Yves Debay, bien connu des lecteurs de la presse spécialisée en histoire militaire pour avoir contribué à Raids puis avoir lancé son propre magazine, Assaut, en 2005, a été tué dans la nuit de jeudi à vendredi par un sniper à Alep, en Syrie. Il couvrait la guerre sur place pour son magazine et ses reportages photos, devenus une référence dans le milieur.
Debay, né en 1954 au Congo belge, avait ensuite rejoint l'armée rhodésienne (blanche) qui combattait la guérilla marxiste du moment (noire). Evidemment, on ne s'engage pas là-dedans sans un anticommunisme certain et des idées qui confinent à l'extrême-droite (photo ci-contre).
Depuis, il s'était reconverti dans le journalisme en menant des reportages de terrain pour des magazines spécialisés dans l'histoire militaire. Debay était sans doute un reporter de guerre hors-norme, couvrant tous les théâtres d'opérations en première ligne, faisant fi des règles et consignes de sécurité. A ses risques et périls : en 1991, la Garde Républicaine irakienne manque de l'exécuter, le prenant pour un espion américain. Rebelote en mars-avril 2003 pendant l'opération Iraqi Freedom. Il avait d'ailleurs livré son expérience dans un récit autobiographique paru en 2004, Wildcat.
La guerre surtout semblait être au coeur de l'existence d'Yves Debay, ce qui explique sans doute qu'il était respecté par les militaires et honni par d'autres journalistes. Peut-on pour autant dire, comme certains qui font déjà sa rubrique nécrologique, qu'il était "vacciné contre le racisme" et qu'il avait vraiment abandonné l'idéologie qu'il avait servi ? Certains éditoriaux ou articles parus dans Assaut, comme ce numéro que j'avais commenté l'an passé et qui évoquait la guerre au Mali (tiens), permettent d'en douter. A défaut de l'avoir rencontré personnellement, difficile de se prononcer définitivement car ces propos outranciers pouvaient aussi être boutade ou façade, mais je ne le saurais jamais.
Saluons néanmoins la mémoire d'un grand monsieur du journalisme de guerre.