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Paul CARELL, Opération Terre brûlée, tome 3 : Les Russes déferlent septembre 1943-août 1944, J'ai Lu leur aventure 230, Paris, J'ai Lu, 1970, 311 p.

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Dans le troisième et dernier volume de sa série Opération Terre brûlée, l'ancien SS Paul Carell (voir ici la présentation que j'en avais fait pour le deuxième tome) s'intéresse aux opérations du front de l'est allant de septembre 1943 au mois d'août 1944... ce qui est une façon, comme beaucoup de mémorialistes allemands d'après-guerre, d'évacuer les plus grands revers de la Wehrmacht dans les derniers mois de la guerre, où le taux de pertes est d'ailleurs incomparablement plus élevé. Et encore Paul Carell évoque l'opération Bagration, ce qui n'est pas si fréquent. Il est intéressant de voir, d'ailleurs, que cette focalisation sur les batailles défensives menées par la Wehrmacht en 1944, avec des accents mélodramatiques, se retrouve dans d'autres ouvrages plus récents mais là encore souvent écrits par des vétérans allemands, comme celui d'Alex Buchner.

Carell commence par raconter la chute de Kiev, et trouve comme de coutume le moyen de faire passer cette retraite comme un exploit -sans parler du massacre de la 25. Panzerdivision ramenée de France face aux chars soviétiques... mais parle sans sourciller de la destruction du barrage et du pont de Zaporoje.

Le récit de la défense de Nikopol est l'occasion de faire les louanges de Schörner, un des maréchaux les plus brutaux ayant oeuvré sur le front de l'est -et qui, dans les derniers jours de la guerre, abandonne ses troupes aux Soviétiques pour s'enfuir à l'ouest... lauriers, encore, décernés aux défenseurs allemands de Kirovograd. Mais le gros morceau du tome, c'est la description de la formation de la poche de Korsun-Tcherkassy et de la percée effectuée par les Allemands pour sauver le plus d'hommes possible. Encore des pages et des pages à la gloire des Wikingers et autres nervis de la légion Wallonie (sic) qui ont pu échapper aux camps de prisonniers soviétiques, sur plus d'un sixième du livre.

Quand Carell passe aux combats de la poche de Hube (encerclement de la 1. Panzerarmee), c'est à nouveau l'occasion de mettre en relief l'entêtement criminel d'Hitler et la maestria de Manstein, qui finit malgré tout remercié par le Führer pour s'être montré trop franc... dans la liste des désastres allemands de 1944, Carell accorde également une place importante à la chute de la Crimée. C'est ici un peu plus original -quoique tout aussi biaisé- car l'offensive est peu connue, finalement.

Bizarrement, Carell compare l'opération Bagration et la destruction du Groupe d'Armées Centre à la bataille de Cannes (216 av. J.-C.) remportée par Hannibal contre les Romains. Ce qui peut prêter à sourire quand on sait que c'est elle qui a en partie inspiré von Schlieffen, mais sans doute pas les Soviétiques, dont l'art de la guerre est assez différent... mais pas connu de Carell, c'est certain. Le passage est encore l'occasion d'une nouvelle diatribe contre Hitler, qui aurait détourné l'effort allemand sur la partie sud du front de l'est dès 1942 au lieu de concentrer l'effort au centre, là où va porter le coup soviétique, contre un groupe d'armées dégarni. Au contraire, pour une fois, Carell vante les mérites du maréchal soviétique Rokossovsky, opposé au brutal Joukov, le côté raffiné de son caractère venant probablement de son ascendance polonaise (sic). Il explique le succès soviétique par des mesures poussées de ce que l'Armée rouge appelle la maskirovka (camouflage, désinformation, etc) et surtout par une écrasante supériorité aérienne sur laquelle il semble un peu trop appuyer (il n'y aurait que cela pour déterminer le succès soviétique...). Puis vient le récit des poches allemandes ou des tentatives de sortie liquidées par l'Armée rouge, avec le listing des généraux capturés ou tués...avant de conclure sur l'anabase d'un petit groupe de Landsern qui rejoignent les lignes allemandes, le 14 août 1944, après une marche de 650 km.

Bref, à l'est, rien de nouveau, selon Paul Carell.


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