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Eric HAMMEL, Marines in Hue City. A Portrait of Urban Combat, Tet, 1968, Zenith Press, 2007, 168 p.

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On ne présente plus Eric Hammel, journaliste de formation, devenu écrivain d'histoire militaire, et qui produit des récits des grandes campagnes américaines de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre de Corée ou de la guerre du Viêtnam, essentiellement. J'avais d'ailleurs fiché ici-même son ouvrage consacré à la reconquête de Hué vue par les Marines.

En 2007, Eric Hammel publie chez Zenith Press ce volume en forme d'album illustré sur les combats de Hué. Pour ainsi dire, c'est purement et simplement, comme il le dit lui-même dans la préface, le complément iconographique de Fire in the Streets.

Les 6 cartes de localisation sont placées en tête d'ouvrage. Le plan du livre est classique. Dans un premier chapitre, Eric Hammel revient sur l'expérience des Marines en termes de combat urbain -à partir de la Seconde Guerre mondiale toutefois, car il n'évoque pas les expériences précédentes. Il semble sous-estimer la dureté des combats à Séoul, en 1950, où il y eut de vrais combats de rues : c'est d'ailleurs l'expérience la plus récente avant Hué, probablement, et qui n'est pas transmise pendant longtemps -syndrôme classique du retour d'expérience sur le combat urbain. Le deuxième chapitre explique le plan nord-viêtnamien et la tâche dévolue aux régiments qui assaillent la ville. Dans le troisième chapitre, il dépeint l'assaut initial sur Hué. Des photographies aérienne avec les bâtiments ou points importants surlignés ou encadrés en jaune permettent de se repérer facilement. La double page de photographies viêtcong ou nord-viêtnamiennes (p.36-37), en revanche, est assez pauvre : les photos ne sont même pas légendées, et le commentaire est a minima.

Comme dans Fire in the Streets, Hammel s'attache surtout, en fait, à décrire la reconquête de la partie sud -moderne- de Hué par les Marines à partir du 31 janvier. Le premier jour est marqué par une grave sous-estimation de la menace ennemie. Une fois celle-ci prise véritablement au sérieux, les Marines vont d'abord consolider leurs têtes de pont au sud de Hué les 1er-2 février avant de passer au nettoyage des 6 pâtés de maisons importants entre les 3 et 6 février 1968. C'est le temps qu'il faut au 2/5 et au 1/1 Marines pour briser les reins du 4ème régiment nord-viêtnamien dans le secteur. Hammel propose un récit au jour le jour des combats, mais les photographies aériennes sont déjà moins nombreuses pour suivre correctement la progression américaine. Il passe ensuite à la description du nettoyage au sud, entre le 7 février et le 8 mars. Le 804ème bataillon nord-viêtnamien, en effet, n'a pas été engagé ou presque dans les premiers combats et continue à se battre même après la destruction du 4ème régiment. C'est pourquoi les accrochages continuent alors que le combat s'est déplacé dans la partie nord de Hué, dans et autour de la Citadelle.

Ce n'est donc qu'aux deux-tiers du livre qu'Hammel en vient aux affrontements dans le vieux Hué, autour de la Citadelle, qui sont au départ assumé complètement par l'armée sud-viêtnamienne, l'ARVN. Du 31 janvier au 9 février, les Sud-Viêtnamiens conservent également des têtes de pont (notamment le QG de la 1st Infantry Division) et acheminent des renforts (unités de cette division et bataillon aéroportés, dans un premier temps) pour repousser les Nord-Viêtnamiens. Entre les 10 et 12 février, ce sont finalement un bataillon de Marines américains (1/5th Marines) et plusieurs batailles de Marines sud-viêtnamiens réunis dans un Battle Group qui gagnent le nord de Hué. Jusqu'au 20 février, les Marines américains, qui ont déjà dû réapprendre le combat urbain dans la partie sud de la ville, se heurtent à un ennemi déterminé et bien retranché. La bataille est terrible. Enfin, le 24 février, ce sont les Sud-Viêtnamiens qui investissent le Palais Impérial et jettent à bas le drapeau viêtcong hissé le 31 janvier sur le mât de la Citadelle. La bataille est terminée le 2 mars 1968, mais les combats continuent encore autour de la ville pendant plusieurs semaines. Hué est réduite en ruines et ne sera pas entièrement reconstruire lors de la chute du Sud-Viêtnam en 1975. En outre, les communistes laissent derrière probablement plus de 2 000 personnes exécutées au début de leur mainmise sur la ville et juste avant leur défaite.

Au final, le propos laisse un peu la même impression que Fire in the Streets. Si Hammel décrit avec précision, à grand renfort de témoignages, la bataille menée par les Marines américains dans la ville de Hué (au nord et au sud), il peine à s'élever au-dessus de la simple description, sauf au regard du combat urbain, où il y a des lignes intéressantes. Surtout, à l'image de bon nombre d'auteurs américains mais désormais à rebours de l'historiographie récente de la guerre du Viêtnam, Eric Hammel ne cherche pas vraiment à s'intéresser à l'armée sud-viêtnamienne qui assume pourtant au moins la moitié des combats, au même titre que les Marines. En témoignent les photos où l'on voit rarement les hommes de l'ARVN, sauf pour les moments symboliques comme la descente du drapeau viêtcong le 24 février et la levée des couleurs du Sud-Viêtnam. Ne parlons pas de l'adversaire communiste qui ne bénéficie, lui, quasiment d'aucune attention. Un travail iconographiquement intéressant mais singulièrement limité, donc, en termes d'approche.



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