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Bas les masques. Ce qui se joue derrière le combat contre l'EIIL en Syrie

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Article publié simultanément sur le site de l'Alliance Géostratégique.


Mise à jour 1  (7 janvier 2014) : après la publication d'un nouvel article d'A. Lund.



A partir du 3 janvier 2013, l'Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe constitué essentiellement de combattants étrangers et mené par Abou Bakr al-Baghdadi, a été chassé d'une bonne partie de son territoire du nord de la Syrie par plusieurs autres factions rebelles. Cette éruption ne doit pas surprendre : elle n'est que la conclusion assez logique de près de six mois de tiraillements et de tensions entre une formation considérée comme étrangère au contexte syrien par bon nombre de groupes rebelles, même si certaines factions avaient toujours voulu maintenir le contact avec l'EIIL. Plus largement, l'affrontement nous en dit beaucoup plus sur l'état de la recomposition de l'insurrection syrienne et sur ses dimensions régionales et internationales, via les soutiens extérieurs.


L'EIIL : au-delà d'al-Qaïda ?


L'Etat Islamique en Irak avait été formé en octobre 2006 et la branche d'al-Qaïda en Mésopotamie était partie intégrante, et dominante, de cette organisation. Le successeur d'al-Zarqawi en Irak, Abou Hamza al-Muhajir, avait prêté allégeance à Abou Omar al-Baghdadi, alors émir de l'EII. En 2007, Zawahiri avait fait de l'EII la branche officielle d'al-Qaïda en Irak, reconnaissant la place dominante prise cette fois-ci par l'organisation1.



Le 9 avril 2013, Abou Bakr al-Baghdadi, nouvel émir d'EII depuis la mort d'Abou Omar al-Baghdadi en avril 2010, annonce par un enregistrement vocal que le front al-Nosra n'est qu'une couverture pour les activités de l'EII en Syrie. Baghdadi annonce également que désormais les deux groupes djihadistes vont fusionner sous l'appellation d'Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL). Le chef du front al-Nosra, Abou Mohammad al-Golani, n'est pas favorable à une telle fusion, de peur de perdre sa place au sein de l'organisation. Il admet cependant avoir combattu en Irak sous les ordres de Baghdadi, et que le front al-Nosra a bien reçu des armes, des combattants et des fonds de l'EII. Al-Golani renouvelle son allégeance à Zawahiri, de façon à placer celui-ci en position d'arbitre, d'autant qu'il y a des désaccords de fond entre l'EII et al-Qaïda « central » -par exemple sur le sort à réserver aux populations chiites du monde musulman. Zawahiri prend le parti de Golani et intime à Baghdadi de demeurer uniquement en Irak, ce que celui-ci refuse de faire.


La plupart des combattants d'al-Nosra rejoignent alors l'EIIL, et particulièrement les volontaires étrangers, en particulier ceux qui viennent de Libye, de Tunisie et des pays du Golfe. Début mai 2013, le gros de l'armée Muhajirin wa Ansar, un groupe majoritairement composé de Tchétchènes et de Nord-Caucasiens, rallie l'EIIL. Son chef, Omar al-Shishani, est nommé émir pour le nord de la Syrie sur les provinces de Lattaquié, Alep et Idlib. C'est le soutien de Shishani qui permet aux insurgés de s'emparer de la base aérienne de Minnagh en août 2013 ; le groupe est également présent à la chute de la base de la 66ème brigade dans la province de Hama en septembre. C'est également Muhajirin wa Ansar qui mène une action conjointe de l'EIIL, d'al-Nosra et du groupe salafiste syrien Ahrar al-Sham contre les milices kurdes de l'YPG.

