Pas facile de traiter, à chaud, un conflit qui n'est pas encore terminé. Parlant régulièrement de la guerre en Syrie depuis septembre 2013, je sais de quoi je parle... et pourtant, sous la houlette de Michel Galy, professeur de géopolitique à l'ILERI, un panel de spécialistes a essayé de le faire.
Dans la préface, Bertrand Badie souligne que la crise n'est pas seulement malienne, mais régionale. Les échelles sont très importantes. Le problème malien remonte en fait à la période de l'indépendance, c'est aussi un échec politique. Crise nationale, crise régionale, crise continentale même pour Badie, car l'Union Africaine n'a pas encore les moyens de répondre à de tels défis. En outre, la guerre au Mali est liée au "printemps arabe" de par les effets de la chute de Kadhafi en Libye sur la situation dans le pays. Comme le souligne le préfacier, l'intervention militaire à elle seule est trompeuse : elle ne règlera pas les questions politiques et sociales. L'opération française est menée par l'ancienne puissance coloniale, puissance extérieure quoiqu'on en pense ; c'est aussi quelque part l'échec d'un multilatéralisme en matière de sécurité. Réduire l'adversaire à des terroristes criminels (alors que les mouvements affrontés ont un ancrage social évident, pour certains) n'arrange rien. Une victoire militaire peut-elle déboucher sur un résultat politique conséquent ? L'intervention militaire nourrit les sociétés guerrières, renforce la tutelle d'une société dépendante, aggrave le "prétorianisme".
Michel Galy rappelle quant à lui dans l'introduction que la guerre commence en janvier 2012, un an avant l'intervention française. Le conflit, comme on l'a dit, dépasse l'enjeu local, il est quasiment global, de par ses ramifications. Les Touaregs ont été marginalisés par le découpage colonial, puis depuis les indépendances. Sur le problème touareg s'est surimposé la radicalisation de l'islam depuis les années 2000, vers le wahhabisme, particulièrement au Mali. Pour Michel Galy, la France est en partie responsable du délitement de la situation, notamment en soutenant des élections truquées, en misant sur les Touaregs qui se sont rapidement alliés aux djihadistes, en reprenant le discours de la "guerre contre le terrorisme" de G.W. Bush. Pour Galy, le scénario de sortie de crise est plus celui d'un "état de guerre" indécis.
Le géographe Grégory Giraud rappelle que les sécheresses des années 1970 et 1980 ont attisé les tensions pour l'accès aux ressources naturelles qui se font rares. C'est à ce moment-là que Kadhafi recrute des Touaregs et que se développe les activités illicites dans la zone sahélo-saharienne. Gao est l'une de plaques tournantes de ce trafic, qui fait vivre le Nord-Mali. Les Touaregs participent aux trafics d'armes, de drogue, tandis que les ressources minières commencent à être exploitées par des intérêts étrangers. Les rivalités régionales entre le Maroc, l'Algérie et la Libye sont anciennes, et la deuxième est devenue un acteur majeur après la chute de Kadhafi. Depuis 1990, toutes les rébellions touarègues successives ont été instrumentalisées par des acteurs extérieurs. La Sécurité Algérienne arme ainsi un mouvement touareg en 1990. Dans les années 2000, ce paysage est bousculé par l'irruption du trafic de drogue à grande échelle et l'arrivée du GSPC, futur AQMI. L'enlèvement de 32 touristes européens par El Para, en 2003, qui fait connaître le GSPC, a probablement été orchestré par la DRS algérienne pour bénéficier du soutien américain lors de la "Global War on Terror". La rébellion touarègue de 2006 autour de l'Alliance pour la Démocratie et le Changement (ADC), avec Iyad Ag Ghali, lié de longue dates aux services algériens, serait probablement venue pour des raisons identiques. Une