Duncan B. Campbell, diplômé de l'université de Glasgow, est un un spécialiste de la poliorcétique grecque et romaine. Dans ce volume de la collection Elite des éditions Osprey, il nous propose un bref aperçu de la guerre des sièges dans l'Antiquité, entre 546 et 146 av. J.-C. .
Partant des Perses achéménides, il commence par rappeler quelques grandes lignes sur la poliorcétique antique. L'assiégeant a alors recours aux échelles pour escalader les murs, aux rampes d'assaut pour les dominer, aux béliers, mais peut aussi miner les remparts ou creuser des tunnels, se servirde la trahison ou instaurer un blocus. Campbell consacre une analyse particulière aux traces laissées par le siège de Palaepaphos, à Chypre, en 499 av. J.-C., île qui s'était révoltée contre les Perses après l'Ionie. Il est possible que les Achéménides aient utilisé des tours de siège, sans doute des béliers, mais la présence d'une artillerie fait encore débat.
Dans la Grèce classique, l'art du siège n'est pas très élaboré ; les Athéniens recourent fréquemment au blocus terrestre ou amphibie, avec lignes de fortifications, sous la Ligue de Délos, pour soumettre des villes ou des îles révoltées (Thasos, Samos). C'est encore la même tactique qui est employée pendant la guerre du Péloponnèse : en Sicile, devant Syracuse, les Athéniens échouent à encercler complètement la cité avec leurs murs, ce qui entraîne la défaite. Les Spartiates, eux, ne recourent à cette même technique qu'à partir du IVème siècle.
C'est en Sicile que l'art du siège se renouvelle quelque peu. Les Carthaginois, en 406, emploient massivement béliers et tours d'assaut pour s'emparer des cités grecques ; mais ce ne sont pas eux qui ont inventé les béliers couverts, contrairement à une légende propagée par les sources antiques, car les Assyriens employaient déjà des béliers. En réaction, le tyran de Syracuse fait construire lui aussi des tours d'assaut. Le traité d'Enée le Tacticien s'attache surtout aux moyens de prévenir les trahisons et de contrer les sapes.
Philippe II de Macédoine est le premier à employer massivement un corps d'ingénieurs qui met à sa disposition des catapultes. Alexandre le Grand mène pendant ses campagnes toute une série de sièges, avec quantité de machines (Milet, Tyr) ou en privilégiant des voies plus directes (Thèbes). Les Macédoniens utilisent des béliers, des abris couverts, des tours d'assaut et des catapultes tirant des flèches ou des pierres. Les diadoques héritent de cet art, même si le plus connu pour ce faire, Démétrios Poliorcète, a en fait échoué devant Rhodes, avec une énorme tour d'assaut (hélépole) neutralisée par les défenseurs.
Les Romains, au IVème siècle, n'en sont alors qu'aux débuts de la poliorcétique, comptant surtout sur le blocus et l'assaut direct en utilisant parfois la tortue pour enfonce les portes. Le traité de Philon de Byzance, à la fin du IIIème siècle, montre que l'assiégé doit s'attendre à l'emploi de nombreuses machines par l'assiégeant. Hannibalemploie de nombreuses machines contre Sagonte, en 219, avant d'en aligner aussi beaucoup lors de certains sièges en Italie. Les Romains ont encore recours, pendant la deuxième guerre punique, à l'assaut direct (Syracuse) ou au blocus. Carthage est soumise au blocus avant d'être prise d'assaut par Scipion Emilien en 146. Le roi de Macédoine Philippe V, lui, n'hésite à pas à employer une machinerie sophistiquée pour assiéger certaines cités. Comme le rappelle l'auteur en épilogue, les villes assiégées qui offrent une quelconque résistance s'expose, si elles tombent, à un pillage en règle et à de nombreuses destructions et exactions de la part des soldats vainqueurs.
Une bibliographie indicative est fournie, peut-être un peu courte. De même, le format de la collection empêche que certains exemples de sièges soit davantage analysés. Les illustrations d'Adam Hook -ci-dessous, le siège de Tyr-, en pleine page, sont agréables mais manquent peut-être un peu de dynamisme : cependant, elle traite parfois de sièges peu connus, ce qui est un plus. En somme, un ouvrage idéal pour s'initier au sujet, mais il ne faut pas en demander davantage.