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H.H. KIRST, Sorge l'espion du siècle, J'ai Lu leur aventure 140/141, Paris, J'ai Lu, 1966, 434 p.

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La collection "bleue" J'ai Lu leur aventure m'a réservé une petite surprise au fil des mes acquisitions chez les bouquinistes : il se trouve qu'elle comprend pas moins de deux volumes différents sur Richard Sorge, l'espion soviétique en poste à Tokyo, démasqué en octobre 1941 et pendu en novembre 1944. J'avais commenté le premier il y a quelques semaines, une traduction d'un ouvrage écrit par deux Soviétiques.

Rien de tel ici puisque ce volume-ci est l'histoire romancée de Richard Sorge par un célèbre écrivain et journaliste allemand, Hans Hellmut Kirst. Celui-ci est le fils d'un agent de police. Il passe sa jeunesse en Prusse-Orientale et intègre la Reichswehr en 1933. Puis il fait partie de la Wehrmacht et sert dans la Flak, la défense anti-aérienne. Devenu officier, il est, en 1944-1945, un Nationalsozialisticher Führungsoffizier, autrement dit l'équivalent des commissaires politiques soviétiques, créé par décret du Führer en décembre 1943, notamment pour insuffler l'idéologie nazie dans la troupe et resserrer le contrôle politique de l'armée allemande. Dénoncé aux Américains en 1945, il passe 9 mois dans un camp d'internement, où il commence d'ailleurs à écrire ses premiers romans. Relâché, il s'installe à Munich. A partir de 1950, il est à la fois journaliste et écrivain. Certains de ses romans sont très célèbres et ont même été adaptés pour le cinéma, comme La Nuit des Généraux.

Pour revenir au livre, on est clairement dans le roman inspiré du parcours de Sorge, il ne faut pas s'attendre à un récit historique (même déformé) comme pouvait l'être l'ouvrage de la même collection écrit par les deux auteurs soviétiques. Kirst commence chaque chapitre par des introductions sur l'espionnage de manière générale, la guerre, des réflexions philosophiques qui montrent d'ailleurs qu'il a réfléchi sur son engagement au sein du nazisme, sans forcément en tirer toutes les leçons, visiblement. Un des avantage du livre de Kirst, peut-être, sur son homologue soviétique, c'est qu'il considère Richard Sorge avec ses qualités et ses défauts, et non pas sous l'angle apologétique comme avait tendance à le faire son vis-à-vis. Pour le reste, il faut le lire comme il est, c'est à dire comme un roman. On en apprend presque plus sur H.H. Kirst, finalement, que sur Sorge.

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