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François-Bernard HUYGHE, Terrorismes. Violence et propagande, Découvertes Gallimard 575, Paris, Gallimard, 2011, 128 p.

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Docteur en sciences politiques, François-Bernard Huyghe est aujourd'hui chercheur et consultant. Il est directeur de recherches à l'IRIS. Dans ce volume de la collection Découvertes Gallimard, il invite à découvrir ce qu'est le terrorisme, 10 ans après les attentats du 11 septembre 2001 qui hantent encore la mémoire collective de nombreux Occidentaux et façonnent l'entrée dans le XXIème siècle.

Dans un premier chapitre, il revient sur ce qu'est le terrorisme, "tuer pour l'idée". L'action précède le mot : l'assassinat politique, l'attentat, le tyrannicide existent depuis l'Antiquité. A partir de la fin du XIXème siècle, le terrorisme sert à désigner "l'action de groupes clandestins non étatiques commettant des attentats dans un but idéologique sur des cibles symboliques". Si le terme de terrorisme et celui de terroristes apparaissent en Russie dès la fin du régime des tsars, en France, il ne s'impose que dans les années 20 : à la Belle Epoque, on parle d'anarchistes ou de nihilistes, comme en Russie. L'action armée n'est qu'une entreprise parmi d'autres pour ces mouvements. Vient ensuite l'ère des indépendantistes, séparatistes ou anticolonialistes qui ne cherchent pas à détruire l'Etat mais bien à en créer un. Le terrorisme n'est donc pas un mais pluriel : ainsi dans les années 70, les "années de plomb", il est employé par les groupes révolutionnaires d'extrême-gauche. Enfin, c'est l'amorce du djihadisme, avec utilisation de bombes puis de kamikazes, bien que les djihadistes ne soient pas forcément à l'origine du procédé. Et ces évolutions n'épuisent pas la liste.

Les modes d'actions reposent sur l'impératif de tuer. Le débat moral est fréquent chez les terroristes, mais la frontière entre "complices" et innocents devient de plus en plus floue dès le début du XXème siècle. Les terroristes pratiquent aussi les enlèvements ou les détournements d'avions. La logistique doit être importante, en particulier pour les explosifs. Le renforcement des mesures de sécurité stimule l'ingéniosité des terroristes. Après la menace  NRBC, le cyberterrorisme suscite aujourd'hui bien des fantasmes. Le terrorisme est une activité de groupe, où le compromis entre pyramide et réseau s'impose la plupart du temps. Paradoxalement les appellations militaires ne sont pas forcément le fait des organisations les plus à droite !

Le terrorisme, c'est aussi un discours. L'acte lui-même vise la publicité et les cibles désignent les objectifs. Le nom du groupe vaut signature, sert parfois à ironiser. Les attentats anonymes alimentent les spéculations, comme ceux commis en Italie à partir de 1969. La compensation pour le sang versé est fréquent dans le discours djihadiste. Un attentat peut aussi servir à cacher des objectifs moins nobles que défendre la cause à proprement parler. Les terroristes ont besoin des média, et certains, comme le FNLC en Corse, n'hésitent pas à organiser de véritables conférences de presse. L'avocat relais d'un accusé devient une figure emblématique. Le comble de l'attentat-spectacle est atteint avec le 11 septembre. Parallèlement, les terroristes profitent de l'émergence de la télévision par satellite et d'Internet. Le message peut ainsi se fragmenter : discours religieux, exploits des combattants, exécutions d'otages, testaments des kamikazes.

D'où la question ultime du propos : y a-t-il une fin au terrorisme ? Celui-ci obligeles démocraties à adopter des mesures d'exception. Sous la contrainte, il peut remplir des objectifs tactiques, emporter des objectifs politiques. Mais il est insuffisant pour l'emporter : il n'est qu'un moment, et ses objectifs restent parfois assez flous, comme dans le cas de la secte Aum au Japon. Souvent, il est vaincu par la police : arrestations, exécutions qui reposent sur un renseignement efficace. La fin du groupe terroriste peut aussi être la reconversion dans la sphère politique. Elle peut aussi dépendre de facteurs extérieures, ainsi le cas de l'UCK au Kosovo en 1999. Al-Qaïda, aujourd'hui, n'est plus qu'un label revendiqué par des groupes locaux bien implantés dans leur zone d'action : une nouvelle forme de terrorisme émerge aussi avec des actions plus individualisées.

On trouvera comme de coutume, en fin de volume, des témoignages et autres documents, une bibliographie succincte et une chronologie indicative.

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