Adrien Fontanellaz nous propose sa recension du dernier numéro de Guerres et Histoire. Pour ma part, ne l'ayant pas encore reçu et donc lu, je ne me prononce pas. Le dossier semble remplir son objectif de vulgarisation même si le terme de révolution militaire peut désormais laisser un peu dubitatif, comme Laurent Henninger le rappelle lui-même dans la vidéo de présentation du dossier. L'avantage est d'abord de sortir enfin de la période contemporains dans laquelle les dossiers de Guerres et Histoire avaient tendance à s'enfermer. Gageons que ce sera renouvelé avec d'autres thèmes et d'autres périodes.
Avec près de deux ans
d’existence, la revue Guerre & Histoire est maintenant bien installée dans
la presse spécialisée. Voici une
recension brève et non exhaustive du dernier numéro en date, l’index complet se
trouvant ici. (http://historicoblog3. blogspot.ch/2012/12/guerres- et-histoire-n10-sortie-le.html )
L’éditorial de Jean Lopez invoque
la vocation du magazine, à savoir contribuer à la réhabilitation de l’histoire
militaire, puis introduit le dossier central du numéro, consacré à la guerre de
Cent ans. Ce dernier est des plus intéressants, du moins pour un néophyte en la
matière à mon image. Il comprend, entre autres, un article de Benoist Bihan qui
décrit les mutations subies par l’ost royal, un autre détaille les aspects
techniques et tactiques du Longbow,
mais aussi le contexte sociologique particulier qui permit sa diffusion en
Angleterre. Une interview de deux pages de Philippe Contamine menée par Laurent
Henninger revient par ailleurs sur la campagne de Jeanne d’Arc. Ce dossier
central a l’avantage de revenir sur une période, qui malgré son importance,
reste moins évoquée que d’autres, et relaie aussi auprès du lectorat
francophone les théories répandues dans le monde anglo-saxon sur les
révolutions militaires. En effet, cette série de guerres aurait été la matrice
du passage de l’état médiéval à l’état moderne, avec l’émergence de
l’infanterie, l’apparition du canon, le déclin de la chevalerie, l’apparition
d’armées soldées directement par le roi et la nécessité de disposer de systèmes
fiscaux permettant de les financer etc… On peut par contre se demander si
parler de révolution pour décrire des processus graduels s’étalant sur
plusieurs siècles est adapté ; le royaume de France n’est pas passé de
Louis XI à Louis XIV du jour au lendemain.
Un autre point fort de ce numéro
est l’interview de Zvika Gringold, tankiste israélien de la 188e
brigade de Tsahal. Celui-ci décrit les conditions dantesques vécues par les
équipages de chars lors des affrontements sur le plateau du Golan en 1973.
Certains aspects tactiques très intéressants en ressortent, comme la
coordination entre infanterie et blindés syriens, ainsi que les méthodes
utilisées par les équipages israéliens pour contrer les missiles Sagger
ennemis. Des encarts bienvenus mettent en perspective l’interview et détaillent
brièvement le contexte et les buts de l’offensive syrienne.
Ce numéro comprend par ailleurs
un article de Farid Ameur sur la guerre de 1812 entre les Etats-Unis et
l’Angleterre, un sujet là aussi peu traité. Laurent Pericone revient sur les
Liberty Ships, qui résument à eux seuls la toute-puissance des USA en guerre,
et Eric Tréguier relate la bataille des Champs Catalauniques, en relativisant
l’implication des Huns et des Romains. Michel Goya présente par ailleurs Ardant
du Picq, visionnaire ayant perçu très tôt l’importance de la peur chez le
combattant et la nécessité d’adapter les tactiques d’infanterie en fonction de
l’importance grandissante du feu tout au long du XIXième siècle. A
noter qu’une recension récente sur le blog Ma pile de livres (http://www.mapiledelivres. org/dotclear/index.php?post/ 2012/11/25/Etudes-sur-le- Combat%2C-de-Charles-Ardant- du-Picq)
se montrait assez sévère avec un des ouvrages de ce dernier. Jeanne Taaffe
commet un très intéressant article sur la New
Model Army de Cromwell, alors que Yasha MacLasha revient sur le mythe de la
charge polonaise contre les panzers en septembre 1939. Si la revendication de « casser du
mythe » exprimée par le titre de la rubrique est une ficelle marketing un
peu lourde, l’article en lui-même revient de manière vraiment intéressante sur
la fabrication de cette image d’Epinal de la deuxième guerre mondiale, qui a
fini par symboliser à elle seule la campagne de Pologne.
Enfin, le lecteur trouvera les
rubriques habituelles du magazine, dont les chroniques de Charles Turpin et
Jean-Dominique Merchet, et la critique de livres, films et jeux récemment
sortis.
Bref, ce dixième numéro aborde des sujets variés
et dans l’ensemble peu évoqués.
Adrien Fontanellaz
http://histoiresmilitaires.blogspot.ch/