checkpoint, prenait à partie Dahman avec
ses obus37.
Une mitrailleuse lourde DShK de 12,7 mm est également employée38.
Le Front des Révolutionnaires Syriens utilise aussi le LRM RAK-12
contre Dahman. Une brigade locale de Maarat al-Numan fait tirer
également un « canon de l'enfer » artisanal39.
L'approche se fait par le sud-sud-ouest, les chars (1 T-72AV et le
T-55 n°397165 capturé à Taraf, remis en service) en tête. On
remarque les traces de combats précédents avec la carcasse du BMP-1
détruit présente sur le terrain. L'appui-feu est assuré par des
« canons de l'enfer » et mortiers artisanaux
(peut-être regroupés en batterie d'ailleurs). On distingue
également l'épave d'un char T-72 sur les levées de terre autour du
checkpoint, autour desquelles les chars des rebelles viennent
s'embosser. Plusieurs cadavres de soldats du régime, tués dans les
combats, sont visibles au sol. Un autre T-55M, le n°397098,
peut-être frappé par un missile TOW avant l'assaut40,
est saisi par les rebelles. Un BMP-1 stationné non loin a
manifestement été frappé, comme le T-72 détruit sur les levées
de terre, par un projectile de « hell canon » qui
a détruit sa pièce de 73 mm. Les chars servent encore une fois de
couvert pour la progression de l'infanterie. Des pick-ups
armés de bitubes KPV de 14,5 mm, de canons 2A7 de 23 mm ou de
mitrailleuses DshK assurent encore la protection antiaérienne. Après
avoir emporté le checkpoint, les insurgés se retranchent
derrière les levées de terre qui en couvrent l'approche par l'est.
Le Front des Révolutionnaires Syriens est également présent,
bombarde le checkpoint avec un « canon
de l'enfer »41
et engage plusieurs dizaines d'hommes. Le nombre de blindés mis en
ligne suppose d'ailleurs la formation d'une véritable unité
mécanisée ad hoc. Les légions al-Sham ont également
déployé plusieurs pick-ups avec mitrailleuse lourde42.
Le front al-Nosra, qui publie une
vidéo de l'assaut sur al-Dahman également le 11 août, est là
encore seulement concerné, à l'évidence, par le bombardement du
checkpoint. Un « canon
de l'enfer »,
notamment, situé à environ 1 km au nord-nord-ouest de al-Dahman,
prend à partie le checkpoint
et réussit un coup au but sur un véhicule (T-72 ? BMP-1 ?)43.
Carte : Stéphane Mantoux. |
Le
checkpoint d'al-Dahman, le 7 juillet 2014, sous le feu de
l'artillerie rebelle. (Source
photo : capture d'écran, Youtube)-Mathieu Morant. |
Epave du BMP-1 à briquettes détruit le 8 juillet.-Capture d'écran. |
Un autre BMP-1 se prépare avant l'attaque, Front de Libération de Syrie.-Capture d'écran. |
Le BMP-1 du régime touché par un "canon de l'enfer" ; les rebelles récupèrent son contenu.-Capture d'écran. |
8 juillet ; le BMP-1 à briquettes des rebelles détruit lors d'une première tentative. Aviation ? -Capture d'écran. |
A gauche, le BMP-1 détruit et un char participant à l'assaut sur le checkpoint, au fond;-Capture d'écran. |
Renforts du FRS dans le checkpoint.-Capture d'écran. |
Le RAK-12 du FRS encore utilisé sur Al-Dahman.-Capture d'écran. |
Le T-55 en mauvais état, peut-être touché par un TOW, récupéré par les rebelles à al-Dahman. Plusieurs corps de soldats du régime sont visibles autour.-Capture d'écran. |
Le T-55 M au fond et au premier plan le T-72 probablement détruit par un tir de "hell canon" sur les levées de terre. -Capture d'écran. |
Les deux chars utilisés pour l'assaut sur al-Dahman : le T-55M capturé à Taraf et au fond un T-72. -Capture d'écran. |
Ci-dessous,
vidéo du Front de Libération de la Syrie montrant l'assaut sur
al-Dahman au ras du sol, au plus près des combattants.
