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David J. MORRIS, Storm on the Horizon. Khafji-The Battle That Changed the Course of the Gulf War, Presidio Press, 2005, 371 p.

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L'intérêt de David J. Morris pour la bataille de Khafji remonte à sa période en tant qu'élève officier à Quantico en 1992. Il se trouve qu'un des sergents instructeurs d'une section présente à ce moment-là était un vétéran de Khafji. Pour Morris, cette bataille rangée, la première pour l'armée américaine depuis la fin de la guerre du Viêtnam, préfigurerait les engagements en Afghanistan, par exemple, où de petites équipes américaines très mobiles guident et encadrent des forces alliées contre un adversaire du tiers-monde -tout en subissant aussi, parfois, les aléas de la puissance de feu de leur propre camp... Morris souligne que rien n'était joué d'avance contre l'Irak en 1990-1991. La prise de Khafji par les Irakiens, le 29 janvier 1991, donne l'occasion à certains Américains de venger l'affront du Viêtnam, selon lui. L'auteur base son récit, essentiellement, sur l'interview de plus d'une centaine de vétérans américains qui ont participé à la bataille de Khafji.


Le mouvement des Irakiens sur Khafji prend par surprise deux sections de reconnaissance profonde des Marines et un groupe de Special Forces stationnés sur la frontière saoudienne avec l'Irak, comme "sonnettes", pour collecter du renseignement et protéger un énorme dépôt de carburant des Marines situé non loin des premières lignes. Par conséquent, la plupart de ces petits groupes situés bien en avant du reste des forces est contraint de se replier dans la ville de Khafji devant l'assaut des blindés irakiens. Avec leurs moyens de communication, les Marines vont guider des frappes aériennes sur les chars et les véhicules blindés irakiens tout en restant dissimulés dans des bâtiments, à la merci d'être découverts et éliminés par les assaillants.

L'assaut de Saddam Hussein comprend en fait trois secteurs d'attaque. Khafji est le point faible parce que la ville est défendue par la Garde Nationale saoudienne et des unités du Qatar. Les forces de reconnaissance des Marines ne peuvent compter que sur des mitrailleuses lourdes et des missiles antichars, et le soutien de LAV. Ils sont hors de portée de leur artillerie et doivent s'appuyer sur leurs alliés arabes pour espérer repousser les Irakiens. Les Marines guident les frappes via une équipe ANGLICO (Air-Naval Gunfire Liaison Company) qui suit les unités arabes qui montent en ligne sur Khafji. Cette équipe comprend à la fois des pilotes et des artilleurs.

Pour Morris, la bataille a tout simplement été oubliée parce qu'elle n'a pas impliqué au moins une grande unité américaine, mais seulement des Saoudiens, des Qataris et une poignée d'Américains. Pourtant, la bataille de Khafji montre à l'évidence les forces mais aussi les grandes faiblesses de l'armée irakienne, en dépit de huit années de guerre contre l'Iran : de quoi dégonfler la baudruche créée depuis le mois d'août 1990 où la contre-attaque est présentée comme devant finir dans un bain de sang face à la quatrième armée du monde (!). Le plan irakien était audacieux, mais les généraux irakiens n'ont pas réussi à complètement le mener à bien. L'USAF tue, selon les statistiques, 2 000 Irakiens pendant les frappes ; 75 véhicules irakiens et 48 soldats sont tués à Khafji et 400 faits prisonniers. Côté américain, les Marines sont surtout victimes de tirs "Blue on Blue" : un LAV-TOW détruit un de ses homologues notamment parce que les TOW n'ont qu'une vision thermique, et que la silhouette de chaleur des véhicules est parfois difficile à distinguer, notamment de nuit en plein milieu d'une bataille. L'aviation américaine, de même, n'est pas exempte de "friendly fire" pendant les combats.

Morris passe beaucoup de temps sur cette partie de la bataille, l'attaque ouest des Irakiens contre le groupe de reconnaissance des Marines stationné sur une digue de sable, appuyé par une compagnie de LAV-25, et qui protège une route menant au coeur de l'Arabie Saoudite ; un peu moins sur l'attaque à l'est contre la ville de Khafji elle-même, où deux équipes ANGLICO des Marines se retrouvent prises au pigèe. L'originalité du livre est qu'il se place du point de vue du combattant, ce qui tranche dans une littérature qui s'intéresse souvent, à propos de la guerre du Golfe, aux décisions stratégiques, etc. Mais le livre est aussi écrit par un ancien officier des Marines et cela se ressent, à plusieurs titres. D'abord, comme souvent dans ces récits américanocentrés, les Irakiens et les alliés arabes de la coalition pilotée par les Etats-Unis sont certes braves, mais mal entraînés et donc ridicules ou inutiles sur le plan militaire. Ensuite, l'US Army n'est pas non plus présentée sous les meilleurs auspices : les Special Forces abandonnent soi-disant les Marines à leur sort, l'USAF ne fait que bombarder tout ce qui est en-dessous d'elle... mais elle aurait suffisamment affaibli les Irakiens pour que la grande offensive terrestre ne soit finalement qu'une "promenade de santé" pour l'US Army. Si l'on ajoute à cela l'utilisation par l'auteur d'un vocabulaire pas forcément expliqué dans le lexique pourtant présent, on comprendra que l'intérêt du livre en soit singulièrement diminué.




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