scission de l'ADC, en 2007, est elle soutenue par la Libye de Kadhafi. Le GSPC, devenu AQMI en 2007, multiplie les enlèvements d'Européens et s'installe plus lourdement au Nord-Mali à partir de 2009. C'est parce que la France soutient le régime mauritanien qu'AQMI, liée à la DRS, continue sa politique d'attentats et d'enlèvements de Français. En 2011, avec la défaite de Kadhafi, les Touaregs revenus au Nord-Mali fonde le MNLA, tandis qu'Iyad Ag Ghali, radicalisé après un séjour en Arabie Saoudite, crée Ansar Eddine. Le MNLA, Ansar Eddine et AQMI font tomber le Nord-Mali en avril 2012, le MNLA proclamant dans la foulée l'indépendance de l'Azawad. Mais Ansar Eddine prend rapidement l'ascendant, grâce au soutien d'Alger, qui fait aussi intervenir AQMI. Le MUJAO, excroissance d'AQMI né en décembre 2011, vise à étendre l'assise sociale du mouvement, via la partie trafiquante. L'intervention française de janvier 2013 a conduit à une recomposition du paysage. Une scission divise Ansar Eddine, avec la naissance du Mouvement Islamique de l'Azawad, les Touaregs rejoignent en partie les Français, les milices maliennes armées par la présidence se dissolvent. Cela explique que la progression initiale ait été rapide. Un "grand jeu" se déroule aussi dans la région. Les Etats-Unis sont présents via l'Initiative Pan-Sahel, dès 2002, suivie de la TSCTI en 2005. Ils entretiennent de petites bases pour des interventions ponctuelles, les lily pads, particulièrement avec l'Algérie et le Maroc. Pour la France, les intérêts stratégiques prévalent sur les intérêts économiques : il faut en particulier protéger les mines d'uranium du Niger, exploitées par Areva, qui assurent l'indépendance énergétique. En outre, depuis 2009, les Etats-Unis sont moins présents et "délèguent" largement à la France, non sans rivalité. On note aussi que le Qatar, par le biais de donateurs privés, est présent, tout comme l'Arabie Saoudite.
Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou revient justement sur le "grand jeu" des puissances occidentales. Pour lui, l'intervention de la France symbolise une remilitarisation des échanges entre l'Occident et le Sud. Ce grand jeu du XXIème siècle se caractérise par l'incapacité des Etats postcoloniaux à construire des états stables et souverains ; l'émergence de groupes armés non étatiques avec un projet transnational ; et la concurrence croissante, en Afrique, entre l'Occident et les puissances émergences (Chine, etc). D'après lui, l'intervention française de janvier 2013 consacre le recours à la force dans le règlement des différends. Pour autant, peut-on dire que c'est la reproduction du discours orientaliste du XIXème siècle ? Il est plus pertinent quand il explique que le problème touareg s'est aussi combiné avec l'héritage non résolu de la guerre civile algérienne. Le GSPC commence à s'installer au Nord-Mali en 2003 et n'en partira plus. La prise d'otage d'In Amenas, qui a lieu en Algérie, montre la filiation entre GIA-GSPC-AQMI-MUJAO et jusqu'à Ansar al-Sharia, dissidence de ce dernier apparue en janvier 2012. La guerre en Libye a aussi provoqué un afflux d'armes et de combattants (Touaregs servant Kadhafi). La crise au Mali du début 2012, avec un président, Amadou Toumani Touré, sur le départ, concentre le contrôle grandissant de groupes islamistes radicaux présents depuis une décennie au Nord-Mali, la circulation d'armes et de combattants, et les désirs sécessionnistes de Touaregs fédérés. L'Etat malien est incapable d'y faire face, mais il faut remarquer que la France n'a pas eu non plus de mandat en bonne et due forme du conseil de sécurité de l'ONU. Pour l'auteur, ce "grand jeu" des puissances occidentales a pour résultat d'entraver la construction de l'Etat postcolonial.
