Décembre 1941. Un squadron de vedettes lance-torpilles PT, sous le commandement du lieutenant Brickley (Robert Montgomery), est expédiée à Manille pour protéger les Philippines contre une éventuelle agression japonaise. Mais ils sont considérés comme quantité négligeable par le commandement militaire local. Un des officiers de Brickley, le lieutenant"Rusty" Ryan (John Wayne), dégoûté de tant de mépris, commence à rédiger une lettre pour être transféré sur destroyer. Mais la nouvelle de l'attaque sur Pearl Harbor le fait changer d'avis. Bientôt, les vedettes lance-torpilles subissent un premier raid aérien japonaise et se défendent vaille que vaille, prouvant leur utilité. Elles vont être engagées sur tous les fronts...
They Were Expendable a été réalisé par John Ford, un réalisateur de légende aux Etats-Unis. Pendant la guerre, il est commandant dans la réserve de l'US Navy, chef de l'unité photo de l'OSS, et tourne plusieurs documentaires de renom, dont celui sur la bataille de Midway (1942), où il est blessé. Présent à Omaha Beach le 6 juin 1944, il observe le débarquement de la première vague et pose lui-même pied à terre avec les US Coast Guards plus tard. Il n'a jamais hésité à s'exposer au feu pour les besoins du tournage de ses documentaires. They Were Expendable est le dernier film qu'il ait réalisé pendant la guerre ; John Ford ne l'aimait pas, et pourtant, il y avait consacré de l'argent. Il est sorti quelques mois après la fin des hostilités. Ford a été manifestement très dur sur le tournage avec John Wayne, qui a été exempté du service militaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Wayne en concevra d'ailleurs beaucoup d'amertume, ce qui explique sans doute le ton ouvertement patriotique de nombre de ses films d'après-guerre. Quand Ford a des problèmes de santé, il se repose sur Montgomery -qui lui a en plus vraiment commandé une vedette lance-torpilles pendant la guerre- pour la réalisation -celui-ci finira, à terme, réalisateur lui-même. C'est d'ailleurs le seul de film de guerre de John Ford, et il transpire l'authenticité : pas d'héroïsme, mais le parcours d'hommes au départ méprisés -ceux des vedettes lance-torpilles- et qui font beaucoup, en réalité, au milieu de la débâcle des Philippines, moment qui n'a rien de glorieux ou presque pour l'armée américaine. La romance fait d'ailleurs plus décoration qu'autre chose. Le film s'assimile presque à un documentaire.
Le film a reçu un soutien important de l'US Navy et a été tourné à Biscaine Key et Florida Keys, zones qui ressemblaient au Pacifique. Des vedettes lance-torpilles PT de classe Elco sont fournies, de même que des appareils américains des bases avoisinantes, que l'on reconnaît aisément, pour simuler les avions japonais.