1942, Carélie. Un hameau, au bord d'un lac, accueille une batterie antiaérienne. Les soldats en garnison sont tellement bien reçus par les habitantes du cru, dont les hommes sont au front, qu'un officier en inspection les fait tous partir sauf leur commandant, le sergent Vaskov (Andrei Martynov), qui se voit affecter en remplacement deux pelotons féminins de la défense antiaérienne. Vaskov se retrouve donc le seul homme au milieu d'un village peuplée de femmes, civiles ou soldates... un jour, l'une des soldates aperçoit deux parachutistes allemands dans la forêt, non loin du village. Vaskov pense qu'ils peuvent être là pour saboter la voie ferrée importante qui passe non loin. Prenant 5 soldats, il s'enfonce dans les marais pour tendre une embuscade aux parachutistes. Mais les Soviétiques sont pris au piège lorsqu'ils découvrent avec horreur que les Fallschirmjäger ne sont pas 2, mais 16...
Ici les aubes sont calmes est inspiré d'un roman de Boris Vasilyev. En 1972, il avait remporté un prix au Festival de Venise et avait même été nommé pour l'Oscar du meilleur film étranger. Oublié aujourd'hui, comme nombre de films soviétiques sur la Grande Guerre Patriotique, il se divise en deux parties d'1h20 chacune, quasiment des films à part entière. Dans la première, les personnages sont mis en place, en particulier les 5 femmes qui accompagneront Vaskov ; longue, voire pénible parfois, elle cède la place à une seconde partie beaucoup plus rythmée avec la traque des parachutistes allemands qui se transforme en fuite éperdue pour la survie.
Essentiellement tourné en noir et blanc, le film passe à la couleur pour les scènes de flash-back des 5 femmes concernées par l'expédition avec Vaskov, à propos de leur passé, qui n'apportent d'ailleurs pas grand chose au récit. En revanche, dès que commence la poursuite des parachutistes allemands, le film gagne en qualité, avec ce jeu de cache-cache mortel entre des femmes-soldats et leur chef vétéran de la guerre contre la Finlande et les parachutistes allemands en surnombre.
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Le film est intéressant à plus d'un titre, notamment à cause de la dimension anti-héroïque assez évidente (Vaskov n'a rien du héros traditionnel des films de la Grande Guerre Patriotique mais son humanité le rend par contrecoup encore plus attachant) et qui pousse même jusqu'à dénoncer l'absurdité de la guerre, avec ses femmes-soldats dont l'URSS a été quasiment la seule, pendant la Seconde Guerre mondiale, à faire pour ainsi dire une grande consommation, y compris dans les rôles combattants. C'est aussi évoquer des pans oubliés de la Grande Guerre Patriotique : le front de Carélie (même si ici, c'est l'arrière), la contribution féminine à l'Armée Rouge, etc. Les amateurs de militaria remarqueront que l'affût quadruple antiaérien avec lequel les soldats abattent un Fw 189 est en fait muni de mitrailleuses KPV de 14,5 mm, entrées en service après la guerre. A regarder à l'occasion.