Pour Michel Gay, l'opération Serval est le résultat de plusieurs facteurs. L'intervention de janvier 2013 n'a rien de précipitée : les forces spéciales opèrent sur le terrain depuis août 2012, l'appui n'est pas seulement aérien comme l'avait demandé le président malien. Les Français, qui ont rapidement progressé, ont reçu l'appui des Tchadiens et des Touaregs du MNLA. L'opération justifie le maintien de bases en Afrique et procède aussi à une conquête territoriale. Ce faisant, pour Michel Galy, le président Hollande est revenu à la Françafrique qu'il avait tenté de mettre de côté. Le Mali, sous la présidence Keïta (renversé en 1968), avait échappé au système, avant d'être vanté comme modèle après le renversement du dictateur Traoré (1991) et les présidences d'Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. En réalité, la misère économique, la corruption, les dysfonctionnements de l'appareil militaire, la résurgence des rébellions au nord expliquent l'écroulement de l'Etat en 2012. L'enjeu, pour la France, est géopolitique : conserver une aire d'influence en Afrique, même s'il faut soutenir des régimes sans légitimité.
Pour Michel Gay, l'opération Serval est le résultat de plusieurs facteurs. L'intervention de janvier 2013 n'a rien de précipitée : les forces spéciales opèrent sur le terrain depuis août 2012, l'appui n'est pas seulement aérien comme l'avait demandé le président malien. Les Français, qui ont rapidement progressé, ont reçu l'appui des Tchadiens et des Touaregs du MNLA. L'opération justifie le maintien de bases en Afrique et procède aussi à une conquête territoriale. Ce faisant, pour Michel Galy, le président Hollande est revenu à la Françafrique qu'il avait tenté de mettre de côté. Le Mali, sous la présidence Keïta (renversé en 1968), avait échappé au système, avant d'être vanté comme modèle après le renversement du dictateur Traoré (1991) et les présidences d'Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. En réalité, la misère économique, la corruption, les dysfonctionnements de l'appareil militaire, la résurgence des rébellions au nord expliquent l'écroulement de l'Etat en 2012. L'enjeu, pour la France, est géopolitique : conserver une aire d'influence en Afrique, même s'il faut soutenir des régimes sans légitimité.
Jean-Louis Sagot Duvauroux rappelle que les révoltes touarègues ont été répétées depuis 1960. Le président Touré avait réussi à calmer le jeu, mais la défaite de Kadhafi bouscule les équilibres et entraîne son renversement par une partie des officiers de l'armée menée par le capitaine Sanogo, à Bamako, dans un coup d'Etat mené quasiment sur un coup de tête. Pourtant la société malienne tient, malgré un Etat défaillant : le yuruguyurugu, en bambara, désigne la corruption, dont l'Etat administré est l'aboutissement. La société subit pourtant une "panne intellectuelle" due au régime des militaires, et ce malgré l'avènement d'une cybergénération de Maliens. L'intervention française de janvier 2013 a sauvé le Mali d'un péril imminent ; cependant, même si la France, en tant qu'ancienne puissance coloniale, a pris ses distances, les Maliens voient d'un très mauvais oeil ce cadre occidental qu'on cherche à leur imposer, à tous les niveaux.
L'armée malienne, elle aussi, est le reflet des inégalités sociales, des jeux de pouvoir et de corruption du Mali. Eros Sana montre qu'intégrer l'armée malienne ne suffit pas à éviter la précarité. Les conditions de vie sont dantesques pour les militaires maliens. En janvier 2012, plusieurs dizaines de prisonniers sont exécutés par le MNLA et Ansar Eddine à Aguelhok. Pour une force évaluée de 7 à 14 000 hommes, le président Touré a nommé, entre 2002 et 2012, 45 généraux. Entre ceux-ci et la troupe démunie, des capitaines quadragénaires qui gèrent la réalité des opérations sur le terrain. En dépit de fonds considérables investis par la France en 1998 et par les Etats-Unis ensuite, en choisissant de renforcer l'armée plutôt que les programmes de développement, l'appareil militaire malien ne s'est pas amélioré. Les Touaregs, intégrés en plusieurs vagues après chaque rébellion solutionnée, demandent des grades qui correspondent à leur expérience, ce qui n'est pas sans provoquer des ressentiments dans l'armée, auxquels s'ajoute la peur de la trahison. Le 33ème régiment de paracommandos, les fameux "bérets rouges", est le révélateur de ces tensions. C'est le dictateur Moussa Traoré, qui renverse le président Keïta en 1968, qui crée les bérets rouges pour surveiller ses alliés du coup d'Etat. Touré, ancien béret rouge et chef de la Garde Présidentielle de Traoré, a continué de favoriser cette véritable garde prétorienne. En mars 2012, le capitaine Sanogo, un béret vert, renverse le président Traoré : formé aux Etats-Unis, il a le soutien d'une bonne partie de la population de Bamako. Les bérets rouges ont cependant refusé de se rallier et tentent un coup d'Etat, un mois plus tard, qui échoue, conduisant à leur dissolution. Avec l'intervention française, les bérets rouges ont été ressuscités, mais leur réintégration a de nouveau provoqué des affrontements au sein de l'armée malienne... et l'on se demande quel sera l'avenir de l'armée malienne, qui n'a pu reconquérir le Nord-Mali et qui a commis, après l'intervention française, des exactions contre les civils.