Mais l'EIIL ne bénéficie pas seulement de l'apport de combattants étrangers. Des tribus ont rallié sa cause, en particulier dans le nord de la province d'Alep et dans celle de Raqqa. Certaines tribus ont préféré se tourner directement vers les djihadistes au vu de la déliquescence de l'Etat, sans passer par la case Armée syrienne libre ou même par celle islamistes modérés. La tribu Afadila, qui a longtemps soutenu le régime syrien, a ainsi pris fait et cause pour l'EIIL alors qu'elle n'est pas connu pour ses sentiments religieux exacerbés. A Raqqa, l'EIIL cherche à expérimenter la construction d'un véritable Etat dans l'Etat. Son financement abondant lui permet d'assurer le transport, les services publics et sociaux ainsi que la production et la distribution de pain. L'EIIL remplace en fait l'ancien Etat dans le nord-est syrien. Le groupe se démarque ainsi d'al-Qaïda qui n'a jamais tenté de bâtir véritablement un Etat authentique ; par ailleurs l'adversaire est plus pour l'EIIL l'Iran et ses alliés chiites que les Etats-Unis, qui sont en retrait depuis le départ des troupes américaines en Irak de 2011. Structurellement, stratégiquement et politiquement, l'EIIL est donc très différent d'al-Nosra, mieux vu par les Occidentaux, l'opposition syrienne et les islamistes, alors que ce groupe reste la branche officielle d'al-Qaïda en Syrie.


L'aboutissement de six mois de tensions


L'affrontement fait suite à des manifestations dans les localités contrôlées ou non par l'EIIL suite à la mort d'Abou Rayyan, un chef du groupe armé Ahrar al Sham capturé, torturé et exécuté par l'EIIL. Abou Rayyan était responsable du point frontalier de Bab el-Hawa, qu'Ahrar al-Sham avait investi au nom du Front Islamique en décembre 2013, sur requête de l'Armée syrienne libre, afin de contrer, probablement, une mainmise de l'EIIL2. L'EIIL cherchait en effet, par grignotage, à couper la ligne de ravitiallement des rebelles à Alep via la Turquie. Mais l'incident ne vient que conclure une série de provocations et d'abus commis par l'EIIL à l'égard des autres groupes armés. L'EIIL a commencé à empiéter sur le terrain des autres factions rebelles dans le nord-syrien dès l'été 2013 après sa rupture avec al-Nosra. En septembre, l'EIIL prend le contrôle du poste frontalier d'Azaz, à la frontière turque, et multiplie les accrochages avec les autres groupes de la rébellion. L'EIIL n'est pas à l'origine de tous les incidents mais refuse toute explication, tout compromis ou arbitrage, et cette posture intransigeante finit par lui aliéner jusqu'aux groupes salafistes qui avaient essayé de garde le contact, comme Ahrar al-Sham3.

Fin novembre 2013, Ahrar al-Sham fait partie de la nouvelle coalition du Front Islamique, qui regroupe 7 des groupes armés les plus importants, dont la brigade al-Tawhid, très présente à Alep, et Jaysh al-Islam, un groupe très hostile à l'EIIL qui est très actif à Damas. C'est alors que Baghdadi commence à parler d'un complot contre l'EIIL fomenté par l'Arabie Saoudite sur le modèle du Réveil sunnite en Irak. Les escarmouches se multiplient entre l'EIIL et le Front Islamique et jusqu'avec al-Nosra. Le combat devient véritablement sanglant avec Ahrar al-Sham dans la ville de Maskana, à l'est d'Alep, en dépit du ton mesuré du représentant politique d'Ahrar al-Sham, Hassan Aboud, qui a cependant du mal à garder son sang-froid après l'enlèvement puis l'exécution d'Abou Rayyan.

Il faut noter que depuis septembre 2013, plusieurs coalitions ont vu le jour au sein de l'insurrection syrienne qui ont toutes un point commun, celui d'exclure les djihadistes. Ces coalitions n'ont pas seulement été montées contre l'EIIL : elles ont aussi souvent rejeté l'autorité de la Coalition Nationale Syrienne qui oeuvre à l'extérieur et elles suivent parfois, également, une logique purement militaire. Mais l'on sent derrière ces mouvements l'influence des soutiens financiers de ces groupes armés, l'Arabie Saoudite, le Qatar et les donateurs privés koweïtiens.


