689 ap. J.-C. . Dans la Chine de l'empire Tang, Wu Zetian (Carina Lau) est sur le point d'être couronnée première impératrice de Chine en dépit de l'opposition de l'aristocratie et de l'administration. Pour l'occasion, elle fait bâtir un Bouddha colossal en face de son palais. Mais pendant la visite d'un général étranger, le maître d'oeuvre du chantier prend feu soudainement, sans explication. Pei Donglai (Deng Chao), un officier de justice, et son supérieur, interrogent un nommé Shatuo, assistant du contremaître, qui a été emprisonné pour rébellion il y a 8 ans, torturé et privé d'une main. Le supérieur de Pei prend feu mystérieusement à son tour alors qu'il s'apprête à faire son rapport à l'impératrice. L'impératrice et son bras droit, Shangguan Jing'er (Li Bingbing) reçoivent alors un message du Grand Prêtre, le précepteur d'Etat, sous la forme d'un daim doué de parole. Il explique que Di Renjye (Andy Lau), enquêteur emprisonné il y a 8 ans pour rebéellion contre Wu, doit être libéré pour résoudre l'enquête...
Les amateurs de romans policiers auront reconnu le juge Ti, dont les enquêtes sont actuellement rééditées dans la collection Grands Détectives, chez 10/18, dans la version écrite par Robert van Gulik. Le personnage a réellement existé dans la Chine des Tang au VIIème siècle, avant d'être romancé dès le XVIIIème siècle puis par Van Gulik dans la seconde moitié du XXème siècle. Le film s'inspire seulement de l'aspect enquête, car il ne fallait pas empiéter, justement, sur les droits d'auteur plus anciens. L'aspect "découverte de la civilisation Tang", qui joue souvent un rôle important dans les romans, est donc en grande partie écarté, même si la dimension proprement chinoise du film est bien visible (l'impératrice garde le haut du pavé, ses adversaires ne sont que des "terroristes" aigris, ce qui en dit long sur l'appréhension du régime actuel ; le souverain peut se maintenir au pouvoir du moment qu'il est clairvoyant).
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Le film fait à la fois appel à des acteurs confirmés dont c'est justement le dernier rôle à l'écran, comme Andy et Carina Lau, et à des vedettes montantes du cinéma chinois. Le propos mêle finalement adroitement enquête policière, aspect scientifique et dimension fantastique. Le réalisateur en met également plein la vue, que ce soit pour les scènes de combat ou par l'intermédiaire des costumes, particulièrement envahissants. Rien d'étonnant à ce que Tsui Hark ait choisi à la fois les aventures du juge Ti et la figure de l'impératrice Wu Zeitan, dont l'histoire a souvent, aussi, été romancée. Savant mélange de genres, le film est un vrai régal pour les yeux et parvient à maintenir le suspense quasiment jusqu'à la fin. Une belle réussite pour Tsui Hark qui après certains déboires, semble enfin avoir trouvé une alchimie qui fonctionne. Il renoue ainsi avec le wu xia pian (le film de cape et d'épée chinos) dans la tradition des Shaw Brothers, et de belle façon, même si sur la dernière demi-heure, on accroche un peu moins.