22 mai 1430, Compiègne. La compagnie de Jeanne d'Arc arrive dans la ville assiégée par les Bourguignons soutenus par les Anglais. Malgré les conseils de prudence de La Trémoille et du gouverneur de la place, Guillaume de Flavy, Jeanne d'Arc effectue le lendemain une sortie contre les postes bourguignons, mais quand elle se replie vers la ville, elle trouve portes closes. Capturée, elle est promise au bûcher. 30 avril 1435 : Yolande d'Aragon, belle-mère du roi de France, convoque Etienne de Vignolles, dit la Hire, et Jean de Xaintrailles, anciens chefs de bande et compagnons de Jeanne d'Arc, dans le plus grand secret. A charger pour eux de mener l'enquête pour découvrir qui a trahi Jeanne d'Arc devant les murs de Compiègne...
L'homme de l'année est la nouvelle série à thème de la collection Série B, chez Delcourt. On reconnaît là la patte d'auteurs qui ont contribué à Jour J, par exemple. Le but de la collection est de partir d'un événement historique précis où intervient, dans l'ombre, un personnage anonyme, oublié de l'histoire. Le premier tome impliquait un soldat noir des troupes coloniales de la Grande Guerre, et il était bien mené. Ce deuxième tome pioche dans l'épopée de Jeanne d'Arc, et revient sur un épisode effectivement débattu, celui du siège de Compiègne et de la capture de la Pucelle par les Bourguignons.
Compiègne commande à la fois les routes entre Reims et Rouen et entre Paris et la Flandre. La ville est très disputée pendant la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons couplée à la guerre contre les Anglais. Elle est prise et reprise trois fois par chaque camp entre 1414 et 1429 avant de rester entre les mains du pouvoir royal français, en août 1429. Les Bourguignons cherchent à la récupérer par la négociation, mais comme les habitants craignent les représailles, la reddition ne se fait pas et le duc Philippe le Bon assiège la ville, son armée se mettant en marche à partir d'avril 1430. Les assiégeants ne sont cependant que 4 000, ce qui est un peu, avec un mince contingent anglais. Jeanne d'Arc arrive à Compiègne le 12 mai 1430 avec 5 capitaines et 500 hommes. Les assiégés tentent d'abord de disperser la progression des assiégeants, sans succès. Il y a d'ailleurs à cette occasion une première trahison : un capitaine est retourné par l'adversaire, faisant annuler une manoeuvre des assiégés. Jeanne d'Arc revient à Compiègne probablement au matin du 23 mai. Elle participe à une sortie en fin d'après-midi : la troupe surprend les Bourguignons à Margny, mais ceux de Clairvoix arrivent en renfort et les Anglais prennent les défenseurs à revers. C'est en revenant vers la ville qu'elle est mise à bas de son cheval par un archer bourguignon et capturée avec son frère Jean et son écuyer Jean d'Aulon. Compiègne ne sera dégagée qu'en octobre par l'arrivée de l'armée royale.
Le mythe de la trahison de Jeanne d'Arc devant Compiègne naît assez tôt. Dès 1445-1450, à l'occasion de procès impliquant des personnages importants de l'épopée comme Guillaume de Flavy, le gouverneur de la ville, assassiné par l'amant de sa femme, on voit circuler les premières rumeurs impliquant Flavy, puis, bientôt, Georges de la Trémoille. Certains pointent aussi du doigt les capitaines de l'armée royale jaloux du succès de la Pucelle. Pourtant Jeanne n'en a rien dit après sa capture, et il est bien difficile de mettre directement en cause le roi Charles VII. Ce qui n'a pas empêché les théories les plus diverses de fleurir sur le sujet.
C'est pourquoi ce deuxième tome est plus décevant que le premier car il part dans une hypothèse qui n'arrive pas à convaincre. En outre l'enquête des deux anciens compagnons de Jeanne d'Arc suit un schéma des plus classiques. Reste le dessin, particulièrement sombre, avec de belles planches sur les bâtiments, en particulier, qui reflètent le soupçon et la trahison propres au scénarios. Dommage car le thème choisi était porteur et pas inintéressant. Mais c'est tout le problème de ces séries "à thème" où les auteurs changent aussi selon les tomes.