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David CHAUVEL, Hervé BOIVIN et Eric HENNINOT, WW2.2, tome 1 : La bataille de Paris, Paris, Dargaud, 2012, 64 p.

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Printemps 1940. Hitler a été tué le 8 novembre 1939 dans l'attentat d'Elser à Munich. Goering, qui lui succède, déclenche le Fall Gelb, l'attaque à l'ouest. Mais l'armée allemande est engluée dans les Ardennes battues par les pluies, et la traversée de la Meuse à Sedan se transforme en bataille d'usure, finalement remportée par les Allemands. Ceux-ci campent sur la Somme, et menacent Paris. Pour retourner la situation, les Britanniques et les Français envisagent un plan audacieux. Le sergent Meunier, à la tête de son escouade, est en première ligne ce qui deviendra "la bataille de Paris"...

Beaucoup d'uchronies (réécriture de l'histoire à partir de la modification d'un événement : ce n'est donc pas "l'histoire vraie", avis aux amateurs...) dans la bande dessinée, ces temps-ci.Jour J, chez Delcourt, a suscité mon intérêt pour le genre, avec Block 109, la première série livrant des tomes variables en qualité. J'ai voulu essayer une nouvelle série du même genre parue chez Dargaud, WW2.2., dont l'intérieur de couverture précise, grâce à une carte dûment légendée, que l'aventure sera en 7 tomes. Bon point d'entrée, on sait où l'on va.

La BD s'ouvre sur une citation de l'ouvrage de Jean-Pierre Richardot consacré à la campagne de France et aux "100 000 morts oubliés", paru en 2009 au Cherche-Midi. Les auteurs ont donc travaillé un peu le fond historique. Précisons toutefois que la "réhabilitation" de la prestation de l'armée française pendant la campagne de mai-juin 1940 a tendance à tourner, ces derniers temps, à l'hagiographie (on pense à Dominique Lormier notamment), loin d'une démarche "historienne"...

La séquence d'introduction, signée Eric Henninot, et qui présente le point de départ de l'uchronie, la mort d'Hitler dans l'attentat d'Hitler, est tout simplement superbe : je vous laisse la découvrir par vous-mêmes. Le récit est ensuite classique : après une présentation des événements à partir de la mort d'Hitler, et des décisions stratégiques prises du côté allié, les auteurs offrent une plongée au niveau du soldant en s'intéressant à une escouade de Français qui prennent part à la bataille. Cette escouade du sergent Meunier, comme il se doit, vue à travers les lettres que le sous-officier écrit à sa femme, est une collection de milieux sociaux, de caractères et d'attitudes aussi divers que l'étaient les Français de cette époque... et le scénario ne cache rien, malgré tout, des faiblesses de l'armée française qui, rappelons-le, a quand même perdu la campagne, en vrai.


 



Ensuite tout s'accélère avec le secret d'un des soldats français qui doit partir chercher un document compromettant dans une maison d'un Paris fantômatique, vidée de ses habitants; abandonnée aux militaires, nappée dans le brouillard... duquel vont surgir les Allemands. La victoire reste aux Franco-Britanniques, qui ont su retourner contre l'adversaire ses propres armes, en quelque sorte. On peut être dubitatif sur cette réécriture de l'histoire, mais le "what if ?" n'a jamais été mon dada... d'autant qu'à force de faire de l'uchronie, on finit par brouiller les pistes, pour certains lecteurs, sans doute, sur l'histoire à proprement parler (!). En outre, après le prologue assez bien amené, la bande dessinée manque cruellement de rythme jusqu'aux dernières pages, quand a lieu l'attaque. On rejoint ici le problème historiographique évoqué ci-dessus : à force de vouloir montrer l'état d'esprit des soldats et leur "courage" au feu, on en oublie la géopolitique et le déroulement des opérations elles-mêmes... la petite histoire ne rejoint pas ici la grande.



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