Vidéo à distance de l'assaut sur al-Dahman.
Tableau
récapitulatif des matériels blindés engagés par les rebelles
syriens lors des assauts contre les 3 checkpointsà
l'ouest-nord-ouest de la base militaire de Hamadiyah (province
d'Idlib), juillet 2014.
Opérations | Nombres et types
de blindés engagés par les rebelles syriens |
Hanajak | 2 T-62 du Front
des Révolutionnaires Syriens (1er assaut, 1er juillet). 1 T-55 M (2ème
assaut, 16 juillet). |
Taraf | 2 T-62 du Front
des Révolutionnaires Syriens. 3 T-72 (2 du Front
Islamique, dont un AV ; 1 autre T-72 AV). 1 BMP-1 avec
blindage improvisé composés de briques de blindage réactif +
plusieurs BMP-1 1
T-55 et 1 T-72 du front al-Nosra en appui-feu, qui tirent depuis
une position à environ 1 km au nord du checkpoint. |
Al-Dahman | 1 T-54 des légions
al-Sham pour l'appui-feu à distance. 1 BMP-1 avec
blindage improvisé composés de briques de blindage réactif,
détruit durant les combats 1 T-72AV 1 T-55M n°397165
(capturé à Taraf). |
Pertes
en véhicules blindés subies par le régime lors lors des assauts
contre les 3 checkpointsà l'ouest-nord-ouest de la base
militaire de Hamadiyah (province d'Idlib), juillet 2014.
Opérations | Pertes subies
par le régime |
Hanajak | Aucune. |
Taraf | 1 T-55 M (n°
397165) récupéré par les rebelles. 1 T-55M détruit
par un tir de missile TOW sur la façade est du checkpoint. 1 T-72 détruit
par un tir de missile TOW à 150 m environ de l'entrée nord de la
base d'Hamadiyah. |
Al-Dahman | 1 T-72 détruit
probablement par un tir de « canon de l'enfer ». 1 BMP-1 touché au
canon et à la plage avant par un tir de « canon de
l'enfer » et dont le contenu est récupéré par les
rebelles. 1 T-55M (n°
397098) peut-être touché par un tir de missile TOW et récupéré
par les rebelles. |
Pertes
en véhicules blindés subies par les rebelles lors lors des assauts
contre les 3 checkpointsà l'ouest-nord-ouest de la base
militaire de Hamadiyah (province d'Idlib), juillet 2014.
Opérations | Pertes subies
par le régime |
Hanajak | Aucune. |
Taraf | Aucune. |
Al-Dahman | 1 BMP-1 vec
blindage improvisé composés de briques de blindage réactif,
probablement détruit par l'aviation du régime devant le
checkpoint le 8 juillet. |
Conclusion
L'insurrection
syrienne a beaucoup évolué depuis les premiers accrochages survenus
à partir de juin 201144.
A partir de la mi-2012, les groupes locaux qui constituent
l'essentiel du paysage insurgé commencent à se regrouper en
coalitions plus large, à l'échelle d'une ou plusieurs provinces,
puis du pays tout entier -le Front Islamique né en novembre 2013
étant sans doute la forme la plus aboutie du processus, mais on
pense aussi à des constructions plus récentes, comme les légions
al-Sham, le Front des Révolutionnaires Syriens, etc. Les effectifs
augmentent, de même que l'armement, parfois acheminé depuis
l'extérieur mais surtout pris sur le régime (comme l'illustre ici
l'exemple des chars et véhicules blindés, décisifs dans les
opérations contre les checkpoints autour de la base
d'Hamadiyah). La mobilité des insurgés s'accroît aussi grâce à
la mise en service de nombreux technicals et l'emploi de
véhicules civils. Des coalitions plus larges se forment pour mener
des attaques plus ambitieuses contre des objectifs plus lourdement
défendus que les checkpoints ou autres installations locales.
