La série d'ouvrages Panzerwrecks (épaves de Panzer, littéralement) se présente comme une collection photo commentée de carcasses de véhicules blindés allemands détruits sur tous les fronts pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est donc d'un intérêt limité pour le profane mais beaucoup plus intéressante évidemment pour le passionné ou le chercheur qui s'intéresse à la Seconde Guerre mondiale et à sa dimension militaire.
Les deux auteurs ont collecté les photos de ce tome 7 dans des conditions dignes des romans d'espionnage de John Le Carré (!), comme le précise Auerbach en introduction, via des intermédiaires faisant la navette entre les archives russes et les auteurs, récupérant les photos sur des quais de gares en Europe de l'est. Elles ne sont pas forcément de la meilleure qualité mais compensent par leur originalité.
Il y a d'abord toute une série de clichés pris par les Soviétiques dans la poche d'Ouman, formée en mars 1944 et où l'Armée Rouge met la main sur nombre de matériels pris au piège. Des Panzer IV, StuG et Panther qui n'ont pu être évacués par les Allemands, avec cette photo p.4 où deux enfants jouent au soldat près de la carcasse d'un Panzer IV. On observe p.7 un Panther de la Totenkopf avec un rare insigne de l'unité apposé sur la caisse. Autre photo originale, celle de ce chasseur de char allemand équipé d'une pièce de 76,2 mm russe de prise (!), abandonné à Odessa en mars 1944, ou bien encore celle de ce Hummel et de cette Wespe (automoteurs d'artillerie) abandonnés dans le Brandenbourg en 1945. On note également la présence, en 1945, de Panzer III capturés par les Soviétiques lors des combats du lac Balaton, en Hongrie.
13 mars 1944 : un Panther Ausf. A abandonné à Uman, un cimetière de chars allemands très prisé des propagandistes soviétiques. |
Autre cliché intéressant, celui de ces Panzer IV et StuG III capturés car bloqués sur une voie ferrée à Chernivtsi, à 40 km à l'est des Carpathes, en Ukraine. P.23, on observe d'ailleurs que les photographes soviétiques n'hésitent pas à réaliser des montages pour la propagande, en déclenchant les pots fumigènes d'un Panzer IV afin d'obtenir un meilleur effet. On remarque aussi p.34 un Tigre I mis hors de combat par un coup de 76 mm dans le côté gauche de la caisse, selon la légende soviétique, mais probablement par un calibre plus important en réalité, peut-être du 122 mm ou plus gros, comme on le voit sur la photo prise de face. Le StuG IV détruit en Prusse-Orientale en janvier 1945 dispose de Schürzen (plaques latérales de protection) modifiés pour pouvoir pivoter (p.36). Le Panzer IV Ausf. H des p.37-38, de la 24. Panzerdivision, abandonné en Hongrie à l'hiver 1944, a quant à lui été touché par deux tirs heureux qui ont traversé son canon. Le champ de bataille hongrois fournit d'autres véhicules plus originaux comme ces automoteurs de Flak Möbelwagen. Intéressante aussi, p.52, cette photo d'un Hummel détruit à Lvov en juillet 1944 par un coup au but de l'artillerie (8.Panzerdivision).
Un StuG III G détruit sur le front de Nikopol, Ukraine, 1944. |
Un Hummel de la 8. Panzerdivision détruit à Lvov, juillet 1944. |
Toute une série de clichés montre également un convoi de chars hongrois Turan capturés sur voie ferrée en mars 1945. On voit aussi un autre Hummel de la 16. Panzerdivision détruit par un coup au but en Pologne en février 1945 (p.62). Très originaux également ce Jagdpanzer IV, ce Jagdpanzer 38 (t) et ces Panzer IV allemands capturés par l'Armée Rouge et cédés à la Bulgarie en mars 1945, et repeints avec une étoile ! Ou ce Tigre I détruit dans le port de Pillau, sur la Baltique, en avril 1945. Il arrive aussi que les Soviétiques prennent certains de leurs véhicules remis en service par les Allemands (Beutepanzer), comme ce T-26 à la Balkenkreuz (p.80). On observe également une vieille automitrailleuse ADGZ (déjà présente en Pologne !) détruite par des partisans ukrainiens en janvier 1944 (p.81).
Mais le clou du volume, ce sont peut-être ces images de la reddition des forces allemandes en Courlande, en mai 1945. Outre les rangées de Panzer IV, on observe nombre de Beutepanzer -T-34, un Sherman, un SU-85. Sans parler des automitrailleuses et autres transports de troupes allemands.
Le volume se concentre certes sur la période 1944-1945 -celle où l'Armée Rouge a probablement le plus capturé de véhicules allemands-, mais il vaut le détour rien que pour l'originalité des photographies. Une autre façon de voir la guerre à l'est.