Cet ouvrage que je commente aujourd'hui est original à plus d'un titre. D'abord parce que son auteur, Anton Joly, m'a longuement contacté avant de me l'envoyer pour recension. Ensuite, parce qu'il s'agit d'un livre autoédité via le label Amazon, et jusqu'ici j'avoue ne pas en avoir lu de ce type. Enfin, le sujet était pour moi plus qu'intéressant : un atlas de la bataille de Stalingrad, se proposant de suivre les combats au jour le jour. C'est donc avec intérêt que je me suis plongé dans la découverte de ce petit opus.
Comme il l'explique dans l'introduction, l'auteur, passionné par la Grande Guerre Patriotique (pour des raisons familiales évidentes qu'il mentionne aussi), est allé puiser dans les archives disponibles du ministère de la Défense russe, ainsi qu'à des ouvrages anciens et plus récents (en russe, mais aussi en anglais notamment) pour bâtir ce premier volume qui couvre la période allant du 13 septembre au 13 octobre 1942.
L'ensemble comporte des atouts certains. Une chronologie, pour chaque partie (le propos étant découpé en séquences équivalent à une semaine), permet de suivre le déroulement de la bataille et de se repérer. A chaque début de partie, l'auteur propose également un ordre de bataille détaillé des deux camps qui est tout aussi utile pour suivre l'évolution des forces en présence. Le gros point fort du livre, à mon avis, est ce qui en constitue le coeur : les cartes de suivi de la bataille au jour le jour. On progresse ainsi à l'échelon tactique (carte de la ville ou d'une partie de la ville), en suivant les combats des deux camps, le tout agrémenté de brefs commentaires et d'extraits de documents d'époque ou de traductions d'ouvrages russes réalisées par l'auteur. C'est un aspect qui, il est vrai, manque beaucoup dans les livres traitant de la bataille de Stalingrad, où il faut une bonne connaissance de la campagne en général pour visualiser un tant soit peu le cours des combats. Assurément, en français, l'atlas présenté comble un vide. Certes, on pourra gloser sur la qualité des cartes, mais c'est tout de même relativement secondaire.
L'ouvrage a aussi les défauts de ses qualités. Certaines légendes sont trop vagues ou imprécises et vont faire bondir les spécialistes du matériel et autres passionnés intransigeants (p. 14, une MG 34 ; p.28, canon antiaérien M1939 de 37 mm ; p.83, un servant de mitrailleuse DP, par exemple, etc). Anton Joly s'est surtout concentré sur les cartes au jour le jour et délaisse volontairement, dans les parties plus générales qui introduisent les séquences de cartes, l'analyse à proprement parler de l'histoire militaire de Stalingrad. On aurait parfois aimé que l'ouvrage prenne un peu plus de hauteur, décolle le nez de la cartographie tactique de la bataille, notamment au début, pour expliquer les choix chronologique ou replacer la bataille dans une perspective plus large. Cela reflète aussi les choix bibliographiques : comme je le disais, A. Joly s'est surtout servi de sources russes/soviétiques traduites, ce qui est une excellente chose, en revanche on peut noter qu'il manque peut-être des sources secondaires et notamment des articles plus spécialisés sur les événements traités. Ceci étant dit, le choix se comprend au vu de l'ambition plutôt modeste qui était celle d'un atlas de la bataille, au jour le jour.
Au final, cet atlas peut donc utilement compléter la bibliothèque des passionnés du front de l'est ou de l'Armée Rouge, et ce d'autant plus que pour un livre autoédité via Amazon, il n'a pas à rougir particulièrement sur la qualité ou le contenu par rapport à d'autres livres édités par des maisons prestigieuses et dont on pourrait discuter la qualité. J'ajoute aussi que l'auteur a lancé un site Internet, qui renvoie lui-même vers plusieurs sites dédiés notamment à la cartographie de la bataille de Stalingrad et à la constitution d'ordres de bataille à propos de la Seconde Guerre mondiale et en particulier du front de l'est. A découvrir.