Malgré
tout, les opérations menées par les rebelles conservent encore
souvent un caractère provincial ou sub-provincial, comme on le voit
très bien dans le cas de l'offensive d'Idlib depuis le printemps
2014. Les différentes coalitions rebelles, et même les plus
puissantes, peinent à coordonner leur action au niveau du pays ou
d'un ensemble de provinces. Même si les rebelles sont mieux armés
qu'au début de l'insurrection, le manque d'armes lourdes face à
l'appui-feu du régime, artillerie et surtout aviation, se fait
cruellement sentir. Dans le cas de l'attaque successive des 3
checkpoints autour de la base militaire d'Hamadiyah, l'on
constate ainsi que l'appui-feu et les tirs de couverture sont le fait
d'armes artisanales (« canons de l'enfer ») ou
d'armes relativement légères : canons sans recul de divers
modèles, mitrailleuses lourdes de 12,7 et 14,5 mm, canons ZU-23-2 de
23 mm, etc, comme le précise M. Morant. C'est pourquoi les rebelles
organisent ici un semblant d'unité blindée, avec les chars
T-54/55/T-62/T-72 et les véhicules blindés BMP-1, pour constituer
la première vague de l'assaut. En effet, l'artillerie et les armes
de soutien sont en nombre insuffisant (des S-60 de 57 mm sont
utilisés, Harakat Hazm déploie une poignée de M46 de 130 mm, plus
les mortiers légers et lourds des divers groupes, même si mortiers
et canons artisanaux sont plus utilisés, toujours d'après M.
Morant), les blindés assurent la protection de l'infanterie,
procèdent à l'appui-feu à distance et sont mis en avant lors des
attaques directes. On note cependant une certaine fluidité dans
l'utilisation des blindés entre groupes armés – le Front
Islamique « prêtant » plusieurs T-72 alors qu'il
est relativement peu présent dans les opérations. Ces
caractéristiques expliquent aussi le patient travail d'approche de
positions assez faiblement défendues comme les checkpoints :
tir de chars ou de missiles antichars (TOW par exemple), bombardement
préalable, destruction de véhicules placés aux endroits
importants, etc. Et le choix de cibles relativement vulnérables,
comme les checkpoints extérieurs aux bases, qui évitent de
sacrifier inutilement, par exemples, les blindés de prise, qui
seraient trop exposés. On note aussi l'attention portée aux soins
d'éventuels blessés (deux exemples de brancadiers au plus près des
combattants sur quatre assauts). Par ailleurs, les insurgés
remettent parfois en état rapidement les blindés capturés, comme
le prouve l'exemple du T-55M peut-être touché au missile TOW à
al-Dahman le 9 juillet et réutilisé une semaine plus tard lors du
second assaut contre Hanajak, ou celui du T-55 capturé à Taraf le 7
juillet et employé à al-Dahman deux jours plus tard. Les missiles
TOW semblent utilisés soit directement pour détruire les blindés
du régime, généralement embossés dans des positions défensives,
soit en couverture, dans le but de stopper ou freiner toute
contre-attaque blindée des soldats loyalistes. On note aussi que les
rebelles se préoccupent des tirs fratricides.
Les
gains importants réalisés par l'insurrection dans la province
d'Idlib depuis les mois de mars-avril 2014 montrent que les groupes
rebelles conservent encore des capacités réelles, particulièrement
aux endroits où le régime n'est pas capable de renforcer des
garnisons plus ou moins isolées. Ce dernier avait, il faut le noter,
levé une première fois le siège des deux bases de Wadi Deif et
Hamadiya en avril 201345.
Or, l'offensive du printemps et du début de l'été, relativement
coordonnée à travers toute la province, montre que les rebelles
sont sur le point de remettre le siège devant Hamadiya, voire Wadi
Deif. Il faut noter aussi l'intervention, dans la prise des 3
checkpointsà l'ouest/nord-ouest de Hamadiyah, de formations
rebelles en majorité liées au label Armée Syrienne Libre, comme le
Front des Révolutionnaires Syriens promu depuis décembre 2013 par
l'Arabie Saoudite, et qui a reçu des missiles TOW, à l'image
d'autres groupes présents ici (comme la division 13 de l'ASL). La
capacité de ces groupes armés appuyés par les Etats-Unis est
cependant mise à mal, récemment, par l'offensive du front al-Nosra
dans la province d'Idlib, qui cherche à se reconstituer un bastion
après la perte de son assise orientale au profit de l'EI, en
s'emparant du territoire du Front des Révolutionnaires Syriens en
particulier46.
