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Nathalie MEYER-SABLE et Christian LE CORRE, La Chouannerie et les guerres de Vendée, Histoire, Ouest-France, 2010 (1ère éd. 2007), 128 p.

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On trouve régulièrement, dans la collection Histoire des éditions Ouest-France, clairement orientée vers la vulgarisation, des titres intéressants. Ici, Nathalie Meyer-Sablé, docteur en histoire contemporaine, mais pas spécialiste des guerres de Vendée ou de la chouannerie, aborde pourtant ce thème, avec Christian Le Corre, qui n'est pas un historien.

Dans l'introduction, elle montre déjà que les territoires de l'ouest, au début de la Révolution, sont plutôt favorable aux réformes, comme ils l'avaient montré dans les cahiers de doléance : aucune singularité. Une carte permet de voir que les guerres de Vendée se déroulent d'ailleurs dans une "Vendée militaire" qui ne se situe qu'à 32% dans le département actuel de la Vendée.

Un des points forts du livre est de remettre le soulèvement dans son contexte. Si la révolte gronde en Vendée, c'est parce que ses habitants n'ont pas accès au rang de citoyen actif et donc à la participation politique. En outre, les privilèges n'ont pas été complètement abolis et les paysans ne peuvent accéder, fréquemment, aux biens nationaux mis en vente, confisqués par la bourgeoisie. Enfin, reste la singularité héritée du rattachement tardif au royaume de France et à un statut particulier. Mais c'est la Constitution Civile du clergé qui met le feu aux poudres : l'Ouest compte un grand nombre de prêtres réfractaires, qui sont déportés après la journée du 10 août 1792. Les premières émeutes, provoquées aussi par la peur de la disette, éclatent dès l'été 1792. Certains nobles, passés à l'action contre-révolutionnaire clandestine, épaulent déjà les premiers mouvements.

La levée de 300 000 hommes en mars 1793 sert de détonateur. Mais l'insurrection s'apparente plus à une jacquerie : les nobles sont dépités de voir qu'après les premiers succès, les paysans retournent tout simplement chez eux ! Et même si la révolte s'étend à la Bretagne, dès la fin mars, les Blancs subissent leurs premiers revers. Il n'y a en fait aucune unité de commandement, peu d'armes et de poudre, encore moins de cavalerie et d'artillerie : les bandes vendéennes s'équipent largement sur l'adversaire, qui lui, est davantage organisé. Des défauts qui apparaissent lors du siège de Nantes, qui voit la mort d'un des chefs les plus charismatiques, Cathelineau. Westermann et Kléber et ses Mayençais doivent cependant batailler jusqu'en octobre 1793 pour repousser les Vendéens au-delà de la Loire. La grande virée de Galerne, après la poussée jusqu'à Granville, se termine en massacre dans les marais de Savenay : d'ordinaire, on date du 23 décembre 1793 la fin des guerres de Vendée et le passage à la chouannerie.

Le général Turreau organise ses colonnes infernales, pour extirper l'insurrection. La chouannerie, plus diffuse, s'étend aussi sur un territoire plus vaste. Il faut attendre avril-mai 1795 pour voir des négociations entre quelques chefs importants, Charette et Stofflet notamment, et les généraux de la République. Tout est remis en cause par le débarquement des émigrés, convoyés par les Anglais, en juin, à Quiberon. Mais Hoche enferme et écrase les assaillants dans la presqu'île. Les autres chefs, dont Cadoudal, continuent alors la chouannerie. Le second débarquement du comte d'Artois, tant attendu, n'aura pas lieu.Tour à tour, en février et mars 1796, Stofflet et Charette sont pris et exécutés. Hoche poursuit la pacification tandis que les royalistes se préparent à s'emparer par la voie légale du pouvoir : mais leurs espoirs sont anéantis par le coup d'Etat de Fructidor an V (septembre 1797). La guerre reprend, dopée par la loi Jourdan sur la conscription d'août 1798. Il revient à Bonaparte de terminer le conflit, Cadoudal signant la paix en 1800. Il est arrêté et mis à mort en 1804 alors qu'il préparait un projet d'enlèvement de Napoléon.

Si les causes des guerres de Vendée sont bien mises en lumière, la dimension proprement militaire n'est qu'à peine effleurée, tout comme l'est l'arrière plan socio-économique, voire politique. De même, rien n'est dit sur la postérité du conflit et sur les divisions qu'il entraîne dans la société française et, plus largement, dans le champ de l'histoire, en particulier depuis les commémorations du bicentenaire et l'émergence des "lieux de mémoire" chers à Pierre Nora, sans parler de la question du "génocide" vendéen... de ce point de vue la conclusion est particulièrement faible. La bibliographie p.126 est d'ailleurs assez contrastée, mélange d'ouvrages anciens et plus récents, d'historiens ou non : Nathalie Meyer-Sablé cite fréquemment Soboul, certes figure historique de l'étude des événements révolutionnaires, mais qui date un peu... En revanche, comme tous les volumes de la collection, celui-ci est abondamment illustré, avec des légendes développées.


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