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Jean-Louis VOISIN, Alésia. Un village, une bataille, un site, Patrimoine, Editions de Bourgogne, 2012, 219 p.

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"Alésia ? Connais pas Alésia ! Je ne sais pas où se trouve Alésia ! Personne ne sait où se trouve Alésia !". La fameuse réplique d'Abraracourcix dans Le bouclier arverne (1968), passée à la postérité dans Astérix, semble résumer à lui seul le souvenir attaché par les Français à un événement devenu fondateur de la mémoire nationale, et en même temps doublé d'un intense débat historiographique concernant la localisation du site... Jean-Louis Voisin, agrégé d'histoire, ancien membre de l'Ecole française de Rome, a enseigné à l'université de Dijon et a participé à la conception du MuséoParc d'Alésia. Dans cet ouvrage, il vise simplement à présenter ce qu'est Alésia : le site, la bataille, le développement de l'agglomération gallo-romaine et la légende qui y est attachée.



La première moitié de l'ouvrage est classique et n'apportera sans doute pas grand chose de neuf au passionné ou au bon connaisseur de la guerre des Gaules et de la bataille. Après un historique des relations entre Gaulois et Romains (où l'historien insiste avec raison sur l'épisode de la deuxième guerre punique d'Hannibal, même s'il postule plus loin que les Cimbres et les Teutons sont des populations germaniques, alors même qu'il semblerait que les choses soient plus compliquées, celles-ci conservant l'influence celte), Jean-Louis Voisin retrace la mécanique qui aboutit au déclenchement de la guerre des Gaules jusqu'à l'année 52, en suivant les pas de Yann Le Bohec, constamment cité. Il explique aussi comment l'oppidum des Mandubiens est, à l'époque du siège, en train de passer du statut de place de refuge à celui d'agglomération permanente. Suit une présentation des chefs et des forces en présence, où Jean-Louis Voisin relativise, en 52, l'infériorité chronique prêtée aux Gaulois : ceux-ci ont l'initiative, pratiquent la terre brûlée, copie les tactiques romaines. L'historien dresse enfin le tableau du siège, de la construction des fortifications césariennes à l'intervention de l'armée de secours, jusqu'à la capitulation de Vercingétorix. Au passage, on note quelques erreurs de détail ou liées à une absence de relecture (Pompée devient Sextus comme son fils et non Cnaeus, p.35).

La seconde partie de l'ouvrage est peut-être la plus intéressante car traitant d'aspects un peu moins connus : les fouilles du site, le devenir d'Alésia après la bataille et surtout la querelle interminable -et bien vaine, il faut en convenir- sur la localisation du site, que d'aucunes ne voient toujours pas à Alise-Sainte-Reine... Si les premières fouilles commencent dès la fin de l'Ancien Régime et sous le Premier Empire, le rôle central revient évidemment à Napoléon III, soucieux aussi du prestige national, à l'heure où dans l'outre-Rhin, on élève une statue à la gloire d'Arminius, le vainqueur du Teutoburg... L'oeuvre de Napoléon III, considérable, n'est prolongée qu'au XXème siècle par les entreprises de l'historien Joël Le Gall, entre 1958 et 1985, époque où la photo aérienne commence aussi à apporter de nouveaux éclairages sur le site. Il faut dire que longtemps, les Gaulois ont été relayés au second plan par les Francs et Clovis, porteurs du sang bleu de l'aristocratie -on rejoint là un débat de l'Ancien Régime. Amédée Thierry, Henri Martin, Napoléon III remettent le Gaulois à l'honneur et Vercingétorix est consacré par la biographie de Camille Jullian en 1901. Le Gaulois est même utilisé comme symbole publicitaire, avant d'être récupéré pendant l'Occupation à la fois par Vichy et la Résistance... Jean-Louis Voisin revient également sur la polémique sans fin autour de la localisation du site. Listant et écartant les alternatives à Alise, il reprend les arguments qui sont autant de preuves pour ce dernier site : la tradition littéraire, le nom, le centre religieux de l'oppidum, les travaux romains, les monnaies gauloises et romaines, les armes, la présence de l'élite gauloise, les chevaux... quand à l'oppidum, devenu petite agglomération d'un pagus, il prospère jusqu'aux invasions de 260-270, renaît quelque peu puis disparaît au début du IVème siècle. Le culte de Sainte Reine, martyrisée en 253, semble avoir été créé fortuitement à la fin de l'Antiquité Tardive et la pratique n'est attestée qu'au VIIIème siècle. Néanmoins l'eau miraculeuse d'Alise se vendra très bien jusqu'à la Révolution !

Au final, une synthèse sans prétention, mais bien agréable, sur un sujet classique, mais pas si souvent traité que ça dans tous les aspects présents ici. A recommander pour ceux qui veulent avoir les idées claires sur Alésia, avec une chronologie, un glossaire et une orientation bibliographique. Evidemment, ceux d'un autre avis que l'auteur sur la localisation du site seront peut-être déçus...


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