Le front al-Nosra lutte tout simplement pour sa survie face au défi
énorme posé par l'ascension de l'Etat Islamique47.
Il est intéressant de voir, d'ailleurs, que le front al-Nosra
collabore de loin avec les groupes engagés dans l'assaut des 3
checkpoints début juillet avant de se retourner contre
certains avant la fin du même mois. Le conflit syrien reste donc
extrêmement changeant, la situation sur le terrain évoluant très
rapidement : il suffit de mesurer le nombre d'événements
survenus depuis la chute de Mossoul, il y a à peine deux mois, pour
s'en rendre compte.
1L'ensemble
de mon travail est disponible ici :
http://historicoblog3.blogspot.com/p/la-syrie-cest-par-ici.html
3Dès
le mois de juin 2011, des insurgés, probablement renforcés de
déserteurs de l'armée, tuent les premiers soldats du régime à
Jisr al-Shughour. L'insurrection se développe notamment dans le
Jebel al-Zawiya, qui contrôle la route d'Alep, à l'automne 2011.
Les premières attaques sur Maarat-al-Numan surviennent en octobre.
Le colonel al-Assad, qui proclame en Turquie la naissance de l'Armée
Syrienne Libre, est originaire de cette province. La province
d'Idlib n'a pas une population composite propre à un affrontement
de plus en plus sectaire, comme celle de Homs par exemple. Cf Joseph
HOLLIDAY, The struggle for syria in 2011. An operational and
regional analysis, MIDDLE EAST SECURITY REPORT 2, Institute
for the Study of War, 2011, p.21-22.
5Pour
une présentation succincte de Suquour al-Sham, membre du Front
Islamique et qui vient récemment de fusionner avec Jaysh al-Islam,
autre composante du Front, lire :
http://www.understandingwar.org/sites/default/files/Backgrounder_RebelGroupsJebelAlZawiyah_31July.pdf
et
https://www.ctc.usma.edu/posts/the-non-state-militant-landscape-in-syria
6Sur
les légions al-Sham (ou Faylaq-al-Sham), cf l'article de Raphaël
Lefèvre : http://carnegieendowment.org/syriaincrisis/?fa=55344
7Sur
le front al-Nosra, cf http://www.ui.se/upl/files/77409.pdf
et
http://www.understandingwar.org/sites/default/files/Jihad-In-Syria-17SEPT.pdf
10Sur
Harakat Hazm, cf
http://www.janes.com/article/36499/syrian-insurgents-acquire-tow-missiles
,
http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/rebels-worth-supporting-syrias-harakat-hazm
,
http://tahrirsouri.com/2014/05/22/exclusive-interview-with-harakat-hazm-we-have-fought-the-islamic-state-of-iraq-and-the-levant-and-we-will-fight-anyone-who-threatens-the-syrian-revolution/
11Cf
mon précédent article à ce sujet :
http://historicoblog3.blogspot.com/2014/05/pas-trop-tot-les-enjeux-de-la-livraison.html
12Sur
le Front des Révolutionnaires Syriens, cf
http://carnegieendowment.org/syriaincrisis/?fa=53910
et les autres articles d'A. Lund sur le même site.
13Cf
par exemple ici :
http://www.longwarjournal.org/archives/2014/05/officials_have_ident.php
14Cf
mon précédent article :
http://historicoblog3.blogspot.com/2014/04/le-butin-de-lattaquie-loffensive.html
15Merci
à Yalla Souriya pour sa contribution à l'identification du
groupe.
16Merci
à Yalla Souriya pour sa contribution à l'identification du
groupe.
44Jeffrey
White, Andrew J. Tabler, Aaron Y. Zelin, SYRIA’S MILITARY
OPPOSITION. How Effective, United, or Extremist ?, Policy Focus 128,
SYRIA’S MILITARY OPPOSITION, THE WASHINGTON INSTITUTE FOR NEAR
EAST POLICY, septembre 2013.