L'Arabie Saoudite avance ses pions


Dès le mois d'octobre 2013, certains spécialistes avaient noté que l'émergence de nouvelles coalitions était probablement le signe d'une pression de l'Arabie Saoudite afin de créer une véritable armée pour l'opposition syrienne, afin de contrer les djihadistes4. Riyadh est en effet mécontente de l'accord sur le désarmement chimique du régime conclu entre les Russes et les Américains, et qui a écarté la possibilité de frappes sur le pays, tout en refaisant de Bachar el-Assad un partenaire pour la communauté internationale. La perspective, en outre, d'un accord américano-iranien sur le nucléaire pousse l'Arabie Saoudite à vouloir renverser au plus tôt le dictateur syrien. La décision d'armer et de financer une force de 40 à 50 000 combattants rebelles efficaces a probablement été prise devant l'inanité des efforts d'encadrement des rebelles, dont certains défecteurs, en Jordanie, avec le soutien de certains services de renseignement occidentaux. C'est pourquoi l'Arabie Saoudite s'est tournée vers les groupes déjà existants, le problème étant que les donateurs privés financent également des groupes armés, à leur libre choix, et pas forcément les mêmes que les gouvernements. Jaysh al-Islam, formée le 29 septembre 2013 et dirigé par Zahran Alloush, qui regroupe 43 brigades ou bataillons implantés dans la région de Damas essentiellement, naît probablement de ces choix saoudiens, ce qui a entraîné des dissensions avec les autres groupes locaux, ou non, qui se sont parfois retirés des opérations en cours, faute d'avoir été prévenus.

Ces derniers mois, en plus de l'Armée de l'Islam, on a assisté à la création d'Amjad al-Sham, le 4 octobre (dans la région de Damas), à celle du Greater Damascus Operations Room, le 6 novembre, à la naissance du Front Islamique, la coalition plus importante, au niveau national, le 22 novembre, à l'Union Islamique d'Ajnad al-Sham à Damas, le 2 décembre, au Front des Révolutionnaires Syriens le 9 décembre (dans les provinces d'Idlib et d'Hama surtout) et enfin à l'Armée des Moudjahidin, le 3 janvier 2014 (provinces d'Alep et d'Idlib). Toutes ces nouvelles coalitions ont en commun d'avoir exclu les djihadistes d'al-Nosra ou de l'EIIL, de les marginaliser, d'une certaine façon, tout en donnant plus de poids aux autres chefs islamistes, préparant ainsi l'affrontement qui s'est déclenché le 3 janvier dernier.

L'Arabie Saoudite n'est pas la seule à pousser le Front Islamique face aux djihadistes. Les Etats-Unis ont tenté de prendre contact avec le mouvement en décembre 2013, ce dernier rejetant la proposition, sans fournir d'explication5. Le problème est aussi que le Front Islamique, sur le terrain, a maintenu d'excellentes relations avec al-Nosra, qui reste la branche officielle d'al-Qaïda en Syrie. En outre, certaines composantes du Front Islamique, en particulier Jaysh al-Islam de Zahran Alloush, se sont distinguées par des déclarations sans équivoque à l'égard du traitement à réserver aux minorités. Pourtant, le Front Islamique et ses différents groupes armés sont composés essentiellement de Syriens, avec un agenda local et national, tandis que l'EIIL, qui comporte une majorité de combattants étrangers, défend un djihad sunnite transfrontalier. La collaboration avec al-Nosra, probablement davantage composé de Syriens là aussi, est plus facile, mais pas systématique : dans le nord de la province de Raqqa, al-Nosra et Ahrar al-Sham n'ont pas pu s'entendre pour contrer l'EIIL, alors que Jaysh al-Islam travaille régulièrement avec al-Nosra à Damas.


Qui combat l'EIIL ?


Le combat contre l'EIIL, depuis le 3 janvier, est mené principalement, mais pas exclusivement, par deux formations, le Front des Révolutionnaires Syriens et l'Armée des Moudjahidin6. Le premier groupe est né le 9 décembre 2013 par le regroupement de 14 formations souvent locales, avec d'anciens groupes puissants qui se sont délités depuis l'été, comme les bataillons Farouq7. La brigade des Martyrs de Syrie, qui bénéficiait du soutien saoudien, a longtemps été une des plus puissantes dans la province d'Idlib. Ahrar al-Shamal était aussi un autre groupe important dans la même province. Avec la brigade Ahrar al-Zawia, ces brigades se posaient en rivales directes de Suqour al-Sham, un groupe puissant qui a rejoint le Front Islamique. La nouvelle coalition, qui se concentre donc dans la province d'Idlib, semble donc au départ se former en réaction à l'émergence du Front Islamique, qui a également pris le contrôle, sur demande de l'Armée Syrienne Libre, des dépôts d'armes de Bab el-Hawa. Mais derrière cette coalition, il y a aussi la volonté de réorganiser les islamistes modérés ou non alignés, qui ont toujours constitué le noyau de l'Armée Syrienne Libre. Le Front des Révolutionnaires Syriens a été reconnu par la Coalition Nationale Syrienne et par le Commandement Militaire Suprême du général Idriss. C'est donc en quelque sorte un contrepoids à la montée des salafistes du Front Islamique. Le Front des Révolutionnaires Syriens, mené par Jamal Maarouf, le chef de la brigade des Martyrs de Syrie qui est basé dans le Jabal al-Zawiya de la province d'Idlib, a repris des secteurs à l'EIIL dont certains proches du point frontalier de Bab el-Hawa. Maarouf, qui a été un temps largement soutenu par l'Arabie Saoudite, reste proche des pays du Golfe, et reconnaît la Coalition Nationale Syrienne et le Commandement Militaire Suprême d'Idriss, sa structure militaire. Il a également combattu le Front Islamique en décembre 2013 même si les deux groupes sont arrivés à un cessez-le-feu.