Hélène Claudot-Hawad revient ensuite sur la "question touarègue". Elle dure depuis 130 ans et elle est entre autres le résultat de la résistance des Touaregs à la colonisation française. Ce n'est qu'une fois le danger écarte que les Touaregs ont commencé à "fasciner". Répartis aujourd'hui sur cinq Etats, les Touaregs ont pendant cette longue période modelé leur identité. La dénomination de ces populations, la question de leur nombre sont aussi, parfois manipulées par les Etats pour nier la réalité de leur existence. Quand les guerriers touaregs résistent à la pénétration française, dans l'Ahaggar en 1902, à Agadez en 1906, ils sont décimés. Kawsen va mettre en place, lui, une stratégie nouvelle, celle de la guérilla. En une décennie, il forge un outil qui lui permet de reprendre Agadez en décembre 1916. Chassé par l'armée française, aidée par les Britanniques, il est finalement pendu en 1919. La répression en pays touareg est à la mesure de la peur suscitée par l'insurrection. Le projet colonial au Sahara classe les Touaregs en fonction d'une hiérarchie raciale, avec l'objectif de les soustraire à l'influence de l'islam et de les sédentariser. Les nouvelles frontières de l'indépendance asphyxient aussi le mode de vie touareg. Les Touaregs sont combattus par l'Algérie, puis par le Niger. Les migrants économiques, qui naviguent d'un pays à l'autre à la recherche d'un travail (ishumar) vont pour certains aboutir dans les camps d'entraînement de Kadhafi à partir de 1980. La rébellion de 1990 au Mali et au Niger ne règle pas la question, d'autant que des milices paramilitaires commettent des exactions contre les populations touarègues après la signature des accords de paix. L'amalgame entre terroristes et Touaregs est rapidement établi, après 2001, par les Américains. Alors que le combat des mouvements touaregs est peu médiatisé, on s'inquiète beaucoup, au contraire, de la montée en puissance d'AQMI et de son investissement au Nord-Mali. Divisés en 2012, au moment de l'offensive au Nord-Mali, rapidement marginalisés par les djihadistes, les Touaregs rallient les Français en janvier 2013, même si les milices maliennes recommencent les exactions, de nouveau. Et au Niger, la situation n'est guère meilleure. L'enjeu de la question sahélo-saharienne n'est pas local, mais mondial, à travers le redécoupage des zones d'influence entre puissances internationales et l'arrivée de nouveaux acteurs, avec en toile de fond l'accès convoité aux ressources minières.
Comme le montre François Gèze, le régime algérien joue un rôle singulier dans cet enjeu global. Les militaires qui ont pris le pouvoir en Algérie en 1992, et notamment ceux de la police politique, la DRS, manipulent largement des groupes islamistes dans la guerre civile, en particulier à partir de 1996. Pour retrouver une légitimité internationale largement entamée par le carnage de la guerre civile, les généraux Larbi Belkheir, Mohammed Médiène et Smaïl Lamari vont alimenter le GSPC, né en 1998, et qui deviendra moins de dix ans plus tard AQMI. D'où l'introduction du terrorisme et du djihadisme dans la zone sahélo-saharienne, qui jusqu'ici avait été épargnée. El Para, qui a enlevé les touristes européens en 2003, est probablement un agent de la DRS. Les Algériens cherchent aussi à contrer l'influence sur les rebelles touaregs de la Libye de Kadhafi. En 2008, Mohammed Médiène, désormais seul, remobilise les réseaux d'AQMI (depuis 2007) pour justifier de la menace terroriste au Sahel devant l'Africom américain de Stuttgart. Enlèvements et assassinats d'Occidentaux se multiplient, mais il n'est pas dit que la DRS ait eu le contrôle de toutes les opérations. Les katibas d'Abou Zeïd et de Mokhtar Belmokhtar opèrent aussi probablement pour leur compte. Un peu plus tard apparaissent successivement le MUJAO et Ansar Eddine, la première étant bien une excroissance d'AQMI pour François Gèze, tandis que la seconde, via Iyad Ag Ghali, est liée aux Algériens. Dans ce contexte, il est légitime de s'interroger sur la prise d'otages d'In Amenas, menée par Belmokhtar, et qui aurait servi à redorer le blason de l'Algérie dans la lutte antiterroriste auprès des Américains. Mais l'intervention française, en fragilisant certains groupes et en décapitant parfois les chefs -comme Abou Zeïd- a privé l'Algérie de certains de ses instruments.
Benoît Miribel, enfin, comment la crise économique, la sécheresse et la fragilité politique provoquent une crise humanitaire au Sahel. L'insécurité alimentaire s'est aggravée. Au Mali, elle touche plus de 4 millions de personnes en 2012, soit un habitant sur quatre. En plus des nombreux réfugiés, la population a par ailleurs beaucoup souffert des combats et de l'occupation au Nord-Mali. Les exactions prenant la forme de règlements de compte ont été monnaie courante, sans parler du recrutement d'enfants-soldats dans les deux camps.
L'ouvrage a un avantage appréciable, celui de traiter d'une question actuelle, cas toujours délicat, dans une perspective multi-dimensionnelle (enjeux locaux/nationaux, enjeux régionaux, enjeux internationaux). Le propos met bien en évidence la dégradation de la situation malienne depuis une décennie, l'héritage historique, en particulier depuis l'indépendance, les manoeuvres d'acteurs dans l'ombre (Algérie en particulier). Il pose aussi une question intéressante, celle de la pertinence de la seule intervention militaire, dont il faut se demander si l'on peut finalement s'en féliciter : elle a empêché les groupes djihadistes de s'emparer de Bamako, et pourtant à elle seule, elle ne peut rien résoudre. Pourtant, le livre prend parfois la forme d'un procès à charge contre la politique de la France. On ne peut nier que François Hollande, qui voulait se démarquer de la Françafrique, soit revenu à un peu plus de "realpolitik". De là à vouloir y voir la marque d'un néo-colonialisme rampant, c'est peut-être aller un peu loin, d'autant plus que le Mali ne compte pas beaucoup dans les relations économiques de la France ou dans ses relations internationales. La France n'avance pas visiblement non plus comme un simple supplétif des Etats-Unis, qui par ailleurs connaissent encore assez mal la région. En revanche, on ne peut nier que l'on assiste à un redécoupage des zones d'influence entre puissances dans la région, parce que de nouveaux acteurs sont apparus et que chacun essaie de se positionner : la conclusion de l'article d'Hélène Claudot-Hawad semble plus pertinente. Ce qui interroge, aussi, c'est finalement la question de savoir si la France a les moyens d'une telle politique de puissance, et s'il est dans son intérêt de le faire, ce qui n'est pas vraiment abordé dans l'ouvrage. Néanmoins, celui-ci est indispensable pour replacer Serval dans l'histoire et la géographie du pays, de la région et des enjeux plus globaux.