Source : http://i0.wp.com/www.joshualandis.com/blog/wp-content/uploads/a-map-of-fighting-before-jan-3.png





Source : http://i1.wp.com/www.joshualandis.com/blog/wp-content/uploads/a-Map-of-fighting-2014.png


Quant à l'Armée des Moudjahidin, qui a surgi le 3 janvier dernier, elle n'est pas non plus le fruit du hasard8. Selon certaines sources, elle participe de la même volonté de créer une force en contrepoint du Front Islamique mais qui n'avait pu s'exprimer faute de soutien financier extérieur et de « patron » capable de susciter l'unité. La lutte contre l'EIIL lui en donne l'occasion. Parmi les groupes qui en font partie, la 19ème division de l'Armée syrienne libre ou les brigades islamiques Nur ad-Din al-Zanki, ces dernières étant incontestablement l'élément le plus puissant. Parmi les groupes concernés, il y a certains factions islamistes qui n'ont finalement pas rejoint le Front Islamique en novembre 2013 ;: certaines sont proches des groupes salafistes anti-djihadistes, d'autres plutôt des Frères Musulmans. La nouvelle coalition a une influence à l'ouest d'Alep, sur la route vers Damas, et au sud-ouest de la ville. Elle se reposerait sur un financement local. L'EIIL, qui disposait de bureaux ou de centres de prêche, s'est rallié, parfois par la contrainte, des formations armées locales de l'ASL, laissant des garnisons de quelques douzaines d'hommes dans les localités conquises, parfois jusqu'à 200 comme dans la région de Dana de la province d'Idlib. Elle s'attaque ensuite aux villes d'Atareb et Orme, à l'ouest d'Alep, suivant sa tactique habituelle qui consiste à isoler les groupes adverses pour mieux les absorber. L'Armée des Moudjahidin est née en réaction à cette menace, capitalisant sur le mécontentement de la population qui a parfois accueilli à bras ouverts les djihadistes devant le comportement peu scrupuleux d'autres insurgés. Selon certaines sources, 5 000 personnes se seraient portées volontaires pour combattre l'EIIL, qui ne peut faire face avec ses petites garnisons isolées. La brigade al-Tawhid, qui fait partie du Front Islamique, aurait rapidement soutenu l'Armée de Moudjahidin : certains y voient le signe qu'en réalité, cette dernière coalition aurait été « préparée » par le Front Islamique, dès le mois de décembre, comme intermédiaire pour combattre l'EIIL -en l'état, difficile d'en savoir plus, il faudra attendre pour saisir véritablement l'essence de cette coalition. En outre, le mouvement aurait encouragé d'autres bataillons assiégés par l'EIIL, comme à Andan, au nord d'Alep, à attaquer les djihadistes. Les combats se sont ensuite étendus aux faubourgs est d'Alep puis au nord de la ville, jusqu'à Azaz, ainsi que dans la partie rurale de la province d'Idlib frontalière de celle d'Alep. L'EIIL a été obligée de retirer des troupes du sud-est d'Alep et de Raqqa pour dépêcher des renforts.

Certaines sources notent également l'absence des combattants tchétchènes de l'EIIL, particulièrement redoutés des autres insurgés syriens. Omar ash-Shishani et son groupe auraient gagné il y a deux semaines la province de Deir es-Zor : certains y voient le signe qu'il était en désaccord avec la politique de l'EIIL dans la province d'Alep. Mais on dit aussi qu'il a pu vouloir prendre le contrôle de certaines des ressources pétrolières de la province orientale syrienne. Ce week-end, des rumeurs ont fait état du retour de Shishani, avec 7 ou 800 combattants, vers Alep, avec même une majorité de candidats au suicide (!). Ces interrogations sur l'EIIL montrent aussi que le groupe est probablement loin d'être la formidable menace, dominant la rébellion syrienne et prête à instaurer un califat régional, que certains médias occidentaux ont monté depuis l'été dernier9. L'EIIL aurait remis le contrôle de la ville de Dana, à Idlib, au front al-Nosra, suite à un accord ; la branche officielle d'al-Qaïda a d'ailleurs renouvelé son offre, le 5 janvier, de fusionner les deux organisations sous une seule bannière. En tout, ce serait une trentaine de places ou de positions stratégiques que l'EIIL aurait perdu en quelques jours, répliquant par des attaques à la voiture piégée contre les formations rebelles adverses. La brigade al-Tawhid mène également le combat dans la province d'Alep et Ahrar al-Sham dans celle de Raqqa, pour le Front Islamique. Plus de 100 combattants de l'EIIL aurait déjà été tués et une centaine d'autres capturés, le groupe exécutant en représailles des prisonniers avant de se retirer de certaines places.


Source : https://pbs.twimg.com/media/BdVCHEqCIAIm2ov.png:large



Bibliographie :


Suhaib Anjarini, « Syria: Army of the Mujahideen Challenges ISIS Gains », Al Akhbar English, 6 janvier 2014.

Romain Caillet, « The Islamic State: Leaving al-Qaeda Behind », Syria in Crisis/Carnegie Endowment for International Peace, 27 décembre 2013.

Joshua Landis, « The Battle between ISIS and Syria’s Rebel Militias », Syria Comment, 4 janvier 2014.

Aron Lund, « The Syria Revolutionaries’ Front », Syria in Crisis/Carnegie Endowment for International Peace, 13 décembre 2013.

Aron Lund, « Pushing Back Against the Islamic State of Iraq and the Levant: The Path to Conflict », Syria in Crisis/Carnegie Endowment for International Peace, 6 janvier 2014.

Aron Lund, « Pushing Back Against the Islamic State of Iraq and the Levant: The Syria Revolutionaries’ Front and the Mujahideen Army », Syria in Crisis/Carnegie Endowment for International Peace, 7 janvier 2014.
Hania Mourtada, « Dispatch The Islamist Enemy of Our Islamist Enemy. Meet what might soon be the West's unpredictable new friend in Syria -- the Islamic Front. », Foreign Policy, 31 décembre 2013.

Yezid Sayigh, « Unifying Syria’s Rebels: Saudi Arabia Joins the Fray », Carnegie Middle East Center, 28 octobre 2013.


1 Romain Caillet, « The Islamic State: Leaving al-Qaeda Behind », Syria in Crisis/Carnegie Endowment for International Peace, 27 décembre 2013.
2Joshua Landis, « The Battle between ISIS and Syria’s Rebel Militias », Syria Comment, 4 janvier 2014.
3Aron LUND, « Pushing Back Against the Islamic State of Iraq and the Levant: The Path to Conflict », Syria in Crisis/Carnegie Endowment for International Peace, 6 janvier 2014.
4Yezid Sayigh, « Unifying Syria’s Rebels: Saudi Arabia Joins the Fray », Carnegie Middle East Center, 28 octobre 2013.
5Hania Mourtada, « Dispatch The Islamist Enemy of Our Islamist Enemy. Meet what might soon be the West's unpredictable new friend in Syria -- the Islamic Front. », Foreign Policy, 31 décembre 2013.
6Joshua Landis, « The Battle between ISIS and Syria’s Rebel Militias », Syria Comment, 4 janvier 2014.
7Aron Lund, « The Syria Revolutionaries’ Front », Syria in Crisis/Carnegie Endowment for International Peace, 13 décembre 2013.
8Suhaib Anjarini, « Syria: Army of the Mujahideen Challenges ISIS Gains », Al Akhbar English, 6 janvier 2014.

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